Recroquevillé derrière une table d’écolier, le fantassin de papier affûte ses armes accompagné par le doux sifflement de ces obus faits d’encre et perturbant nos sens. Soudain le son strident d’une cloche retentit… la charge est lancée. Sortant de sa tranchée de fortune, le soldat court encore et encore… la guerre sur feuille A4 a débuté.
Courir, sauter, tirer… encore et encore… et encore... une boucle infinie d’obstacles et d’ennemis à éviter ou détruire, telle est la vie de notre stickman tout de bleu vêtu. Une vie faite d’actes (bien trop) répétitifs et dont l’objectif est on ne peut plus simple : parcourir la plus grande distance et récolter un maximum de pièces avant de trépasser… car trépas il y aura.
Rien de novateur à première vue. Sketchman ! est un runner free-to-play dans la plus pure tradition. Héritier des jeux de plates-formes, le runner simplifie cet héritage parfois à outrance, misant sur cet aspect immédiat si cher au mobile. Sketchman !, au-delà de cette recherche de l’instantané, se nourrit bien plus des mécaniques du genre afin d’enrichir l’expérience. Une barre de vie, la possibilité de tirer, les combats de “boss”, les power-up… soufflent un vent frais sur le genre runner. Chaque obstacle ne vous sera pas létale mais entamera vos points de vie tandis que d’autres ne vous laisseront aucune chance au moindre contact. Notre héros sans visage devra éviter l’ensemble des pièges disposés tout au long de son infini périple (mines, caisses, scie circulaire, plaques à pics) par de simples ou doubles sauts ainsi que grâce à la faculté de planer tout en disposant, l’arme au poing, des ennemis disposés ici et là et armés de couteaux, de revolvers et équipés pour certains de jetpacks.
Afin d’avoir du répondant, différentes armes seront mises à votre disposition. En premier lieu, un pistolet, simple, efficace, mais à la cadence de tir et à la puissance réduites. Par la suite, un pistolet automatique, un uzi, un fusil à pompe… pourront être débloqués moyennant une somme toujours plus importante de pièces. Une puissance de feu qui s’avèrera nécessaire face aux boss. Aux armes viennent s’ajouter divers power-up offerts en jeu (médikits, invincibilité temporaire) ou achetables via le shop. Sketchman ! est une course perpétuelle, il faut courir pour amasser des pièces puis s’équiper pour courir plus loin afin d’amasser toujours plus de pièces.
Et pour les moins patients d’entre vous, une monnaie unique régente le jeu : les pièces. Il vous faudra donc convertir de l’argent réel afin de vous offrir l’arme de vos rêves ou bien le power-up vous permettant de courir plus loin ou de remplir un objectif donné. En effet, remplir ces objectifs vous octroiera une certaine somme allant de 200 à 500 pièces, un simple run offrant 30 à 50 pièces en moyenne. Courir à en perdre haleine ou payer, l’éternelle devise du runner.
A perte de vue, l’environnement se dessine sous les traits d’un classique bleu Bic. Un bleu perturbé par ses touches de rouge, ses obstacles et autres ennemis disséminés sur ce no man’s land, cette feuille à petits carreaux. La direction artistique nous rappelle dans un élan nostalgique ces heures de cours sans fin où seule une guerre sur feuille A4 nous sortait de notre torpeur à grands coups de stickmen et autres explosions. Le seul bémol venant de cette grille à petits carreaux défilant sous nos yeux et ne facilitant pas la lisibilité.
Quant aux contrôles, ils sont d’une facilité déconcertante. Pouce gauche pour sauter, pouce droit pour tirer, l’ensemble répondant instantanément. Un prérequis pour un jeu basé sur les réflexes.
Points forts
- Une direction artistique inspirée
- Une expérience nerveuse et immédiate
- Un runner / shooter enrichi
Points faibles
- Une redondance menant à la lassitude
- Une économie drastique et sans générosité
Malgré une direction artistique rafraîchissante et une indéniable volonté de renouveau par l’ajout de mécaniques issues des jeux de plates-formes, Sketchman ! reste englué dans une boucle redondante propre à ce genre de jeux. Un autre runner, tout simplement.