15h42, le réveil sonne après une nuit agitée. Vous avez la gueule de bois, une haleine de poney et vous ne vous rappelez pas tout à fait comment vous avez fait pour rentrer jusque chez vous, sans chaussures manifestement. Et là, c'est la prise de conscience : ce soir, vous organisez chez vous une soirée jeux vidéo, et Régis, Jean-Mich' et son pote dont vous ne vous souvenez jamais du nom (mais qui est toujours là aux soirées, comment fait-il ?) sont, comme vous, plutôt branchés jeux de baston. Seulement dans votre tête c'est Slayer en tournée, époque Reign in Blood : il vous faut un jeu simple, mais pas trop, énergique et amusant, le genre qui vous poussera à jouer jusqu'à 5h du matin, pour savoir qui est le roi du ring. Allez, ne vous inquiétez pas, j'ai ce qu'il vous faut : Under Night In-Birth Exe : Late.
Vous l'aurez aisément deviné, vu le nom, il s'agit d'un jeu de baston japonais, une production signée NIS America, Arc System Works, et... Soft Circle French Bread, connu pour ses Melty Blood. Sorti en 2012, et exclusivement en arcade, le premier Under Night avait connu un certain succès, et un an plus tard débarquait sa « suite ». Suite qui atterrit donc sur PlayStation 3, traduit en anglais, pourvue de deux personnages supplémentaires et d'un suffixe "Exe : Late", un sous-titre dont le sens m'échappe toujours.
Le tour du propriétaire
Alors, que trouve-t-on dans ce UNIEL ? Oh et bien tout et rien, en fait. Le menu, assez austère, comporte tous les classiques du jeu de baston, du mode Arcade en passant par les classiques modes Survie, Time-attack, VS (en local et en online) et bien sûr, training. Tout est là, chouette. On aurait sans doute aimé un mode plus original, histoire de donner un peu de relief au jeu, mais bon. Vous savez ce qu'on dit dans le milieu du VS Fighting : Tant qu'il y a un mode VS, et un mode Entraînement, tout va bien.
Une fois entré dans l'un de ces menus, on choisit son personnage (16 en tout et pour tout), et c'est parti : baston ! Le système de combat est très simple : trois boutons pour frapper (coup faible, coup médium, coup fort), et une dernière touche faisant un peu tout, du dash avant au couscous merguez. Drôle de bouton que cette touche D (X en configuration standard), dont l'utilité varie en fonction des personnages. Mais dans tous les cas, elle vous permettra de gérer votre jauge « Grind » et celle nécessaire pour balancer vos furies. J'y reviendrai.
Les commandes sont simples, les coups normaux et spéciaux sortent très facilement, la plupart du temps à base de quart de cercles. On a donc là plutôt un jeu "main gauche", comme l'on pouvait s'y attendre. Bref, rien de bien original.
Simple, abordable, mais profond
UNIEL n'est pourtant pas un jeu de baston grand public un peu chiant à partir du moment où l'on a roulé sa bosse dans les jeux de combat. Non, puisque si les commandes se prennent vite en main, le jeu bénéficie de nombreuses subtilités. Par exemple, s'il n'existe pas de garde une fois en l'air, vous pouvez tout à fait tenter un contre en faisant arrière + D ; tout comme vous aurez vite à cœur de gaver votre barre Grind (GRD dans le jeu) pour prendre le dessus sur votre adversaire. Et tout cela se passe en bas, au centre de l'écran : deux jauges, et un compteur placé au centre. En fonction de vos actions, votre jauge se remplit, tandis que celle de votre adversaire se vide. Et autant vous le dire : vous avez envie que votre Grind soit plus haut que celui de votre adversaire. Si si. Parce qu'on vous ment un peu, dans la vie : oui, avoir la plus grande, c'est important. Parce qu'ici, une fois que le compteur central sera rempli, il vous accordera un bonus, et ce bonus s'octroie en fonction de la taille de votre jauge de Grind. Votre personnage frappera plus fort et pourra bénéficier, si vous pressez deux fois X, du "chain swift", vous permettant de ralentir l'espace d'un instant votre adversaire pour contre-attaquer, ou pour mieux vous défendre. L'occasion de placer une bonne furie dans sa mouille, histoire de lui rappeler qui est le patron.
Un roster très varié
16 personnages. Je dois admettre avoir un peu soufflé du nez, en voyant ça. D'autant que vu la forme que prend le menu de sélection des personnages, on aurait presque l'impression qu'ils sont moitié moins. Enfin bref. Si dans un premier temps les personnages vous paraîtront un peu fades, après quelques heures de jeu, vous devriez avoir revu votre jugement. Certes, leur design n'est pas aussi exubérant que ceux des combattants d'un BlazBlue (encore que, lorsqu'on voit Waldstein ou Hyde, on peut se poser la question) et ils n'ont pas le charisme de ceux de Street Fighter, mais quand même.
