Star iconique de l’ère 8 et 16 bits, au même titre que notre plombier moustachu, survivant de la période Saturn puis Dreamcast, le célèbre hérisson bleu de la firme japonaise fait de nouveau fondre l’asphalte après un Sonic Boom loin de faire l’unanimité auprès de la communauté de fans, trimballant un bien triste 32% sur Metacritic pour sa version Wii U. Cependant, Sonic et sa bande de joyeux coureurs de fond sont à nouveau de retour.
Après un prometteur Sonic Dash, un runner 3D dynamique offrant une expérience correcte et accessible, la mascotte de Sega repart à la conquête du marché mobile avec Sonic Runners, un jeu de plates-formes 2D free-to-play développé par la Sonic Team elle-même.
Un vent de nostalgie...
Le mal rôde. Le monde de Sonic est en danger, menacé une fois de plus par le Docteur Eggman (aka Robotnik) et son étrange besoin de capturer tous les animaux. Le contexte de Sonic Runners s’avère extrêmement enfantin, sans l’aspect espiègle si cher à la saga au profit d’un discours calibré pour un public jeune perdant de vue la cible trentenaire ayant grandi avec la franchise. Le genre runner s’axant avant tout sur une prise en main rapide, la mise en situation s’avère en rien primordiale et Sonic Runners aurait pu / dû s’en passer.
Pour nombre de joueurs, Sonic rime avec Megadrive et ses premiers opus sortis sur la console 16 bits de Sega. Des jeux de plates-formes prenant le pli du dynamisme outrancier à l’inverse de son concurrent devant l'Eternel, j’ai nommé Mario. Sonic Runners surfe jour après jour sur cette volonté de ressentir à nouveau ce petit frisson bleuté. Le nouveau titre de la Team Sonic s’axe donc sur un dynamisme constant et une direction artistique rappelant celle des oeuvres d’origine.
Les environnements, bien que réalisés en 3D, se font l’écho de ceux de la Green Hill Zone tirés du premier jeu de la licence sorti en 1991. Des plaines vertes, un ciel bleu, de la terre représentée en damier… pour un ressenti 90’s ravivant une joie restée trop longtemps scellée. Mais la Sonic Team ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, ajoutant de nombreux éléments visuels afin d’améliorer le rendu global (effets spéciaux, herbes, animations des arrière-plans...), transposant une direction artistique datée dans la sphère vidéoludique du XXIème siècle.
…pour un retour vers le futur
Le jeu de la Sonic Team ne se contente pas de transposer la formule à l’origine de sa gloire. Le marché mobile possédant ses propres codes, une adaptation du jeu de plates-formes se devait d’être appliquée et les développeurs l’ont bien compris. Sonic Runners reprend donc le défilement horizontal et les sauts caractéristiques de la franchise et de titres à succès sur smartphones (Rayman Jungle Run, JetPack Joyride…) et y insuffle ce dynamisme si cher aux fans ainsi que les personnages et mécaniques propres à la série : Sonic, Tails, Knuckle… pulvériser les ennemis en sautant dessus, récolter les anneaux afin de pouvoir encaisser les attaques des ennemis et éviter le game over… pour un jeu flairant bon le Sonic d'antan.
Bien que pouvant paraître pataud durant les premiers mètres, Sonic retrouve son aisance naturelle à avaler les kilomètres une fois lancé. Tout comme ses aînés, le titre se structure en niveaux appelés “Episodes” à une différence majeure près. Sonic Runners base sa progression sur une distance à parcourir et un score à atteindre au sein de niveaux générés aléatoirement et non un level design fixe de niveaux à franchir pour une progression assujettie à une difficulté exponentielle se corsant épisode après épisode. Le challenge se résume principalement à obtenir un certain score afin d’atteindre le boss de fin d’Episode, le Doctor Eggman en personne… des combats de boss un tantinet répétitifs et sans réel challenge malheureusement. Parcourir la distance la plus grande, ramasser les anneaux, les cristaux (bleus, verts et rouges) et les animaux disséminés le long du parcours sans heurter le moindre obstacle et ennemi sous peine de briser votre jauge de combo et donc de freiner la montée de votre score, voilà le challenge qui vous attend.
Une expérience qui se suffisait à elle-même et pourtant…
Entre complexité et free-to-play abusif
A vouloir tirer sur la corde elle se rompt et le gameplay de Sonic Runners résonne au son de ces quelques mots. Vouloir enrichir une expérience est louable et sans conteste une excellente manière de penser tant que la volonté mercantile laisse s’épanouir la conception. Mais le runner de la Sonic Team s’enchaîne à une complexité constante… une complexité répondant à une monétisation de chaque instant.
Tel un RPG, vos personnages montent en niveaux à mesure qu’ils progressent dans l’aventure et deux alliés peuvent leur être attribués, leur procurant divers avantages. Ainsi, l’allié Pumpkin Chao augmentera votre score de 30%. De plus, 10 équipements consommables, des bonus, actifs ou passifs, sont disponibles : Laser Cyan, Invincibilité, Bouclier, Aimant, Ressort… A chaque run, jusqu’à trois objets seront équipés si vous le désirez mais surtout si vous en possédez encore. Etant consommables, il vous faudra dépenser des anneaux récupérés durant vos parties pour pouvoir profiter d’avantages non négligeables. Des objets qui eux-mêmes seront améliorés en dépensant des anneaux…
Au-delà d’une complexité inappropriée au genre runner, le véritable frein qui frustrera les joueurs réside dans un enchevêtrement de mécaniques free-to-play sans queue ni tête. Devoir dépenser des ressources pour améliorer tel ou tel item est une chose commune laissant la frustration au repos mais ajouter à cela un système de vie vous obligeant à attendre au sein d’un jeu, axé sur le Die & Retry, un système de roulette pour obtenir cadeaux, anneaux, objets, ET DES PUBS INTEMPESTIVES, transforment une expérience jusque-là plaisante en un jeu indigeste où la monétisation fut peaufinée au mortier.
Sonic Runners vs. Mobile
Savoir adapter une licence née sur console aux plates-formes mobiles n’est pas à la portée du premier venu et la Sonic Team trébuche en beauté. L’interface de Sonic Runners, en premier lieu, est une aberration. Ressemblant à une fête foraine avec ses bannières clignotant dans tous les coins, l’ensemble des menus est calibré pour un iPad, sans aucun menu retravaillé pour le format iPhone, et cliquer sur un simple bouton devient un calvaire souvent rédhibitoire. Il en va de même pour la visibilité une fois en course. Sonic est ridiculement petit. Les environnements sont surchargés en items et autres effets, une multitude d’informations s’affiche autour du personnage (combos…), un ensemble de principes en aucun cas respecté, perturbant la vision du joueur et donc sa capacité à réagir, alors que le genre runner est basé sur les réflexes.
Test effectué sur un iPhone 5S.
Sonic Runners passe la seconde
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Points forts
- Une aura flairant bon le Sonic d'antan
- Une expérience dynamique et exigeante
- Une direction artistique rétro-moderne plaisante
Points faibles
- Des problèmes de visibilité en jeu ô combien frustrants
- Un système économique désordonné et agressif
- Un runner complexifié à l’extrême
- Un contexte enfantin sans réel intérêt
- Des combats de boss sans challenge
Sonic Runners nourrit mon coeur nostalgique de joueur d’une colère en rien monotone. Malgré une brise nostalgique rafraîchissante, le titre de la Sonic Team s’enlise, réussissant à gâcher une direction artistique soignée et un gameplay nerveux par une réalisation inadaptée aux mobiles et une monétisation outrancière.