Le bout du tunnel arrive pour les amateurs de Souls-Like : The Last Faith conclut une année 2023 synonyme de nombreuses sorties pour le genre. Le titre, qui emprunte beaucoup à Castlevania et à Bloodborne, peut servir d'exemple... tant pour ses qualités que pour ses défauts.
Lies of P, Wo Long : Fallen Dynasty, Remnant 2 ou encore Lords of the Fallen... 2023 a été une année riche en Souls-like, ces jeux qui ne cachent pas tenir leur inspiration des titres du même nom développés par FromSoftware. Mais pourquoi s'inspirer d'une référence du genre quand on peut s'en inspirer de deux fois plus ? Une proposition portée par Blasphemous deuxième du nom au mois d'août puisque le studio The Game Kitchen a mélangé Dark Souls avec Castlevania. De la même manière, c'est bien plus du côté de Bloodborne que l'on retrouve le modèle employé par Kumi Souls Games avec The Last Faith à bien des niveaux.
Quand Castlevania rencontre Bloodborne
Dès les premiers instants, on ne s'y trompe pas. The Last Faith arrive à plonger immédiatement son joueur dans une ambiance particulière. Il ne fait pas exception à la règle en proposant une histoire difficile à décrypter, faite de religion, de dieux et de culte à renverser. Une intrigue dont le mystère est renforcé par Eryk. C'est lui le personnage principal du jeu. Il est amnésique mais est pourtant guidé par une espèce de motivation supérieure. Chaque individu rencontré, ami ou ennemi, semble lui indiquer qu'il n'en a plus pour très longtemps. En bref, un scénario nimbé de secrets mais dont l'univers regorge de contenus.. Plusieurs notes font office de trésors cachés, les quêtes de certains permettent d'en apprendre plus sur leurs motivations... En bref, il faut le vouloir pour délier une histoire très emmêlée jusque dans sa conclusion qui manque même d'un peu de punch.
Toutefois, il faut souligner que The Last Faith peut s'apprécier même pour ceux n'ayant pas la foi de s'investir dans son histoire. Il arrive par bien des aspects à tenir le joueur en haleine. Et avant de parler du gameplay, il faut dire que Kumi Souls Games réalise un travail artistique très séduisant. À bien des égards, les ressemblances tantôt avec Castlevania tantôt avec Bloodborne sautent aux yeux. Pour le premier, difficile de ne pas voir une ressemblance entre Eryk avec les héritiers Belmont. La carte du jeu semble elle-même tout droit sortie d'un opus de la licence Konami. Pour le second, c'est le bestiaire qui tape dans la dark-fantasy (zombies, morts-vivants, créatures mutantes...) qui appuie cette comparaison.
Côté exploration, Kumi Soul Games apporte le minimum. L'exploration est poussée par l'envie de trouver des plans pour trouver des armes ainsi que des plans pour les améliorer. À ce sujet, on tombe rarement dans l'émerveillement quand il s'agit d'évaluer la construction des niveaux. Ce sont souvent des boucles et la connexion entre les différents biomes et vraiment limitée. Quelque chose que l'on remarque d'autant plus avec l'utilisation de sa carte dont la lisibilité est douteuse. On met un certain temps avant de reconnaître les chaque endroit de la map. À souligner également : les points de téléportation, qui servent aussi de points de soin et de sauvegarde, sont parfois très éloignés des uns des autres et ajoutent un peu de frustration lorsque la mort vient sonner à notre porte.
Une difficulté exacerbée par les défauts du jeu plus que par ses qualités
Mais bien évidemment, c'est tout autour du gameplay et de la difficulté que l'on retrouve le plus la trace de ces deux grandes sagas. The Last Faith mélange jeu de plateforme et jeu d'action, avec affrontements de boss et énigmes à résoudre pour avancer. L'essentiel du titre réside dans son exploration horizontalo-verticale où le personnage doit repousser (même si courir est une option parfois très intelligente) ses ennemis. Dans sa palette de techniques, Eryk peut se déplacer (joystick ou croix directionnelle), utiliser un objet (LT), utiliser un sort (RT), faire une roulade (bouton B), sauter (bouton A), attaquer (bouton X) et enfin interagir avec son environnement (bouton Y). Pour les amateurs du genre, la configuration des touches est assez atypique et demande un certain temps avant de s'y habituer. Un écueil dans la mesure où il est impossible de changer celle de base... surtout que le jeu est assez voire trop punitif.
