Les années passent et se ressemblent pour MotoGP. Après un opus 2014 plutôt appréciable, on attendait le studio Milestone pour ce qui devait être la confirmation. Le résultat attendu ? Un jeu de course de moto toujours plus réaliste, toujours plus riche, avec des courses pleines de stress et de tension, dans lequel la moindre faute de pilotage serait fatale. Objectif atteint ? Oui et non.
Fondé dans les années 90 en Italie, le studio Milestone a une marque de fabrique : il ne produit que des jeux de course, avec deux spécialités, la moto et le rallye. Et avec une quinzaine de jeux sortis ces 5 dernières années, on peut dire que Milestone est prolixe. La qualité des softs, elle, est variable (de nombreux joueurs pourraient vous parler des bugs qu'ils ont rencontrés ici et là dans Ride, MotoGP 14 ou WRC 4), mais le studio bénéficie tout de même d'une jolie petite réputation grâce à des titres la plupart du temps très corrects, sinon bons. MotoGP14, si l'on met de côté certains de ses défauts, avait su séduire les amateurs de course de deux-roues, et c'est sans doute pour cela que le studio italien a préféré choisir la stabilité.
MotoGP 14 2.0
On retrouve donc dans ce nouveau MotoGP toutes les petites nouveautés implémentées par Milestone dans l'opus précédent. Parmi ces anciennes nouveautés, le mode Carrière, toujours aussi prenant, bien que classique. On vous met dans la peau d'un jeune pilote en quête de gloire, et à vous de grimper dans les différents niveaux de ce cursus honorum vrombissant. Moto 3, Moto 2, puis Moto GP, l'avenir s'annonce plein de gloire, mais il vous faudra la saisir sur la piste. Pour cela, il faudra donc convaincre une écurie de vous engager, et de répondre à ses objectifs. Ajoutez à cela la possibilité de discuter avec l'ingénieur du coin pour améliorer votre moto, la présence d'une caravane dans laquelle vous pourrez déambuler, et les diverses revues de presse que vous pourrez feuilleter entre chaque course, le jeu parvient avec un certain brio à vous plonger dans la combinaison moulante d'un pilote professionnel. Mais tout cela serait sans doute plus séduisant encore si l'on n'avait pas l'impression de revoir MotoGP 14 dans une caravane fraîchement retapée...
Même chose du côté des Evénements réels 2013, qui deviennent donc les Evénéments réels 2014. Vous aurez à nouveau la possibilité de revivre certains moments notables de la saison passée, ce qui sera l'occasion de mettre à rude épreuve vos talents de pilote. Serez-vous capable de finir dans les 10 premiers malgré un arrêt au stand et une lourde pénalité ? C'est pourtant ce qu'a réussi à faire Jorge Lorenzo, et il faudra faire au moins aussi bien. Ou réussir à battre Valentino Rossi, en incarnant Marc Marquez, dans un duel de haute volée. Forcément, ces défis seront surtout appréciés des fans de moto GP, mais ils n'en restent pas moins intéressants pour les autres joueurs grâce au challenge qu'ils imposent.
Bref, tout cela est extrêmement convenu, on aurait sans doute souhaité que Milestone creuse en profondeur son MotoGP 14, plutôt que de le resservir un an plus tard, vaguement maquillé sous le nom de MotoGP 15. Même la musique, dans les menus et les temps de chargement, reste la même...
Entre conduite pointue et comportement étrange
MotoGP 15 repose néanmoins sur un gameplay convaincant qui devrait satisfaire de nombreux joueurs, allant du débutant au pilote confirmé. Le jeu propose tout un tas de réglages qui permettent d'influer sur le pilotage, allant d'une conduite très assistée à la conduite pro, pour laquelle devraient opter tous les connaisseurs de la série. Le fait de laisser le choix aux joueurs est forcément une bonne chose, d'autant que le pilotage peut se montrer assez technique ; néanmoins, il aurait peut-être été bon de proposer un tutoriel plus complet, ou en tout cas un peu plus bavard. Piloter une moto est bien différent d'une voiture, et si pour ces dernières les réflexes viennent rapidement, c'est beaucoup plus compliqué lorsqu'il s'agit de motos, soumises à d'autres règles de physique. Quand utiliser le frein avant, quand utiliser le frein arrière, comment aborder un virage... On aurait aimé que le jeu soit plus pédagogue. Notez néanmoins que le petit didacticiel que comporte le jeu est plutôt bien fichu, mais il est tellement incomplet... Il faudra donc passer un moment en course libre pour tester un peu sa bécane et voir comment elle se comporte, notamment au moment de passer ces fameux virages.
Si je dis « fameux virages », c'est parce que ceux-ci font partie du charme de la discipline, et regarder des pilotes les passer à toute vitesse, l'épaule rasant le bitume, cela a quelque chose d'hypnotisant... Une sensation que l'on ne retrouve pas dans le jeu. Si celui-ci propose des sensations de vitesse très correctes, elles semblent complètement disparaître dans les virages. Le son des motos n'aide pas, puisqu'il est étrangement mollasson et transmet mal l'impression que l'on a sous nos fesses un monstre de puissance, assoiffé d’asphalte.
