Après avoir fait le bonheur de tout un pan de la jeunesse ayant grandi à l’ère des consoles 8 et 16 bits pour connaître par la suite une longue traversée du désert, Sonic reprend sa course effrénée… mais cette fois-ci sur plates-formes mobiles. Sonic Dash ou encore Sonic Runners tentèrent l’aventure tactile, une incursion se traduisant par une réussite toute relative, la rédaction de jeuxvideo.com leur attribuant respectivement un 13 et un 9 sur 20. Sega n’est plus le grand constructeur et éditeur d’antan. Son hégémonie s’est estompée au point de devenir un acteur secondaire de la scène vidéoludique en l’espace de deux décennies ; tout comme sa mascotte devenue contre son gré la risée des joueurs avec Sonic Boom sorti sur Wii U. Combinant son runner Dash et la “franchise” Boom, le hérisson supersonique accélère de nouveau avec un Sonic Dash 2 : Sonic Boom qui espérons-le évitera les écueils de ses aînés.
Sonic Dash 2 : Sonic Boom, 9 minutes à fond de 5 !
COURS SONIC… COURS !
La vitesse est un, si ce n’est LE pilier de la licence Sonic. L’adapter au genre du runner s’avère être une décision censée, à défaut d’être courue d’avance. Sonic Dash 2 : Sonic Boom s’arme des éternelles mécaniques du runner en 3D, des mécaniques poncées depuis un lustre, mais sachant combler une majorité des joueurs mobiles à l’heure actuelle. Fertile terrain de jeu pour une course sans fin, Sonic avale les kilomètres en évitant les pierres, les barrières… disposées sur son chemin, récoltant les anneaux d’or et les Etoiles rouges tout au long de son périple. A la manière des Sonic traditionnels, les anneaux vous protègent des ennemis. Lorsque vous percutez l’un d’entre eux, tous vos anneaux s’éparpillent mais vous restez en vie. Et si par malheur, votre besace est désespérément vide, cette rencontre sonne le glas de votre course. Il en va de même si vous tombez dans un trou ou si vous percutez un obstacle ou un piège, allant des simples piques au bombes. Aussi rapide soit-il, le plus populaire des hérissons en garde sous la pédale, un surplus de vitesse nécessitant de récolter des orbes bleues durant votre run afin de charger cette “super vitesse” nommée Accélération, sorte d’invincibilité momentanée.
Reprenant l’idée des stages bonus venus des anciens jeux de plates-formes, Sonic Dash 2 se dote de chemins aériens fournis en Anneaux d’or et en orbes bleues faisant offices de moments de répit avant de retourner sur la terre ferme. Car le Docteur Eggman n’est pas disposé à vous laisser vaquer à vos occupations en lâchant à la pelle des crabes et autres guêpes mécanisées ainsi que divers pièges. Et Sonic aime se “mettre en boule” et nourrir sa véhémence par la destruction pure et simple des ennemis osant se trouver sur sa trajectoire. Et pour lui faciliter la tâche, notre héros compte sur les bonus traînant ici et là. Aimant à Anneaux d’or, bouclier temporaire…rien n’est trop beau pour assurer un run toujours plus long, une distance parcourue plus grande. Sega ne s’arrête pas en si bon chemin et se permet une touche d’originalité. Le fait de pouvoir se libérer des anneaux d’or amassés, de les mettre en banque et ainsi assurer ce montant en prenant un chemin alternatif lors de votre course apporte un aspect tactique plaisant : garder ses anneaux d’or pour se protéger ou les encaisser pour pouvoir les dépenser.
L'union fait la force
Depuis Sonic the Hedgehog 2 paru en 1992, Sonic traverse ses aventures accompagné de Tails, le célèbre renard à deux queues, et de nombreux personnages s’ajoutant au gré des nouveaux jeux de la franchise. Ainsi Knuckles, Amy, Shadow, Blaze, Silver, Rouge, Cream… sont nés. Et Sega a réuni une partie de la bande dans Sonic Dash 2. Sonic, Tails, Amy, Knuckles et Sticks bravent ensemble l’infernal Docteur Eggman. Au-delà de la simple collection, nos héros collaborent et emploient leurs aptitudes spécifiques. Knuckles déclenche une attaque dévastatrice en retombant après un saut. Tails se gargarise d’une vie supplémentaire gratuite par course. Sticks conserve son combo même après avoir percuté un obstacle ou un ennemi. Amy transforme les ennemis et obstacles en Anneaux d’or lors d’une Accélération tandis que Sonic aspire les Anneaux. Composée d’un leader et de deux coureurs secondaires, cette équipe de 3 héros que vous bâtissez vous autorise à employer les compétences de chaque personnage durant un run. En vous engouffrant dans un chemin secondaire disposé sur votre route, la possibilité d’alterner entre vos 3 héros embarqués durant le run vous est offerte.
