Battlefield : Hardline est arrivé dans les rédactions, et c'est donc le moment de passer au test de ce spin-off particulier qui abandonne l'univers militaire de Battlefield pour proposer aux joueurs une aventure focalisée sur les affrontements entre la police et les gangsters en introduisant au passage une campagne solo qualitativement bien au-dessus de ce qu'avaient proposé jusque-là les Battlefield depuis le 3ème opus.
Etant donné que nous vous avons déjà livré nos impressions après deux jours passés sur le multijoueur de Battlefield : Hardline, c'est sur le solo que démarrera notre analyse. Rappelons au passage que ce test a été réalisé sur PlayStation 4 et Xbox One, en réseau local principalement pour ce qui est du multijoueur, complété d'ailleurs par une dizaine d'heures de jeu en ligne sur le multijoueur accessible depuis l'EA Access. Nous n'avons donc pas pu tester la pertinence du matchmaking, ou la stabilité des serveurs sur PC.
Focus sur le solo : la bonne surprise de ce Battlefield Hardline
Hardline nous offre une campagne de 8 à 9 heures, ce qui est honorable lorsque l'on connaît les campagnes des épisodes 3 et 4, et met en avant les talents de Visceral pour bâtir une aventure haletante et dynamique. Au programme : aucun temps mort et pas mal de mise en scène efficace bien que volontairement kitsch. Le ton est vite donné, façon série TV, avec les classiques « précédemment dans Battlefield : Harldine » à chaque ouverture de chapitre, comme dans un épisode de Hooker, mais en moins vieillot rassurez-vous. Le scénario nous plonge donc au cœur de la police de Miami et de Los Angeles, aux commandes de Nick Mendoza, un policier très attaché à son honneur et à l'éthique. On y explore une dizaine de chapitres, tous intégrés dans une ambiance particulière et exploitant une des cartes d'un panel qui sert aussi en partie au multijoueur.
Trailer de lancement de Battlefield : Hardline
Nous serons d'ailleurs amenés à rencontrer durant cette campagne des personnages atypiques et plutôt clichés. Les flics corrompus au visage marqué, la policière asiatique qui fait des arts martiaux, le petit génie de l'informatique, la fille délurée d'un dangereux patriote armé jusqu'aux dents : tous les éléments d'une série policière à l'ancienne y sont. Les objectifs de missions ne dérogent pas à la règle puisque l'on sera sur le terrain pour de la perquisition, de l'enquête de stup, du raid sur une maison de dealers, avant de plonger dans une vie de renégat vengeur qui rappellera pour le coup la structure d'un film Mission : Impossible. Côté musique, sachez que la BO est dynamique et accompagne avec brio les différentes séquences, aidant parfois à atteindre un degré d'intensité rare pour du Battlefield. On pense notamment à la phase où l'on doit aider une collègue mal en point tout en couvrant notre position sous une pluie de balles, un moment assez mémorable qui prouve bien que Visceral sait mener sa barque.
On remarquera au passage une grande ressemblance avec un certain Far Cry 3 au niveau des "prises de position", les séquences qui sortent du classique couloir mis en scène, puisqu'ici tout peut passer par l'infiltration. Pour ce faire, Visceral reprend les codes observés dans le FPS d'Ubisoft et propose une formule assez similaire puisqu'il est conseillé d'observer la zone avec notre smartphone 3.0 afin de marquer les différentes cibles et d'identifier l'alarme, élément qui, si l'on se fait repérer, permettra aux ennemis d'appeler du renfort. Enfin, lorsque l'infiltration paraît périlleuse, on peut envoyer une douille pour distraire des gardes, lesquels se verront obligés de "regarder" (son cône de vision est marqué sur la mini-map) dans la direction ciblée. Policier consciencieux avant d'être un maniaque de la gâchette, Nick peut sortir son badge pour coffrer le gangster ciblé et remporter plus de points qu'avec une élimination standard, bien plus bruyante soit dit en passant. On peut ainsi nettoyer une zone sans effusion de sang et cette stratégie a porté ses fruits pas mal de fois durant le test, même si, disons-le franchement, l'IA n'est pas bien maligne. D'ailleurs, il nous est souvent arrivé de "freezer" un ennemi à quelques mètres d'un soldat qui ne comprenait absolument pas ce qu'il se passait à côté de lui.
