De la survie façon S.T.A.L.K.E.R, une zone qui rétrécit comme dans Fortnite et au milieu de tout ça, un vieux break à faire rouler : c'est la recette de Pacific Drive, un jeu unique en son genre.
Une zone post-apo totalement coupée du monde à la S.T.A.L.K.E.R, un système de progression façon rogue-lite et une tempête dévastatrice comme dans les battle royale, voici la recette tout à fait singulière proposée par Pacific Drive, jeu de survie et de conduite à la première personne concocté par les équipes d’Ironwood Studios. Le titre vous embarque dans les années 1950 , quand un pan de la péninsule olympique de Washington a été envahi par des anomalies étranges, au point d’être mis en quarantaine indéfiniment. Vous êtes coincé dans cette zone à bord d’un break un peu surnaturel, qui vous demande d’être à ses petits soins.
Concept grisant, confort pas évident
Pacific Drive captive naturellement par son concept : votre rôle est de maintenir en forme un vieux tacot rafistolé en pleine zone apocalyptique, une sorte de réinvention surréaliste du Nord-Ouest Pacifique qui abrite une myriade d’obstacles explosifs et de dangers radioactifs tous les deux mètres. Vous embarquez donc pour une variante de road trip parsemée de défis qui servent au fil narratif qui constitue la toile de fond. Votre anglais a tout intérêt à être au minimum bon, sinon accrochez-vous pour parvenir à lire les sous-titres tout en prenant un virage serré, au risque de mal comprendre un objectif déjà un peu alambiqué à la base. Les quelques intervenants qui vous assistent dans votre périple (via une radio) font juste ce qu’il faut pour rendre le voyage moins solitaire tout en ayant la lourde tâche de rythmer une structure de jeu qui peut se montrer redondante au bout d’une quinzaine d’heures.
La carte de Pacific Drive se révèle au fil de votre progression, ce qui motive naturellement votre enquête sur ce qui reste de la Zone, ainsi que sur un mystère oublié de longue date. Durant les trajets, il faut penser à surveiller le réservoir de carburant de votre bon vieux break, s’assurer que les panneaux de protection tiennent le coup face aux radiations, bien couper le contact à chaque arrêt, et tout un tas de subtilités qui offrent une belle immersion dans votre rôle de conducteur post-apo mais dont toutes les manipulations auraient peut être mérité une meilleure maniabilité. J’ai quand même adoré les interfaces disponibles à l’intérieur de la voiture, tourner la clé pour démarrer le moteur, contrôler les essuie-glace et tous ces détails plaisants à réaliser. Petite particularité, il faut tourner la tête vers le siège passager pour regarder la carte, une idée aussi intéressante que dérangeante quand le temps vous manque. La compréhension de tout cet univers n'est pas accessible dès les premiers instants, mais elle promet une expérience très captivante.
Une fois votre travail achevé dans une zone, il est nécessaire d’activer un portail qui génère une tempête dont la menace mortelle recouvre petit à petit toute la map, comme ce que l’on connaît déjà dans un battle royale de type Fortnite. Les autres dangers du territoire comme les radiations ou les mannequins bizarres qui vous approchent une fois que vous avez le dos tourné ne sont pas tant effrayants et constituent simplement une force de la nature à laquelle il faut survivre en tout temps.
Crafter, encore, toujours
Le craft est une nécessité absolue dans Pacific Drive, l’état de votre voiture étant généralement votre préoccupation majeure, avant même les anomalies qui résident dans les zones dangereuses. Ainsi, si vous pensiez profiter de l’expérience comme d’un petit road trip sur des routes de campagne en écoutant vos meilleures chansons, là n’est pas le cœur de l’objectif. Il est absolument essentiel d’arrêter votre voiture toutes les trente secondes pour dépouiller ce qu’il reste d’une vieille carcasse ou fouiller un camion, à défaut de quoi vous vous retrouverez comme moi, à débuter une partie du jeu avec deux phares cassés. Et il est bon de vous prévenir, la zone pacifique est très sombre, même trop sombre. Une particularité qui justifie l’utilisation de bâtons fluorescents, mais qui se montre tout de même souvent très handicapante. J’ai d'ailleurs pris la liberté de modifier quelques paramètres pendant une partie du jeu, en choisissant de réduire la durée des nuits. L’expérience n’en a été que plus confortable et agréable.
