Si vous aimez les jeux de simulation et que vous avez lu moults guides de survie en territoire Zombie, il est fort probable que vous ayez déjà entendu parler de Project Zomboid. Pour les autres, que vous finissiez par aimer ou non ce jeu, ce dernier vous marquera forcément par l’originalité de son concept. En effet, il ne s’agit plus de tirer à tout va avec une arme atomique sur deux zombies de dos et estropiés qui plus est : dans Project Zomboid, il y aura un peu plus de challenge. Par votre jeu, vous narrerez le récit de votre fin... et uniquement de votre fin : il vous faudra survivre, simplement, jusqu’à ne plus y arriver.
Ken le survivant en moins impressionnant
Développé par le studio The Indie Stone, Project Zomboid mettra le joueur dans la peau d’un personnage vu du dessus qui semble être le dernier des Mohicans (ou presque) dans une ville où une épidémie a transformé tout le monde (sauf vous, si vous avez suivi) en être à l'élocution développée. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil comme disent certains, mais l’originalité du jeu résulte avant tout dans la mise en œuvre du gameplay et de l'atmosphère travaillés autour de ce scénario. Dans Project Zomboid, vous n’êtes pas un homme aux muscles luisants surdoué des scènes d'action, ou bien une femme... "charismatique", armée d’un fusil-à-pompe-lance-grenades-à-mines ou d'on ne sait quelle autre bougrerie. Ici, vous incarnez un individu lambda, avec ses qualités, ses défauts, et surtout ses besoins. Ce jeu est un véritable croisement des genres : votre objectif premier sera de ne pas mourir face aux hordes de zombies qui cherchent à se mettre quelque chose sous la dent (Survival-Horror), tout en faisant attention à ne pas défaillir de causes plus naturelles comme la faim ou la soif (Simulation) en fouillant les environnements aux alentours pour ne rien manquer (Exploration) tout en optimisant votre quotidien grâce à l’apprentissage de nouvelles compétences (Jeu de rôle) et la liste n’est pas exhaustive. Les inspirations sont multiples... et se mêlent très bien.
Bienvenue à Racoon City ...
Le tutoriel est un passage obligatoire : ici, pas question de faire le malin et se dire qu'on va comprendre tout seul comme des grands tellement on est doué. Il serait donc dommage de se passer du tuto car (par ordre d’importance) il est présenté par un adorable racoon ou panda roux (c'est selon), et (plus sérieusement) le jeu est globalement très difficile à prendre en main. Il vous faudra vraiment persévérer pour vous sentir à l’aise avec votre combo clavier/souris (qu’il est possible d’utiliser de 1001 manières différentes), ou bien votre manette. Notons en passant que l’intégration de la manette a été particulièrement bien réussie et permettra même à certains joueurs d’avoir une prise en main du jeu plus rapide. Mais revenons à notre cher combo clavier/souris : les déplacements par défaut se font avec les touches WASD, le champ de vision est dirigeable en gardant enfoncé le clic droit, interagir avec les objets se fait globalement avec le clic droit, ou le clic gauche, ou la touche "E" ou les trois... Chacun devrait y trouver son compte donc. Pour autant, il vous faudra peut-être un peu de temps pour le trouver, votre compte, tant le jeu est dépaysant. Notre ami racoon du tutoriel nous aidera dans cette tâche, en nous apprenant, non sans une certaine cocasserie, les bases nécessaires à notre survie : comment se déplacer, comment orienter son champ de vision correctement (le personnage ne voit que ce qui est à portée de sa vue), comment interagir avec les objets et les fouiller, comment s’occuper de son inventaire, comment faire le moins de bruit possible, et le plus important peut-être, comment se battre dignement avec une fourchette et un couteau à beurre ! Le tutoriel est relativement court, ce qui est un très bon point pour un jeu comme celui-ci, cependant, il n'hésite pas à nous renvoyer vers un guide qui fait office de page d'aide, lui plus long, et pourtant absolument indispensable. Un auto-apprentissage relativement long est nécessaire pour comprendre toutes les mécaniques et vous aurez un jeu qui deviendra parfaitement prenant... une fois que vous l'aurez pris en main, pas avant.
