“Sega, c’est plus fort que toi”… un slogan ayant poussé une armée de joueurs à se dépasser durant deux décennies avant de s’estomper au fil des ans ne devenant qu’un doux relent berçant nos souvenirs. Des souvenirs heurtés désormais par une multitude de jeux estampillés Sega, des jeux s’attaquant aux mascottes de notre enfance et subissant de fait la gronde d’une foule de fans bien trop souvent déconvenus durant ces dernières années. Sans vouloir retourner le couteau dans la plaie, bien que d’humeur taquine je sois, le Sonic Runners me reste en travers de la gorge (voir le test). Sega, conscient de son besoin de conquérir le marché mobile, multiplie les projets à destination de l’App Store et de Google Play.
Le genre “jeu de plates-formes” est un symbole de la réussite de la firme floquée du hérisson bleu supersonique. Allant de mal en pis, l’éditeur japonais revient à ses premières amours avec Heroki, développé par le studio Picomy, un platformer pensé pour le tactile et à la direction artistique colorée. La destinée de Sega est-elle synonyme de renouveau ? Verdict avec une casquette à hélice.
L’éternelle quête du héros
Jeu de plates-formes au scénario calibré pour une expérience courte et bon enfant, la plume ayant écrit l’intrigue ne brille pas par son innovation mais par sa simplicité. Le monde de Levantia voit revenir un ancien vilain, le Dr. N. Forchin, magicien de profession, et son acolyte Vapor. Lors d’un raid éclair, ces deux antagonistes dérobent l’Emerix, un artefact protégeant la population. Vitale pour la survie de son monde, Heroki part à la recherche de cette pierre et des deux individus responsables du drame. Une quête du héros factuelle mais efficace.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et le studio Picomy pioche allègrement dans les recettes jadis à succès. Heroki, par son character design, rappelle les singes de la célèbre franchise Monkey Island ou encore Rayman, figure iconique créée par Michel Ancel. Personnage aux jambes atrophiées, Heroki porte sur sa tête une hélice lui permettant de voler. Tel un albatros, gauche au sol, cet être à l’apparence bleutée, une fois dans les airs, se fait majestueux. Heroki vole, plane, plonge en piqué… évitant les obstacles, les montagnes, les pièges et autres ennemis croisés en vol. Bien qu’agréable de prise en main, les phases de vol demandent un temps d’adaptation afin de prendre en considération l’inertie du personnage. Une fois cela maîtrisé, l’aventure sera à portée d’hélice.
La délicate voie du guerrier
Le Dr. N. Forchin et Vapor n’ont pas l’intention de faciliter votre progression et le monde de Levantia n’est pas de tout repos. Des oiseaux, des crustacés, des singes géants lanceurs de “noix” se mettront en travers de votre route. Mais Heroki se sait tenace et son aptitude à soulever des charges lourdes puis à les envoyer sur ses ennemis lui donnera l’avantage sur le terrain. Une faculté l’obligeant à compenser ce poids supplémentaire sous peine de perdre de l'altitude. Pourtant, celui-ci n’est pas invincible. 3 coeurs par vie, un nombre de vies dépendant de vos compétences tactiles. Traverser ce nouveau titre de SEGA ne sera pas de tout repos. Bien que progressive, la difficulté est au rendez-vous très rapidement vous placardant un Game Over affectueux.
Pour vous aider dans votre quête, les villageois vous concocteront des tartes vous redonnant de la vie, des boucliers protecteurs et d'autres gadgets (Safe, X-Vision, Orpiral) en échange de quelques deniers, des Orpis récoltés dans les niveaux tels les anneaux de Sonic ou les sous de Mario Bros. De plus, Heroki débloquera plusieurs aptitudes tout au long de son aventure qui, accouplées aux bonus cités ci-dessus, compenseront la montée en puissance des niveaux.
Levantia, un monde à explorer
Rayman Origins et sa séquelle Legends avaient su raviver la flamme du jeu de plates-formes sur console de salon. Deux titres offrant un scénario sans fioritures, des environnements vastes et complexes. Le jeu du studio Picomy s’en inspire et offre un level design riche poussant le joueur à l’exploration. Des zones secrètes à découvrir, des énigmes à résoudre (disposer 3 caisses sur une plate-forme, ouvrir une porte…)… Chaque niveau recèle d’items à dénicher. Les Emirals (des pierres au nombre de 5), les lettres composant “HEROKI”, et bien entendu des Orpis que vous dépenserez dans le village. L’ensemble se traduisant en fin de niveau par un score indiquant le taux de complétion pour le niveau en question.
Le monde de Levantia ne se résume pas à ses contrées sauvages. Le villade d’Heroki grouille de vie : le port, la boulangerie, la ferme, le magasin, l’inventeur, l’usine... Un village que vous visiterez en faisant vos emplettes, en conversant et aidant les villageois dans le besoin, comme tout héros qui respecte son rang. Une carte du monde vous permet de voyager rapidement d’un lieu à l’autre évitant d’incessants allers-retours. Une manière de découvrir la richesse et l’animation de ces lieux en toute mobilité.
La direction artistique porte l’univers créé pour l’occasion. A mi-chemin entre un Rayman Origins et un Guacamelee, son aspect cartoon et sa palette de couleurs vives encensent l’expérience par le biais d’un jeu en 2.5D du plus bel effet. De plus, ses environnements détaillés s’animent en permanence. En rien statique, la végétation ondule au gré des bourrasques, des cascades d'eau s'écoulent... Le moteur physique répond également présent. Les caisses se renversent, dévalent les pentes, chutent… donnant vie au jeu développé par le studio Picomy.
* Test effectué sur iPhone 5S.
Heroki, présentation du scénario et du gameplay
Points forts
- Un platformer à l’ancienne sachant se nourrir des innovations de ces dernières années
- Une direction artistique cartoon et soignée à la croisée d’un Rayman Origins et d’un Guacamelee
- Des environnements riches et foisonnant de vie
- Un level design vaste conçu pour la recherche et l’exploration
Points faibles
- Une inertie en vol pouvant requérir un temps d’adaptation
- Une difficulté progressive et assumée pouvant rebuter le joueur occasionnel
Sans apporter à Sega son jeu “référence” sur mobiles, Heroki souffle une fraîcheur salutaire sur le genre “platformer” tout comme Rayman Jungle Run avait su le faire il y a de cela 3 ans. La souplesse de son gameplay, la richesse de ses environnements et sa direction artistique pêchue offrent aux nostalgiques de l’ère 8-16 bits et leurs chérubins, joueurs en devenir, une aventure haute en couleur à la difficulté assumée.