La destinée de Games Workshop n’est plus au beau fixe. Cador des années 90 des champs de bataille en plastique, l’avenir paraît à l’heure actuelle bien plus sombre. Après avoir restructuré sa branche jeu de plateau avec la transformation de son offre Warhammer, l’éditeur anglais poursuit sa stratégie de diversification en démultipliant les projets… principalement sur le support vidéoludique. Pas moins de 7 titres orientés stratégie furent lancés entre avril 2014 et juillet 2015 avec pour univers de prédilection Warhammer 40.000 (Storm of Vengeance, Carnage, Space Wolf, Armageddon, Space Hulk : Ascension, Regicide). Et ce vent fleurant les tripes et le sang continuera de souffler sur tous les supports avec 7 autres jeux d’ores et déjà annoncés. Allant du FPS Space Hulk : Deathwing au jeu de “sport” Blood Bowl 2, du jeu de stratégie Total War : Warhammer à l’action-RPG, la fin de 2015 et 2016 danseront sur l’autel du marteau de guerre. Ainsi, Rodeo Games offre aux joueurs mobiles une exclusivité au nom diablement copieux : Warhammer 40.000 Deathwatch Tyranid Invasion, pour un jeu de stratégie au tour par tour dans la lignée de ses prédécesseurs.
Un air lourd humant la guerre pèse sur un champ de bataille occupé par une poussière virevoltant par rafales. Des bruits de pas annonciateurs d’affrontements à venir se multiplient tandis que la Kill Team se déploie, se préparant à accueillir ses “invités” avec honneur et une véhémence caractérisée. Le Bolter lourd sur le qui-vive, le fusil à plasma chauffé à blanc, l’épée tronçonneuse réclamant sa dose quotidienne de tripes… les Spaces Marines s’impatientent !
Une mission d'éradication
La guerre face aux Orks s'éternise. Un univers sans répit apporte aux armées de l’empereur une nouvelle menace frappant à la porte d’un Empire se battant sur tous les fronts. Une menace répondant au nom de Tyranid, une espèce colonisatrice rappelant le xénomorphe créé par H.R Giger (Alien), vivant en ruche et hiérarchisée à la manière des colonies de fourmis. Une introduction tout en drama avec sa voix off rauque au ton grave présente un scénario ne se démarquant en aucun cas par son originalité. Les Tyranids ont envahi les colonies extérieures. Les Space Marines sont envoyés sur place afin de contenir l’invasion, apporter la lumière de l'empereur dans les confins de l’espace et ainsi assurer l'hégémonie du monde des Hommes.
Les bordures extérieures d’un empire s’étendant à perte de sauts spatiaux. Crotaux IV, Barren Lands, Calgars Lament, Gargantua… des planètes colonisées puis laissées pour compte. Chaque planète entraîne nos Ultramarines et autres Blood Angels dans des environnements sensiblement différents. Station spatiale, zone désertique, complexe urbain ou industriel… de quoi contenter nos soldats dans leur balade sanglante. Malheureusement, une direction artistique terne à la limite du “sans vie” égratigne cette volonté de variété. Les effets pyrotechniques, les explosions et autres FX restent parcellaires. Le rendu en lui-même se contente du strict minimum par des textures fades, des jeux de lumière pauvres, pour un visuel enchaîné à une caméra positionnée en vue du dessus et écrasant l’ensemble. Cependant, ces arènes aux dimensions variables sont agencées de manière à offrir des challenges variés. Entre labyrinthe, pont, couloir étroit, grande étendue… ces maps apportent leur lot de positions avantageuses mais surtout un panel de situations vous poussant à vous triturer le bulbe afin de sortir victorieux ou tout du moins en vie d’une embuscade savamment orchestrée.
