En novembre 2014, le studio EightyEight Games nous proposait sa vision du puzzle-RPG, avec l'étonnant 10000000 : un mélange habile entre match-3 et cumul d'expérience, le tout joliment habillé façon 8 bits. Forts d'un certain succès critique et public, ses développeurs remettent le couvert quelques mois plus tard et nous servent une suite non officielle, au titre tout aussi étrange : You Must Build a Boat.
Pour le coup, You Must Build a Boat porte très bien son nom : votre but est en effet de construire un bateau, le plus rapide et puissant possible, afin de traverser une zone remplie de dangers. Vous commencez petit, avec un rafiot à peine capable de flotter sur un marécage et, pour améliorer tout ça, une seule solution : explorer la jungle environnante et récolter des ressources pour augmenter la taille de votre vaisseau. On touche ici au coeur du jeu, puisque vous allez passer quelques heures sur le plateau de You Must Build a Boat, à faire glisser des symboles pour que votre héros aille le plus loin possible.
Du neuf avec du (pas si) vieux
On s'explique : à la manière d'un match-3, donc, il faut aligner trois tuiles identiques pour les faire disparaitre et lancer l'effet concerné. Trois épées ou trois baguettes de sorciers vous permettent d’attaquer un ennemi, les clés sont utiles pour ouvrir les coffres et récolter de l'or, tandis que les symboles "muscles" et "cerveau" sont indispensables dès qu'il s'agit de recruter un équipage. Dans la partie supérieure de l'écran, l'explorateur avance toujours plus loin, mais voit régulièrement sa route barrée par des monstres ou des trésors. Si vous mettez trop de temps à débloquer le chemin, le héros sort de l'écran, et la partie s'arrête. Il ne vous reste plus qu'à recommencer pour essayer d'aller un peu plus loin.
Si vous avez eu l'occasion de jouer à 10000000, vous vous dites sûrement, à la lecture du dernier paragraphque, que You Must Bluid a Boat n'en est qu'une simple resucée. À première vue, vous êtes dans le vrai : les mécaniques de gameplay principales sont les mêmes, inspirées par ailleurs par quelques grands classiques du puzzle-game tels que Puzzle Quest ou Puzzle & Dragons. Sauf que You Must Build a Boat et bourré de petites idées qui, misent bout à bout, en font un jeu tout à fait diabolique et addictif.
Attrapez-les tous
Au-delà de la composante RPG, efficace, mais classique (on dépense de l'or entre chaque partie pour améliorer son attaque ou son armure), EightyEighty Games a le bon gout d'ajouter une partie "chasse aux monstres", qui relance largement l'intérêt et nous encourage perpétuellement à appuyer sur l'icône "Run Again". Lors d'une session particulièrement réussie, vous allez en effet pouvoir "capturer" l'un des monstres croisés et le loger sur votre bateau.
Chacun d'entre eux va alors vous octroyer un bonus passif, indispensable à votre montée en puissance : pourcentage de chance d'effectuer un coup critique augmenté, meilleure résistance aux attaques, meilleur rendement d'or à l'ouverture de chaque coffre... Les effets sont très variés et chaque nouvelle capture est l'occasion d'un rituel ultra ludique, où l'on doit taper sur la caisse contenant le nouveau monstre, attendant avec impatience de découvrir l'effet associé. Il y a alors un petit côté "ouverture d'un paquet de cartes", qui contribue à rendre You Must Build a Boat complètement addictif.
Outre cet aspect brillamment intégré par EigthyEight Games, c'est tout simplement le plaisir de voir son bateau se développer qui rend le jeu irrésistible. Chaque avancée dans la quête principale fait apparaitre de nouvelles zones sur votre rafiot, bien souvent occupées par un membre d'équipage. Au bout de quelques heures, entre les monstres capturés, le forgeron, la magicienne, l'armurier, etc., vous vous sentirez tel un Noé pixelisé, garant du destin de tout ce microcosme.
Pixel Love
Enfin, on ne peut terminer ce test sans souligner l'habillage du titre : si vous êtes friand de "néo-rétro", vous serez tout simplement enchanté. Outre les graphismes tout en pixel, mais d'une précision étonnante, saluons une bande-son qui rappelle les plus belles heures de la Super Nintendo. Certains morceaux évoquent clairement les Megaman, Duck Tales et autres productions Capcom de la grande époque, tandis que l'on vous met au défi de ne pas fredonner le thème du bateau, composé par l'artiste chiptunes Daverd.
Bref, vous aurez sans doute compris qu'il est difficile de masquer notre amour pour You Must Build a Boat. Subtil mélange de diverses mécaniques très addictives, le titre de EigthyEight Games est incroyablement attachant et mérite largement de dépenser une poignée d'euros (notons qu'il n'y a aucune micro-transaction au sein du jeu). Seules conditions pour être sous le charme : ne pas être allergique au match-3 et à l'habillage rétro.
- Test effectué sur un LG G4
Points forts
- Un mélange des genres très réussi
- La chasse aux monstres, parfaitement addictive
- Le plaisir de voir son bateau évoluer
- Bande-son chiptunes de qualité
Points faibles
- Concept finalement très proche de 10000000
- Certains objectifs parfois trop difficiles à remplir
Équilibre subtil entre puzzle-game, RPG et chasse aux monstres, You Must Build a Boat est le genre de jeu diabolique, capable de vous faire rater votre station de bus et de vous maintenir éveiller jusqu'à une heure indécente. Ses développeurs sont parvenus à mixer tout un tas de mécaniques déjà connues, mais fonctionnant parfaitement entre elles et habillent le tout avec délice, pour peu que l'on soit sensible au néo-rétro. Cette vraie-fausse suite de 10000000 est donc une brillante réussite.