Metal Slug, c’est une licence culte des années 90. Sur arcade à l’époque, il fallait déplacer notre militaire dans des niveaux en deux dimensions à travers un gameplay run’n’gun : courir tout en dézinguant tout ce qui passait dans notre viseur. Un gameplay nerveux et dynamique bien loin de ce que proposent, en général, les jeux tactiques au tour par tour. C’est donc un sourcil levé que les joueurs (et moi-même) se sont intéressés à Metal Slug Tactics lors de son annonce en juin 2021. Une licence qui revient sur le devant de la scène portée par le studio Leikir et l’éditeur Dotemu, que l’on sait à cheval quand il s’agit de redorer des blasons mis au placard. Un changement de formule qui paie ?
Un idée originale en plus d'être maline
Metal Slug Tactics est un jeu de stratégie au tour par tour teinté de quelques notions de jeux de rôle. Des caractéristiques bien différentes de ce qui a fait le succès de la série sur arcade à la fin des années 90. Elle était alors composée de jeux de tir en deux dimensions, appartenant au sous-genre du jeu de tir qu’est le run’n’gun. Et comme son nom l’indique, il fallait courir et distribuer les balles dans la tête de nos adversaires dans un contexte militaire très inspiré du personnage de Rambo.
Sur le papier, combiner quelque chose d’aussi dynamique que le run’n’gun avec un genre allant de pair avec patience et réflexion n’est pas chose aisée. Mais Leikir et Dotemu pose sur la table une idée maline et font pour ça de Metal Slug Tactics un jeu intéressant.
À l’instar de plusieurs jeux tactiques du genre, Metal Slug Tactics emprunte le système de grille quadrillée pour ses affrontements. On déplace chaque personnage (au maximum 3) sur ce damier dans la limite de ses mouvements disponibles. Plus le personnage se déplace, plus il récupère de l’adrénaline : l’équivalent des points de mana ou des points de capacité, qui lui permet donc de réaliser des attaques spéciales. Le jeu encourage donc le déplacement de ses unités à travers les différentes cartes. Un système d’autant plus malin qu’il s’appuie sur d’autres choses : il est possible d’être à couvert pour subir moins de dégâts, et c’est parfois obligatoire. Il est aussi possible d’interagir avec l’environnement (comme des feuilles ressorts) ou encore de synchroniser avec ses coéquipiers pour faire des attaques à plusieurs. La synchronisation est, à ce sujet, indispensable pour quiconque souhaite aller au bout du jeu et demande parfois quelques minutes de réflexion pour réfléchir à son positionnement et ses points d’adrénaline. En bref, ce que l’on attend pour un tactical RPG.
Run'n'gun qui tourne en boucle
Pour les amateurs de roguelite et de jeux au tour par tour, Metal Slug Tactics s’inspire de l’une des références de ces dernières années qu’est Into The Breach. Chaque partie du jeu se construit de la même manière : il faut choisir son escouade de trois personnages maximum, chacun ayant un ensemble d’équipements différents. Marco est spécialisé dans les synchronisations. Fio peut être considérée comme un personnage de soutien tandis qu’Eri va surtout est jouée, du moins au début, en tant que spécialiste des dégâts de zone.
Une fois l’escouade composée, il est temps de partir à l’aventure pour repousser l’envie de conquête du général Morden : l’antagoniste de la saga depuis ses débuts. Au début de sa tentative (que l’on appelle aussi run), il faut alors choisir une région parmi trois. Chacune d’entre elle a ses caractéristiques distinctes mais toutes ont le même fonctionnement : au bout de trois missions réalisées, le boss de la zone vient mettre un terme à l'exploration. Une fois ce dernier vaincu, une espèce de camp éphémère s’installe et il est possible de recharger ses armes ou d’améliorer ses compétences avant d’attaquer la prochaine région.
Chaque run se construit de la même manière de façon assez répétitive. Les missions par région alternent entre escorte, destruction de bâtiments adverses ou d’exécution des cibles. Les boss ne viennent pas apporter une dose de rafraîchissement nécessaire dans la mesure où la méthode la plus efficace pour les abattre est de concentrer sur leurs tronches les attaques de notre escouade. Au global donc, le gameplay reste sensiblement identique sur le fond.
Un principe qui s'enraye dans le fond et la forme
C’est donc dans la forme que l’on peut tirer de la satisfaction à jouer à Metal Slug Tactics. À travers chaque run, réussie ou non, il est possible de récupérer une monnaie spéciale permettant d’acheter de nouveaux équipements aux protagonistes. Ces équipements ne sont pas plus forts, ils viennent juste proposer une façon différente de jouer. À titre d’exemple, Eri peut troquer ses grenades contre un ensemble plus corps à corps. Il est aussi possible d’acheter des mods supplémentaires pour les armes, des modificateurs les améliorant pendant une run.
Encore une fois, l’achat de ces ressources dans le hub de départ permet de les débloquer pendant une partie et d’avoir une chance de tomber dessus. Metal Slug Tactics se rapproche donc bien plus d’un roguelike que d’un roguelite où c’est la variété des gameplay qui priment par rapport au challenge imposé. En témoigne l’absence de vulnérabilité spécifique chez les ennemis ou d’une progression globale sur l’ensemble du jeu.
À noter, les problèmes techniques sur PlayStation 5 ne viennent pas suggérer aux joueurs de tester des choses. À l’image du gameplay de boss ci-dessous (capturé après la sortie du jeu), les temps de chargements sont bien trop nombreux pour un jeu du genre. Il arrive qu’une action aussi simple que de se déplacer vienne systématiquement se ponctuer d’un chargement d’une dizaine de secondes. De quoi renforcer l’idée de poser la manette et de passer à autre chose.
Pour finir, il faut tout de même souligner l’excellence de la direction créative engagée sur Metal Slug Tactics. La bande-originale et le travail artistique sont d’excellente facture et il est impossible de leur reprocher quoi que ce soit.
Conclusion
Points forts
- Le concept de run’n’gun, intelligemment adapté à un jeu de tactique au tour par tour
- La bande-originale, très réussie
- L’ambiance de Metal Slug reconstituée
- Des gameplays variés
Points faibles
- Le joueur jamais forcé de s’adapter à une situation donnée
- Une construction très redondante
- Des temps de chargement sur PS5 qui viennent pourrir l’expérience, surtout pour un jeu du genre
- Une ergonomie pas optimale
Note de la rédaction
Metal Slug Tactics est assurément une lettre d’amour, bien que maladroite, aux amateurs de la licence. Dotemu et Leikir Studio adaptent avec finesse le concept de run’n’gun dans un jeu vidéo tactique au tour par tour mais trébuchent à plusieurs reprises. La variété des gameplay ne suffit pas à motiver le joueur à relancer encore et encore le jeu. La faute à une construction similaire de chaque run, conjuguée à une absence de challenge qui ne vient pas forcer une éventuelle adaptation et changement de style. Le tout est, sur PlayStation 5, ponctué par des temps de chargements multiples et conséquents rédhibitoires pour des jeux du genre. Si les premiers vétérans de la licence peuvent la retrouver avec un certain plaisir, Metal Slug Tactics ne devrait toutefois pas séduire les nouvelles recrues malgré une brillante idée.