Senran Kagura est une série de beat'em all un rien olé-olé originaire sortie initialement sur 3DS. Le relatif succès européen de Senran Kagura Burst aidant, Marvelous nous propose donc également l'opus PSVita, Shinobi Versus, qui reste le plus populaire au Japon.
Test réalisé à partir d'une version japonaise
L'univers du Senran Kagura original se base sur la lutte entre deux écoles de ninjas (ou plutôt kunoichi puisque ce sont toutes des filles) aux philosophies opposées : Hanzô qui symolise la droiture et Hebijô qui prône la destruction. Shinobi Versus se distingue de son homologue 3DS en deux choses : les combats sont maintenant entièrement en 3D, et il rajoute deux écoles supplémentaires, soit dix nouveaux personnages pour un total de 20 (plus encore deux en DLC), de nouveaux modes de jeu multijoueur et un nombre impressionnant de costumes. Pour vous faire une idée, considérez que Shinobi Versus représente deux ou trois fois le volume de jeu de Senran Kagura Burst.
Un côté visual novel suprenant
Souvent considéré comme un spin-off de la série, cet opus PSVita développe pourtant plusieurs scénarios relativement denses, chacune des quatre écoles ayant sa propre histoire, et chacun des personnages disposant également de son propre mini-scénario. La narration reste dans le ton de la série avec l'habituelle juxtaposition de thèmes très sérieux et d'un humour japonais un rien basique, mais terriblement efficace. Les différentes histoires sont inégales mais permettent de passer de très bons moments. On est littéralement porté par l'histoire de certains personnages, car le jeu, même s'il n'en a pas l'air, parvient à être vraiment touchant par moment, dans les récits de Katsuragi et Rin par exemple. Par ailleurs, cette suite répond à beaucoup de questions restées en suspens à l'issue de Senran Kagura Burst (on y apprend par exemple ce qu'est un «Kagura»). Cette version en anglais vont permettra enfin d'en profiter, car le niveau de langue très élevé de la version japonaise était un sacré frein.
Un gameplay rapide mais imprécis
Question gameplay, le passage du scrolling horizontal aux aires 3D ne s'est pas fait sans douleur : il faut tout réapprendre. Les boss sont maintenant super-agressifs et n'hésitent pas à vous infliger de longs combos immédiatement suivis de leur attaque spéciale, au point que même se relever peut parfois sembler difficile. Le nombre d'ennemis à l'écran a aussi été revu largement à la hausse, à tel point que l'on considère souvent Shinobi Versus semblable à un Dynasty Warriors. Il est toujours possible de réaliser des longs enchaînements immédiatemment suivis de combos aériens, ce qui donne des affrontements assez jouissifs. Il est indispensable de maîtriser au moins la garde, et idéalement le contre. Seulement voilà, ce dernier n'est pas aussi intuitif que dans les meilleurs jeux du genre, ce qui fait que l'esquive est souvent le meilleur moyen d'organiser sa contre-attaque. Autre petit défaut : le lock nécessite de désigner l'ennemi sur l'écran tactile, et vous n'avez pas toujours le loisir de libérer une main pour ce faire. Enfin, l'action va très vite et la caméra a quelques difficultés à suivre. On a donc un gameplay qui gagne énormément en nervosité mais perd un peu en précision.
Il est cependant dommage que la difficulté ne suive pas. Le premier Senran Kagura se finissait très facilement, quand Senran Kagura Burst proposait ne proposait un challenge intéressant qu'en fin de jeu. Shinobi Versus est encore une fois assez facile pour une raison toute bête : vous gagnez de l'expérience beaucoup trop vite. La bonne nouvelle est que l'on dispose maintenant d'un mode difficile, mais il est atrocement ardu et demande de longues sessions d'entraînement pour glaner des points d'expérience. Le dosage est donc au final très inégal et il manque cruellement un «juste milieu» qui permettrait d'apprécier davantage l'histoire principale.
Sur PSVita, le nirvâna technique
Les développeurs se sont un peu lâchés au niveau du fan-service pour ce changement de plate-forme. En effet, en plus de fonctionnalités tactiles des plus coquines dans le menu vestiaire, vous avez maintenant 6 niveaux de déchirement des vêtements des héroïnes, ceci pouvant aller jusqu'à la nudité totale. Oui, mesdames et messieurs (enfin, surtout messieurs…), votre adversaire se retrouvera en tenue d'Adam (ou d'Ève, en l'occurrence) à la fin du combat si vous jouez bien (avec cependant du flou pour masquer les parties les plus sensibles de l'anatomie). Shinobi Versus est un condensé d'érotisme encore inégalé sur la portable de Sony.
Techniquement, Shinobi Versus montre le fossé qui existe entre les deux portables : c'est beaucoup plus beau et plus fluide. Le cel-shading discret convient à merveille et le rendu graphique est tout simplement délicieux. Les attaques spéciales des personnages, tantôt classieuses, tantôt farfelues, sont démesurées et impressionnantes. On relèvera cependant des ombres grossières, les décors plutôt vides et sans attrait, et quelques ralentissements. Les musiques sont assez discrètes dans l'ensemble, mais certaines sortent clairement du lot. Je pense en particulier à Rin to shite saku ou Ano hi ano toki.
Points forts
- Techniquement au point
- Long et riche en contenu
- Le multijoueur en ligne
- Fan-service aguicheur
- Narration plus prenante qu'elle n'en a l'air
- Le gameplay nerveux...
Points faibles
- ...mais un peu brouillon
- Difficulté mal réglée
- Décors sommaires
Senran Kagura Shinobi Versus est bien l'épisode ultime de la série. Transcendé par la puissance de la PSVita, il profite en plus d'un contenu abondant qui le rend bien plus abouti que son prédécesseur. Il faudra toutefois adhérer totalement à l'ambiance décalée et passer outre les imperfections de gameplay.