À ce propos, une poignée de paramètres peut drastiquement changer votre expérience de jeu, bien que le sentiment de réussite en soit forcément impacté. Libre à vous par exemple de limiter les besoins en ressource de votre véhicule de sorte à vous libérer du temps de conduite et pouvoir davantage flâner sur les chemins en écoutant la radio. La bande-son est signée Wilbert Roget (qui a notamment travaillé sur les musiques de Star Wars: The Old Republic, Mortal Kombat 11 ou plus récemment Helldivers 2) et propose même plus de 20 morceaux sous licence, appartenant plus ou moins au même registre (pas de rap au rendez-vous, mais surtout des sonorités pop-rock), et dont certains me restent encore en tête une fois la console éteinte. Sûrement le signe d’une BO réussie. Bref, découvrir ces nouvelles possibilités dans le menu du jeu a considérablement augmenté mon attrait pour ce dernier.
Un garage vraiment complet
La Zone peut parfois se montrer vraiment vraiment très avare en ressources, vous forçant à ratisser sans cesse la nature à la recherche d’un simple ruban adhésif, ce qui peut devenir assez contraignant. Il m’est arrivé de raser une route entière en quête de quelques centilitres d’essence, en vain. J’ai donc pris l’initiative de réaliser à pied quelques objectifs narratifs avant de reprendre ma quête de carburant. Mais une fois ces derniers achevés, un script a déclenché un rétrécissement de la zone et l’ouverture d’un portail que je ne pouvais franchir qu’en voiture. Ma mort fut donc lente, cruelle et douloureuse, me faisant perdre pas moins de trois heures de jeu, ce qui peut presque sembler un peu injuste. Car oui, le titre repose sur un système de rogue-lite : si vous mourez, le voyage est abandonné et c'est retour au garage, sans la majeure partie de vos matériaux durement récoltés. Autre élément à noter, les temps de chargement peuvent être très longs.
Vous ferez bien de dépenser un maximum de temps au garage abandonné qui vous sert de base, lieu où vous pouvez récolter quelques précieuses ressources pour vous remettre sur pied et qui occupe potentiellement la moitié de votre temps de jeu si vous êtes bien consciencieux. C’est aussi là que vous faites le plein d’essence, rechargez les batteries de votre véhicule, échangez des pièces cassées, en fabriquez de nouvelles, et surtout, montez des établis supplémentaires et améliorez vos ressources existantes. Il faut un sacré temps d’adaptation pour bien comprendre toutes les subtilités qu’a à offrir le garage et la manière dont il faut s’en servir, mais l’ensemble a le mérite de se montrer vraiment complet. Si bien qu’une fois quelques heures passées dans votre petit garage, vous vous sentirez bien vite l’âme d’un mécano, à vouloir optimiser votre véhicule à chaque trajet.
Conclusion
Points forts
- Un concept vraiment original
- Une atmosphère très agréable
- La relation entretenue avec la voiture
- Un système d'amélioration très complet
- Une très bonne BO
Points faibles
- Prise en main longue
- Une boucle de gameplay assez redondante
- Du craft à la limite de la corvée
- Des temps de chargement parfois très longs
Note de la rédaction
Il faut accorder à Pacific Drive le temps qu’il mérite pour comprendre sa myriade de paramètres et pouvoir les apprécier correctement. Mais l'atmosphère qui s'en dégage et la relation spéciale que vous créez avec la voiture élèvent vraiment l'expérience à un niveau tout à fait plaisant. Naturellement marquant par son concept attrayant, le jeu d'Ironwood Studios compense une boucle de gameplay redondante par un cachet unique.