Mener l'enquête dans une ville sombre, pluvieuse et rongée par la corruption, incarner le rôle de la seule personne qui puisse changer les choses, porter tout le poids du monde sur vos épaules... Ça vous dit ? Si vous êtes amateurs de films noirs, il est en tout cas fort probable que vous vous intéressiez à Calvino Noir, un jeu à la sombre ambiance, qui vous happera dans une enquête mystérieuse au cœur de la Vienne des années 30.
Trailer de Calvino Noir
Le lundi au soleil ...
Calvino Noir est un jeu d'infiltration side-scroller en 2D développé par Calvino Noir Limited et disponible depuis le 27 août sur PC via Steam (également sur PS4 et iOS). Bien plus qu'un jeu d'infiltration, Calvino Noir est une aventure dans la sphère criminelle de l'Europe des années 30 dans laquelle nos héros devront mener l'enquête... le plus discrètement possible. En effet, pour aller au bout de l'enquête, il vous faudra accompagner non pas un, mais trois protagonistes au cœur de la petite révolution dont ils sont les acteurs. Pour cela, il sera nécessaire de les emmener d'un point A à un point B grâce à l'audacieux clic de votre souris, tout en évitant les balles meurtrières des gardes que vous pourrez rencontrer, le tout à travers un scénario des plus simples : vous jouez le rôle de "l'étranger" (Wilt de son doux nom), un anglais préférant visiblement le climat moins pluvieux de Vienne (quoique).
Cet homme aux costumes impeccables se trouve aussi être un "brouilleur" (un mercenaire). Au début du jeu, vous entrez en contact avec une jeune et charmante demoiselle prénommée Siska qui est prête à vous payer si vous volez les documents compromettants d'un homme haut placé dans la municipalité. Très vite, une foule de questions se posent pour notre ami enquêteur, mais qui pourraient être résumées comme ceci : "Qui sont les vrais Méchants dans cette ville ? ". Pour obtenir enfin une réponse à ce casse-tête viennois, il vous faudra enquêter dans des bâtiments aussi ravissants et réalistes que bien gardés. Si les traits sont ici un peu forcés, l'ensemble du scénario, bien que prenant, manque un peu d'originalité de telle façon qu'être surpris par les rebondissements ne sera pas monnaie courante, ce qui ravira les amateurs de film noir mais pourrait frustrer les autres.
Ballade au cœur de Vienne
Comme précisé précédemment, il vous suffira de cliquer d'un endroit à un autre pour avancer et enquêter tout en faisant bien attention aux gardes qui font leur ronde car une balle suffit à vous tuer. Et courir n'est pas recommandé : vous vous feriez vite repéré par les gardes à l'ouïe fine et à l'IA pas trop mal calibrée. Calvino Noir vous laissera aussi entrer dans la peau de trois personnages aux spécialités différentes :
- Wilt est le seul à pouvoir terrasser les gardes
- Siska a le don de pouvoir regarder à travers les trous de serrures (et de pouvoir les ouvrir aussi)
- Arno est le seul à pouvoir utiliser des machines (et à pouvoir tourner une manivelle accessoirement).
Vous en dire plus sur les personnages serait un honteux spoil puisqu'en filigrane de l'histoire principale se joue le récit des passés troubles de nos protagonistes que l'on apprendra à connaître au fil des révélations que ceux-ci se feront. Certains sont des âmes brisées en quête de rédemption, d'autres sont en quête de justice... Quoi qu'il en soit, tous évoluent dans un univers où la morale est à l'image des décors, teintée de nuances de gris. Incarner différents personnage est une idée intéressante puisqu'il permet d'imaginer des stratégies différentes de jeu.
Cependant c'est un choix accompagné de certains désagréments : les personnages nous sont imposés par l'histoire et il faut savoir les emmener tous d'un point A à un point B. Dans certaines phases de jeu, Wilt pourra ouvrir la voie en se débarrassant des gardes sur son chemin par exemple, mais votre tâche ne s'arrêtera pas là puisqu'il faudra parcourir le chemin avec deux autres personnages sans qu'il ne se passe rien d'autre. Cela pourrait paraître anecdotique, mais cela ajoute véritablement un peu de lourdeur à certaines séquences de jeu. Par ailleurs, les différents personnages incarnés n'empêchent en rien la répétitivité du jeu puisqu'il s'agira à un moment de crocheter cette porte, avancer, assommer ce garde, avancer, tourner cette manivelle, avancer ...
Une atmosphère ... noire
L'atmosphère de Calvino Noir est prenante: les graphismes, la bande son, la narration, tout est fait pour vous immerger dans un vieux film. Les graphismes sont faits de teintes de gris et vous montrent, la plupart du temps, une architecture des années 30 plutôt réaliste quand la bande son fait résonner le jazz et le tonnerre dans nos oreilles car le ciel est à l'image de la ville, sombre et corrompu. Si l'histoire évolue principalement à travers les discussions et les enquêtes des personnages doublés en anglais mais traduit en français, un narrateur intervient parfois pour planter le décor et tente d'ajouter encore davantage de cachet. Non contents d'abriter des lieux où se cacher, les pièces sont aussi de petits écrins à trésors qu'il vous faudra chercher à l'aide de votre lampe torche (trésors qu'il vous sera possible d'échanger contre des perks de rapidité ou de discrétion).
Points forts
- Association réussie d'un jeu d'aventure/infiltration et d'une ambiance très années 30
- Gameplay très simple mais efficace
- Direction artistique très réussie qui favorise une immersion rapide
- Scénario plein de rebondissements
- Niveaux assez vastes avec une architecture réaliste
Points faibles
- Aucune option disponible (graphisme ou son)
- Quelques latences dans les déplacements des personnages parfois
- Dialogues et scénario parfois un peu "clichés"
- Diversité des personnages qui n'empêche pas le jeu d'être linéaire et un peu répétitif
- Malgré les quelques collectibles, la rejouabilité est pratiquement nulle
Calvino Noir est un jeu qui repose sur un scénario un peu cliché qui n'en demeure pas moins bien écrit. Le style graphique ainsi que l'ambiance sonore développés dans le jeu sont très réussis et permettent une immersion rapide dans l'univers dans lequel évolue nos héros. Les différentes mécaniques de gameplay sont intéressantes mais ne font pas de ce jeu un divertissement où la stratégie prime : le gameplay devient vite répétitif et linéaire (se débarrasser ou non d'un garde, telle devient la question) et la rejouabilité est presque nulle. Lorsque l'on a bien cerné l'IA des gardes, le challenge devient moindre. Malgré ces défauts, on prend un certain plaisir à suivre nos héros dans leur enquête et à la suivre jusqu'au bout. Les fans de films noirs ne pourront qu'aimer cette histoire ainsi que cette ambiance, quand d'autres s'attarderont sur sa répétitivité et ses potentialités manquées.