La Terre en 2054. Victime collatérale d'un conflit opposant deux forces extraterrestes inconnues, notre planète est au bord de l'éradication totale. Contraints de quitter leur monde dans l'urgence la plus absolue, les humains prennent la fuite à bord d'arches interstellaires dans le fol espoir de sauver leur peau. Mais bien peu d'entre eux survivront à cet exode désespéré.

Vous êtes justement l'un d'eux, un "terrestre" ayant réussi à fuir à bord de La Grande Blanche, un vaisseau dont les débris se sont échoués sur une planète inconnue après deux années d'errance dans l'espace. Etranger sur une terra incognita vierge de toute civilisation, vous avez survécu à un atterrissage mouvementé, vous extirpant de votre capsule de survie grâce à l'aide d'une mystérieuse jeune femme nommée Elma. Vous comprenez alors que pour survivre sur cette nouvelle terre d'asile qu'ils ont baptisé Mira, les survivants, dont vous faites désormais partie, n'ont pas d'autre choix que de tenter de la coloniser. Mais ils devront faire face à l'hostilité légitime des créatures indigènes qui peuplent les différentes contrées de ce monde primitif sur lequel les pionniers ne sont pas vraiment les bienvenus.

Changement de décor

Il est important de souligner que si le contexte de Xenoblade Chronicles X est incontestablement réussi et maîtrisé, le scénario et les personnages ont quelque chose de moins impactant que ceux du premier volet. A vrai dire, le soft ne semble finalement pas tant s'adresser aux fans de l'épisode Wii qu'aux passionnés de jeux de rôle S.F. en général, et notamment à ceux qui affectionnent les titres d'origine occidentale comme Mass Effect, voire les MMORPG dont on retrouve des traces évidentes ici. Le tout traité avec l'art et la manière propres à la série "Xeno" (Xenogears, Xenosaga, Xenoblade). Un choix assumé par les développeurs qui semblent avoir parfaitement saisi quels étaient les points forts des RPG occidentaux, au point de mettre tout particulièrement l'accent sur l'immensité affolante de ce monde ouvert et la liberté de customisation offerte à tous les niveaux.

Le joueur ne tarde d'ailleurs pas en s'en rendre compte dès son arrivée sur New L.A. tant l'ampleur de la tâche qui l'attend s'annonce vertigineuse. Bâtie sur les restes de La Grande Blanche, cette cité inspirée de l'ancienne Los Angeles symbolise l'espoir d'une vie nouvelle pour les "terrestres" qui s'organisent à l'intérieur de ses murs. Cet endroit gigantesque, découpé en plusieurs quartiers, concentre toutes les activités des survivants et constitue le point de départ d'une multitude de missions dont le nombre total a de quoi faire frissonner. Dans le cadre du projet de colonisation de Mira, vous allez devenir membre de l'organisation BLADE et rejoindre l'une de ses divisions. Le choix de cette division vous appartient totalement et c'est de lui que vont dépendre vos priorités sur le terrain. Quelle que soit votre décision, vous devrez de toute façon explorer chaque recoin de la planète pour installer des sondes FrontierNav afin de dévoiler un maximum d'informations sur les alentours, chasser les créatures indigènes et accomplir toutes sortes de missions imposées ou optionnelles.

Parce que l'exploration est au coeur même du jeu, on ne peut généralement progresser dans la quête principale qu'à la condition d'avoir dévoilé un certain pourcentage d'une contrée donnée et mené à bien certaines quêtes pourtant secondaires. L'idée est bel et bien de nous faire prendre conscience du nombre incalculable de découvertes que l'on peut faire en se baladant à travers Mira, chaque étape franchie permettant ensuite d'obtenir des récompenses intéressantes et d'augmenter une compétence de terrain telle que la mécanique, la biologie ou l'archéologie. Dans le même ordre d'idées, l'installation de sondes n'a de toute façon que des avantages puisqu'en plus de dévoiler partiellement l'environnement, elle optimise aussi le rendement d'extraction du miranium qui constitue la ressource principale de Mira. Extrêmement bien exploité dans le jeu, le Gamepad permet notamment de customiser ces sondes pour amplifier leurs effets en reliant les sites adjacents entre eux, de manière à décupler leur rendement.