Gaming Live sur le solo de Battlefield : Hardline
Ce qui fait la réussite de Battlefield : Hardline, c'est avant tout son gameplay, légèrement refondu pour proposer une base plus facile d'accès pour les novices. La course a été améliorée, les soins et munitions peuvent être pris directement à la ceinture de vos collègues, la conduite est plus agréable, la mini-map est plus claire, les cartes sont plus petites, les rounds plus courts, et l'action se déroule quasi exclusivement au sol à travers des modes de jeu pensés pour les adeptes de compétitif, de capture, de modes originaux, ou de braquages à la Payday.
Journal des développeurs de Battlefield : Hardline sur le son et la vitesse du jeu
Hardline a oublié d'être beau comme un Battlefield
Parlons désormais des choses qui fâchent et notamment de l'aspect technique du titre. Sous ses airs de Battlefield 4.5 (qui lui-même avait un petit côté redite technologique par rapport à son aîné), Hardline tente de nous fait oublier qu'un Battlefield est avant tout une claque visuelle. Testé sur PlayStation 4 et Xbox One, le jeu nous a semblé relativement fade par moments et même un peu poussif quant à sa robustesse en conditions difficiles. Si les personnages et les armes sont bien modélisés et profitent d'effets graphiques réussis, il en est autrement en ce qui concerne les textures, très lisses et parfois assez laides. L'aliasing et le clipping sont également au rendez-vous sur consoles, ce qui gêne par moments l'immersion, en multijoueur comme en solo.
Outre ce petit souci, on notera quelques baisses de framerate lorsque l'action est trop soutenue (notamment à plus de 50 joueurs sur de petites maps où les combats sont très localisés) et les différentes résolutions consoles ne permettent pas de jouir du 1080p promis initialement, affichant du 900p sur PlayStation 4 et du 720p sur Xbox One. De plus, les cinématiques semblent assez mal compressées (notamment sur PS4) et il existe un décalage de fluidité entre ces dernières, les cut-scenes utilisant le moteur du jeu, et les séquences de gameplay, ce qui marque trop les transitions. Techniquement, on sent bien que Visceral Games n'a pas l'expertise de DICE pour ce qui est d'optimiser le moteur Frostbite 3, même si les deux équipes ont travaillé ensemble afin de dompter la technologie : le résultat n'est pas fabuleux sans être vilain pour autant, il est juste décevant pour un Battlefield.
Transition de studios oblige, nous étions curieux de voir ce qu'allait faire Visceral Games avec le Levolution, le fameux procédé de transformation de la map en temps réel, influencé ou non par le joueur. Dans Battlefield 4, nous avions droit à une inondation, à une tempête tropicale, à des effondrements de superstructure, alors que pouvait bien proposer Hardline ? Pas grand-chose de plus que lors des bêta visiblement puisque les seuls éléments de Levolution que nous avons pu voir en multijoueur étaient en majorité connus, en l'occurrence il s'agissait de la grue de DownTown qui s'effondre et ouvre de nouveaux passages, et de la tempête de sable sur DustBowl. Néanmoins, une carte nous a proposé une tempête tropicale, beaucoup plus timide que celle de Paracel Storm. On remarquera surtout la finesse des micro-destructions puisque les intérieurs civils, dans lesquels se déroulent plusieurs maps, peuvent littéralement voler en éclats sous les balles, de manière localisée. De même, dans le solo, une tempête s'abat sur la ville l'espace d'une mission. Point de tornade ou de volcan ici : un Levolution moins ambitieux mais tout de même efficace, à l'image du reste du jeu.
Hotwire, le mode phare d'Hardline en a-t-il assez sous le capot ?
Combattre le crime et la corruption dans les rues de Miami et Los Angeles, c'est très bien, mais affronter d'autres malfrats sur le champ de bataille, c'est mieux ! Du moins, c'est ce que beaucoup de joueurs pensent, soucieux de la qualité du multijoueur de ce spin-off décidément plus terre à terre que ses ancêtres. Point d'avions et très peu d'hélicoptères dans cet épisode puisque la majorité des véhicules, dont la variété est l'une des signatures de Battlefield, sont des 4-roues. Le gameplay de ces derniers a pour l'occasion évolué pour être plus agréable, on ne pourra pas en dire autant des deux-roues, toujours calqués sur le modèle physique de Battlefield 3. Au passage, si la conduite s'est améliorée et propose en sus une vue intérieure plus détaillée et des radios, on regrettera toujours le manque de sensations de vitesse, en solo comme en multi. Visceral décide néanmoins de mettre le paquet sur les 4-roues et nous propose un mode de jeu presque entièrement tourné vers la conduite !
