En pleine effervescence Bloodborne, From Software semble vouloir alimenter le calendrier des sorties de ce premier trimestre 2015 en proposant une version revue et corrigée de Dark Souls 2 nommée pour l’occasion Scholar of the First Sin (SoTFS). La galette, disponible en version boîte ou en téléchargement sur PlayStation 4, Xbox One et PC, contient le jeu de base ainsi que les trois DLC sortis au cours de l’année dernière. Sur le papier, cette version est présentée comme l’expérience ultime Dark Souls 2, un jeu retravaillé en profondeur, des textures à la mesure des performances graphiques des consoles de dernière génération, 60 fps pour chatoyer nos mirettes et l’ajout d’ennemis vicieux à même de déstabiliser les plus gaillards des joueurs. Qu'en est-il dans les faits sur PS4, Xbox One et PC ?
Ce test ne concerne que cette remastérisation et non le jeu de base dont voici notre avis.
La fluidité dans la mort
La chose frappera surtout les habitués des versions old-gen PS3 et Xbox 360, Scholar of the First Sin passe à l’heure du polissage intégral de ses graphismes. Qualité des textures, distance d’affichage et effets de lumière (ou d’obscurité pour être plus précis) retravaillés apportent comme un vent de fraîcheur à une ambiance générale qui le méritait tellement. Le gameplay bénéficie quant à lui de tous les bénéfices d’un confortable framerate calé à 60 fps sur consoles. Un avantage indéniable pour un jeu nécessitant autant de doigté que de réactivité. On note toutefois quelques ralentissements lors des passages surchargés en ennemis (40 à 50 fps sur PS4 contre 30 à 40 fps sur la version Xbox One). Mais, dans l’ensemble, les deux versions se rapprochent de leur homologue sur PC et en profitent même pour hériter du très embêtant "bug" de l'usure des armes accelérée par le dédoublement du framerate... un comble que ce problème pourtant connu depuis le départ sur PC ne soit toujours pas corrigé ici !
Pour les PCistes justement, l’amélioration graphique ne vous sautera pas directement aux yeux. Disons que la communauté, et plus particulièrement Durante et son mod GeDoSaTo, avait déjà effectué un gros travail de rehaussement sur l’aspect général du soft. Le titre migre ici vers une version DirectX 11 incompatible (à l’heure actuelle) avec ce fameux mod, mais il se retrouve affiné de base par toutes les features propres à cette version de la bibliothèque graphique de Microsoft. La différence la plus notable, tous supports confondus, réside dans la tentative (réussie) de From Software de chambouler nos bonnes vieilles habitudes de joueurs chevronnés en introduisant un lot plutôt conséquent de modifications dans le placement des ennemis, des trésors, voire même de certains raccourcis. Pour le meilleur et parfois pour le pire...
Ho Ho, je vais en mettre trois !
Les aficionados du second volet iront en effet de surprise en surprise lors de leur nouveau périple en terre de Drangleic. Les développeurs ont en effet pris un malin plaisir à modifier le placement de nombreux ennemis et à en ajouter dans des endroits plutôt inattendus. La Tour des flammes de Heide, l’un des premiers environnements du jeu, est désormais envahi par une cohorte de chevaliers de Heide plutôt farouches une fois le boss Monte-Dragon vaincu. Surprise encore, une wyverne crachant colère et flammes vous attend désormais juste avant la cathédrale de la zone. Plus varié, plus surprenant, le jeu en devient même encore plus coriace dans son niveau global de difficulté. Tout ça ne fait pas de SoTFS un nouveau jeu mais le fait résonner différemment pour peu que vous soyez un habitué des lieux. Néanmoins, une impression demeure, celle du placement de ces nouvelles têtes à la va-vite, du remplissage des lieux au détriment de l'ouverture propre au level design ayant fait la réputation du titre. Certaines zones accessibles dès le départ le sont désormais difficilement pour un joueur débutant, ce qui rend le jeu un poil plus dirigiste durant ses premières heures.