A l’instar des environnements, les missions se renouvellent continuellement. Simple éradication, sauvetage héroïque, démolition, escorte, défense de zone stratégique… le jeu de Rodeo Games régale les aficionados de la riflette enjouée avec des mises en situation toujours plus tendues : protéger un membre de l’équipe mal en point, rapporter des échantillons à une zone d’extraction… 3 niveaux de difficulté par mission (Normal, Vétéran, Héroïque) redonnant de l’intérêt à chaque mission avec une rejouabilité comblée. Malgré cela, l’aventure s’avère sans réel punch. Aucune musique ne vient relever l’action ou encore souligner l’épique. Les combats restent plats, sans aucune montée en puissance, même face à un ennemi supérieur en nombre. Une part d’ombre s’ajoutant à la durée des missions, calibrées pour des sessions sur PC et en aucun cas sur iOS et Android.
Un esprit d'équipe forgé dans le sang
Genre parfaitement adapté aux plates-formes mobiles, le jeu de stratégie au tour par tour continue sa lente progression dans la sphère des joueurs nomades. La franchise Warhammer est un constant pourvoyeur de titres et Warhammer 40.000 Deathwatch : Tyranid Invasion ne déroge pas à cette règle avec un gameplay orienté stratégie par escouade. Une grille, à la manière d’un XCOM : Enemy Unknown, découpe l’environnement en tuiles. Marines et ennemis possèdent 4 points d’action (AP) par tour, un mouvement d’une tuile équivalant à un AP tout comme une attaque... bien que certaines armes lourdes consomment 2 voire 3 AP par tir. Comme pour une partie d’échecs, compter les cases, connaître les spécificités de toutes les unités alliées et ennemies, tout cela vous garantira, à défaut d’une victoire, une mort avec les honneurs.
Vous contrôlez donc une escouade de 5 Space Marines ayant juré allégeance à l’empereur, déposés au coeur d’un environnement hostile. Les décisions prises auront des répercussions sur le déroulement de la mission. Sachez-le, des unités devront être sacrifiées pour le bien de tous. Des choix aux conséquences mortelles s’imposeront donc à vous sous peine, si vous hésitez, de voir la totalité du groupe se faire occire tout simplement. L’exploration tiendra une place prépondérante dans l’appréhension du danger. Un brouillard de guerre recouvre la map et seules les zones dans le champ de vision de vos 5 Marines seront découvertes, les ennemis en profitant pour se dissimuler et vous tendre des embuscades. Selon la topologie du terrain et la disposition des zones de couverture, une prise en compte des divers éléments à votre disposition se fera naturellement et vous octroiera un avantage certain. Mines, explosions, autant de manières d’économiser des points d’action et des munitions.
Une mécanique de gameplay apporte toute sa saveur à ce système au tour par tour. Nommée Overwatch (Surveillance dans la langue de Molière), cette fonctionnalité donne à vos unités la possibilité de conserver des points d’action à consommer durant le tour de l’adversaire. En résumé, toute unité à vue recevra du plomb sans sommation : idéale pour couvrir une zone, tenir un point stratégique ou contre-attaquer avec l’agressivité inhérente à tout bon Marines. Cela deviendra en définitive votre principal atout pour affronter les Tyranids.
Une escouade, composée de 5 soldats, se doit d’être homogène afin de pouvoir répondre à toutes les situations et Warhammer 40.000 Deatchwatch : Tyranid Invasion étale un bestiaire de plus de 45 Space Marines appartenant aux corps des Space Wolves, des Blood Angels et des Ultramarines. Tactical, Devastator, Assault, Apothecary : 4 classes de personnages qui ont chacune leurs spécificités. Le Devastator s’équipe d’armes lourdes alors que l’Apothecary utilise une arme de corps-à-corps et une arme de poing… La combinaison de leur corps d’armée et leur classe crée ainsi une unité singulière aux aptitudes spécifiques qu’il s’agira d’exploiter au mieux lors des affrontements. Christius Hemotus le Sanguinary Priest, Erasmus Raldoran le Vétéran ou encore Koloth the Seeker… autant de gueules cassées prêtes à en découdre avec la vermine.