Quelque chose qui s'observe rapidement avec les altérations d'états, dont les effets sont si rapides qu'il est impossible d'avoir le temps de les soigner (notamment pour la brûlure) et le menu de "pause". Une pause active comme le fait beaucoup de jeux du genre, c'est-à-dire où l'action continue de se dérouler. Sauf qu'à la différence des titres dont il s'inspire, The Last Faith ne permet pas de voir ce qu'il se passe à l'écran. Autant dire que faire pause dans un environnement hostile est synoyme d'arrêt de mort, surtout quand les monstres peuvent vous arriver dessus sans être affichés à l'écran en premier lieu...
De manière globale, il est difficile d'appéhender les combats, difficile de les lire. Ce qu'on veut dire par là, ce n'est pas que les ennemis affichent des points faibles durs à trouver mais que le système manque de finition à plusieurs niveaux : il n'est pas instinctif. Par exemple, on peut empêcher un ennemi d'attaquer indéfiniment... à condition que celui-ci n'ait pas lancé son animation d'attaque. Idem pour les hitboxes : les zones sensibles du personnage et des ennemis, celles qui réagissent en cas de contact, sont mal traduites en jeu. Il m'arrive de blesser un adversaire sans l'avoir toucher avec mon épée. À l'inverse, certains boss m'ont eu à plusieurs reprises avec des parties de leurs corps camouflées dans le second plan.
En général donc, on a réellement la sensation que tout n'a pas été peaufiné comme ça aurait dû l'être. Quelque chose que l'on ressent particulièrement lors de ces combats de boss. S'ils affichent la même difficulté que ceux des Souls, c'est plus par un manque d'équilibrage que par leur challenge. Ils ont chacun très peu de variété dans leurs attaques et l'on pige rapidement comment tout éviter. De quoi rapidement tuer le challenge, et donc le divertissement, dans l'œuf.
Une réelle personnalisation
Kumi Souls Games n'arrive donc pas à reprendre le degré de finition d'un Souls mais arrive à reprendre ce qui fait le sel de la série : les différents styles de jeu portés par les différentes armes et magies trouvées. Au départ, le joueur doit choisir entre quatre classes. Si ces dernières n'ont aucune influence sur le design du personnage, elles changent ces statistiques. Un bagarreur est amené à avoir plus de constitution (et donc plus de points de vies) qu'un roublard. Mais ce dernier peut compter sur sa dextérité pour maîtriser plus rapidement des armes comme des faucheuses ou des fouets.
Et à ce niveau là, The Last Faith est très bon. Chaque arme dispose de son style de combat différent puisque les animations changent (et donc les hitboxes aussi). Par ailleurs, chacune d'elle affiche une capacité spéciale différente. Elles sont dévastatrices et ont le mérite de proposer des enchaînements sublimes que l'on prend plaisir à réutiliser juste pour la prunelle de nos yeux. C'est d'ailleurs pour cette seule raison que l'on serait tenté de recommencer le jeu en Nouvelle Partie+ : essayer d'améliorer d'autres statistiques pour essayer d'autres armes et d'autres approches. Sauf qu'à l'instar de Blasphemous 2, le titre ne propose pas une telle fonctionnalité à son lancement.
Conclusion
Points forts
- Une ambiance parfaite
- Une esthétique séduisante
- Des styles de jeu vraiment différents
- Un rythme exemplaire
Points faibles
- L'absence de configuration des touches
- Un manque de finition dans les combats
- Pas de Nouvelle Partie+
- Manque de montée en puissance pour la fin
- Des mécaniques punitives au points d'être vraiment frustrantes
Note de la rédaction
The Last Faith avait tout pour surprendre et il a réussi son pari. Il perpétue cette tendance des studios de développement à mélanger aux Metroidvania l'exigeance et l'ambiance générale des jeux FromSoftware. Il arrive à proposer différentes manières de jeux qui sont toutes séduisantes. Pour autant, le jeu se tire lui-même vers le bas à cause d'un gameplay tellement punitif... qu'il n'en est pas amusant et même frustrant par moment. En bref, The Last Faith arrive avec une proposition intéressante que, on peut le dire, personne n'attendait et qui a le mérite de paver le chemin pour les prochains titres du genre. Que ce soit pour ses qualités ou pour ses défauts.