Dévoilé il y a trois ans sous le nom de code Project Magnum, The First Descendant n’a jamais trahi le joueur sur ses intentions : celles de proposer tous les éléments qui font le succès des références occidentales, allant de Destiny 2 à Warframe. Annoncé comme étant un looter-shooter free-to-play cochant toutes les cases imposées par les ténors du genre, le soft de Nexon est enfin à portée de pads et de claviers. Alors, est-ce que The First Descendant a des arguments pour prendre l’ascendant sur ses nombreux concurrents ?
Envahir l’espace
Si vous jouez quotidiennement sur PC/consoles, il est quasiment impossible que vous n’ayez pas vu à un moment ou à un autre une publicité vous avertissant que The First Descendant – “le looter shooter nouvelle génération” – est disponible gratuitement. Que ce soit dans les stores en ligne ou sur les réseaux sociaux, Nexon a sorti le grand jeu pour faire parler de sa dernière production qui, contrairement à The Finals, a été développée en interne. Il faut reconnaître qu’avec des Warframe et autres Destiny 2 affichant une popularité solide malgré le poids des âges, envahir l’espace est une stratégie logique. Et payante. Au moment où nous écrivons ces lignes, le soft de Nexon enregistre des scores impressionnants sur Steam.
Envahir l’espace, c’est justement le plan d’une faction extraterrestre très avancée connue sous le nom de Vulgus. Il n’a fallu qu’une seule journée pour que le continent d’Ingris soit plongé dans le chaos à cause de cet ennemi belliqueux. Aidée par une faction scientifique baptisée Magisters, l’humanité se transcende. Armée jusqu’aux dents et disposant de capacités spéciales défiant l’entendement, elle compte bien venger celles et ceux tombés au combat. Comme vous l’aurez sûrement deviné, le scénario du jeu, somme toute classique, sert avant tout de prétexte aux innombrables missions demandant de repousser des vagues inépuisables de créatures terrifiantes.
Au sein de ce gloubiboulga d’influences SF, les personnages principaux enchaînent les banalités comme les mitraillettes crachent des balles. Ce n’est pas grave, comme chacun le sait, l’histoire est plus que secondaire dans un TPS 100 % multijoueur PvE où le butin prévaut sur l’intrigue. Et du loot, il y a en a ! Pistolets, fusils de précision, lance roquettes, mitrailleuses, fusils à rayon, réacteurs, composants, ressources diverses… C’est la foire aux récompenses dès qu’une mission est terminée ou qu'un boss est au tapis.
L’attaque des clones
Que les choses soient claires : Nexon n’a pas profité du fait d’arriver 11 ans après Warframe, 7 ans après Destiny 2 et 3 ans après Outriders pour révolutionner quoi que ce soit. À vrai dire, il ne fait même pas évoluer une quelconque mécanique. Le looter-shooter SF de Nexon nous place dans un monde partagé où d’autres Descendants vaquent à leurs occupations, avec la possibilité de créer des escouades allant jusqu’à quatre combattants. Le bon point, c’est que même un joueur solo pourra rejoindre un combattant, ou se faire aider, de façon totalement seamless.
Dans son gameplay, The First Descendant est un TPS qui se veut plus dynamique que la moyenne avec ses déplacements rapides, ses esquives vives et son grappin. Même si ce dernier est un peu raide dans son exécution et qu’il donne parfois accès à des hauteurs que les level designers ont préféré barricader avec murs invisibles, il participe à ce sentiment d’hyper accessibilité lors des premières missions, sentiment exacerbé par des sensations de shoot satisfaisantes. On vise, on tire, on bouge, on utilise ses compétences spéciales dans la joie et la bonne humeur. Attention cependant à la panne sèche : à l’instar des gunfights d’Outriders, il est possible d’arriver à court de munitions si l’on ne veille pas activement aux réserves.
Néanmoins, sous le métal liquide qui recouvre son processeur, c’est bien le Core d’un looter-shooter “à l’ancienne” que nous trouvons. Un de plus, hurleront les réfractaires. Toute la grammaire du genre est utilisée avec des capacités à cooldown, du loot normal/rare/légendaire, des boucliers qui se rechargent, des PM, des mondes à la difficulté modifiable, des zones de réapparition limitée ou encore des emplacements pour trois armes à équiper. L’amélioration des légataires comme des armes se fait à l’aide de modules qu’il est possible d’upgrader. Grâce à eux, le joueur bénéficie de tout un tas de bonus allant de la vitesse de rechargement diminuée aux dégâts augmentés.
Pad entre les mains, il est presque déroutant de se dire que The First Descendant est – vraiment – un nouveau jeu tant il donne l’impression d’être une version légèrement modifiée de Destiny 2, Warframe ou encore Outriders. Les règles sont globalement les mêmes tandis que le craft est omniprésent avec des spécialistes à aller voir pour améliorer les modules et lancer des recherches. Nexon aurait pu tenter de donner un coup de pied dans la fourmilière afin d’apporter une certaine fraîcheur au genre, mais il préfère rester dans la zone de confort que lui confère le nid.
