Comme un hommage visant à nous faire oublier la parenthèse malheureuse de 2019, Contra : Operation Galuga tente de réhabiliter une licence adulée par des générations entières de passionnés de « run & gun ». Son mode Arcade jouable en coop jusqu’à 4 joueurs en fait-il un exutoire idéal pour les nostalgiques des débuts de la série ?
2019 est l’année de sortie de la compilation Contra Anniversary Collection. Mais c’est aussi la date à laquelle Konami a échoué à ressusciter la franchise Contra en osant tout remettre à plat avec son épisode Contra : Rogue Corps totalement hors-sujet. Entre-temps, l’éditeur a compris qu’il valait sans doute mieux confier au studio WayForward Technologies la mission de revenir aux fondamentaux de la série en ne dépoussiérant que ce qui méritait réellement de l’être. Et puisque les joueurs avaient été séduits par la proposition de Contra 4 sur DS en 2007, personne ne pourra reprocher au développeur de ne pas maîtriser son sujet. Contra : Operation Galuga apparaît donc comme un vrai/faux remake qui s’inspire en réalité de tout ce qui a fait la gloire de la franchise pour proposer une expérience inédite au goût prononcé de nostalgie.
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Le jeu convoque ainsi plusieurs moments d’anthologie que l’on jurerait tout droit sortis des premiers épisodes de la licence, mais il les réinvente pour en faire quelque chose de neuf. L’objectif est de faire remonter à la surface les souvenirs enfouis d’un âge d’or où Contra incarnait un idéal en matière de démesure, avec son action rythmée à 300 à l’heure et son challenge omniprésent. C’est pourquoi le titre revient là où tout a commencé il y a des décennies, s’inspirant aussi bien du tout premier opus que du morceau de bravoure que constitue l’épisode Super Nintendo (Contra III / Super Probotector) pour mieux nous aider à renouer avec des sensations lointaines qui demeurent pourtant indélébiles.
L’éternel recommencement
Les vétérans qui ont connu ces jeux à l’époque auront sans doute les yeux qui brillent à l’idée de replonger dans la dimension sacrée du « run & gun » à la sauce Contra. Les responsables de cet opus nouvelle génération ont pris soin d’afficher un respect total à la saga en reprenant les postures caractéristiques des personnages tout en détaillant davantage leurs animations. Dommage que cet épisode cède aux sirènes de la réalisation 3D en misant sur une direction artistique aux qualités très discutables. Même si l’action se déroule toujours sur un seul plan, le choix de cette DA sans âme contribue à décrédibiliser ce titre qui, heureusement, a d’autres arguments à faire valoir.
Certains stages pâtissent d’ailleurs de cette DA maladroite en affichant quelques soucis de lisibilité. À cela s’ajoutent parfois des prises trop nombreuses et difficiles à discerner à l’écran. Résultat, le personnage s’accroche partout sans qu’on le veuille, ce qui oblige à connaître certains niveaux par cœur pour éviter ces désagréments. En contrepartie, le titre a le chic pour nous projeter dans des situations incroyables en multipliant les événements catastrophes qui bousculent régulièrement l’angle de vue, justifiant ainsi l’emploi de la 3D. La caméra se déchaîne surtout lors des confrontations avec les boss qui ne se gênent pas pour occuper la quasi totalité de l’écran.
Mieux vaut donc ne pas s’arrêter à cette première impression de rejet induite par la plastique peu aguicheuse de Contra : Operation Galuga si l’on ne veut pas passer à côté de ses qualités. Après tout, Bill et Lance sont toujours là pour arroser l’écran de boulettes explosives et on retrouve ses marques dès les premières minutes. Tous les power-up légendaires de la série ont fait le voyage pour transformer les lettres de l’alphabet en un arsenal dévastateur. Si vous savez exactement dans quel ordre vous aviez l’habitude de classer les lettres M, S, H, L, C et F, il n’est sans doute pas utile de vous faire un dessin. Sachez tout de même que les armes de Contra : Operation Galuga ont considérablement évolué et qu’elles offrent à présent un éventail de possibilités bien plus étendu que par le passé. Car certaines nouveautés introduites dans Contra 4 sont de retour, pour notre plus grand plaisir.
Armes évolutives et Surcharge
Arroser l’écran sans avoir pensé à une stratégie en amont ne mène à rien, chaque arme se révélant plus ou moins bien adaptée à telle ou telle situation. En disposant d’un emplacement de réserve pour stocker un second power-up, le joueur peut vraiment adapter son plan d’action en jonglant régulièrement entre les armes qu’il juge les plus appropriées. Sachant que leur niveau de puissance augmente dès que l’on parvient à en cumuler deux identiques, mais qu’il retombe si l’on se fait toucher, cela ajoute une vraie tension aux parties. On perd même définitivement notre power-up en cas de mort, ce qui incite à exploiter au maximum la nouvelle technique de Surcharge pour ne pas laisser filer la tonne de bonus qui traverse régulièrement l’écran.
