Les city builders ont toujours été un style de jeu apprécié dans le monde du jeu vidéo, mais beaucoup de joueurs attendaient le digne héritier de Caesar 3 ou de Pharaon qui ont marqué leur époque tout comme SimCity à la sienne. Lethis - Path of Progress sera-t-il celui qui reprendra le flambeau de ces titres phares du city builder?
Développé et édité par les Français de Triskell Interactive, Lethis: Path of Progress est sorti le 25 juin sur Steam. L'univers prend place dans un monde Steampunk, c'est-à-dire une époque qui mélange ère victorienne et industrialisation. Attendez-vous donc à voir des hommes en redingote et chapeau haut-de-forme piloter des aéronefs à vapeurs privés. C'est dans cet environnement rétro-futuriste que le jeu prend place. Vous êtes un urbaniste mandé par le gouvernement pour créer des villes, améliorer leurs économies et faire des miracles à partir de terres fertiles ou de sols insalubres.
Mon dieu que c'est beau!
Dès que le jeu se lance, le graphisme est un bonheur pour les yeux, avec un effet cartoon qui est assez peu présent dans ce genre de jeu. L'univers Steampunk étant lui-même très peu utilisé dans les city builders, l'originalité est présente sur ces deux points du jeu. Les décors sont très beaux, les animations parfaites dans le moindre détail, on reconnait très facilement chaque habitant. Les développeurs ont vraiment mis beaucoup de travail dans le détail : chaque construction, chaque personnage est doté de sa petite personnalité, d'une abbaye pour créer de l'alcool en constatant à travers les vitraux que les moines ont tendance à boire la moitié de la production en passant par le vendeur et son mégaphone qui promet des lotions miracles. De plus, dans la description de tous les bâtiments et de tous les habitants il y a une petite touche humoristique, la première heure de jeu se passe souvent à lire ceux-ci et à rire, surtout qu'un même travailleur peut changer de description selon ce qu'il porte ou l'état de la ville. Le jeu pousse même le détail jusqu'aux éléments du décor comme les arbres, les champs et autres marais. Lors de votre première partie, il est vivement conseillé de faire pause sinon vous allez vous rendre compte que votre ville n'existe plus, et que vous n'avez rien eu le temps voir car vous étiez occupés à lire toutes les descriptions.
Les graphismes ne faisant pas tout, la musique a été particulièrement soignée, elle colle à l'ambiance Steampunk et vous immerge dans votre ville en accompagnant parfaitement le jeu, d'ailleurs Triskell a sorti le 29 juillet l'OST qui contient plus de 20 chansons, ce qui a comblé beaucoup de fans.
Il est temps de se mettre au charbon!
Pour diriger votre ville vous aurez la panoplie du parfait urbaniste : il y a les habituelles constructions telles que les greniers, les hangars, les fermes, les habitations évolutives et autres structures de production, mais Lethis: Path of Progress nous fournit une palette de construction fantaisiste propre à son univers, à nous les constructions de chasseurs de fae, qu'il va falloir capturer et écraser sans pitié pour faire de l'absinthe, ou alors construisons des tentes d'exorcistes absolument nécessaires pour faire fuir les fantômes qui viendront hanter vos villes. La gestion de la ville se fera dans la mairie via un tableau qui récapitulera sommairement tout ce qui se trouve en ville, et bien entendu le commerce fait partie de l'expérience : il faudra exporter son surplus pour pouvoir obtenir de l'argent afin d'acquérir les denrées qui seront impossibles à produire dans votre région. Du très classique de ce côté-là, mis à part que les livraisons se font à bord de dirigeables à vapeurs.
Gameplay de Lethis
À travers les 26 missions que l'on vous donnera, il faudra créer une ville et l'améliorer malgré les problèmes qui se présenteront pendant que vos employeurs resteront bien au chaud : les jeux vidéo nous ont de toute façon habitués à être envoyés au casse-pipe à la place des autres. À vous donc de savoir tirer le meilleur parti d'un marais, de pouvoir ériger une ville de 3000 habitants en mépris des invasions de fantômes, de nourrir des nobles exigeants sur une terre stérile. Les défis sont divers et ne tournent pas simplement sur le simple système du "construit plus gros que la mission précédente". Il vous faudra remplir ces objectifs tout en prenant soin de votre population, il faudra lui donner de la nourriture de plus en plus diversifiée, lui construire les bâtiments dont elle a besoin, il faudra la bichonner comme un premier-né où elle n'hésitera pas à partir, laissant vos usines vides et vos cultures pourrir. Le personnel de service tel que la blanchisseuse, les réparateurs feront des rondes aléatoires dans votre ville et pour faire en sorte qu'ils s'occupent correctement de vos ouailles un système original a été mis en place, il vous faudra poser des panneaux interdisant le passage, les obligeants ainsi à rester dans une zone définie par vous même. Mais ne vous inquiétez pas, on ne vous catapulte pas urbaniste sans aucune formation, vous aurez droit à un didacticiel très complet qui vous apprendra à vraiment maitriser les bases du jeu et vous permettra de vous en sortir dans les prochaines missions.