Les Sims 19: Apocalypse
Nous avions parlé de croisement des genres, de survival-horror et bien-sûr de simulation. Sur l'écran d'accueil, différents choix nous sont proposés, parmi lesquels sont présents les options, le tutoriel, la gestion des mods, la partie en multi en ligne et ce qui nous intéresse ici, la "Nouvelle Partie". Une des premières constatations faites est qu'il est possible de personnaliser moults traits de sa partie: vous pouvez d'abord choisir entre différents types de jeu (de la partie la plus facile à la plus improbable en passant par le bac à sable et les défis), puis entre deux communautés joyeuses et pleines de vie de taille différente : les villes. Une fois votre communauté de zombies préférée choisie, il ne vous reste plus qu’à personnaliser votre... personnage : vous pourrez nommer votre survivant, aurez le choix de son sexe, de sa coupe de cheveux et également de ses vêtements (la gamme de couleurs proposée étant des plus chatoyantes). Votre avatar modelé, choisissez ses aptitudes en fonction de son emploi antérieur (par exemple, un ancien cambrioleur sera naturellement plus discret, CQFD) ou bien attribuez lui directement des compétences selon un quota de points par défaut (plus de vitesse, moins de bruit dans les déplacements, plus de force, etc). Pour équilibrer les choses, il faudra également mettre des bâtons dans les roues imaginaires de votre personnage en lui attribuant des défauts plus ou moins gênants comme un sommeil rallongé ou encore une vision nocturne rétrécie. Autant dire qu’il est possible de vous rendre le jeu cauchemardesque. Et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous même.
Necessité fait loi
Au lancement d'une partie, vous devrez vite mettre en ordre vos priorités : trouver une arme, de la nourriture, un endroit où dormir pour la nuit, et s’il le faut, changer de maison, car oui, le jeu intègre une gestion du cycle jour/nuit qui a toute son importance puisque votre personnage doit dormir, dans un endroit sympathique de préférence, et que l'eau potable pourrait venir à manquer (on ne sait jamais, n'est-ce pas ?). Vous vous retrouverez donc à fouiller de nombreuses maisons et à devoir gérer votre inventaire : tout prendre peut s’avérer utile pour pouvoir crafter rapidement mais n’oubliez pas que vous n’êtes qu’un homme et que votre capacité à porter le bric-à-brac de toute une ville est limitée. Vous vous retrouverez donc vite à vous mouvoir à la recherche d’objets, placés de manière admirablement logique, il faut le noter : cherchez la nourriture dans les réfrigérateurs, les livres dans les bibliothèques et les bandages dans les trousses à pharmacie. De la même façon, vous pourrez faire cuire votre viande dans les fours pour éviter l'intoxication alimentaire, fermer les rideaux pour éviter que vos potes zombies ne vous voient et étancher votre soif dans les toilettes si le besoin s’en fait sentir (ou tout simplement si vous en avez envie, ne jugeons pas). Retenons simplement que bien loin de ce qui s’est fait jusqu’à présent dans l’univers du jeu de zombies, Project Zomboid est étonnement logique et incroyablement humain.
Battle Royale version Zombies
Tout le monde semble vous en vouloir dans ce patelin. Les zombies sont d’un naturel peu amical, il est vrai, et constitueront votre première source d’ennui. Il faudra donc y faire très attention et ne pas attirer leur attention en s’approchant trop d’eux, en faisant trop de bruit, en s’approchant trop d’une fenêtre ou tout simplement, en étant en vie. Quoi que vous fassiez, vous vous attirerez les émules de nos amis zombies, et à ce moment là, il vous faudra vous sauver au loin en délaissant la délicieuse marmite de soupe qui est four, ou alors vous battre avec les armes dont vous disposez. Mais les zombies ne seront pas la seule cause de votre perte : il faudra faire très attention à vos besoins naturels ainsi qu’à vos blessures qui peuvent très vite devenir mortelles… mais aussi aux autres survivants PNJ qui pourront être amicaux ou non. Nous avançons donc dans un open-world où chaque lieu mène à la mort. Et pour vous aider à rester en vie, il sera nécessaire de crafter tout un tas d'objets, en commençant par la barricade jusqu'à la maison et son petit jardinet et bien d'autres choses, si tant est qu'on ait le matériel et les compétences requises et que le joueur que nous sommes ait compris comment faire...
