Au cas où vous seriez complètement passé à côté, sachez que le manga Afro Samurai, et par extension sa déclinaison en anime, avaient déjà inspiré une adaptation en jeu vidéo en 2009. Mais si ce beat'em all sympathique et respectueux de la série avait laissé une bonne impression aux joueurs, cette suite au format épisodique ne joue pas du tout dans la même catégorie...
Sur le papier pourtant, Afro Samurai 2 part plutôt sur des bases saines. Les concepteurs du jeu ont en effet bien compris qu'il était impératif d'accorder un soin tout particulier aux deux points clefs du soft, à savoir sa narration et son ambiance sonore. C'est donc avec un réel plaisir que l'on découvre des morceaux orientés rap et hip hop dans le plus pur style de l'anime, la bande originale ayant été confiée à plusieurs artistes indépendants qui se passeront le relais durant les trois volumes que comportera ce projet.
Le choix du personnage torturé de Jinno/Kuma apparaît également comme une idée pertinente, l'ancien frère d'armes d'Afro n'ayant rien à envier à son camarade/rival en termes de charisme et de maîtrise du combat. Mieux encore, le jeu alterne entre flash-backs et séquences du présent, nous permettant d'incarner à la fois le jeune Jinno et le tueur à tête d'ours au corps cybernétique qu'il deviendra par la suite. Car l'histoire recoupe directement celle du manga et de l'anime et nous raconte la quête de vengeance de Jinno, traumatisé par le massacre de tous les siens par celui qu'il considérait comme son meilleur ami. Mais si la narration est agrémentée de planches de type manga du plus bel effet, elle est aussi ternie par un doublage anglais qui n'a pas sa place ici et une absence totale de sous-titres.
Vers la catastrophe
Jusque-là, on pourrait croire que Afro Samurai 2 : La revanche de Kuma a, comme la plupart des beat'em all passés ou récents, des atouts et des faiblesses qui se compensent plus ou moins. Malheureusement, les lacunes dont souffre le jeu sont telles que tous les points positifs évoqués plus haut disparaissent totalement une fois le pad en main. Techniquement innommable, le titre semble avoir près de 15 ans de retard et fait largement moins bien que son prédécesseur, multipliant les bugs d'affichage et de collision, le tout dans des environnements ternes et vides où l'on ne peut jamais déplacer la caméra.
Le système de combat, pourtant mis en avant par sa particularité à se décliner en trois variantes entre lesquelles on peut jongler à tout moment, se révèle dans les faits extrêmement basique. Il n'y a de toute façon qu'à observer l'arborescence des skills, minuscule, pour comprendre qu'il ne faudra pas des heures avant de maîtriser les ficelles des styles Afro, Kuma et Master qui sont proposés. S'enchaînant à une vitesse qui fait craincre le pire concernant la durée de vie du jeu (impression confirmée puisqu'on en voit le bout très rapidement), les niveaux échouent à nous convaincre, quel que soit leur thème. Qu'il s'agisse de simples bastons, de phases de plates-formes ou de combats de boss agrémentés de QTE, le gameplay est d'une telle vacuité qu'on a hâte de passer à autre chose.
Sans doute conscients des problèmes de gameplay, les concepteurs ont opté ici pour un boss façon QTE
Les points de skills s'acquièrent plus vite que l'arbre des talents ne peut accueillir de place, ce qui fait qu'on termine l'épisode avec des points en rab et la frustration de ne pouvoir débloquer l'ultime technique de chaque style de combat qui ne se déverrouillera que dans l'épisode suivant. Quant à ces fameux styles, s'ils ont tous leur utilité à un moment ou un autre de l'aventure, ils ne renferment rien qui rende les affrontements un tant soit peu techniques. Le style Afro mise sur l'esquive, le passage dans le dos et la possibilité de dévier, voire de renvoyer des projectiles. Le style Kuma fait dans la brutalité avec des finish moves qui tranchent à tout-va et un mode rage qui peut tuer en un coup. Et pour en finir rapidement, rien ne vaut le style Master capable de décapiter tous les ennemis de la zone une fois un nombre minimum de combos infligé.
Difficile de s'amuser devant le manque cruel de précision du gameplay, avec des contres qui passent une fois sur trois et certains adversaires qui restent debout même après avoir essuyé un finish dans les règles. Inutile de s'éterniser, il y a tellement de choses à revoir dans Afro Samurai 2 : La revanche de Kuma qu'il vaut mieux en rester là. Et dire qu'il y a encore deux autres chapitres prévus...
Plus on approche de la fin, plus les combats s'éternisent inutilement
Points forts
- Le focus sur le personnage de Jinno et les planches façon manga
- Trois styles de combat accessibles à tout moment
- Les musiques respectueuses de celles de l'anime
Points faibles
- Techniquement affligeant pour ne pas dire catastrophique
- Un gameplay basique, bien loin de ce que promettaient les trois styles
- Aucune gestion de caméra et des bugs à foison
- L'arbre des skills vraiment très limité et bridé (épisode 2 requis pour débloquer les dernières techniques)
- Le doublage anglais, une ineptie qui gâche complètement l'immersion
- L'absence totale de sous-titres durant les dialogues
- Le format épisodique qui ne se justifie pas, compte tenu de la durée de vie
Très honnêtement, on voit mal comme le développeur d'Afro Samurai 2 pourrait redresser le tir pour faire en sorte que les deux autres volumes prévus soient, ne serait-ce que corrects. Catastrophique à tous les niveaux, si ce n'est sur le plan musical et narratif, le titre semble avoir 15 ans de retard techniquement et souffre de tellement de lacunes qu'il en devient injouable les trois quarts du temps. Basique, court et sans saveur, ce beat'em all ne fait réellement pas honneur au manga et à la série dont il est inspiré.