Pendant longtemps, les fans des jeux Sonic ont regretté que le personnage bleuté serve de cobaye à des expériences sans lendemain. Après sa restructuration post-Dreamcast, SEGA a tenté de moderniser une mascotte en perdition, mais toutes ces tentatives n’ont eu de cesse de diluer l’image du protagoniste. Pour nettoyer l’aura de son héros, la Sonic Team a décidé de revenir aux fondamentaux en proposant un épisode-anniversaire salué par la critique et le public : Sonic Generations. Sortie en 2011 pour les vingt ans du hérisson, cette aventure multipliait les clins d’œil aux anciens volets de la franchise en s’appuyant sur un concept très malin qui consistait à alterner des niveaux avec le Sonic au look des années 1990 et celui de la jeune génération. Les années passant, Sonic Generations est resté dans les esprits et c’est justement cet épisode que le développeur nippon a décidé de remastériser en l’agrémentant d’une partie entièrement dédiée à Shadow, ancien antagoniste apparu dans Sonic Adventure 2. Deux jeux en un pour notre plus grand plaisir !

Le choc des générations

Sonic X Shadow Generations se décompose en deux sections distinctes que l’on sélectionne lors de l’écran-titre. Les joueurs peuvent ainsi opter pour l’excellent épisode de 2011, avec des graphismes remaniés et quelques bonus, ou se laisser tenter immédiatement par l’histoire inédite gravitant autour de Shadow, impliquant de nouveaux niveaux et pouvoirs. Sonic Generations étant peu ou prou le même jeu qu’il était il y a treize ans, on va se focaliser sur les nouveautés du remaster. Tout comme son ainé, l’aventure démarre par une fête d’anniversaire qui tourne à la déconfiture, la faute à une entité démoniaque qui a décidé de semer le trouble en envoyant tous les potes du hérisson dans une faille spatio-temporelle. Ce dernier, très énervé, va devoir s’extirper de cet endroit monochrome, pour lui redonner de la vie (en somme, le recoloriser) et retrouver tous ses compères. Ainsi, on passe d’une étape à une autre, de façon linéaire, en profitant de niveaux avec le Sonic boudiné et craquant d’antan et son double moderne, adepte de la célèbre attaque téléguidée. Et c’est ultra efficace !

Malgré son âge, Sonic Generations n’a absolument rien perdu de son dynamisme. Déjà très beau à l’époque, le jeu affiche toujours de superbes décors et le rendu visuel profite de la remastérisation. Les arrière-plans sont désormais plus nets et chaque niveau est l’occasion de replonger dans les belles années du hérisson. On retrouve bien évidemment l’incontournable Green Hill Zone (le niveau emblématique avec les palmiers et le sol à damier), mais aussi Chemical Plant (Sonic the Hedgehog 2), Sky Sanctuary (Sonic & Knuckles), Speed Highway (Sonic Adventure) ou encore City Escape (Sonic Adventure 2). L’hommage se poursuit jusqu’au boss et aux musiques qui mettront des frissons aux fans, tout en divertissant les curieux.

Bien qu’il se termine assez vite, avec ses neuf mondes, il est toujours possible de s’amuser sur les défis pour débloquer les différents bonus (musiques, illustrations, etc.). Il est également possible de se procurer des compétences optionnelles pour faciliter sa progression, comme un gain de vitesse, un bouclier, un gain d’adhérence dans les montées ou des anneaux qui mettent moins longtemps à disparaître lorsqu’on est touché. Cela ne change pas l’expérience, mais disons que la durée de vie s’en voit enrichie si l’on décide de terminer le jeu à 100 %. Pour le reste, c’est une copie quasi conforme de celui qu’on a connu, à la différence que le confort est optimal grâce à l’animation ultra fluide en 60 images par seconde et la haute résolution de l’écran. Autant dire que si vous avez l’original, vous passerez sans doute rapidement à la section inédite consacrée à Shadow.

Le côté obscur de Sonic

Sous le nom Sonic x Shadow Generations se cache une aventure totalement inédite dédiée à la création du Dr. Gerald Robotnik, grand-père du Dr. Eggman, le célèbre ennemi de Sonic. Ce dernier, désireux de trouver un remède pour sauver sa petite fille malade, Maria, a noué un pacte diabolique avec une entité extraterrestre. Fil rouge de cet épisode remastérisé, cette créature possède des pouvoirs inouïs et a élu Shadow comme son hôte destructeur, l’idée étant d’exploiter cet « être suprême » pour prendre le contrôle de l’univers. Ainsi, comme une sorte de Venom dans un Spider-Man, Shadow évolue en acquérant des capacités qui lui permettent d’atteindre des zones qui sont inaccessibles en début d’aventure. Là où cela devient intéressant, c’est que les développeurs ont opté pour une approche beaucoup moins linéaire que dans Sonic Generations. Il n’est ainsi plus question de se déplacer dans une sorte de frise interactive, mais bien d’évoluer dans un petit monde ouvert rempli de possibilités.