Cette non prise de risques, alliée à des mécaniques reprises à droite et à gauche vues et revues, plaira à n’en point douter aux joueurs désirant se lancer dans un nouveau looter-shooter sans devoir tout réapprendre. Ici, pas de nouvelles règles/mécaniques à assimiler. Les combattants mangent une soupe ayant un goût qu’ils connaissent bien et dont ils peuvent se délecter, d’autant plus qu’elle est gratuite. Ces amateurs seront également ravis d’arpenter un univers plutôt agréable à regarder, porté par des héros aux compétences distinctes bien modélisés.
Malheureusement, même le plus complaisant des fans ne pourra qu’admettre la pauvreté des objectifs de la quête principale. Tuer tous les ennemis d’une arène, capturer des points, défendre un terminal… ils sont du même acabit que ceux des missions secondaires, à de rares exceptions ! Certes, il y a bien quelques donjons qui viennent égayer l’épopée, ainsi que des affrontements amusants contre de gigantesques machines (les colosses avec leurs zones destructibles), mais cela ne parvient pas à arranger une boucle de gameplay éculée à base de “va là-bas”, “tue tout le monde”, “améliore ton équipement”, “et recommence”.
Robot-transaction
Qui dit free-to-play, dit microtransactions. Avec ses différents héros à incarner disposant de skills spécifiques, The First Descendant a un boulevard devant lui pour nous faire cracher au bassinet. Là encore, les développeurs ont repris ce qui se fait ailleurs en matière de business model sans chercher à arrondir les angles. Débloquer des éléments sans passer par le porte-monnaie demande du temps, beaucoup de temps. Quant aux prix appliqués, ils sont élevés.
Les légataires nécessitent du temps et des ressources pour être débloqués, mais ils peuvent être achetés immédiatement avec de la monnaie premium, les “calibres”. Débloquer des héros coûte entre 300 et 900 calibres. En outre, il existe des légataires ultimes, versions plus puissantes des protagonistes de base, qui sont vendus entre 3 000 et 5 000 calibres. Les éléments d’apparence coûtent quant à eux entre 125 et 750 calibres. Le problème, c’est que cette fameuse monnaie virtuelle est vendue en pack, via des lots à 4,99 € pour 250 calibres, 9,98 € pour 520 calibres, 19,99 € pour 1 060 calibres, 49,99 € pour 2 750 calibres, 69,98 € pour 3 920 calibres et 99,98 € pour 5 750 calibres. Comme vous le constatez, les lots proposés ne collent pas aux prix d’un personnage ou d’un costume. Cela signifie qu’il restera toujours un peu de monnaie après l’achat d’un Descendant, ce qui pousse forcément à la consommation. Divers matériaux de soutien et bonus d’amplification sont aussi disponibles dans la boutique.
Peut-on s’amuser à The First Descendant sans dépenser un euro ? Oui, et pas qu’un peu ! Le free-to-play de Nexon est à la fois immédiatement fun et suffisamment bien fait pour que l’on passe un moment appréciable en sa compagnie pendant une bonne poignée d’heures. Le farm qu’il impose est malheureusement consternant, à base de donjons à faire en boucle jusqu’à ce qu’un mob lâche un catalyseur, et de quêtes annexes à refaire en priant pour que la récompense finale livre la pièce espérée… avec l’obligation d’attendre plusieurs minutes avant de pouvoir retenter sa chance. Descendant, armes, Kuiper… tout se farm de la même manière dans une boucle qui peut donner l’impression de faire perdre son temps. Les développeurs sud-coréens ont malgré tout produit un titre plutôt bien fait disposant d’un réel potentiel. Il mérite que vous lui donniez sa chance, quand bien même vous le retireriez de votre disque dur dans les heures qui suivent l’installation.
Conclusion
Points forts
- Agréable à prendre en main et fun dès les premiers instants
- De quoi s’amuser pendant plusieurs heures sans dépenser un centime
- Cross-play, création de groupe seamless et matchmaking rapide
- Plutôt joli
Points faibles
- Quêtes peu inspirées ultra répétitives
- Aucune originalité dans ses propositions
- Un farm/grind du mauvais côté de la barrière
- Microtransactions nombreuses à des prix prohibitifs
Note de la rédaction
The First Descendant est à Warframe/Destiny 2 ce que Palworld est à Pokémon/Valheim : un jeu qui puise tellement dans des concepts ressassés qu’il est difficile de lui dégager une quelconque personnalité. Cela ne le rend pas mauvais, bien au contraire : il est pensé pour être robuste et pour garder le joueur investi dans son univers SF grâce aux pièces détachées volées à ses colosses de concurrents. D’une efficacité redoutable, The First Descendant arrive après la guerre sans apporter de pierre à l’édifice.