Restless Dreams

Azraël et Gargamel ont encore frappé. Les Schtroumpfs, habituellement vifs comme des gardons, tombent comme des bourdons. Ils ont ingéré des salsepareilles ensorcelées les envoyant illico dans les bras de Morphée. Le duo machiavélique a désormais la possibilité de capturer nos petits personnages grâce à son terrible attrape-rêves. Pour sauver le village, il n’y a pas d’autres choix que de plonger dans l’imaginaire des Schtroumpfs endormis afin de les sortir de leur torpeur. Les songes de la Schtroumpfette n’auront bientôt plus de secrets pour vous !

Vous l’aurez sûrement deviné, l’originalité de ce nouvel épisode des Schtroumpfs est d’envoyer le joueur dans des mondes fantasmagoriques aussi divers que variés, dont le thème dépend du Schtroumpf visité. Comme souvent quand l’espace temps est malmené, il n’est pas rare de voir des éléments du décor, voire des ennemis, avoir des mouvements bizarres ou changer de forme en un claquement de doigts. Bien que les rêves laissent hypothétiquement une grande liberté créative, les développeurs lyonnais d’Ocellus n’ont pas fait preuve d’une imagination débordante. Nous aurions pu nous imaginer qu’à l’instar d’un Mario Galaxy ou d’un Astrobot, chaque niveau repose sur une idée forte. Ce n’est pas le cas.

Dans les faits, nous nous retrouvons avec des mécaniques utilisées et réutilisées, inlassablement, à base d’objets à lancer sur les interrupteurs pour activer des plateformes, de ponts à créer en activant des mécanismes, de blocs à construire/détruire ou encore de plateformes à révéler avec une lampe magique. C’est un peu juste par rapport à ce que nous avons dans les standards actuels. Ce que nous regrettons par-dessus tout, c’est que seulement quatre personnages bénéficient d’un monde à part entière : Schtroumpf Cuisinier, Schtroumpfette, Schtroumpf Coquet et Gargamel. Les autres se partagent un fond étoilé et le sable jaunâtre des préfabs de base.

Le Schtroumpf Peintre aurait mérité un univers bien à lui s’amusant des couleurs ou de leur absence, de manière drôle et intelligente, mais rien, nada. Parmi ces quatre mondes principaux, il n’y en a qu’un seul qui sort du lot, celui du Schtroumpf coquet. Il allie à la fois des idées intéressantes (phase avec des miroirs, transformation en pièce de Tetris) et une utilisation amusante du thème des cauchemars (séquence d’infiltration avec un héros à poil qui ne veut pas se faire voir). Le reste oscille entre le correct et le passable.

Comme un bleu !

S’appuyant sur une licence destinée aux enfants et proposant un défi doux, L’Épopée des Rêves est adressé aux jeunes pousses. Leurs petits pouces seront soulagés par l’absence de gestion de la caméra. Cette dernière suit un rail invisible et s’adapte aux pérégrinations des joueurs, en coop comme en solo, histoire de toujours cadrer ce qui doit l’être. Si les pros du pad regretteront peut-être de ne pas avoir un contrôle total du point de vue, les plus inexpérimentés seront ravis de ne pas avoir à gérer de deuxième stick.

La maniabilité est pensée pour ne pas s’emmêler les pinceaux avec une touche pour sauter, un appui long pour planer comme Yoshi, un bouton pour sprinter, un autre pour plus rester longtemps en apesanteur et une touche d’action pour activer des événements/objets. En coopération, la caméra fait son possible pour cadrer les deux participants. Quand un utilisateur sort de l’écran, il a la faculté de réapparaître près de son camarade. Le résultat n’est pas parfait mais il demeure bien plus réussi que celui de Sonic Superstars. Il est néanmoins limité à deux.

Les items contextuels sur lesquels reposent les principales idées de game design rappellent un peu ce que l’on a récemment vu dans Astrobot, mais avec moins beaucoup d’inventivité et de diversité. Les items spéciaux à équiper, qui vont du pistolet au marteau – en passant par la lumière magique – octroient des caractéristiques supplémentaires servant à alimenter des puzzles que nous n’osons qualifier d’énigmes. En matière d’inspiration, nous retrouvons forcément du Mario – plus précisément 3D World – dans cet épisode des Schtroumpfs. Mieux vaut s’inspirer des meilleurs que de vouloir réinventer la roue et en faire quelque chose de pas très carré, n’est-ce pas ? Cependant, le titre d’Ocellus tient plus de Sackboy A Big Adventure et de Super Lucky's Tale dans sa manière d’envisager le platformer 3D avec son level design extrêmement classique et sa personnalité effacée par rapport aux représentants du genre.

Champignon hallucinogène

Malgré une faible durée de vie de 6 heures, le rythme de l’épopée est ralenti par des choix discutables. Celui de la structure générale, tout d’abord, avec des retours forcés au sein du village des Schtroumpfs dès qu’un monde est bouclé. Celui des niveaux, ensuite, avec un système d’épreuves qui se répètent trop souvent et qui ralentissent artificiellement la progression. Il est en effet régulièrement demandé de trouver tous les trèfles, de détruire tous les adversaires, ou encore de capturer toutes les zones (oui oui) pour avancer. Si bien que l’on a parfois l’impression que les niveaux sont trop longs par rapport à ce qu’il a de véritablement enthousiasmant à faire.

En outre, les tableaux sont découpés en plusieurs parties reliées entre elles par des séquences sur rail totalement dispensables, car il n’est jamais nécessaire de sauter ou d’esquiver quoi que ce soit, contrairement à ce que l’on voit habituellement dans les Sonic, Crash Bandicoot et Ratchet & Clank. Ces passages sont juste là pour retirer les objets équipés et montrer les jolis panoramas du jeu.

Car oui, comme vous le constaterez en regardant nos captures d’écran, le soft édité par Microids est beau. Les niveaux sont jolis, colorés, et tout est convenablement animé. Seule ombre au tableau, l’ambiance sonore est un peu désuète, la faute à un sound design simpliste et à des musiques qui, bien que répétitives, sont totalement oubliables. Du côté des bons points, nous apprécions les séquences un peu plus dynamiques de chute libre, où des éléments du décor apparaissent et disparaissent à la volée, tandis que les rares affrontements contre les boss sont de qualité. Les joueurs les plus assidus verront leur exploration récompensée par des vêtements servant à habiller leur héros, ainsi que par des niveaux bonus. Cela ne sauve pas les L’Épopée des Rêves, mais il est toujours plaisant de voir que le titre a quelque chose pour les joueurs curieux.

Conclusion