Rovio n'en est pas à son coup d'essai en matière de jeux mobiles. Après avoir propulsé des oiseaux, le studio finlandais s'attaque aux avions. Mais cette fois, l'objectif est différent, il ne s'agit plus de viser des obstacles mais de les éviter. Si Retry n'a ainsi pas eu de mal à prendre son envol avec plusieurs millions de téléchargements, le jeu rassemble tous les ingrédients pour en faire un titre de qualité, mais toujours avec les inconvénients de la gratuité.
Un style rétro pour une réelle difficulté
Légèrement pixelisé et difficile à souhait, c’est à cela que pourrait se résumer Retry, et le jeu affiche fièrement son aspect rétro. Outre une direction artistique donc volontairement ancienne, le titre de Rovio offre de nombreux niveaux. Si les premiers permettent de faire nos premiers pas en tant que pilote voltigeur et s’exécutent assez facilement, il en devient rapidement autrement. En effet, le jeu se corse très vite et de nombreux essais seront nécessaires pour franchir la ligne d’arrivée : décors étroits, vent, distance très longue à parcourir sont autant d’éléments à prendre en compte qui garantissent de devoir retenter sa chance. Mais cela n’est absolument pas un problème, et la qualité du gameplay réside dans cette difficulté. À chaque niveau, on prend plaisir à recommencer puisque s’appréhende comme un véritable challenge. Ainsi, il sera nécessaire de mémoriser l’agencement des passages difficiles et de s’entrainer aux loopings de précision qui permettront finalement de compléter le niveau et d’afficher une certaine satisfaction.
D’ailleurs, si les niveaux dits « classiques » ne suffisent pas, il existe également des niveaux appelés « super difficiles » qui arriveront à mettre à mal les talents des meilleurs pilotes. Ces niveaux combinent un maximum des éléments cités un peu plus haut et ne se termineront que rarement du premier coup. Les joueurs qui recherchent ainsi une vraie difficulté ne seront pas en reste et ressortiront même éprouvés de ces fameux niveaux. Pour ceux qui ne parviendraient pas à les compléter, le jeu présente l’avantage de proposer des déviations pour les contourner. Mais cela n’est pas forcément beaucoup plus simple non plus puisque cette déviation comporte plusieurs niveaux supplémentaires. De plus, et pour inciter les moins aventureux à s’essayer à ces niveaux très difficiles, le jeu a l’intelligence d’imposer un petit délai avant que la déviation ne soit accessible.
Pour l’as du pilotage qui parviendra au bout du nombre conséquent de niveaux (le jeu propose deux mondes avec des dizaines de niveaux dans chacun), la rejouabilité n’est pas en reste : il y a par exemple la possibilité de recommencer sans jamais atterrir sur un aérodrome intermédiaire ou d’obtenir les trois étoiles de chaque niveau.
Décollage réussi pour l’aspect free-to-play...
Si Retry est gratuit, il fonctionne cependant sur le modèle économique du free-to-play. Ainsi, le jeu propose des achats intégrés qui permettent de faciliter l’expérience et qui se décomposent en deux catégories : des pièces et des boulons.
Concernant les pièces, celles-ci permettent notamment de sauvegarder sa position sur le fameux aérodrome intermédiaire évoqué plus haut. Chaque niveau dispose en effet, selon sa longueur, de différents aérodromes sur lesquels il est possible de faire une pause. Il s’agit de quelque chose de très utile dans la mesure où le jeu est difficile et où, après avoir bataillé pour venir à bout de certaines zones, il est nécessaire de se poser pour reprendre son souffle. Une fois posé sur un de ces aérodromes, il est possible de re-décoller simplement, ou alors de sauvegarder sa position pour redémarrer à cet endroit en cas de crash un peu plus loin.
Généralement, les aérodromes sont assez bien placés dans les niveaux et on les rencontre à proximité de zones complexes. Cependant, pour effectuer cette sauvegarde, il est nécessaire de dépenser une pièce. Mais ces dernières se font rares, et s'il est possible d’en récupérer quelques unes dans des niveaux, elles sont globalement situées dans des endroits très difficiles à atteindre. Et la récupérer en passant dessus avec son avion n’est pas suffisant puisqu’il faut ensuite se poser sur l’aérodrome suivant pour valider son acquisition. D’une certaine manière, ce système encourage ceux qui ne veulent pas payer à sauvegarder le moins souvent possible leur position et donc à tout faire pour atteindre le bout du niveau d’un trait, renforçant ainsi cet esprit de challenge autour du jeu. Mais cela peut aussi s’apparenter à une incitation à passer à la caisse pour éviter de s’arracher les cheveux, chose finalement fréquente dans les free-to-plays.
