A l'instar du tennis, le golf a été l'un des premiers sports à être adaptés en jeu vidéo. Dès la fin des années 1970 / début 1980, les joueurs pouvaient s'adonner à cette discipline sur Magnavox Odyssey, Apple II ou encore Atari 2600. Certes, les graphismes étaient rudimentaires mais l'illusion, à défaut d'une maniabilité au top, était présente ! Les plus vieux d'entre nous se souviennent d'ailleurs sûrement des heures à squatter le programme de leur calculatrice graphique. A une époque, paramétrer son swing pour obtenir la meilleure carte, c'était un peu le lot commun de tous les étudiants. Bref, le golf s'est démocratisé au fil des années et le média numérique n'a pas échappé à cette déferlante. Après deux ans d'absence, la licence PGA Tour fait son come-back en prônant changement et ouverture.
Avec cette édition 2015, une page se tourne. Tête d'affiche depuis de nombreuses années, Tiger Woods est remplacé par Rory McIlroy. Star montante de la discipline, le Nord-Irlandais a déjà remporté quatre tournois majeurs dans sa carrière. A 26 ans, l'actuel numéro 1 mondial succède au Tigre, qui paye sans aucun doute ses frasques extra-sportives et sa baisse de régime. A vrai dire, ce passage de témoin est une suite logique. En 2013, l'éditeur américain avait annoncé le retrait temporaire de son jeu de golf. A l'époque, l'arrivée des consoles nouvelle génération était imminente et les développeurs souhaitaient prendre leur temps pour livrer une véritable copie "next-gen". Deux ans plus tard, que reste-t-il des intentions ?
Boosté par le moteur Frosbite 3, Rory McIlroy PGA Tour se pare d'un rendu des plus convaincant. La modélisation des athlètes a gagné en précision, les environnements sont plus détaillés et les effets visuels ne manquent pas. Sur le plan esthétique, le titre s'en sort avec les honneurs. En revanche, les tares techniques sont difficilement compréhensibles. Entre l'aliasing prononcé (les parcours scintillent dès que la caméra se déplace), les chutes de framerate régulières et le clipping persistant, c'est à se demander si l'option "polissage" n'a pas été oubliée par l'équipe de développement. C'est d'autant plus surprenant qu'il ne s'agit "que" d'un jeu de golf, et non pas d'un titre d'action avec explosions à gogo et particules dans tous les sens. Il ne reste plus qu'à attendre, on l'espère, un patch qui corrigera tout ça. Mais dans l'immédiat, c'est un peu la baston entre l'esthétique générale du titre et son aspect technique. Un peu comme quand votre mère hurlait à la vue de votre pantalon blanc souillé par l'herbe verte bien fraîche...
Des sticks, des boutons, trois possibilités
Dans ces conditions, il est préférable de se rabattre sur les réelles qualités du jeu, à commencer par son gameplay. C'est sans doute l'un des arguments majeurs de cet épisode. Rory McIlroy PGA Tour propose en effet trois types de configurations. Trois choix visant à satisfaire les amateurs comme les habitués de la discipline. Chaque approche correspond à un degré de difficulté et met en avant un ou plusieurs paramètres :
- En arcade, le swing est géré exclusivement par le stick analogique gauche. Une simple pression de l'arrière vers l'avant suffit pour atteindre sa cible. La seule condition pour réussir son coup est d'effectuer un mouvement qui soit le plus droit possible.
- Le mode Classique, quant à lui, fait appel à la célèbre jauge de swing. Ici, le timing est vital et oblige à une concentration de tous les instants. L'équilibre entre la puissance et la précision est indispensable. Une simple erreur d'appréciation et les conséquences sur le résultat peuvent être terribles.
- L'option Tour est à la fois celle qui intègre le plus grand nombre de paramètres tout en supprimant les assistances. Ce mode est destiné aux habitués des simulations de golf même si, comme nous le verrons plus loin, le challenge n'est pas optimal.
Tous en boîte
Outre les modes classiques et les innombrables bonus / items (clubs, balles...) à débloquer, la principale nouveauté de cet opus vient du Night Club Challenge. Dans ce mode, le joueur participe à une série de challenges se déroulant de nuit et dans une ambiance discothèque. Couleurs qui pètent à l'écran, effets stroboscopiques, il ne manquait plus que les golfeurs décalés. On ne sait guère ce que les développeurs ont pris comme substances, mais ça devait être corsé. Au départ, seul le couple Masterson (un papy et une mamie souffrant de sérieux rhumatismes) est disponible mais, très vite, vous débloquerez un soldat de Battlefield ou encore une jeune archéologue du nom de Nevada Smith. Et si vous parvenez à accomplir tous les défis, vous obtiendrez le champion toutes catégories : Laser Logan. Au fur et à mesure de la progression, votre athlète peut même déclencher des coups spéciaux, comme un boost qui propulse la balle ou encore une sorte de glue qui l'immobilise au sol. Le Night Club Challenge est un concentré de fun et d'humour et la recette fonctionne !