Entre les nouvelles armes et les nouveaux ennemis / boss se sont glissées d’autres modifications intéressantes. Le multi se dote par exemple d’une extension du nombre de participants en passant de 4 à 6 joueurs. De quoi pimenter ses parties en ligne avec des amis tout en se faisant envahir par d’autres joueurs aux intentions meurtrières. Le système de recherche de partenaire a d’ailleurs subi un changement plutôt bienvenu concernant la mémoire d’âme et il est désormais bien plus simple de rejoindre un ami sans passer par de sombres combines mystiques. Un PNJ nommé “The Forlorn” se fera aussi une joie de venir vous envahir tout au long de votre mortel périple. Contrairement aux autres envahisseurs, il apparaîtra à de nombreuses reprises, seul ou parfois accompagné d’une bande de potes prêts à vous tendre des embuscades dans le pire des endroits possible. Le sentiment de pression constante quelque peu absent du jeu de base repointe donc ici le bout de son nez avec une certaine maladresse du fait des nombreux bugs rencontrés lors de ces affrontements (PNJ coincé dans le décor, IA au comportement étrange, etc.).
Vendu 25 € en season pass, la trilogie des Couronnes fait désormais intégralement partie de l’aventure Dark Souls 2 Scholar of the First Sin et ce, dans sa version originale, sans retouche. Nous vous renvoyons à nos tests de Dark Souls 2 Crown of the Sunken King, Crown of the Old Iron King et Crown of the Ivory King pour vous faire une idée du contenu de cette prolongation sous forme de triptyque au level design bien mieux maîtrisé que le jeu de base. Un regret demeure cependant, Scholar of the First Sin est vendu au prix fort sur consoles current-gen (60 € prix public annoncé) et ceci même si vous possédiez déjà une version sur PS3 ou Xbox 360. Si les améliorations graphiques ne sont pas de la partie sur old-gen, les modifications de gameplay et de level design ont fait l'objet d'une mise à jour gratuite.
Du côté de la version PC, l’addition s’élève à 39,99 € pour le jeu complet, à 24,99 € si vous possédez déjà Dark Souls 2 sans son season pass et une promotion à 12 € court encore pendant quelques jours au cas où vous possédiez déjà la trilogie des Couronnes. Certes le travail effectué ne relève pas ici du portage fainéant et l’aventure pourra valoir le coup d’être parcourue à nouveau sous cet angle retravaillé, mais d’autres développeurs / éditeurs ont proposé des éditions améliorées de cette trempe sans pour autant faire débourser le moindre centime aux joueurs, on pensera par exemple aux versions Enhanced Edition de The Witcher 1 et 2, c'est dit. D'autant que cette version se paye le luxe de sortir à quelques jours d'intervalle de son proche parent Bloodborne, ce qui aura de quoi remettre en cause cette dépense pour le néophyte souhaitant mettre un pied dans l'univers From Software.
Retrouvez notre test de la version de base de Dark Souls 2.
Points forts
- Textures plus fines, distance d'affichage plus éloignée
- Un framerate qui offre une bonne tenue de route à 60 fps avec néanmoins quelques dérapages sur les deux supports
- Toute l'expérience Dark Souls 2 en une seule édition (jeu + DLC)
- Un mode multi amélioré, plus accessible
Points faibles
- Placement des ennemis parfois hasardeux, limite forcé
- Les nouveautés vont parfois à l'encontre de l'ouverture prônée par la saga
- Il subsite encore de nombreux bugs (usure des armes, IA, etc.)
- Le prix pour peu que l'on possède déjà le jeu de base !
Si les améliorations graphiques et la fluidité des versions PS4 et Xbox One peuvent justifier l'investissement, difficile de notre côté d'être emballés par cette version Scholar of the First Sin de Dark Souls 2. Certes l'expérience propose son lot de nouveautés parmi les armes, les armures et le placement des ennemis, mais la réécriture des zones vire parfois au brouillon mal dégrossi. Et si l'on ressent tout de même le travail effectué par les équipes de From Software, il est difficile de ne pas pester face à la somme demandée pour un lot de modifications que d'autres auraient fourni gratuitement. Reste tout de même une bonne occasion de parcourir les trois DLC du jeu et de profiter d'un habillage technique plus proche des standards actuels.