Une atmosphère zombiesque
L’atmosphère atypique de Projet Zomboid ne manquera pas de vous interloquer. L'environnement sonore de Zach Beever est bien travaillé, fin et très adéquat : il nous fait stresser sans mal avec ses délicats changements de rythmes. Les pistes sonores sont angoissantes sans être intrusives ni totalement oppressantes. Les graphismes, quant à eux, pourront plus facilement faire débat. Il est fort probable certains joueurs soient conquis par la 2D asymétrique proposée par The Indie Stone, quand d’autres y verront probablement un véritable frein à l’immersion. Notons cependant que la palette de couleurs assez fades combinée à la sobriété des graphismes donnent la sensation d’un univers morose, terne, silencieux et vide : bref, ce à quoi est censée ressembler une ville sans vie infestée de zombies.
Tous les cris, les S.O.S...
Quoi de mieux que d'être le seul survivant d'une apocalypse zombie... à deux ? Voici sûrement le postulat à l'origine des modes multijoueurs en local et en ligne proposés. Pour autant, si le constat peut avoir sa part de vérité, la réalisation semble encore à retravailler, tout du moins pour le mode local. En effet, le second joueur peut rejoindre la partie du premier en appuyant sur un bouton de sa manette, ce qui splittera alors l'écran pour laisser au second joueur la partie droite de l'écran. Autant vous dire que le jeu devient très rapidement un bazar sans nom, les différentes fenêtres d'inventaire se chevauchant sans vergogne et pour tout dire, avec une pauvre jouabilité à la clé. Le mode en ligne, quant à lui, promet de longues heures de fun, à supposer que vous surviviez aussi longtemps. C'est le terrain idéal pour découvrir la ville, coopérer avec vos collègues survivants... ou non et construire votre forteresse bien plus rapidement. Toutes les spécificités du mode solo sont présentes au service d'une aventure dans laquelle vous passerez votre temps à engueuler votre pote Robert parce qu'il attire les zombies en courant comme Heidi dans les verts pâturages.
Vous l'aurez compris, Project Zomboid peut être véritablement intéressant pour qui recherche une aventure de survie un peu originale dans un univers post-apocalyptique. Actuellement disponible en Early Access sur Steam au prix de 13,99 €, le jeu peut encore faire l'objet de quelques modifications mais a déjà tout d'un jeu fini. Si vous hésitez, allez jouer un peu à la démo proposée sur leur page Steam pour vous faire une bonne idée du jeu ou allez voir jouer les youtubers qui s'en donnent à coeur joie. Et quoi que vous décidiez, n'hésitez pas à rester au courant de l'actualité de jeu pour suivre les mises à jour de celui-ci et encourager les développeurs à finir ce beau projet !
Points forts
- Point de vue original de la survie en territoire zombie
- Mélange réussi de nombreux genres
- Immersion et identification au personnage rapide et efficace
- Intégration de la manette réussie
- Des zombies relativement intelligents par défaut
- De nombreuses possibilités de craft
- Interaction possible avec une grande partie de l'environnement
- Grande personnalisation de votre univers et de votre personnage possible
- Mode multijoueur en ligne plutôt sympathique
Points faibles
- Très difficile à prendre en main
- Des graphismes dans le ton du jeu mais qui peuvent déplaire
- Une grande difficulté de jeu : à réserver aux personnes persévérantes
- Les parties se suivent et se ressemblent parfois
- Un mode multijoueur en local un peu brouillon
Project Zomboid est un jeu ambitieux qui parvient à allier habillement différents styles de jeu et différents types de gameplay au service d’une expérience de survie en territoire zombie particulièrement riche. Le scénario est plutôt simple mais est agrémenté d'une formidable expérience de jeu. Le joueur est rapidement immergé dans sa quête de la survie et fixe rapidement ses priorités pour survivre le plus longtemps possible. C'est un jeu qui est toutefois assez difficile et il vous faudra un peu de temps pour le prendre en main. Notons enfin que le jeu qui est en Early Access depuis plus de 2 ans a beaucoup évolué dans le bon sens, les développeurs étant à l'écoute des retours des joueurs, pour ressembler aujourd'hui à un jeu fini. Si vous recherchez un jeu un peu original, prenant, angoissant, mais amusant, vous pourriez vous laisser tenter.