Si vous l'avez manqué sur PC, sachez que le jeu d'aventure rétro Elliot Quest est à présent disponible sur l'eShop Wii U européen. Nous en avons profité pour explorer ses contrées 8 bits afin d'essayer de déterminer si oui ou non ce titre indé méritait toute votre attention. Et à moins que vous ayez une dent contre Zelda II et Kid Icarus, la réponse est oui !
Découvert en fin d'année dernière sur Steam, Elliot Quest aura tout de même obligé les possesseurs de Wii U à patienter jusqu'au 16 avril avant de daigner enfin rejoindre le catalogue des titres indé à télécharger. Proposé actuellement au tarif de 12,99 €, ce jeu d'aventure / action rétro fait incontestablement partie de ces titres qui peuvent nous faire de l'oeil facilement sans que l'on sache trop s'il mérite réellement l'investissement. A cette question, je vous conseillerais déjà de vous demander si vous êtes plutôt du genre à ressortir de temps en temps votre vieille console NES pour vous faire une partie de Zelda, de Mario ou de Kid Icarus. Si c'est le cas, sachez que cet Elliot Quest est littéralement truffé de références à ces trois jeux et qu'on y retrouve plus ou moins les mêmes sensations de gameplay. Plus long et plus corsé qu'un Shovel Knight, le soft développé par Ansimuz Games est un véritable voyage dans les contrées rétro qui ont fait du jeu vidéo ce qu'il est aujourd'hui.
L'archer qui ne pouvait pas mourir
Loin d'être inexistant, le scénario d'Elliot Quest surprend par sa maturité. Anéanti par la disparition de son épouse Cara, un archer nommé Elliot décide de se suicider, mais il découvre alors qu'il ne peut mettre fin à ses jours. En proie à un mal mystérieux qui l'affaiblit continuellement et qui le ronge de l'intérieur en lui faisant faire d'atroces cauchemars, Elliot apprend qu'il est victime d'une malédiction dont il va lui falloir trouver le remède. Mais notre héros n'est-il pas le jouet d'un sorcier qui le manipule pour parvenir à ses fins ? Sa quête le mènera quoi qu'il en soit à parcourir les contrées les plus dangereuses de son monde pour vaincre les gardiens qui s'interposeront entre lui et son objectif.
Evidemment, il faut un peu d'imagination pour donner à cette histoire dépeinte façon pixel art toute sa dimension tragique. Malgré tout, le rendu rétro pouvait difficilement être évité pour un soft aussi ancré dans l'héritage 8 bits. On regrettera quand même que le titre ne parvienne pas davantage à se démarquer sur le plan visuel, la réalisation n'étant pas l'une des plus mémorables que l'on ait vue en matière de pixel art. A l'inverse, la bande-son réussit brillamment à se faire remarquer, aussi bien dans les environnements extérieurs que lors des visites dans les villages ou durant l'exploration des donjons, avec des thématiques musicales très variées. Le soft assume en tout cas complètement son ambiance rétro, au point d'afficher ouvertement ses principales sources d'inspiration.
Pit, Link et Mario sont passés par là
Comparé souvent à Zelda II : The Adventure of Link à cause des nombreuses similitudes qu'il entretient avec cet épisode de la saga Zelda, Elliot Quest n'en reste pas moins influencé par l'ensemble des jeux de la série Zelda mais aussi par Kid Icarus et Super Mario Bros. En choisissant un arc comme arme principale pour son héros, le développeur a trouvé le moyen de reprendre le canevas d'un jeu comme Zelda II sans pour autant que l'on retrouve les mêmes sensations de gameplay. Décocher des flèches sur ses ennemis, c'est plutôt l'apanage de Pit dans Kid Icarus, et l'omniprésence de la plate-forme dans Elliot Quest ne fait que conforter la ressemblance entre les deux jeux. Mais lorsque des barrières enflammées font leur apparition dans les donjons, c'est plutôt Super Mario Bros. qui nous vient à l'esprit, d'autant que le bestiaire et le level design renvoient énormément aux trois premiers volets de la série du plombier.
Incontestablement, Elliot Quest pioche dans ces trois grandes séries pour se construire une identité hybride très attachante. Les nostalgiques apprécieront les innombrables références faites à Zelda à travers les objets présents dans l'inventaire, les réceptacles de coeur ou encore la grande clef requise pour franchir la porte du boss de fin de niveau. Dans un village, on trouve même des tableaux illustrant les scènes les plus symboliques de Final Fantasy VI, Zelda III et Secret of Mana !
Zelda II où es-tu ?
Mais c'est bel et bien le second épisode controversé de la série Zelda qui laisse de la manière la plus significative son empreinte dans la conception d'Elliot Quest. L'aventure alterne en effet entre des phases d'exploration sur la map en vue de dessus et d'autres en vue de côté pour les villages et les donjons, exactement comme dans Zelda II. En extérieur, on a la possibilité d'affronter des monstres qui se baladent sur le terrain, la vue de dessus laissant alors la place à une zone d'action en scrolling latéral depuis laquelle on peut sortir sans avoir vaincu tous les ennemis. Dans les villages, la représentation choisie avec ces habitants qui vont et viennent, parlant par énigmes, allant même jusqu'à inclure un personnage nommé Error, ne laisseront pas les fans de The Adventure of Link indifférents. Et les clins d'oeil vont même encore plus loin dans les temples où l'on peut trouver des potions cachées dans des statues, des chevaliers usant et abusant de leur bouclier, et des petites portes requérant des clés identiques à celles vues dans le deuxième opus de la saga Zelda.
