Planet Coaster a su ravir les amateurs de construction avec des outils puissants et une personnalisation impeccable. Planet Coaster 2 arrive avec des ambitions plus fortes encore : plus beau, avec plus de possibilités de gestion, des outils encore plus impressionnants et même du multijoueur. Mais à vouloir tout faire parfaitement, est-ce que le jeu peut perdre des joueurs en route ?
Les parcs aquatiques, à quoi ça sert ?
Commençons par la nouveauté la plus marquante : l’arrivée des piscines et autres toboggans. Le pendant aquatique du parc d’attractions, prisé dans le monde réel pour justifier des séjours plus longs au sein des resorts de divertissement, offre au jeu une dimension supplémentaire. Ces nouveaux points aquatiques, associés à une amélioration globale des graphismes, notamment sur les effets de lumière, permet au jeu de présenter une esthétique chaleureuse qui donne envie de partir en vacances. Si les différents types de toboggans sont peu nombreux, moins d’une dizaine au total, on appréciera les quelques éléments bienvenus dans les piscines, comme la possibilité de choisir la profondeur, d’ajouter des vagues, ou de créer des “lazy rivers”, ces parcours où les baigneurs se laissent entraîner le long de canaux, poussés par les courants. On imagine avec gourmandise les résultats immersifs -dans tous les sens du terme- qui pourraient bénéficier de cette fonctionnalité.
Mais il ne faut pas réduire Planet Coaster 2 a ses piscines, bien que ce soit la stratégie marketing évidente d’un jeu qui a besoin d’un effet “wow” pour justifier une suite. On ressent, en creux, la volonté de faire un nouveau Planet Coaster, plus abouti et plus complet. Le jeu gagne en stabilité et semble être bien davantage en mesure de supporter les milliers de visiteurs qui parcourent vos constructions les plus complexes. On notera des ralentissements au niveau des menus de construction, dont l’affichage peut provoquer de légers freezes sur les parcs les plus denses. C’est bien moins gênant que les saccades incessantes du premier opus, mais on espère tout de même qu’un patch achèvera de fluidifier tout ça.
Parcs et re-créations
Tout l'aspect construction a été magnifié et enrichi. Le premier Planet Coaster semble avoir servi de gros brouillon pour le 2, qui a pour ambition de laisser un contrôle total au joueur sur ce qu’il veut faire. Les possibilités sont vertigineuses… au sens propre ! Chaque élément de construction peut être édité, jusqu’au brin d’herbe ou au boulon d’un bâtiment. La belle surprise vient de la personnalisation des “manèges”, les “flat rides” faudrait-il plutôt dire, qui sont désormais proposés comme des carcasses fonctionnelles que vous pouvez habiller à votre souhait. Un bémol, aucun vrai “manège” (un carrousel, un manège d’avions… N’importe quoi qui tourne autour d’un axe) n’est proposé. On se contentera donc des Tasses pour faire parler notre créativité… Ou de payer le “pack attractions vintage” en supplément pour accéder au carrousel. Soyons toutefois justes, le jeu propose un nombre d’attractions conséquent et ces quelques manquements ne gêneront pas votre créativité.
Gestion à la (food) loupe
Coté gestion, le souci du détail est également roi : chaque planning du personnel peut être optimisé en fonction de l’heure et de l’emplacement de l’employé, sachant que même l’opérateur d’attraction doit être géré désormais. S’il est parti en pause, l’attraction ne fonctionne plus ! La météo est importante, et si vous ne prévoyez pas un toit sur une file d’attente ou un parasol sur une table de pique-nique, s’il pleut, les visiteurs iront ailleurs. On pourrait lister comme ça de nombreux détails que vous pouvez gérer, à la fois dans la construction et dans la gestion, mais on va se contenter d’un dernier exemple très parlant. Vous pouvez déterminer le menu de vos fast-food. Mais vos visiteurs ont un certain nombre d’allergies ou d’intolérances, certains sont végétariens… Vos plats peuvent contenir des produits laitiers, du gluten, et plein d'autres éléments susceptibles d’être refusés par vos visiteurs. Chaque région a un pourcentage de visiteurs intolérants à tel ou tel élément, idéalement il faut donc le prendre en compte… C’est renversant, peut-être décourageant.
Et c’est tout le dilemme du jeu. D’un côté, il veut vous permettre de choisir le gameplay que vous voulez : gestion de parc jusqu’au plus petit aspect micro, création de magnifiques décors que vous pouvez partager en ligne (compatible entre PC et consoles), création d’une montagne russe hyper fidèle qui prend en compte les avancées les plus modernes en la matière (plaçons ici les termes “Switch track” et “Drop track”, les spécialistes apprécieront !), création d’un parc complet juste en utilisant des éléments prédéfinis ou partagés par la communauté… Tout ceci est possible ! A condition de parvenir à maîtriser les outils du jeu.