D’une autre manière, et qui enlève malheureusement tout l’intérêt du jeu, les pièces peuvent également servir à révéler la trajectoire nécessaire pour passer certaines zones difficiles. Même si cette possibilité est proposée après un certain nombre d’échecs, cela ressemble davantage à un excès de facilité destiné à utiliser des pièces. Quoi qu’il en soit, il est appréciable que le nombre d’essais ne soit pas limité et qu’il ne soit pas nécessaire d’attendre un certain temps ou de dépenser des pièces pour réessayer.
… Et panne moteur à l’atterrissage
Le gros problème des achats intégrés concerne les boulons, qu'il est également possible de récolter dans les niveaux mais qui sont toute aussi difficiles que les pièces à atteindre. Leur intérêt est tout autre puisqu’ils permettent de doter l’avion de certaines fonctionnalités supplémentaires, qui ne dureront que le temps d’un niveau. Ces modifications ne sont pas nombreuses, mais elles pourront grandement vous faciliter le travail.
Tout d’abord, si vous êtes en rade de pièces, il est possible d’activer un aimant qui les attirera sans avoir à passer exactement dessus. Il s’agit donc d’une sorte de compromis qui ne peut se décider que selon la situation de chaque joueur. Ensuite, une autre amélioration met à disposition du pilote quelques instruments de vol comme par exemple l’inclinaison de l’appareil ou sa puissance, et ce afin de doser au mieux les actions pour passer par les chemins les plus difficiles, le tout en ralentissant le temps pour que tout soit finalement plus simple. Enfin, il est possible de se doter de quelques « vies » qui fonctionnent de manière à laisser une seconde chance lorsqu’un élément est touché. Dans ce cas, l’avion ne se crash pas mais scintille légèrement, laissant le temps d’effectuer une manœuvre pour le récupérer et ensuite repartir.
Ces améliorations enlèvent clairement de l'intérêt au jeu, le modèle économique du free-to-play cherchant toujours divers moyens d’inciter le joueur à dépenser quelques euros. Il vaut mieux s’en passer, et se cantonner aux aérodromes intermédiaires, la satisfaction de compléter un niveau compliqué n’en sera que plus grande. D'autant que parmi les trois améliorations disponibles, il est possible de débourser jusqu'à trois boulons pour chacune, de manière à pousser l'amélioration à son maximum. Clairement, les premiers niveaux sont généralement peu utiles, et cela incite une fois de plus à dépenser des boulons afin de se doter de l'amélioration la plus performante.
Points forts
- Un style rétro très réussi
- Des niveaux variés et difficiles
- Une rejouabilité intéressante
- La possibilité de retenter sa chance à l'infini
Points faibles
- Des améliorations de l'avion peu variées
- Un système économique honnête, mais qui incite finalement le joueur moins patient à passer à la caisse
- Le prix exagéré des achats intégrés (de 1 euro pour 10 pièces à 9 euros pour 100 pièces et 100 boulons)
Rovio offre aux joueurs nomades un titre de qualité qui permettra de passer le temps lors de courtes sessions de jeu, voire de s'y laisser prendre et de faire durer la partie bien plus longtemps. Sa façon de mettre l'apprenti pilote au défi à chaque niveau incite en effet à recommencer encore et encore jusqu'à atteindre l'aérodrome final, et ce sans pour autant lasser. Les nombreux niveaux semblent tous différents, ce qui renforce d'ailleurs la difficulté puisqu'il faudra régulièrement trouver de nouvelles techniques de pilotage. Cependant, les achats intégrés peuvent vite dénaturer l'expérience de jeu, notamment lorsqu'ils sont utilisés pour faciliter le passage des niveaux. Ici, le jeu pousse les moins insistants à passer à la caisse pour progresser toujours plus vite.