Une expérience de jeu sur mesure

Bien sûr, le fait de choisir de rejoindre telle ou telle division du BLADE permet aussi de s'orienter vers une classe précise donnant accès à des Arts différents utilisables avec des armes bien précises. D'une manière générale, tous les Arts peuvent être optimisés via les points de combat engrangés, tout comme les compétences passives liées aux classes de chaque personnage. L'ensemble des équipements assignés aux différentes parties du corps des quatre membres de notre équipe modifient directement leur apparence, changeant parfois leur look du tout au tout. D'ailleurs, les développeurs ont carrément intégré une option qui permet d'utiliser un équipement donné sans forcément avoir à subir l'apparence qui lui est associée, et on peut même investir du miranium pour soutenir telle ou telle usine d'armement afin d'élargir l'arsenal proposé à la vente. Ils ont vraiment pensé à tout ! Sachant qu'il existe encore bien d'autres éléments liés au développement de notre avatar sur lesquels nous ne nous attarderons pas forcément ici, vous imaginez bien que la richesse de ce nouvel opus dépasse de beaucoup celle du précédent volet.

Quant aux choix de réponse faits par notre avatar durant les discussions, ils influent directement sur le sociogramme qui illustre l'entente entre les innombrables personnages du jeu. On trouve même un sociogramme pour le joueur qui évolue en fonction des échanges faits avec la communauté via les nouvelles fonctions sociales proposées. En activant les fonctions online, le fait de rejoindre une escouade permet notamment de partager les rapports du BLADE, d'échanger de l'équipement et de s'allier temporairement avec d'autres joueurs. Ainsi, lorsqu'on croise l'avatar d'un autre joueur, on peut demander le soutien de sa division ou le recruter pendant un laps de temps donné. On trouve même des missions d'escouade aléatoires qui se renouvellent constamment et des missions en ligne pour quatre joueurs qui finissent par déboucher sur des boss optionnels. Les idées ne manquent pas de ce côté-là et renforcent l'impression de ne pas être le seul survivant miraculé à partir à la conquête de Mira.

Le monde perdu

En posant le pied à l'extérieur des murs de New L.A., vous allez rapidement vous rendre compte que Mira est un monde primitif dans lequel survivre risque de s'avérer bien plus délicat que prévu. C'est bien simple, l'immensité de la planète est telle et sa faune à ce point dangereuse que le simple fait de tenter de rallier une sonde à une autre engendre bien des occasions de trépasser. Sur Primordia, la première contrée du jeu, les créatures ont heureusement le bon goût d'être plutôt tranquilles et ne riposteront que si vous avez l'idée farfelue de les attaquer, du moins au début. Mais sur les cinq grandes contrées que compte Mira, presque toutes abritent essentiellement des monstres excessivement agressifs qui vous sauteront dessus à la moindre occasion.

Le pire, c'est que la beauté et la majesté des environnements nous incitent constamment à baisser notre garde pour nous extasier devant tel ou tel paysage fascinant. Les décors sont réellement magnifiques et grouillent littéralement de vie, mais cette faune primitive n'a rien d'amical et les créatures n'ont pas besoin de mesurer dix mètres de haut pour constituer un danger mortel. Avant d'avoir atteint un niveau insolent, mieux vaut donc la jouer furtif en slalomant aux bons endroits pour éviter d'alerter les monstres les plus puissants qui peuvent nous détecter au moindre bruit ou qui excellent en techniques de camouflage. Comme si ça ne suffisait pas, Mira abrite carrément des "tyrans", à savoir des formes de vie indigènes dont le niveau de menace est inhabituellement élevé. Sachant que le soft enregistre et actualise en temps réel le nombre de victimes faites par ces tyrans, inutile de dire qu'il vaut mieux se méfier de ceux qui arborent fièrement une couronne d'or au-dessus de leur tête.