Des manèges qui usent les méninges
Car, soyons honnêtes, Planet Coaster 2 est un jeu difficile à prendre en main. La très bonne idée vient des deux missions tutoriels puis du mode carrière, qui propose une vingtaine de missions scénarisées dans de jolis environnements ou de parcs déjà entamés pour apprendre sur le tas et beaucoup s’amuser. Mais il est difficile de réussir à faire ce que l’on veut vraiment. On peste contre l’interface, peu claire ; on découvre des options essentielles très tardivement (il y a une lampe torche activable dans la partie "temps de la journée !") ; certains éléments indispensables ne sont jamais présentés au joueur… C’est un jeu qui rendra très populaires les vidéos “tuto” ! Mais on ne peut s’empêcher d’être frustré.
On tient entre les mains un outil très puissant', capable de facilement produire une forêt, d'y élever une montagne de roche en son centre, puis d’y construire une montagne russe renversante, dont le train lui-même peut-être personnalisé avec n’importe quel élément ; de pouvoir lui fournir un parcours interactif, avec des explosions, des lasers ou des animatroniques qui se déclenchent tous dans un ordre précis pile au passage d’un train ; de créer un joli bâtiment pour sa gare avec des détails poussés ; de gérer sa file d’attente, ses fast-pass, son prix, son entretien et ses opérations, bref on PEUT faire tout ça, mais tout semble tellement compliqué, tout peut tellement foirer sans que l’on s’en rende compte, et, bon sang, ça fait cinq minutes que le menu mal rangé nous cache cet élément de personnalisation dont nous avons tellement besoin… Et quand on ouvre enfin notre montagne russe et qu’elle s’avère être “trop effrayante” à cause d’un pauvre virage mal négocié, c'est rageant ! Tout peut-être rattrapé et réparé, mais pour faire les choses bien, vous devrez faire preuve de patience...
Le multi, en toute franchise
Mais ne terminons pas sur une note négative et parlons du système de franchise. Créer un parc en multijoueur en ligne est un fantasme rarement atteint, sauf par quelques ambitieux projets amateurs. Planet Coaster 2 tente une nouvelle fois sa chance avec un mode qui vous permet de constituer ou de rejoindre une franchise, une sorte de guilde de créateurs de parcs. Chacun peut construire un ou plusieurs parcs dans le monde, sur des terrains prédéfinis qui ont chacun leur biome, leurs possibilités de recherche ou leurs finances de départ. Mieux encore, les autres membres de la Franchise peuvent venir modifier le parc d’un autre… Mais pas en même temps ! Un système de versions, un peu comme une page Wikipedia, permet au créateur du parc de voir ce qui a été modifié en son absence, et de choisir de conserver ou non ces changements. Et pour pousser la guilde à progresser, des défis sont proposés, par exemple générer le plus d’argent possible sur tous les parcs. Un classement est établi avec d’autres guildes et des récompenses cosmétiques sont à gagner. A noter que c’est aussi une façon de voir d’autres parcs créés par les autres joueurs du monde entier, de les visiter en se plaçant en hauteur ou à la place d’un visiteur, de tester leurs attractions… Et, en vrai, c’est presque un jeu à part entière tellement les créations des fans peuvent être magnifiques !
Conclusion
Points forts
- Les possibilités ahurissantes de personnalisation
- La micro-gestion précise et détaillée
- Le partage de créations en ligne
- L'optimisation, qui semble bien plus efficace que celle du premier jeu
- Le mode Carrière, complet, scénarisé et avec de superbes maps
- Le mode Franchise, un multijoueur prometteur
- Les parcs aquatiques, qui mettent en valeur les graphismes lumineux et chaleureux
- La grande qualité de la reproduction des attractions
- La liberté de jouer de la façon que vous souhaitez
- La possibilité de visiter les parcs des autres, un vrai bonheur
Points faibles
- Des tutoriels insuffisants, qui éludent des fonctions essentielles
- Des interfaces laborieuses à parcourir, au moins au début
- Des possibilités si nombreuses qu'elles peuvent décourager
- Quelques attractions incontournables manquantes ("vrai" manège, boat ride...)
- Des ralentissements dans les menus de construction, espérons un patch !
Note de la rédaction
Planet Coaster 2 voulait devenir le jeu de création de parcs à thème ultime, son pari est réussi. Le niveau de détail, l’étendue des paramètres à prendre en compte et le nombre de possibilités de créations offertes sont étourdissants. Le risque d’être découragé devant tant de richesse est réel, surtout que les interfaces peu claires et les tutoriels incomplets ne vous aideront pas suffisamment. Mais, de la même façon que vos visiteurs pourront choisir de plonger ou pas dans vos nouvelles piscines, c’est à vous de décider dans quel jeu vous allez plonger : un jeu de micro-gestion exigeant ? Un jeu de construction ultra-complet ? Ou juste un moment fun sur le mode carrière, en empruntant de magnifiques créations de la communauté ? Tout est possible, et la frustration de ne pas réussir à faire ce que l’on veut est atténuée. Qui a dit que c’était facile de dompter un jeu presque parfait ?