Suite d'un jeu PSP resté exclusif au marché japonais, Akiba's Trip : Undead & Undressed n'est pas forcément le titre que l'on s'attendait le plus à voir débouler chez nous. Et pourtant, après avoir pris ses marques il y a quelques mois sur Vita et PS3, le revoici sur PS4 dans une version « enrichie » de quelques bonus. Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Même sans son nouveau sous-titre « Undead & Undressed », cette suite d'Akiba's Trip annonce très clairement la couleur. Akiba, c'est en effet le petit nom du quartier d'Akihabara, paradis de l'électronique à Tokyo et point de ralliement privilégié des otakus de tous horizons. Et c'est justement dans cet endroit rêvé que vous allez déambuler, incarnant un adolescent japonais contraint et forcé d'arracher les vêtements de ses concitoyens pour neutraliser les Synthisters, sortes de vampires des temps modernes qui se cachent parmi eux. D'où le petit jeu de mot Akiba's Trip qui nous promet une balade peu orthodoxe (to strip = déshabiller) dans l'un des quartiers les plus populaires de la capitale japonaise.
Un Akiba virtuel modèle réduit
Le fait de permettre au joueur d'arpenter librement les rues du quartier d'Akihabara étant l'argument principal du soft, il est clair que les développeurs se devaient de mettre le paquet pour recréer avec la plus grande fidélité possible ses environnements caractéristiques. Ceux qui auraient déjà eu l'occasion de s'y balader reconnaîtront d'ailleurs en un clin d'oeil leurs boutiques favorites, dont les noms apparaissent bel et bien dans le jeu et qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à leurs modèles réels. Le souci, c'est que cet Akiba's Trip reste une production assez modeste et que les énormes faiblesses techniques du soft l'empêchent d'aller jusqu'au bout de l'immersion. Ainsi, non content d'être extrêmement laid et largement en dessous de ce qu'on est en droit d'espérer trouver sur PS4, le titre ne permet en aucun cas de visiter l'intérieur des boutiques mais seulement d'interagir avec les commerçants placés en devantures pour effectuer des achats. Autre désillusion, même sur PS4, les concepteurs n'ont pas réussi à proposer un environnement global qui ne soit pas morcelé en micro-zones séparées par des murs invisibles et des loadings intempestifs, ce qui nous pousse rapidement à nous téléporter via la map à chaque fois qu'on veut se déplacer. Pour un jeu dans lequel on est censé passer son temps à jouer les touristes, avouez que c'est assez navrant.
Quand l'absurdité est de mise
Bien que le scénario d'Akiba's Trip : Undead & Undressed ne soit qu'un prétexte évident à du fan service aussi improbable qu'assumé, on ne peut pas dire que cet aspect-là constitue pour autant l'élément le plus convaincant du soft. Parce que les êtres que vous traquez ne sont vulnérables qu'à la lumière du soleil, vous allez devoir leur arracher sauvagement leurs vêtements dans des combats totalement absurdes où le vainqueur sera le seul à s'en sortir avec dignité. Concrètement, vous devrez d'abord affaiblir ces pièces vestimentaires une par une en visant tantôt la tête, tantôt le torse, tantôt les pieds, avant de tenter de les retirer dans une gestuelle magnifique qui infligera la plus grande honte à vos adversaires. Amusant sur le papier, le concept est hélas desservi par un gameplay catastrophique, poussif à l'extrême, et rendu illisible par une gestion désastreuse de la caméra. Autant dire qu'on fait tout pour les abréger, notamment en recourant à la technique du « chain strip » qui consiste à retirer plusieurs fringues à la suite via des QTE lorsque les vêtements ont été suffisamment affaiblis. Et si le combo est assez conséquent, on peut même exécuter un « strip finisher » qui fera carrément perdre aux Synthisters leurs sous-vêtements. Les lacunes du gameplay rendent en revanche les contres totalement aléatoires et donc inutilisables dans le feu de l'action, les combats devenant vite aussi répétitifs qu'ennuyeux.
