Alors que le Tour de France bat son plein, Cyanide a lancé la nouvelle itération de son célèbre PCM qui n'est cette année pas qu'un simple jeu de gestion, mais aussi un moyen d'incarner pour la première fois son propre coureur au fil des saisons. Doit-on y voir le signe d'un véritable renouveau pour une série qui avait tendance à stagner ou bien un simple argument marketing ?
Dans le fond, ce Pro Cycling Manager 2015 ne diffère pas vraiment de son prédécesseur. D'ailleurs, autant vous le dire tout de suite, mis à part le fameux mode Pro Cyclist, quasiment rien n'a changé. Le mode Carrière historique, à savoir celui dans lequel on incarne le manager d'une équipe, continue pour ainsi dire à vivre sur ses acquis. En d'autres termes, le but y est toujours de prendre en main une des 90 équipes pro et de gérer ses finances, son recrutement, l’entraînement, la gestion des courses, les relations avec le sponsor, les objectifs, la R&D sur l'équipement, etc. Bref, c'est à nouveau très complet et très prenant, même si l'interface reste la même. Seules petites nouveautés : les coureurs progressent directement en fonction des résultats et de l’entraînement, et il est possible de s'occuper d'un centre de formation. Le suivi des coureurs par les recruteurs a aussi légèrement été revu mais, honnêtement, cela ne révolutionne pas vraiment la façon de jouer. Finalement, si vous possédez déjà l'opus précédent, ce n'est pas ce mode Carrière qui va justifier un nouvel investissement. Par contre, si vous êtes amateur de cyclisme mais étranger à la série, vous pouvez y aller les yeux fermés.
« Le nom Pro Cycling Manager 2014 n'a pas été remplacé dans le tutoriel »
En course, là encore, on est en terrain connu. Pour tout vous dire, le tutoriel censé présenter les nouveautés est identique à celui de l'an passé. Même le nom Pro Cycling Manager 2014 n'a pas été remplacé, ce qui est assez parlant. On nous annonce pourtant des graphismes améliorés, mais ce sont simplement quelques éléments de décor supplémentaires pour les fameuses villes (une nouveauté de PCM 2014) qui ont été ajoutés. Les nouveautés apportées à l'IA ne changent quant à elles pas radicalement la donne bien qu'on note un léger mieux dans l'élaboration de stratégies d'équipe en mode automatique (protection du maillot, etc.). La seule vraie plus-value vient de la possibilité de contrôler la trajectoire de son coureur un peu comme dans le jeu Tour de France sur consoles. Si cela est surtout utile lors des sprints pour ne pas se retrouver coincé, il est pourtant possible de se diriger tout au long de l'étape avec les touches 4 et 6 du pavé numérique (attention si vous n'en avez pas, ça ne se paramètre pas). On peut ainsi remonter plus facilement qu'avant en tête du peloton avant une attaque ou couper un peu les virages, ce qui ne fait jamais de mal. Les mouvements sont très automatisés (le coureur tourne même sans action de votre part) et moins naturels que dans TdF, mais c'est le seul ajout de taille donc on ne va pas cracher dessus.
Un mode Pro Cyclist très prometteur
Dans la droite lignée du mode Automatique apparu l'an passé et permettant de se concentrer sur un seul coureur, on accueille avec intérêt un nouveau mode avec PCM 2015 : le fameux Pro Cyclist s'apparentant à un My Player de n'importe quelle autre simulation sportive. Le but est ici de créer son propre cycliste avec un choix colossal de… 1 visage, puis de l'accompagner tout au long de sa carrière en gérant ses courses, son entraînement et ses contrats. On commence par choisir son terrain de prédilection (la montagne, le sprint, les courses par étapes, etc.), puis une petite équipe pro et on est enfin prêt à se lancer dans la course. La direction avec 4 et 6 prend ici tout son sens, mais on se retrouve vite limité, surtout si on connaît TdF : impossible de choisir son développement, la position aérodynamique est automatique, les déplacements automatisés, etc. Bref, on s'ennuie finalement un peu, d'autant que le directeur sportif ne donne aucune consigne en dehors du brief de pré-course et ne tient absolument pas rigueur des libertés qu'on peut prendre, comme par exemple attaquer et ramener le peloton alors qu'un coéquipier est seul en tête (ça sent le vécu non ?). Pire, on ne peut pas du tout interagir avec les membres de son équipe, leur demander de rouler, de se ravitailler, ce qui est frustrant quand on parvient enfin à devenir leader. Les errements d'un IA d'apparence correcte deviennent alors criants et il m'est arrivé de voir mon équipe rouler derrière moi en montagne et ramener mes rivaux alors que je venais d'attaquer (à moins que ce ne soit une vengeance).
