Crée en 2009 par Gamevil, Zenonia est une série d’Action RPG qui a fait les beaux jours de nos téléphones portables. Avec pas moins de 5 épisodes sortis en trois ans, la série avait réussi à se créer une communauté forte grâce à des mécaniques bien pensées, une écriture plus que correcte, et une identité graphique forte, bien qu’un brin générique. Or depuis 2012, et son cinquième épisode qui en a déçu plus d’un, Zenonia s’était fait discret, jusqu’à totalement disparaître. Après trois années d’absence, Gamevil a cependant décidé de déterrer la licence pour nous proposer Zenonia S : Les failles spatiotemporelles, un tout nouvel épisode qui change pas mal la recette traditionnelle de la franchise. Doit-on cependant se réjouir de l’arrivée de ce tout nouvel épisode ? Réponse dans les paragraphes qui suivent.
Zenonia S : les prémices d'une aventure aux confin du temps
Avec ses premiers épisodes, Zenonia proposait une histoire riche et cohérente qui se laissait suivre avec plaisir, via des personnages bien identifiés, et des enjeux clairs, comme tout bon RPG qui se respecte en somme. Avec le temps, la qualité et la densité de l’histoire s’est cependant réduit comme peau de chagrin, jusqu’à basculer dans une écriture emplie de clichés et de manichéisme primaire. Avec Zenonia S, et c’est bien malheureux, les choses ne s’arrangent pas. Dans la peau d’un héros de J-RPG classique dont on aura choisi la classe au préalable parmi les cinq disponibles, nous devrons aller coller une raclée au boss du coin, afin de rétablir l’ordre et la justice, sauver la veuve et l’orphelin, bref, réaliser des trucs de héros quoi. Manque de bol pour nous, à peine le vilain défait, nous voici aspiré par une étrange faille et transbahuté manu militari vers un champ de navet sans mémoire, au milieu d’un conflit séculaire entre Célestes et Sangdragons. Un principe de départ (le héros surpuissant qui perd la mémoire, et donc ses pouvoirs) déjà vu et revu mille fois donc, qui ne manquera pas de décevoir les connaisseurs de la franchise, habitué à découvrir une histoire un peu mieux troussée.
Des clichés comme s'il en pleuvait
Et la déception ne risque pas de s’arrêter en si bon chemin. En effet, là où les précédents volets respectaient la forme traditionnelle du J-RPG en proposant des PNJ avec qui interagir, des séquences permettant de faire progresser l’histoire ou encore de nombreuses quêtes secondaires à découvrir, Zenonia S envoie tout valdinguer pour proposer une formule plus compacte, et surtout, beaucoup moins intéressante. Pour commencer, au revoir le RPG « classique », et bonjour le simili MMORPG. Le HUB de base du jeu permettra ainsi de rencontrer de nombreux autres joueurs venus de tous horizons, et pourquoi pas, de papoter avec eux si le cœur vous en dit. Cette arrivée de la composante MMO, couplée à l’aspect Free to play de Zenonia est loin d’être anodine, car elle sonne le glas de la conception traditionnelle des villes de RPG. Ici, plus de PNJ avec qui parler pour faire progresser l’histoire ou obtenir diverses quêtes, mais une succession de menus un peu froid comme on en retrouve dans de nombreux titres du même acabit. Cette nouvelle orientation voulue par Gamevil va plus loin dans la mesure où elle se répercute sur le monde même de Zenonia. Désormais, ce dernier se retrouve cantonné à une succession de zones générées aléatoirement contenant un nombre d’ennemis définis, et un boss à son terme, et il faudra débourser quelques points d’énergie si l’on souhaite les parcourir. La notion même d’exploration a donc disparu, et c’est désormais presque mécaniquement que l’on arpentera les différentes zones pour progresser dans le jeu.