Manque de chance, les bastons représentent l'essentiel des activités de notre héros qui, même en acceptant d'accomplir des missions optionnelles, se retrouvera presque toujours à batailler inlassablement dans des mêlées qui se ressemblent toutes. La narration, impliquant différentes héroïnes avec lesquelles vous pourrez progressivement vous rapprocher, propose malgré tout plusieurs dénouements via de nombreux choix de dialogues en anglais. Les textes ne sont donc pas traduits dans notre langue mais les voix anglaises peuvent heureusement être désactivées au profit du doublage japonais forcément plus approprié étant donné le contexte. Avec ses multiples icônes menant à une boîte mail virtuelle ou à un ersatz de Twitter, l'interface reprend vaguement celle des smartphones et nous donne la possibilité de revêtir les fringues volées à nos adversaires pour optimiser notre équipement. Débloqué assez tôt dans le jeu, l'appareil photo permet quant à lui de scanner les passants pour savoir quels vêtements ils portent et vérifier si un Synthister (trahi par des parasites sur la photo) ne se dissimule pas incognito dans la foule.
Quoi de plus sur PS4 ?
Si la version PS4 d'Akiba's Trip : Undead & Undressed ne réussit aucunement à se démarquer sur le plan technique, peut-être y parvient-elle autrement ? Malheureusement, là encore, c'est la désillusion puisque les ajouts proposés n'ont franchement rien d'affolant et s'apparentent presque tous à des fonctionnalités gadgets. Les plus intéressants sont certainement les armes et accessoires insolites des DLC qui sont inclus d'office sur PS4 et qui rejoignent donc votre garde-robe d'entrée de jeu si vous passez par le nouveau mode Toybox. Bien que ce mode ne permette pas de déverrouiller les trophées et les bonus de partie terminée, il a au moins le mérite de nous donner un aperçu des différents accoutrements qu'on pourra revêtir et des armes plus ou moins fun qu'on aura l'occasion de manier. Du simple clavier d'ordinateur au panneau de bus, en passant par l'oreiller Neptunia ou la peluche Prinny, cet arsenal ne manque certes pas d'imagination mais il s'avère nettement plus fun à regarder dans le menu qu'à utiliser en combat. Sachant que toutes ces pièces d'équipement peuvent booster de manière considérable vos capacités, ce mode Toybox reste un mode plutôt cheaté à réserver aux joueurs les moins patients et les moins motivés.
Sur PS4, de nouvelles options de Livestream ont également été implémentées pour nous permettre de partager notre expérience de jeu avec les membres de la communauté, ces derniers ayant alors la possibilité d'intervenir dans notre partie via des commandes vocales pour nous donner un petit coup de main. Quant au Visual Editor, il ajoute un côté psychédélique au soft en y greffant des filtres prédéfinis optionnels ou en nous permettant de customiser nous-mêmes nos propres effets visuels en modifiant les couleurs, les contrastes et d'autres paramètres altérant à la fois les personnages et leur environnement. Enfin, quelques scènes de dialogues exclusives ont été rajoutées pour chacune des six filles du jeu, mais encore faut-il les rencontrer au bon endroit au bon moment pour les déclencher. Pas de quoi rendre jaloux les possesseurs du jeu sur PS3 ou Vita en tout cas.
Points forts
- Le quartier d'Akihabara proche de son modèle réel malgré les lacunes techniques évidentes
- Des choix qui influent sur le dénouement de l'aventure
- Le mode Toybox pour les fainéants avec la totalité des costumes inclus d'office
Points faibles
- Techniquement indigne d'un jeu PS4
- Akihabara divisé en micro-zones séparées par des loadings intempestifs
- Un concept nettement moins fun que sur le papier
- Système de combat vraiment poussif
- Caméras catastrophiques
- Absence de traduction en français
- Aucun renouvellement dans le gameplay
On ne pourra sans doute pas reprocher à Akiba's Trip : Undead & Undressed son manque d'effronterie, mais encore faut-il se donner les moyens de servir ses ambitions pour savoir se montrer audacieux. Inviter le joueur otaku à arpenter les allées du quartier d'Akihabara dans le seul but d'arracher les vêtements des passants, il fallait oser ! Malheureusement, le fun est loin d'être au rendez-vous, les bastons sont catastrophiques et les énormes lacunes techniques n'assurent pas une immersion suffisamment crédible dans ces environnements virtuels pourtant reproduits avec un souci de fidélité évident. La version PS4 ne bénéficie par ailleurs que d'ajouts mineurs dont on peut se passer facilement.