Malgré l'omniprésence du danger, l'exploration constitue sans aucun doute l'élément le plus fantastique de Xenoblade Chronicles X. Chaque sortie vers l'inconnu est l'occasion de s'extasier devant la beauté et l'immensité des environnements, d'admirer les changements de Mira en fonction de la météo et de l'heure de la journée, tout cela influant directement sur l'activité de la faune ainsi que sur les occupations des colons de New L.A. Et même si ces aléas naturels constituent une contrainte supplémentaire, ne serait-ce que parce qu'ils favorisent certains handicaps en combat, ils ne représentent jamais une entrave au plaisir de jeu puisque des installations permettent de modifier librement l'heure de la journée si on en ressent la nécessité. Le plus délicat reste finalement la lecture de ce relief extrêmement vicieux qui nous donne bien du fil à retordre lorsqu'on se rend compte que le chemin menant au prochain repère n'est pas du tout celui que l'on s'imaginait. De quoi renforcer encore plus le sentiment d'incarner un véritable pionnier en milieu hostile, et de vivre chaque installation de sonde comme un véritable succès en soi.

Intensité 2.0

Reprenant l'ossature des affrontements du premier volet, le battle system de Xenoblade Chronicles X devrait faire davantage l'unanimité auprès des joueurs grâce à quelques remaniements qui impliquent une concentration maximale de notre part. Avec toujours la possibilité de s'entourer de trois alliés autonomes auxquels on peut donner des ordres bien précis, notre avatar dispose désormais de deux types d'armes définies en fonction de sa classe et d'une palette d'Arts personnalisables et évolutifs. Plus que jamais, il est indispensable de maîtriser ses déplacements et de jongler entre les attaques à distance et au corps à corps au bon moment en fonction de la posture dans laquelle se trouve l'ennemi, de manière à le déséquilibrer et le faire chuter tout en boostant le moral de l'équipe. Selon la technique utilisée, attaquer de face, de dos ou de côté permet d'infliger des handicaps à l'ennemi et de le mettre en position de faiblesse, surtout si on prend le temps de verrouiller et de détruire ses différents appendices afin de l'affaiblir et de neutraliser certaines de ses attaques.

Suivant la manière dont le combat se déroule et dont les techniques s'enchaînent les unes par rapport aux autres, la commande d'action contextuelle peut survenir plus ou moins rapidement, sa réussite étant véritablement cruciale pour influencer l'issue de la bataille. Ajoutez à cela la possibilité de répondre aux encouragements des coéquipiers en utilisant un Art de couleur similaire à leur cri de guerre, et vous obtenez un battle system intense et travaillé qui implique une vigilance de tous les instants. Des dilemmes aussi parfois puisque le fait d'augmenter sa tension permet aussi bien de recourir à certains Arts de soutien que de ranimer des alliés KO ou d'activer un état de transe appelé Métamode. Le Métamode ralentit temporairemet l'action en boostant la vitesse de recharge de nos Arts pour nous permettre de les booster jusqu'au niveau 3 afin de faire s'abattre un véritable déluge d'attaques sur l'adversaire. Avec une bonne cohésion de l'équipe, on peut ainsi infliger des dégâts monumentaux, moyennant tout de même le sacrifice de nos points de tension.

Des méchas qui savent se faire désirer

En guise de bonus croustillant, le soft nous offre même la possibilité (après une bonne trentaine d'heures de jeu tout de même) de décrocher un permis de pilotage de Skell qui nous ouvre de nouveaux horizons en termes d'exploration. Les combats eux aussi s'en trouvent facilités, dans la mesure où ces armures mobiles nous permettent de faire jeu égal avec les créatures les plus imposantes de Mira. Avec le bon timing, on peut notamment immobiliser les ennemis massifs lorsqu'ils vascillent pour permettent à nos alliés de les attaquer sans pitié, voire passer en vue cockpit pour les neutraliser à travers les yeux du pilote ou activer le fameux Métamode.

Entièrement customisables, les Skells peuvent également se transformer en véhicules tout-terrain et se déclinent en trois catégories (léger, moyen, lourd) qui requièrent des équipements différents et consomment plus ou moins de carburant. Notez que tous les membres de l'équipe peuvent les piloter et qu'à partir d'un certain stade du jeu, ces méchas peuvent même voler, ouvrant alors de nouvelles possibilités en termes d'exploration. Mais attention, un Skell peut lui aussi perdre ses appendices et voir certaines de ses facultés neutralisées, sa destruction entraînant des coûts de réparation non négligeables, pour ne pas dire astronomiques lorsqu'il s'agit d'en racheter un nouveau. Et c'est sur la perspective fascinante de tout ce que nous donne à découvrir Xenoblade Chronicles X que je vous propose de conclure ce test qui ne constitue qu'une synthèse de tout ce qu'il y aurait à dire sur le sujet.