Se frotter aux meilleurs
Si vous privilégiez le réalisme au côté décalé du Night Club Challenge, le mode Carrière est celui qu'il vous faut ! C'est surtout vrai pour son contenu car la création de personnage est tout simplement risible. Les options sont ultra limitées et il est impossible de scanner son visage, comme on peut pourtant le faire dans de précédentes éditions. C'est toujours plus agréable d'incarner son moi virtuel qu'un sportif fictif. Dommage. Heureusement, vous pouvez sélectionner la carrière de votre choix. Entre les premiers pas d'un jeune sportif à un golfeur confirmé en passant par un instructeur, les marches de la reconnaissance seront difficiles à gravir. A vous de montrer vos attributs (non, il n'y a rien de graveleux là-dedans !) ! On aurait aimé retrouver ce principe d'évolution dans les modes en ligne, mais il n'en est rien. Le tout se résume à des confrontations directes (classées ou non classées) ou à des tournois journaliers et hebdomadaires. Et les habitués auront bien du mal à comprendre l'absence des country clubs (ce système permettait de créer une véritable communauté). Si le tout reste plaisant, il faudra absolument étoffer ça pour l'année prochaine.
La guerre du golf
La galette regroupe une quinzaine d'environnements auxquels il faut ajouter un parcours inédit : le TPC Scottsdale de Phoenix. Disponible en DLC, ce dernier est fourni d'office dans les précommandes du jeu. Vous aurez ainsi tout le loisir de vous exercer sur des parcours réels comme St. Andrews ou encore Chambers Bay qui a accueilli le dernier US Open. Si on regrette l'absence d'Augusta (expiration de la licence), il y a tout de même de quoi faire. Surtout avec les décors fictifs ! Au nombre de 5, ces parcours jouissent d'un level design un peu dingue. La palme revient à la carte Paracel Storm qui vient tout droit de Battlefield 4. Entre ses avions déchiquetés, son navire de guerre qui vient s'échouer et son porte-avions fumant, nul doute que vous n'avez jamais joué au golf dans pareil environnement !
L'expérience ultime ?
Bien que très agréable, il manque un petit quelque chose à ce Rory McIlroy PGA Tour pour devenir le meilleur de sa catégorie. En allégeant le challenge, EA Tiburon a peut-être laissé de côté les puristes de la discipline. Ces derniers lui préfèreront sans doute The Golf Club, un titre plus technique et exigeant sorti en 2014. En revanche, il satisfera les amateurs comme les joueurs plus occasionnels des simulations de golf. Il s'agit vraiment d'un bon jeu, plutôt bien réalisé, et doté d'une ambiance réussie (les musiques sont excellentes, il est possible de les activer en pleine séance). Il n'est jamais facile de trouver le juste équilibre, mais EA est clairement sur la bonne voie.
Points forts
- Le choix entre trois configurations
- Des parcours variés
- Battlefield qui s'invite dans PGA Tour
- Le Night Challenge Club
- Très agréable à prendre en main
- Rory McIlroy a la classe
Points faibles
- La technique (aliasing, clipping, ralentissements) perfectible
- Où sont passés les country clubs ?
- Le mode Création dans son ensemble
- Les puristes risquent de déchanter
- La végétation a des comportements étranges par moments
- L'absence d'Augusta (non, ce n'est pas le nom de ma tante)
- Intégralement en anglais - dans notre version
Tout dépendra de votre attente concernant les jeux de golf. En décidant de prendre son temps, Electronic Arts a fait le (bon) choix qui s'imposait. Avec Rory McIlroy PGA Tour, la série est remise sur de bons rails et laisse augurer de belles promesses pour l'avenir. En l'état, cette première édition sur consoles next-gen est une réussite mais aura sans doute du mal à satisfaire les puristes. Le challenge, bien que présent, a été atténué et il reste encore pas mal de choses à améliorer, que ce soit d'un point de vue technique (on attend les patchs pour corriger tout ça !) ou sur le plan de l'expérience en ligne. A l'heure où les épreuves du bac viennent de livrer leur résultat, on peut dire qu'il s'en sort avec une mention assez bien.