Contrairement à Sonic, Shadow est un personnage beaucoup plus ténébreux. Perturbé par un passé douloureux, l’anti-héros atterrit à son tour dans un monde qu’il ne connaît pas, perdu entre deux failles spatiotemporelles. Mais à la différence de Sonic et toute sa clique, Shadow est plongé dans un environnement en 3D dans lequel il est possible de se déplacer en totale liberté. Cet univers est sous le joug du même antagoniste que Sonic Generations, mais il est matérialisé par une immense sphère démoniaque (avec des yeux perçant à la Sauron du Seigneur des Anneaux) qui surplombe la zone. Pour cette section inédite, SEGA a conservé la formule de Sonic Generations, mais il l’a enrichi. Ainsi, en plus de ce grand espace constitué de différentes zones, le brave Shadow va peu à peu se faire dévorer par un pouvoir qui le transforme. Ces compétences sont justement au cœur de Sonic x Shadow Generations.

Le hérisson ailé

Après avoir effectué deux niveaux spectaculaires faisant office de tutoriel (Shadow a une manière bien à lui de se déplacer, puisqu’il glisse comme un patineur), le joueur découvre qu’il est en mesure de lancer des projectiles pour éliminer des ennemis et ouvrir des portes – grâce à des interrupteurs à déclencher. Cela donne accès à une zone qui était auparavant fermée pour découvrir des niveaux inédits. Tout le potentiel de Sonic x Shadow Generations réside dans ces pouvoirs qui sont surprenants, originaux et qui permettent de se déplacer dans l’intégralité de ce petit monde ouvert, mais aussi à l'intérieur des niveaux. Ne soyez donc pas surpris de grimper sur une raie manta pour vous déplacer sur l’eau, plonger dans une substance étrange à la manière des Inklings de Splatoon ou même planer et voler avec des ailes ! Shadow peut également déclencher des combos fulgurants ou éjecter un ennemi à plusieurs dizaines de mètres.

À toutes ces compétences vient se greffer une capacité, le Chaos Control, qui fige le temps durant une durée limitée. Cela permet d’enrichir les mécaniques de certains niveaux, où l’on se retrouve à crapahuter sur des missiles ou à stopper la chute de plateformes dans le vide. On ne va pas se mentir, cela part dans tous les sens et l’utilisation des pouvoirs n’est pas toujours très ergonomique, mais on peut saluer le choix de développeurs soucieux d’apporter de la nouveauté. C’est très plaisant et il y a vraiment de quoi faire avec les innombrables collectibles à dégoter (des coffres, des vis, des boulons…), même si l’intérêt ne va guère plus loin que de débloquer des bonus (illustrations, musiques…), dans une section dédiée. Sonic x Shadow Generations est indiscutablement un jeu soigné et souvent surprenant, mais il peut se terminer assez rapidement si on décide de le faire en ligne droite. Les ajouts de Sonic Generations sont aussi légers, ce qui n’enlève rien à la qualité du jeu original et au second jeu estampillé Shadow Generations.

Le héros qui tombe à piques

Visuellement, SEGA ne s’est pas moqué de nous. Si Sonic Generations était déjà d’une grande beauté en son temps, l’aventure de Shadow n’a rien à lui envier et multiplie, elle aussi, les clins d’œil aux épisodes canoniques de la série. Que ce soit dans les décors, les musiques ou les boss, si vous avez été biberonné au hérisson, de nombreux souvenirs vont ressurgir au moment de prendre la manette. Si l’on ajoute le mode en ligne (pour du classement uniquement) et les nombreuses options (avec un gameplay standard ou héritage pour s’adapter à tous les joueurs), Sonic x Shadow Generations est un peu plus ambitieux que ce qu’on pouvait imaginer et c’est tant mieux. On regrettera que l’histoire de Shadow se termine en six ou sept heures (sans chercher à ramasser tous les collectibles) et qu’elle n’est pas vraiment implantée dans le Sonic Generations d’origine.

Même si avoir deux jeux en un est plus qu’appréciable, on aurait aimé que l'ensemble soit un peu moins dilué, mais ça en fait un très solide divertissement, surtout pour celles et ceux qui n’auraient jamais touché au titre de 2011. Après, il y aura toujours quelque chose d’antinomique avec Sonic, dans le sens où le jeu va très (très) vite, mais qu’en parallèle, la progression pousse à l’exploration et à la fouille des niveaux de fond en comble – ne serait-ce que pour retrouver les pièces rouges ou les Chao (des créatures toutes mignonnes) de chaque niveau. Une bonne occasion pour refaire les niveaux plusieurs fois tout en profitant d’une bande son vraiment géniale. Avec Sonic x Shadow Generations, SEGA fait une proposition différente de Sonic Frontiers et le fait avec soin. À quand Sonic Adventure 3 ?

Conclusion