Les jeux de puzzle et même les runners s’équipent de mécaniques issues des RPG et Sonic Dash 2 puise dans le genre pour enrichir son expérience. Outre le fait d’améliorer l’aptitude des personnages moyennant des Anneaux d’or ou des Etoiles rouges, nos héros se voient attacher les services de “Lutins” (3 au maximum) permanents ou à usage unique. Le rôle de ces petits êtres se résume à graviter autour de vous tout en allouant un bonus à l’équipe : Spark et sa vie Bonus, Legs et ses Accélérations durant 40% plus longtemps, Banks et l’encaissement de 25% des Anneaux lâchés… Malgré son modèle économique Free to play, le titre de Sega n'effrite jamais notre patience. Généreux à n’en pas douter, seule la collection des personnages et des Lutins ainsi que l’amélioration des héros titillent cette envie de mettre la main à la poche. Et le manque d’intérêt du jeu sur la durée ne vous y incite pas. Les événements quotidiens et les missions (ramasser X anneaux, Détruire X ennemis, Rouler X, changer X fois de personnages en 1 course) éveillent vos sens le temps d’une course avant de retomber dans une constante langueur. Sonic Dash 2 est un titre à consommer sur le vif avant de le désinstaller dans la foulée.
A cheval entre nostalgie et modernisation
Sonic, petit hérisson bleu ayant traversé les années 80’s puis 90’s à la vitesse de l’éclair avant de percuter l’an 2000 avec fracas, s’était fendu en novembre 2014 d’un projet cross-média à l’origine d’un flop retentissant, le tremblant Sonic Boom. 10 mois plus tard Sega déterre son mort-né en espérant le voir s’épanouir sur iOS et Android. Et pourtant…seuls les joueurs nostalgiques d’une époque où jeu vidéo rimait avec défi portent encore et toujours Sonic dans leur coeur. La jeunesse boude ce héros venu d’un temps que les moins de 20 ans peinent à connaître. L’univers conçu par Naoto Oshima s’exprimait pleinement en 2D, laissant libre cours à un dynamisme de chaque instant. Puis les environnements en 3D ont vu le jour et avec eux Sonic Adventure sur Dreamcast, un excellent titre qui laissait présager un avenir radieux. Belle bande de naïfs que nous étions alors. Sonic Dash 2 : Sonic Boom, malgré des efforts que nous ne pouvons nier, tire la patte, se traîne. Ce sentiment grisant de vitesse si cher à la saga et retrouvé dans Sonic Runners laisse place à une constante monotonie à l’exception de quelques séquences plus ardues en fin de run. La faute à des animations “molles” et des personnages dénués d’articulations et pourvus de membres à la limite de la tentacule de poulpe.
Sonic Boom tenta de moderniser la franchise dans le but de s’ouvrir à un nouveau public et ainsi garantir sa pérennité. Repensant Sonic et ses acolytes à travers un design plus racé, Sega espérait un net regain d’intérêt, principalement auprès des jeunes, mais sans succès. A croire que l’éditeur japonais aime tendre le bâton pour se faire battre, ce dernier s’est entêté en conservant la modernisation de Sonic Boom pour ce Sonic Dash 2. La direction artistique souille sans vergogne et surtout sans prendre le temps de se présenter nos pieux souvenirs de fan inconditionnel. Correct d’un point de vue technique cela va sans dire, ce Dash 2 ne ravive à aucun moment ce vent nostalgique tant espéré. Malgré tout, la récolte d’anneaux, la destruction d’ennemis, les accélérations… l’ensemble des bruitages nous ramène 24 ans en arrière lors de nos premiers pas sur Green Hill Zone ; laissant la magie opérer… un tant soit peu du moins.
- Test effectué sur iPad Air 2
Points forts
- La présence des personnages cultes de la franchise
- L’alternance entre plusieurs héros durant une course, tous dotés d’aptitudes spécifiques
- Un modèle Free to play généreux et dénué de frustration
Points faibles
- Un gameplay “Runner” poncé jusqu’à l’os
- Aucun ressenti nostalgique une fois en jeu malgré la licence Sonic
- Un manque d’intérêt flagrant sur la durée
A force de courir à tord mais surtout de travers, Sonic, héros badass des années 90’s désormais tombé en désuétude, s’époumone en vain et s’use la renommée jeu après jeu. Avec sa direction artistique tirée de Sonic Boom, son gameplay vu et revu et un manque crucial de nostalgie, Sonic Dash 2 s’évertue en vain à redresser la barre d'une licence à la dérive. Malgré la présence des héros cultes de la franchise et un modèle Free to play pour une fois généreux, l’expérience perd toute saveur après quelques courses, la faute à un manque d’intérêt sur la durée.