Cette aptitude constitue probablement la meilleure trouvaille de cet épisode. La Surcharge permet en effet de sacrifier un power-up pour libérer son pouvoir caché. Le laser ralentit par exemple le temps pendant quelques secondes, la mitrailleuse nous entoure d’une barrière protectrice, le lance-flammes crée un bouclier de feu statique, tandis que le lance-grenades provoque un explosion générale. On peut même déclencher une pluie de boulettes avec le tir dispersé ou activer des pods de soutien à l’aide des missiles à tête chercheuse. Bien que temporaires, ces pouvoirs incitent vraiment à ne pas se limiter à nos armes de prédilection pour en exploiter aussi les effets défensifs. Et quelle sensation de puissance lorsqu’on commence à accumuler plusieurs armes améliorées à la suite !
Un challenge à la carte
Bien résolus à ne pas nous faire lâcher la manette avant que l’on ait pu assister au dénouement de l’histoire, les concepteurs ont intégré toutes sortes de moyens visant à compenser la difficulté légendaire du soft. On peut notamment faire appel à un pod de ravitaillement qui se recharge au fil des niveaux pour nous envoyer des armes supplémentaires. En plus de proposer 3 modes de difficulté différents, le jeu intègre même une jauge de santé constituée de plusieurs segments pour nous éviter de mourir à la moindre erreur.
Que les puristes se rassurent, toutes ces options sont facultatives et peuvent être entièrement désactivées afin de retrouver le challenge redoutable qui caractérisait les débuts de la série. De même, libre à chacun d’opter pour la visée moderne à 360° ou à celle à 8 directions. Dans tous les cas, on retrouve bien sûr l’indispensable bouton permettant de verrouiller notre position pour tirer sans se déplacer. La présence d’un double saut a le mérite d’ajouter une vraie dynamique dans les mouvements, même si cela facilite grandement les choses. Certains personnages ont même accès à un grappin ou à un réacteur pour flotter dans les airs en apesanteur.
Ceux qui trouveront le jeu trop corsé pourront librement personnaliser l’expérience en utilisant les pièces obtenues afin de débloquer des tonnes d’améliorations en tout genre. Comme pour légitimer la philosophie du scoring, ces récompenses sont attribuées en fonction de nos performances. Elles donnent accès à des bonus destinés en grande partie à compenser la difficulté (vie accrue, capacités améliorées), mais pas seulement. Les joueurs complétistes se feront un devoir de déverrouiller aussi les récompenses les plus délirantes, ne serait-ce que pour entendre les remix rétro inspirés des grands jeux Konami…
Scoring et multijoueur à la rescousse
Dans Contra : Operation Galuga, tout est bon pour accroître la durée de vie en nous poussant à redécouvrir les stages de manière renouvelée. Les personnages sont donc nombreux à pouvoir être débloqués tout au long de la partie et ils disposent chacun d’aptitudes uniques. Très court en ligne droite avec ses 8 stages qui s’enchaînent à un rythme effréné, le jeu ne livre cependant son essence qu’à la lumière de tous les bonus qu’il renferme. Et si le mode Histoire est utile pour comprendre d’où sortent les nouveaux personnages, mieux vaut ensuite se tourner vers le mode Arcade pour accéder aux parties à 4 joueurs. Car le multijoueur est limité à 2 participants en mode Histoire, contre 4 en Arcade. Et ce que le jeu perd en lisibilité, il le compense largement par cette approche ultra-conviviale réservée aux parties en multijoueur local.
Quant au mode Défi, il vient tester notre aptitude à relever une série de missions bien particulières réservées aux joueurs les plus aguerris. La trentaine de défis proposés ici nous oblige tantôt à terminer une portion de niveau le plus vite possible, tantôt à vaincre des boss avec des munitions limitées. D’autres handicaps en tout genre nous ramènent à la formule d’origine pour nous rappeler qu’un vrai Contra n’est pas là pour nous assister mais pour nous apprendre à progresser en tirant la leçon de nos échecs. En définitive, le challenge comme la durée de vie dépendent entièrement de notre façon de jouer ainsi que des handicaps ou des avantages que l’on décide de s’octroyer. Contra : Operation Galuga a donc le mérite de s’adresser à tous les styles de joueurs, du néophyte au vétéran en passant par celui qui a juste envie de s’offrir un petit voyage dans le temps, à la rencontre d’un duo mythique qui ne semble pas près de raccrocher.
Conclusion
Points forts
- L’essence de la série est respectée
- Une gestion des armes encore plus poussée
- Nombreux personnages jouables aux capacités propres
- Des tonnes d’améliorations à débloquer
- Le coop jusqu’à 4 joueurs en mode Arcade
- Challenge complètement modulable
- Des bonus optionnels 100 % nostalgiques
Points faibles
- Une direction artistique vraiment douteuse
- Le manque de lisibilité dans certains niveaux
- Une mise en scène qui ne surprend pas assez
- Durée de vie qui dépend de votre passion pour le scoring
Note de la rédaction
Contra : Operation Galuga permet enfin à la série de renouer avec ses origines pour redevenir un incontournable du « run & gun ». Même si sa direction artistique gâche une partie de l’expérience, on y retrouve bel et bien l’esprit original de la franchise. La gestion des armes a été totalement repensée et le jeu grouille désormais de multiples bonus et améliorations à débloquer. La frénésie du mode Arcade jouable à 4 en coop compense le manque de lisibilité propre à certains niveaux ainsi que la durée de vie 100 % axée sur le scoring. Et si le sentiment de déjà-vu est parfois tenace, c’est bien lui qui fait le lien avec les origines mythiques de la saga.