Retour à des valeurs old-school
Arrêtons là les comparaisons, Elliot Quest assume complètement ses sources d'inspiration et ne s'en cache pas. Il se plaît même à opérer des ajustements audacieux dans son système de jeu, en rajoutant quelques checkpoints salvateurs et en abolissant le compteur de vies pour y insuffler une dimension die & retry qui passe très très bien. Le jeu est exigeant car notre personnage peut mourir en seulement quelques coups, et on fait tout notre possible pour que ça n'arrive pas car la mort entraîne systématiquement une perte non négligeable d'XP. Pour passer au niveau supérieur, mieux vaut donc rester dans un coin pas trop galère pour gagner le droit de répartir un nouveau point de stat, quitte à mourir ensuite sans complexe une fois qu'on a réussi à leveller. Car le moindre de ces points peut nous procurer un avantage non négligeable, par exemple en augmentant la portée ou la vitesse de tir, en favorisant les coups critiques ou en rendant les magies moins coûteuses en MP. Compte tenu de la difficulté à faire monter la jauge d'XP dans Elliot Quest, mieux vaut ne pas se planter dans la répartition des points de stats, celle-ci étant en plus irréversible.
Une mort difficile à digérer...
Plus que jamais, le gameplay gagne en intérêt à mesure que l'on progresse dans l'aventure et que l'on acquiert toutes sortes d'objets et de magies permettant d'explorer le monde plus en profondeur. Si les objets permanents nous confèrent des capacités passives définitives (bouclier, bougie, bottes, etc.), on ne peut pas stocker plus de deux consommables à la fois et il faut donc faire un choix entre les potions et d'autres items utiles comme les plumes qui nous ramènent directement au dernier village. Mais ce sont surtout les quatre principaux sortilèges qui font toute la richesse du gameplay d'Elliot Quest où chaque écran est l'occasion de s'interroger sur la manière de surmonter telle ou telle embûche à l'aide du vent, du feu, de la terre ou de la glace. Petite subtilité, en multipliant les kills, on peut faire monter la jauche de « chain » pour que les ennemis droppent davantage de bonus.
Finalement, le plus plaisant dans Elliot Quest c'est cette volonté permanente d'assumer jusqu'au bout cette approche rétro, pas seulement dans le level design et l'intransigeance des niveaux, mais aussi dans le fait que le joueur n'est jamais pris par la main. Du début à la fin, on n'est absolument pas guidé et c'est à nous de comprendre quoi faire et où aller pour progresser. Les objets nous tombent dessus sans aucune explication et c'est seulement en les essayant que l'on comprend l'utilité de certains d'entre eux. Bien que totalement ouvert en début de partie, le monde comporte une infinité de choses qu'on ne peut accomplir que bien plus tard, une fois en possession des bons objets.
Autant dire qu'il vaut mieux prendre des notes pour retenir l'emplacement des secrets inaccessibles, sachant qu'on peut tout à fait terminer l'aventure en passant à côté de la plupart des éléments cachés du jeu et sans découvrir toutes les destinations possibles. Il en va de même pour les boss, au nombre de 16 en théorie mais dont certains sont optionnels et s'avèrent parfois aussi retors que ceux d'un Titan Souls. C'est valable aussi pour ces cristaux qui sont là uniquement pour nous permettre d'accéder à certaines portions cachées des niveaux. Elliot Quest compense ainsi sa difficulté par la possibilité qu'il nous offre de fouiller minutieusement le jeu à la recherche de power-up boostant notre énergie, notre force et notre résistance, offrant ainsi à tout le monde une chance de voir l'issue de l'aventure. Mais laquelle ? Car le titre comporte pas moins de trois fins différentes selon les choix effectués à certains moments du jeu.
Points forts
- L'impression de jouer à un mix entre Kid Icarus, Zelda II et Super Mario Bros.
- Un monde bourré de mystères où l'on n'est jamais pris par la main
- Des donjons vastes et corsés à souhait
- Un gameplay qui gagne en profondeur et en complexité au fil de l'aventure
- La montée de niveau qui se mérite (mourir fait perdre de l'xp)
- L'ambiance sonore très agréable
- 3 fins différentes selon nos choix
Points faibles
- Pixel art sympa mais pas inoubliable
- Le design des boss vraiment pas terrible
- Des ralentissements trop fréquents sur cette version Wii U
Presque aussi remarquable qu'un Shovel Knight, Elliot Quest revisite à sa façon Zelda II et Kid Icarus pour nous entraîner dans une aventure rétro terriblement prenante. On y retrouve véritablement tout le charme des titres de cette époque, avec des clins d'oeil par douzaines et des mystères à chaque écran. L'obtention des power-up via l'exploration minutieuse de tous les recoins du jeu est d'ailleurs le meilleur moyen de surmonter la relative difficulté du soft.