Hotwire, que nous vous avons déjà présenté en Gaming Live Preview, a d'ailleurs fini par nous plaire après l'avoir joué comme un mode de poursuite / destruction avec des points de capture mobile et une bonne dose d'explosifs. Rajoutez à cela une collaboration vitale entre les différents membres de l'équipe et la partie prend une autre tournure, profitant d'une organisation millimétrée avec un chauffeur, un ingénieur qui répare la voiture, un membre d'escouade qui gère les explosifs et tente de poser des pains de C4 sur les voitures adverses cibles ou sur les poursuivants. Reste à savoir si ce mode saura durer sur ce modèle et s'il ne lassera pas les joueurs à la longue puisque, sans cette « stratégie », prendre des voitures et faire des tours en priant pour ne pas se faire exploser risque d'ennuyer les joueurs, d'autant plus que les hélicoptères font toujours la loi et canardent aisément les véhicules au sol. Un équilibre sera donc à trouver sur ce mode qui a le mérite d'innover malgré son aspect "règles de serveur mise en place en 2 heures".
Non, cet encart n'est pas dédié aux protections en cas d'amour charnel mais bien aux sensations en cas de haine létale puisque nous allons écrire quelques lignes sur l'équipement qui nous est offert à travers Battlefield : Hardline. Côté armes, sachez qu'elles sont ici moins nombreuses qu'avant, mais bénéficient d'outils de customisation déblocables grâce à de l'argent in-game et grâce à des frags effectués avec l'arme ciblée. Le bruit de vos engins est très bon et renforce l'excellente sensation de recul et de puissance. En sus, on pourra compter sur divers "gadgets" plus ou moins intéressants comme la tyrolienne et le grappin (rarement utile en solo et encore moins en multi), la caméra, la seringue, le C4, la caisse de munitions, la trousse de soin, autant d'outils qui permettent d'optimiser vos parties et de tenter quelques fantaisies.
Gaming Live sur la bêta de Battlefield Hardline : Mode Hotwire et Heist
Lorsque Battlefield se la joue Counter-Strike
Attendus au tournant, les différents modes compétitifs de Battlefield : Hardline qui visent directement l'e-sport ont fait bonne impression durant nos sessions de test. Au nombre de deux, ces derniers reprennent « les oubliés de Counter-Strike » à savoir les missions VIP et la protection / extraction d'otages. Dans les faits, ces deux modes réussissent à introduire une bonne dose de stratégie et de tension entre les deux équipes puisqu'il n'y a aucun respawn avant la prochaine manche. Un mode spectateur est bien présent et permet d'attendre votre prochaine partie tout en adaptant votre équipement via l'écran de gestion des loadouts.
Le VIP, joué par un humain uniquement armé d'un Desert Eagle, peut donc se faufiler en attendant le bon moment pour s'évader, rusher jusqu'aux points d'extraction, ou rester à couvert derrière les troupes en attendant que son équipe fasse le ménage dans le camp adverse, dans ce cas inutile de chercher l'extraction et la partie se terminera sur une victoire puisque le VIP est toujours en vie. Le temps de ces matchs est très variable et peut aller de la trentaine de secondes à plusieurs minutes, avec ou sans bain de sang. Voir plusieurs parties se terminer sans le moindre échange de coups de feu peut perturber mais, au final, la majorité des matchs nous ont offert leur lot d'affrontements et de tension. Le VIP peut d'ailleurs prendre des armes lourdes par l'intermédiaire des "pick-up", ces armes jadis présentes dans l'équipement des joueurs qui se sont retrouvées reléguées au rang d'items à prendre sur le champ de bataille et dont les munitions sont limitées.
Concernant les missions Rescue, la récupération / extraction d'otages, les joueurs ne sont pas obligés de récupérer les deux civils pour réussir la mission et peuvent se focaliser sur un des deux malheureux à ramener au point d'extraction, ce qui permet d'éviter le camping abusif autour des otages côté gangsters. Libre aux preneurs d'otages de placer des mines laser près des victimes ou de camper allègrement, après tout, c'est le jeu ! Ce mode peut donc offrir de bons moments dans la sphère du compétitif, avec une coopération vitale (et vocale) entre les membres de l'équipe.
