Transposer les contes dans un univers mature n'est pas forcément chose aisée mais le procédé est de plus en plus fréquent. Woolfe : The Red Hood Diaries se propose de porter l'univers du Petit Chaperon Rouge dans un monde dystopique traitant d'une sombre histoire de vengeance, qui revisitera la trame du conte à la sauce steampunk.
Le Petit Chaperon Rouge n'est plus la jeune fille candide que l'on connaît. Evoluant dans une ville où la loi martiale a été décrétée par l'implacable tyran B.B. Wolfe, le chaperon part en quête de vengeance suite à la mort de son père. Elevée par les préceptes fermes de sa grand-mère, notre héroïne devra parcourir la ville dans un jeu de plates-formes / action.
La première chose qui vient à l'esprit lorsque l'on évoque Woolfe : The Red Hood Diaries est assurément la réussite de sa direction artistique. Vous évoluerez, au cours de votre aventure, dans différents tableaux tous plus ravissants les uns que les autres. L'architecture générale, le design, la luminosité et un vrai sens de la mise en scène font honneur au talent des développeurs de GRIN, studio responsable du jeu. Malheureusement, des animations un peu trop rigides viennent contraster avec la qualité des décors mais qu'importe, le jeu est un régal pour les yeux.
Votre progression se fera la plupart du temps en vue de côté et sera semblable à ce que l'on pouvait trouver sur Trine. Malheureusement, la caméra n'a pas la précision de ce dernier et son absence de flexibilité sera parfois gênante. Les plans sont effectivement fixes, la caméra n'est pas pivotante ce qui provoquera régulièrement des gênes en raison d'angles de vue parfois maladroitement placés. Pour un jeu qui axe son gameplay essentiellement sur les phases de plates-formes, c'est assez regrettable, d'autant qu'il vous arrivera parfois d'avoir votre champ de vision beaucoup trop limité pour savoir précisément où avancer sur le tableau.
Un gameplay sans originalité
Car en définitive, les mécaniques de Woolfe sont simples. Vous alternerez phases de sauts et phases de combat. Hormis la caméra pas toujours agréable, qui nuit à la fluidité de votre progression, les moments de plates-formes se déroulent plutôt bien et récitent les codes inhérents au genre avec rigueur. Ainsi, vous aurez régulièrement à sauter par dessus des espaces vides, à bondir sur des plates-formes en mouvement et à esquiver des dangers d'une simple pression de touche. Pour cela, les mouvements se réduisent à leur plus simple expression : double-saut pour les espaces à franchir les plus grands, glissade et mode « furtif » pour slalomer entre différents pièges et obstacles hauts. Quelques petites énigmes viendront agrémenter votre partie, qui consisteront essentiellement à bouger quelques leviers pour ouvrir un accès jusqu'alors condamné.
En outre, s'il sera possible d'esquiver certains affrontements avec les soldats qui jalonnent la ville, vous serez régulièrement contraint à leur faire face et à vous mesurer à eux. Globalement, les combats sont à l'image des phases de plates-formes : classiques. Vous disposez d'un panel de coups limité à une attaque lourde, une attaque rapide et une attaque magique. Assez redondants et peu agréables à mener, les combats s'approchent davantage d'un hack'n slash bête et méchant où vous vous contenterez de spammer votre attaque principale, en tentant d'éviter d'une roulade les assauts de vos opposants, Woolfe ne disposant pas de système de parade. S'ils ne constituent pas la partie la plus importante de l'aventure, les combats de Woolfe seront toutefois systématiquement nécessaires pour les quelques boss qui viendront ponctuer l'achèvement d'un des quelques chapitres du jeu.
Quelques chapitres, cela peut être long comme court et Woolfe se positionne dans la seconde catégorie. Gardez à l'esprit qu'en vous acquittant des 10 € que coûte le jeu, vous aurez droit à une aventure dont la durée de vie n'excédera pas les 4 heures, si vous vous mettez en tête de récolter tous les éléments collectibles du jeu. En outre, si porter un regard adulte sur un univers de conte est un exercice délicat, la manière de traiter l'histoire à travers les commentaires du Petit Chaperon Rouge est en l'occurrence assez banale, et même si les références au conte original sont nombreuses et parfois bien amenées, le scénario ne constitue pas le point fort du jeu.
Points forts
- Direction artistique à tomber
- Bande-son soignée
- Univers original
Points faibles
- Caméra souvent capricieuse
- Gameplay sans originalité
- Scénario pas franchement fascinant
- Checkpoints pas toujours bien placés
- Très court
- Animations affreusement rigides
Si vous attendiez de Woolfe : The Red Hood Diaries qu'il s'inscrive dans la lignée d'American McGee's Alice ou du nébuleux The Path, passez votre chemin. Le titre de GRIN est un jeu de plates-formes / action tout ce qu'il y a de plus classique, loin d'être parfait mais que l'on parcourt sans déplaisir. On pourra lui reprocher sa durée de vie trop courte (2-4 heures), sa caméra mal pensée ou ses combats redondants, mais il faut aussi lui concéder la splendeur de sa direction artistique et le plaisir général que l'on prend à parcourir l'aventure, ne serait-ce que pour voir les décors que nous ont concoctés les développeurs. Un beau petit jeu sympa, mais sans plus.