Après trois ans de labeur, la petite équipe de LifeSpark Entertainment vient de mettre un terme au développement de Rack N Ruin, un titre qui trahit de manière évidente l'affection de ses développeurs pour des jeux tels que Zelda 3 ou The Binding of Isaac. En résulte un soft à l'aura rétro plutôt attractif.
Incarner un démon sans pitié au rire satanique vous tente ? Il vaudrait mieux car c'est justement le point de départ de Rack N Ruin, un jeu dont le titre renvoie à ses deux personnages principaux. Envoyé sur une planète paisible épargnée par le mal, le démon Rack a beau être aussi vil que prétentieux, il n'en est pas moins à la botte de son maître Ruin, le seigneur des ténèbres. C'est d'ailleurs sur sa demande expresse qu'il va devoir se charger de corrompre ce monde enchanté pour le lui livrer sur un plateau d'argent.
Sur place, le fantôme de Nihil, dernier sbire de Ruin à avoir échoué dans sa mission, lui confie ce qu'il lui reste de son pouvoir : un sort de feu assez ridicule dont le seul mérite est d'être réutilisable à l'infini car il ne consomme aucun point de magie. Rack devra de toute façon s'en contenter en début de partie puisque ses autres pouvoirs ne se débloqueront qu'à la condition de terrasser un à un les gardiens de ce monde qui tenteront tant bien que mal d'empêcher celui-ci de basculer dans les ténèbres. Le dragon protecteur Amon sera ainsi la première victime des agissements diaboliques de notre démon, le camp du bien manquant cruellement de héros capables de contrer l'avancée inexorable de la corruption engendrée par Rack.
Des influences bien marquées
On se retrouve donc à commettre les pires atrocités au nom du seigneur Ruin : mettre le souk dans un petit village tranquille, s'acharner sur ses habitants et ses petits lapins, et surtout répandre le mal dans chacune des régions du jeu. Une dernière action qui nécessite de trouver les moyens d'accéder aux autels de ces différentes zones et qui passe par le sacrifice d'une certaine quantité d'âmes accumulées en éliminant tous les « gentils » ennemis du jeu. Interagir avec ces fameux autels permet non seulement de maudire l'environnement du jeu mais aussi de s'en servir de téléporteur pour se déplacer plus efficacement d'une zone à l'autre. Car sans eux, ce sont d'interminables allers-retours qui vous attendent, et ce n'est pas la carte du monde atrocement sommaire qui vous aidera à vous repérer. On peste d'ailleurs assez souvent contre le manque de checkpoints, le retour au dernier autel ou à l'entrée du donjon en cours étant inévitable en cas de décès.
Car oui, Rack N Ruin comporte son lot de donjons à l'ancienne, dans la droite lignée d'un Alundra ou d'un Zelda III, le titre de Nintendo ayant largement inspiré les développeurs qui sont allés jusqu'à reprendre certaines animations et bruitages de cet opus, notamment lorsqu'on se jette à l'eau par erreur. Le gameplay lui aussi renvoie beaucoup à A Link to the Past, à travers le level design des donjons, les énigmes, ou encore les bombes à poser à côté des murs fissurés.
Pour autant, ce n'est pas forcément le titre de Nintendo qui vient en premier à l'esprit lorsqu'on joue à Rack N Ruin, car le soft s'inspire peut-être encore davantage de The Binding of Isaac au niveau du gameplay. Plus à l'aise à distance qu'au corps-à-corps, le démon Rack doit lui aussi esquiver les attaques de ses adversaires qui noient parfois complètement l'écran sous une pluie de boulettes colorées, et riposter à l'aide de projectiles magiques. Etonnamment vulnérable pour un suppôt du mal, notre personnage aurait peut-être gagné en efficacité si les développeurs avaient jugé bon de le rendre plus rapide et si on avait pu recourir au second stick pour tirer de manière plus intuitive, façon Geometry Wars. Mais en l'état, la prise en main s'avère assez poussive et nuit beaucoup au plaisir de jeu, d'autant que l'évolution des pouvoirs de Rack est loin d'être aussi importante qu'on pouvait l'espérer. Outre ses projectiles de feu, notre petit diable n'aura accès qu'à un arsenal limité : une lame des ténèbres de très faible portée, un sort de foudre qui draine considérablement les MP, un boomerang et une épée de glace. Il peut aussi activer un champ de force pour parer les coups et attirer les âmes à lui, et user de télékinésie pour déplacer des blocs à distance, mais rien de bien transcendant dans l'ensemble.
Orientation old-school assumée
Bien que variés, les objets secondaires ont tous le défaut d'être en nombre trop limité pour qu'on se retienne de les économiser, et leur fonction est loin d'égaler en efficacité les power-up de The Binding of Isaac. On trouvera tout de même des bombes à combustion ou à implosion, des ongles gangrenés laissant une traînée de poison derrière nous, des moelles épinières boostant temporairement notre vitesse, ou encore des grimoires aux effets divers et variés. Mais rien qui rende Rack suffisamment puissant pour évoluer en toute sérénité dans les contrées verdoyantes du jeu, même une fois celles-ci corrompues.
Le fait de pouvoir aller dès le début où on le souhaite sur la map reste tout de même un élément très motivant du soft qui, à l'instar des jeux d'action aventure à l'ancienne, se borne à nous donner un minimum d'indications pour progresser. On peut donc régulièrement se retrouver bloqué, mais il suffit généralement d'explorer une autre contrée du monde pour obtenir un pouvoir permettant de pousser encore un peu plus loin notre exploration. Quant aux donjons, si les énigmes qu'ils abritent restent globalement très classiques, ces derniers renferment tout de même quelques subtilités relatives à la conduction de la foudre ou à la télékinésie.
Avec un peu plus de quêtes annexes, un humour plus affirmé et davantage d'indications fournies pour nous épargner les errances fréquentes à l'extérieur des donjons, Rack N Ruin aurait pu constituer un mix idéal entre A Link to the Past et The Binding of Isaac, mais il reste tout de même plaisant à découvrir.
Notre vidéo-test de Rack N Ruin
Points forts
- Incarner un démon sans pitié
- Le mix entre Zelda 3 et The Binding of Isaac
- De l'exploration à l'ancienne dans un monde bourré de secrets
- Réalisation soignée et dualité lumière / ténèbres permanente
- Difficulté au rendez-vous
Points faibles
- La méchanceté du démon pas suffisamment exploitée
- Personnage un peu faiblard, ça manque de vrais power-up
- Des objets plus nombreux que vraiment utiles
- La carte du monde ultra sommaire
- Le manque d'indications qui fait qu'on peut facilement se retrouver bloqué
- Pas assez de checkpoints
Bien qu'il ne prétende pas rivaliser avec des pointures telles que Zelda 3 ou The Binding of Isaac, Rack N Ruin ose tout de même combiner ces deux approches pour un résultat assez savoureux. En mettant un peu plus l'accent sur le côté diabolique du personnage et en lui offrant une montée en puissance digne de ce nom, les concepteurs auraient pu faire de ce titre un très bon jeu d'action aventure. La découverte du soft n'en reste pas moins plaisante, surtout si on adhère à son orientation résolument rétro.