Battlefield : Hardline propose 9 maps, chacune compatible avec un certain nombre de modes de jeu. Néanmoins, à plusieurs reprises durant le test, nous avons pu remarquer que certains modes de jeu ne faisaient pas honneur aux cartes du fait de leur petitesse qui rendait les missions à objectifs trop confuses et franchement pas adaptées. Un mode Heist sur Maison Hydroponique s'est par exemple transformé en un carnage en bonne et due forme, avec des zones d'échange de tirs relativement statiques puisque les joueurs pouvaient difficilement faire avancer l'objectif. En revanche, cette carte était parfaite pour Rescue ou pour Crosshair. Nous avons donc eu l'impression que certaines maps étaient pensées et conçues idéalement pour un mode, et étaient par la suite adaptées tant bien que mal pour tenter de correspondre à d'autres sans vraiment procurer une expérience optimale.
Revivre nos deux heures de stream sur le multijoueur de Battlefield : Hardline
Braqueur un jour, braqueur toujours...
Heist et Blood Money, les deux modes multijoueurs "à base de pognon" montrés durant les bêta, parachutent les joueurs dans les tenues de braqueurs et de policiers, qui doivent protéger des sacs d'argent ou les piquer pour les ramener à bon port. En cas de conflit durant l'acheminement des sacs, les policiers peuvent intercepter ces derniers pour les faire revenir à leur point d'apparition, la suite vous la connaissez : les voleurs doivent faire arriver les sacs à bon port jusqu'à deux points distincts généralement bien protégés. Une fois le premier sac livré, la sécurité s'intensifie logiquement autour du second point de livraison, à la manière d'une partie sur le mode Rush, ce qui donnera du fil à retordre à l'équipe des braqueurs. Efficace et doté d'une mise en scène plutôt balaise sur certaines maps (étrangement, ça dépote sur les cartes de la bêta, et c'est moins impressionnant sur les autres), Heist introduit une "ambiance Payday" dans la formule de Hardline. Il en résulte un mode efficace et très sympa à jouer, qui ne nécessite pas trop de coordination entre les membres d'équipe et peut donc être joué en pick-up.
Pour ce qui est de Blood Money, le concept est assez alléchant puisqu'il propose aux joueurs d'aller piquer dans une réserve d'argent pour ramener les billets dans le coffre de leur équipe. Evidemment, vous pouvez aller piquer l'argent directement dans la base des ennemis, ce qui ralentira la victoire de vos adversaires et s'avérera un chouia insultant pour le camp opposé. De petits éléments de stratégie viennent encore une fois agrémenter le tout, comme le fait que l'on capture plus vite de l'argent à plusieurs, ce qui favorisera par exemple les opérations ciblées dans le coffre ennemi ou dans la pile de billets.
Notre vidéo-test de Battlefield : Hardline
Points forts
- Plus rapide, plus accessible, plus fun
- Un solo de qualité, enfin !
- La variété des modes multijoueurs
- Pas mal de petites améliorations de gameplay
- Un cadre et une ambiance atypiques
Points faibles
- Techniquement un peu limite : aliasing, clipping (PS4 et Xbox One), synchro labiale pas très raccord
- Ne plaira pas forcément aux fans de Battlefield
- La physique perfectible des véhicules
- Manque d'adaptabilité de certaines cartes par rapport aux modes de jeu
Battlefield : Hardline n'est pas évident à noter. En changeant de formule, le titre délaisse sans doute une partie de son ancien public mais tente d'en attirer un nouveau, venu chercher un panel varié de modes de jeu et un titre accessible, rapide, fun et peu punitif. En plus de ça, Visceral propose un solo clairement au-dessus de ce que faisait DICE auparavant, et assure une durée de vie d'une dizaine d'heures pour une campagne très correcte à tous les niveaux. La transition entre les affrontements à trois niveaux (air, terre, mer) et la nouvelle recette de ce spin-off qui se concentre efficacement sur l'infanterie et les 4-roues est tout à fait faisable et l'on prend vite plaisir à se perfectionner sur ce titre qui pioche discrètement ses idées du côté de Far Cry, GTA, Payday et Counter-Strike. Battlefield : Hardline représente donc un bon moyen de prendre son mal en patience en attendant Battlefield 5.