Mais la vie d'un coureur ne se limite pas aux seules courses et il y a d'autres paramètres à prendre en compte. Le premier est évidemment l’entraînement. Complètement simulé, il consiste simplement à définir une intensité pour chaque semaine en prenant en compte 4 paramètres : la forme, la fraîcheur, la fatigue et le rythme. Plus vous forcez et plus vous serez en forme, mais attention, vous impacterez aussi de façon négative votre fatigue et votre fraîcheur, ce qui a une influence directe sur les performances. Le rythme dépend quant à lui de l’enchaînement des courses que vous choisirez de faire ou ne pas faire en fonction de votre planning, des objectifs fixés par votre équipe, mais aussi de votre niveau d'accès de course. En effet, monter de niveau avec l’entraînement et des faits de course (première victoire, échappée de 100 km, etc.), fait grimper vos statistiques, vous donne accès aux meilleures équipes, mais pas aux meilleures courses. Il faut pour cela remplir des objectifs à la difficulté croissante, ce qui signifie que pour participer au Tour de France, il ne faut pas être le meilleur coureur du monde, mais gagner au préalable une course ou une distinction sur chaque niveau de compétition. En d'autres termes, vous ne pourrez faire l'épreuve reine qu'après avoir brillé sur la Vuelta ou le Giro, ce qui n'est pas spécialement réaliste et un peu frustrant, puisque les courses de très haut niveau sont rares et les autres sans intérêt. On simule donc rapidement une bonne partie de la saison en espérant réussir enfin son coup, ce qui prend énormément de temps. Admettons tout de même que malgré quelques gros défauts de jeunesse (auxquels on peut ajouter une progression un peu trop rapide), ce mode Pro Cyclist s'avère être assez immersif et une vraie nouveauté dont on peut attendre beaucoup pour les années à venir.
Pour le reste, tout est identique à ce qu'on connaît de PCM 2014 : multi à la Ultimate Team avec des cartes qu'on peut acheter avec de l'argent réel, courses sur pistes ou courses simples. Dommage que le Pro Cyclist n'ait pas eu droit à une déclinaison en ligne, puisqu'il s'agit clairement d'un mode de jeu qui pourrait avoir un succès colossal. Bref, cet épisode 2015 apporte quelques très bonnes idées, mais ne les exploite malheureusement pas suffisamment pour se présenter comme un indispensable pour les fans disposant déjà des moutures précédentes.
Points forts
- Mode Pro Cyclist à la fois novateur et immersif
- Diriger son coureur est non seulement pratique sur le sprint, mais aussi pour s'extirper du peloton
- Un léger mieux sur l'IA
- Des centaines d'heures de jeu en perspective
- Comme l'an passé : interface efficace, jeu riche et complet
Points faibles
- Contrôle du coureur incomplet : pas de changement de développement, pas de position aérodynamique, direction automatisée, etc.
- Impossible d'interagir avec ses coéquipiers
- Conditions d'accès aux grandes courses un peu frustrantes en Pro Cyclist
- Peu de grosses nouveautés
Si sur son fond de commerce, PCM 2015 n'a quasiment pas évolué, il arrive tout de même avec un mode Pro Cyclist des plus prometteur. Certes, il présente encore quelques défauts de jeunesse (contrôle du coureur trop automatisé, pas d’interactions avec les coéquipiers), mais n'en est pas moins un fantasme pour n'importe quel amateur de cyclisme. Reste que si vous êtes un habitué de la série, vous risquez d'être un poil déçu par le manque de nouveautés et vous feriez probablement mieux d'attendre l'an prochain. Espérons que Cyanide saura capitaliser sur ces très bonnes bases pour nous fournir l'épisode ultime en 2016.