La difficulté d'être un bon gouverneur.
Tout le monde se rappelle s'être arraché les cheveux sur Caesar 3 ou Pharaon, ici, les catastrophes sont scriptées et à partir du moment où vous savez les gérer (ce qui est assez simple), elles ne vous poseront plus de problèmes et il ne devrait y avoir aucun imprévu. La difficulté du jeu apparaît lorsque vous comettez une erreur. Si vous oubliez de fournir la moindre ressource à vos habitants, que ce soit parce que vous n'en produisez plus assez, que les transporteurs n'arrivent pas à temps, ou que vous aviez désactivé une industrie et oublié cette dernière, vos citoyens partiront sans aucune pitié : la moindre faute est fatale pour votre ville. La façon dont vous construisez votre quartier est absolument primordiale, une fois que vous tenez le bon schéma les choses seront beaucoup plus simples. En conclusion, si vous ne commettez aucun faux pas, le jeu ne résistera pas réellement.
Les petits manques qui noircissent le tableau comme un bout de charbon.
Les city builders doivent être parfaits dans le gameplay au risque de n'être qualifiés "que" de juste bons alors qu'ils auraient pu s'avérer excellents. Malheureusement, beaucoup de choses manquent dans Lethis: Path of Progress. Certains points ne sont que de petits détails qui nous crispent légèrement. Prenons l'exemple des icônes des ressources : passez la souris dessus et aucune description ne vous sera fournie (eh oui) : si vous voulez acheter une ressource bien précise, il vous faudra tout deviner ; les outils par exemple, leur icône ou leur représentation en jeu ne ressemblent à rien, ce qui est vraiment très dommageable pour un jeu de gestion.
Malheureusement la liste peut s'étendre : il est triste de voir un jeu sortant en 2015 ne pas reprendre les bases qui fonctionnaient dans les anciens jeux comme l'annulation de la dernière construction, vous savez, cette petite croix que nous avons tant utilisée sur Caesar 3 ! Eh bien ici, la moindre erreur de case est fatale, il vous faudra tout supprimer pour reconstruire. Certes les bâtiments ne coutent pas cher, mais à force ça va très vite vous taper sur les nerfs. De plus, la visibilité sur l'activité de la ville manque d'options, en effet il est possible de désactiver un bâtiment pour économiser de l'argent ou de la main-d'oeuvre, mais aucun tableau n'est présent pour lister des constructions actives ou inactives, même si lorsqu'ils fonctionnent ils bénéficient d'une animation. Lorsque vous avez une ville de plusieurs milliers d'habitants, cela devient vraiment pénible de devoir chercher au milieu de votre zone industrielle quelle construction a été arrêtée. Ces petit riens feront grincer les dents du public très exigeant que constituent les joueurs de city builder. On finit sur la dernière fausse note: le mode bac à sable. Alors que de très vieux jeu tel Sim City 2000 nous offrait une création de cartes aléatoires, Lethis: Path of Progress nous offre... 5 cartes, ce qui est assez peu.
Points forts
- Monde Steampunk original
- Graphismes superbes
- Musique immersive
- Humour omniprésent
- Un bon rappel à Caesar 3 et Pharaon
Points faibles
- Le gameplay manque de pas mal de choses
- 5 cartes en bac à sable
- Difficulté peu élevée
- Des problèmes à se lancer avec un chipset Intel
Lethis: Path of Progress est un titre qui rend hommage aux city builders dont les joueurs sont nostalgiques, malheureusement il souffre d'un manque certain de profondeur dans le gameplay. Malgré tout il reste un bon jeu dans son genre, l'univers saura vous séduire et tous ceux qui ne feront pas la comparaison à Caesar 3 et Pharaon, ou ne sont pas des joueurs de longue date du genre, pourront y trouver leur compte.