Si cette composante exploration a bel et bien disparue, les systèmes de combat et d’évolution du personnage sont eux bel et bien de la partie, et c’est tant mieux. Comme précisé un peu plus haut, Zenonia S vous proposera très rapidement de choisir votre personnage parmi les cinq héros disponibles. Chacun d’entre eux représente une classe au style de jeu, caractéristiques et compétences totalement différents. RPG oblige, il vous faudra combattre afin d’engranger un maximum de points d’expérience pour faire progresser et ainsi obtenir des compétences toujours plus puissantes pour rosser tous les ennemis qui se dressent sur votre chemin. Simple et prenant, ce système de progression s’avère suffisamment varié pour que chacun puisse monter un personnage en accord avec son style de jeu préféré, et soyons clair, il s’agit sans doute du côté le plus agréable du titre de Gamevil, même si l’on regrettera parfois que certaines augmentations soient proposées à un prix prohibitif, histoire d’inciter le joueur à débourser quelques deniers. Côté gameplay pur et dur, rien de neuf sous le soleil. On se retrouve une fois encore face à un Action RPG mâtiné de Hack 'N' Slash qui se contrôle via un pad virtuel. Dans l’ensemble, ce système fonctionne très bien, et s’avère relativement précis grâce à un auto-lock qui fait sa part du boulot, surtout lorsque l’on doit viser des adversaires en diagonale.
L’autre gros atout de ce Zenonia S réside dans sa patte graphique. Très coloré et proposant des graphismes en SD mignon comme tout, l'ensembles’avère très fin, avec des animations extrêmement fluides et de très jolis effets visuels lors des attaques spéciales. Et si l’on pourra trouver la direction artistiques globale assez clichée, avec un côté manga très poussé et déjà vu, il ne faudra pas non plus bouder son plaisir tant le jeu est agréable à regarder. Mention spéciale aux changements d’apparence de l’avatar en fonction des pièces d’armure équipée, qui vient donner un côté personnalisation très sympathique. Pour le reste, difficile de ne pas remarquer le fort accent mis sur l'aspect Free to play du jeu, et le beau gâchis que cela entraîne. Avec tout l’arsenal de ce modèle économique déployé, Zenonia a au final perdu son âme. La connexion obligatoire, le système d’énergie, la multiplication des ressources et autres contenus premiums viennent gâcher l’expérience de jeu, transformant une bonne expérience solo et un RPG de qualité en un gloubiboulga multijoueur assez limité, des plus classiques et dénué de charme.
- Test réalisé sur un iPhone 6.
Points forts
- Système de combat solide
- Récompenses régulières
- Graphismes mignons et colorés
Points faibles
- Histoire vue et revue
- Très vite répétitif
- La connexion obligatoire
- L’application manque de stabilité
Après avoir exploré ce tout nouvel épisode de Zenonia, qui adopte pour l’occasion les apparences d’un MMORPG light, difficile d’estimer si le pari tenté par Gamevil est réussi ou non. D’un côté, on retrouve sans peine ce qui fait le charme de la saga : un système de combat à la croisée de l’Action RPG et du Hack'n Slash qui fonctionne très bien, un univers frais et coloré diablement réussi, et tout un tas de mécaniques d’évolution qui donnent furieusement envie de bichonner son personnage. Néanmoins, à l’usage, ce Zenonia nouvelle génération souffre aussi de nombreux problèmes qui viennent grever l’expérience de jeu. A commencer par son monde, réduit à une succession d’arènes générées aléatoirement que l’on parcourra sans même sourciller jusqu’à vaincre le boss qui se trouve à son terme. Dans le même ordre d’idée, l’histoire, qui s’avérait déjà très décevante dans le précédent épisode, est ici limitée à la portion congrue, et c’est sans intérêt aucun qu’on la suivra. Une dynamique renforcée par la quasi-absence de PNJ avec qui interagir. Enfin, comme un dernier clou au cercueil de ce Zenonia S, vient le modèle fremium, toujours aussi présent, qui viendra grandement favoriser les joueurs mettant la main au portefeuille en leur permettant d’obtenir très rapidement des équipements surpuissants. Dommage donc, de voir une série de RPG qui avait tout pour plaire à ses débuts sombrer petit à petit dans les abîmes de la banalité et abandonner au final tout ce qui faisait son charme.