A vrai dire, la force du roster de UNIEL ne se situe pas dans le design de ceux qui le composent, mais plutôt dans le fait que tous sont très, très différents. Vous ne trouverez pas de doublons, dans Under Night, et finalement assez peu d'archétypes. Si l'on trouve bien deux shoto (comprendre, Ken ou Ryu dans Street Fighter) en la présence de Hyde et Akatsuki, et qu'il y a bien un chopeur (Waldstein), le reste est assez... étonnant. La plupart des personnages disposent de coups variés leur permettant d'aborder bien des situations différentes. Même Waldstein, LE chopeur du jeu (le bonhomme ferait passer Dalsim pour un manchot, c'est vous dire), n'a rien à voir avec ceux que l'on connaît habituellement puisqu'il est capable de se déplacer à une vitesse assez impressionnante, vu son gabarit. Merkava, de son côté, est capable de voler, de choper à distance, et de balancer des boules d'énergie... On se retrouve donc avec un roster hétéroclite et plutôt bien équilibré. Si les combos sont parfois très impressionnants, tous les personnages sont plus ou moins capables d'infliger les mêmes dégâts, avec des manipulations plutôt simples. En résulte un jeu très, très, très, très agréable à prendre en main.
Des combats très dynamiques
Et de fait, les combats de Under Night In-birt Exe : Late sont franchement impressionnants. Très porté sur l'attaque (malgré l'impossibilité de casser la garde adversaire), l'écran est constamment traversé par vos personnages et par les effets lumineux dégagés par leurs attaques. Les combats sont plutôt brefs, mais particulièrement intenses, un ressenti qui devrait s'intensifier à mesure que vous et vos amis maîtriserez le jeu. La jauge Grind prendra une sacrée importance dans les combats et à chaque affrontement, votre esprit sera entièrement tourné vers elle.
Cette impression de dynamisme est d'ailleurs magnifiée par l'excellente bande-son du jeu. Certains thèmes sont bien speed, et on a là un répertoire varié allant de l'électro au metal qui devrait plaire au plus grand nombre. Mais ce sont surtout les sons des coups qui devraient retenir votre attention. Très pêchus, ils soulignent, que dis-je, ils gravent à même le front de votre adversaire et ce à coup de pioche, chacun des coups que vous lui porterez avec succès. Une belle réussite, donc.
Techniquement pas impressionnant
Vague déception du côté visuel, puisque si déjà les combattants ne faisaient pas vraiment rêver, on peut en fait en dire tout autant des graphismes du jeu et des arènes. Les sprites manquent un peu de précision, et les arènes, représentées en 3D et donnant, de loin, un rendu plutôt satisfaisant, sont de près assez vides et fadasses. Là encore, cela manque un peu de personnalité, comme quoi ajouter ici et là quelques détails, sans faire dans la surenchère, eh bien cela peut avoir son utilité.
Notre vidéo-test de Under Night In-birth EXE:late
Points forts
- Un roster équilibré
- … et étonnamment varié
- Un jeu simple à prendre en main
- … mais pas simpliste pour autant
- Tous les modes de jeu d'un bon jeu de baston sont présents
- Le online, stable et sans lag
- La jauge Grind, une bonne idée
- Une bonne OST
Points faibles
- Visuellement pas fou
- On aurait aimé un mode de jeu supplémentaire et plus original
- 16 personnages, c'est un peu juste
- Le jeu manque un peu d'identité
Belle découverte que ce Under Night In-Birth Exe : Late. Si le nom ne m'était pas inconnu je n'avais jusque-là jamais vu le jeu tourner, et il faut admettre que manette en mains, le jeu ne tarde pas à vous exposer ses charmes. Facile à prendre en main mais bénéficiant tout de même d'une surprenante profondeur, le titre convaincra les habitués, et pourrait inciter les débutants à se tourner vers d'autres titres plus fouillés encore. On apprécie tout particulièrement le casting, plutôt original et l'étonnante versatilité de la majorité des personnages. Bref, c'est un très bon jeu de combat qui ne souffre finalement que d'un léger manque d'inspiration pour ce qui est du design des personnages et de ses rings, un défaut que l'on pardonnera tout de même assez vite. Allez, maintenant, vous savez tout, il ne vous reste plus qu'à préparer la boustifaille pour ce soir, et à stocker au frais quelques breuvages pour accompagner votre nuit de folie.