Tout conflit implique une opposition et les Tyranids savent répondre présents lorsqu’il s’agit de faire couler le sang. Entre les unités à distance “Termagant”, celles de corps-à-corps “Hormagaunt”, les Pyrovores, l’intelligence artificielle, bien que perfectible, saura vous donner du fil à retordre, pas forcément par une réflexion poussée mais par le nombre. Grouillant par meute, ils attendront le moment opportun pour fondre sur un Space Marines couvrant l’arrière et lui ôter vie et honneur dans un râle étouffé. L’IA est véritablement binaire, trop facile à cerner et donc incapable de surprendre le joueur. Un affrontement restant mémorable : celui opposant nos 5 petits soldats face à un Carnifex sabrant toute velléité en 2 attaques.
Une customisation salvatrice
Bien que l’unité fasse la force de l’escouade, l’individualité est également primordiale si vous espérez sortir vivant des missions qui vous seront confiées. Toute unité possède 3 statistiques à améliorer (la vie, la précision et les critiques) ainsi que divers capacités, traits et emplacements pour des équipements supplémentaires. La possibilité d’emporter une grenade dans sa besace ou de porter un champ protecteur réduisant les dégâts saura faire basculer en votre faveur une situation mal embarquée. Cette customisation vous en coûtera des points d’expérience récoltés lors des missions, une expérience en lien avec les prouesses en combat de chaque unité. Laisser l'une d'elles derrière en permanence la privant d’améliorations futures est une donnée à ne pas négliger sous peine d’envoyer au front un Marines sous-équipé.
Tout bon artisan se dote de bons outils et cela ne manque pas dans le titre de Rodeo Games. Bolter, Plasma, Flamer, Melta, Mêlée … tant de manière de faire parler une virilité engoncée dans une tranchée de fortune. Entre précision, critique, points d’action … toute arme équipée modifiera sensiblement la manière d’aborder un Space Marines. Un Bolter Lourd ralentira le soldat tout en augmentant sa force de frappe. Le lance-missile clouera ce même soldat sur ses positions à chaque fois qu’il fera parler la poudre … Ces armes et autres équipements, prenant la forme de carte dans votre inventaire, s’obtiendront en fin de mission ainsi qu’à la fin d’un acte. 1 carte par mission complétée. Un paquet de 3 cartes par acte. Des paquets de cartes accessibles par le biais de Requisition Points (RP) obtenus par la complétion de missions et par la vente de cartes (1 carte = 4 RP). 150 cartes à amasser pour un aspect Panini vous entraînant dans la spirale de la collectionnite aigue.
Warhammer 40.000 Deathwatch: Tyranid Invasion, les 10 premières minutes de gameplay
- Test effectué sur iPhone 5S et iPad Air 2 (jeu à conseiller sur tablette)
Points forts
- Une partie sanglante d'échecs aux confins de l'espace
- Diversité et challenge pour un level design aux missions variées
- Entre fan service savamment dosé et profond respect de l'univers Warhammer 40.000
- Une customisation dense des Space Marines avec plus de 150 aptitudes et cartes à débloquer
Points faibles
- Une intelligence artificielle perfectible et sans surprise
- Une expérience linéaire par manque d'épique
- Une direction artistique terne et sans saveur
Rodeo Games transforme l'essai. Après une expérience en demi-teinte avec Warhammer Quest, le studio transpose sa formule avec succès dans l'immensité bélliqueuse de l'espace. Warhammer 40.000 Deatwatch: Tyranid Invasion vous entraîne dans une réflexion sanglante humant ce doux parfum de poudre à canon, de tripes de Tyranids gisant sur le sol et de chair brûlée par les tirs de plasma. Sans jamais toucher du doigt l'excellence, la faute à une intelligence artificielle en-deçà et des visuels bien trop pauvres, ce jeu de stratégie au tour par tour vous offrira d'intenses moments.