L'aspect le plus comique, et peut-être le plus grotesque du jeu, vient sans doute de la physique de notre pilote qui, en cas de petit choc ou de perte d'équilibre, peut soudainement tenter des figures très impressionnantes, et dignes d'un James Bond. Piloter sa moto en se tenant debout à côté, ou passer par-dessus le guidon pour revenir ensuite en selle... Ce sont des choses qui peuvent arriver et qui souvent n'ont pas une grande incidence sur le déroulement de la course. De manière générale, les chocs et collisions ne sont pas franchement impressionnants (pourtant le jeu n'hésite pas à projeter votre pilote 20 mètres plus loin, même lorsque vous rouliez à très faible vitesse). On regrettera d'ailleurs que MotoGP 15 ne prenne pas en compte les dégâts engendrés par les différentes collisions entre pilotes, ce qui ne manquera pas de vous arriver. De temps à autre, l'IA s'oublie un peu et n'hésite pas à vous percuter, notamment dans les virages. Si cela avait une véritable incidence pendant la course et que vos adversaires étaient pénalisés, ça ne poserait aucun problème, mais ce n'est pas tellement le cas.
De l'importance de l'expérience (?)
Il est néanmoins vite tentant de placer tous les réglages de conduite en « pro » et, évidemment, de désactiver toutes les aides du jeu. Si vous le faites, il faudra être patient et passer un moment à vous entraîner puisque, sachez-le, piloter une moto n'est pas donné à tout le monde. Les spécialistes devraient eux y trouver leur bonheur, si l'on met de côté l'absence (relative) de sensations de vitesse dans les virages et les sons de solex émis par nos bolides. Enchaîner les virages et profiter des petites erreurs de ses adversaires pour les doubler, c'est un art que l'on finit par maîtriser et apprécier. Mais du point de vue des connaisseurs et habitués, qu'en sera-t-il ? Le challenge risque d'être moins intéressant, avec des chutes finalement assez anecdotiques, et surtout un certain manque d'agressivité des concurrents qui se laissent facilement dépasser et n'attaquent que trop peu.
Une réalisation technique inégale
Milestone a fait quelques efforts depuis MotoGP 14. Ici, l'utilisation du « quelques » a son importance puisque MotoGP 15 n'est pas beaucoup plus beau. Si les pilotes et leurs engins sont plutôt réussis et ont bénéficié d'une réalisation plutôt soignée, on ne peut pas dire la même chose des circuits et de ce que vous pouvez voir sur le bord des tracés. Pour un jeu PC sorti en 2015, c'est franchement moyen. D'autant que l'on ne peut pas dire que ce soit le seul point négatif de la partie technique de ce test. Le framerate semble parfois avoir du mal à rester stable, notamment en cas de pluie, et partout sur le Web les joueurs commencent à faire remonter divers bugs. Comme par exemple celui qui consiste en une corruption simple et définitive de votre sauvegarde, vous forçant ainsi à recommencer votre carrière depuis le début. Une mésaventure particulièrement déplaisante, vous en conviendrez ! On espère qu'une prochaine mise à jour corrigera le tir.
Mais ne pensez pas pour autant que MotoGP 15 est truffé de bugs et qu'il est actuellement injouable en l'état. Certes ce n'est pas pas parfait, mais vous devriez pouvoir jouer sans trop de problèmes.
Beaucoup de contenus
Et même si MotoGP 15 n'est pas le plus beau jeu de monde, que l'IA est par moments un peu défaillante et qu'il y a clairement de la redite dans ce que propose le titre, ce dernier a au moins l'intelligence de proposer un contenu plutôt fouillé, avec 10 modes de jeu différents (allant de la course rapide au championnat complet, du multi en ligne à l'écran splitté) et tous les pilotes et circuits officiels de la saison passée. Les fans seront aux anges et, comme les néophytes, ils pourront profiter de tous ces modes de jeu qui devraient sensiblement gonfler la durée de vie du titre. Notez qu'il est toujours possible de débloquer casques, gants, bottes en accumulant de l'expérience au gré des parties : une petite carotte qui devrait motiver pas mal de joueurs à rouler toujours plus.
Mais là encore, MotoGP 15 ne va pas vraiment plus loin que ce que propose Milestone avec ses jeux. C'est plutôt bien fait, on s'amuse, mais fichtre, qu'est-ce que cela manque d'originalité. C'est sans doute ce que l'on pourra reprocher à MotoGP 15 : faute de véritable concurrence, il joue tranquillement la carte de la facilité, ce qui pourrait lasser les joueurs les plus exigeants.
Points forts
- De nombreux modes de jeu
- Possibilité de jouer en écran splitté
- Un pilotage plutôt fin
- De bonnes sensations
- Le contenu officiel
- Bonne modélisation des pilotes et des motos
Points faibles
- Les sensations dans les virages, un peu plates
- Quelques bugs
- Comportement de l'IA dangereux
- Pas de vraie gestion des dégâts
- Trop facile, une fois le pilotage maîtrisé ?
- Aucune innovation depuis le dernier opus
MotoGP 15 laisse un sentiment mitigé. Découvrir le jeu, progresser et apprendre petit à petit à domestiquer sa moto est un véritable plaisir, et pour les débutants il offre une véritable marge de progression. Se perfectionner, négocier chaque virage un peu mieux à chaque course, et voir son chrono se réduire de quelques secondes à chaque tour accompli, voilà qui est satisfaisant, mais pour les habitués ? En dehors des nouveaux défis, le jeu se renouvelle peu alors qu'il y avait clairement la place pour de nouvelles choses. Contrairement à certaines simulations sportives qui ont atteint depuis longtemps un pic de qualité qu'il leur sera difficile de dépasser, MotoGP est largement perfectible mais semble préférer se reposer sur ses acquis. Si l'on est moins exigeant, on trouvera en MotoGP 15 un jeu plutôt complet et rendant un bel hommage au Grand Prix Moto, offrant des sensations de pilotage convaincantes, malgré une IA poussiéreuse.