Alors que tous les regards sont rivés sur Super Mario Bros. Wonder, SEGA vient de lâcher dans la nature un nouvel épisode de Sonic, sous-titré Superstars. Les deux anciens ennemis jurés du jeu de plate-forme se confrontent donc une nouvelle fois en ce mois d’octobre 2023. Fonçant à vive allure, le petit hérisson bleu compte une fois de plus sur sa rapidité pour marquer des points. Mais ne confond-il pas vitesse et précipitation ?
Qui s’y frotte s’y pique
Vous adorez Sonic ? Vous aimez détester Robotnik ? Réjouissez-vous. SEGA vous propose une nouvelle fois d’affronter le Dr. Eggman ainsi que ses sbires dans les contrées toujours très animées de Northstar Islands. Cette fois-ci, l’horrible moustachu est accompagné de Fang, le tristement célèbre chasseur de Chaos Emeralds. Une fois la jolie cinématique d’introduction passée, Sonic Superstars s’ouvre sur les prairies colorées de Bridge Island. Il ne suffit que de quelques minutes pour s’apercevoir des multiples détails destinés aux fans de la première heure. Musiques remixées, sons reconnaissables entre mille, personnages venant des anciens épisodes de la série… tout est mis en place pour caresser les adorateurs du hérisson dans le sens des épines. Le message est donc clair, si vous recherchez un Sonic en 2,5D à l’esprit old school bénéficiant d’un rafraîchissement général, Superstars est théoriquement fait pour vous.
Dans son ossature, la campagne principale se découpe en 11 zones découpées en 2 actes chacune (la plupart du temps), sans compter les niveaux bonus à compléter pour décrocher le 100 %. Le rythme de ce Sonic est donc bon, les chapitres se suivent à une vitesse folle. Que ce soit en solo ou en multijoueur, le(s) participant(s) incarne(nt) Sonic, Tails, Amy et/ou Knuckles. Ces héros disposent de caractéristiques diverses : Amy a son marteau et son double saut, Knuckles escalade et Tails vole. En solo, il est impossible de changer de personnage à la volée. Si l’utilisateur souhaite switcher, il doit retourner sur la carte du monde et appuyer sur triangle, ce qui fait perdre le checkpoint en cours. Dommage.
Zones de confort
Les jolis graphismes colorés, les musiques pêchues, le jeu en coop à 4 ainsi que la direction artistique très “arrondie” pourraient faire croire que ce nouvel épisode mettant en scène la mascotte de SEGA est avant tout pensé pour être facile d’accès. Dans sa difficulté, Sonic Superstars est plus abordable qu’un Sonic Mania sans pour autant se révéler trop facile. Certes, les boss ont des patterns aisément identifiables, les pièges sont un peu moins nombreux qu’à l’accoutumée, le level design ne tombe pas dans la facilité des labyrinthes enquiquinants, mais le challenge est bien là. Il est important de noter qu’à partir de la septième zone, les défis se multiplient. Le die & retry refait son apparition à cause de pièges plus nombreux que les poils dans la moustache d’Eggman. Fort heureusement, aucune vie à garder ne vient compliquer le périple. Le joueur peut recommencer autant de fois qu'il le désire une portion qui poserait problème sans être contraint de revenir au début d’un acte.
Malgré plus de 30 ans d’existence, le hérisson bleu reste dans ses confortables baskets. La formule n’est pas bouleversée, il est toujours demandé de parcourir des niveaux variés aux dénivelés spectaculaires afin de dégoter les anneaux et les divers bonus qui traînent pour atteindre la ligne d’arrivée. Les ennemis comme les boss sont nombreux, et la variété de leurs genres/attaques oblige à adopter les bonnes stratégies : le saut n’est pas toujours la solution à tous les problèmes, ce qui est bien vu.
L'équilibre entre exploration et time trial est toujours de la partie afin que les pros du pad s’éclatent à détruire les chronos mondiaux pendant que les autres essaient de survivre. Néanmoins, fouiller les moindres recoins d’un niveau est incité par la quête aux émeraudes, pierres qui attribuent cette fois-ci des compétences spécifiques. Des jetons indispensables à l’achat d’éléments d’avatar sont également à trouver dans les zones du jeu et dans les quelques stages bonus (à l’intérêt discutable en plus d’être frustrants). Si vous vous moquez de votre look dans le mode compétitif du jeu, alors rien ne vous motivera à ramasser ces grosses pièces.
Au nombre de 7, les émeraudes du chaos se stockent dans une roue des pouvoirs. Sonic peut ainsi bénéficier à tout moment de transformations assez utiles, comme invoquer des clones qui nettoient ce qu’il y a à l’écran, effectuer des dash en illimité sur une courte période ou encore faire apparaître des plateformes normalement dissimulées. Le jeu prend la liberté d’indiquer quand l’utilisation d’une de ces magies est conseillée. Contrairement à un Crash Bandicoot 4 où les pouvoirs des masques sont nécessaires à la progression, les compétences des émeraudes ne sont qu’un bonus. Il est tout à fait possible d’aller jusqu’au boss final sans utiliser une seule fois les caractéristiques de ces pierres précieuses qui sont à dénicher, reléguant ces capacités au rang de simple bonus, et empêchant le soft de SEGA d’approfondir le concept. Le level-design est globalement d’assez bonne facture, malgré la répétition de pans entiers de niveaux. Le manque général d’inventivité est tout de même regrettable. L’impression d’avoir déjà joué à cet épisode ne nous a jamais quittés pendant le test.
Sonic, couleur bleu pâle
Vous l’aurez compris, Superstars utilise toute la grammaire des Sonic 2D classiques avec des propulseurs, des loopings et bien sûr moult plateformes mobiles histoire de faire vibrer le cœur des connaisseurs. Nous retrouvons aussi des lianes, des grappins, des changements de plans (premier, second), entre autres joyeusetés. Ce Sonic à l’ancienne intègre tout de même des éléments plus actuels, comme cette plateforme “serpent” à la physique travaillée, cette caméra qui tourne avec Sonic quand ce dernier a la tête en bas (dans une zone précise), voire cette séquence dans l’obscurité où le hérisson est entouré d’ombre complexifiant l’anticipation. D’autres nouveautés/surprises sont de la partie, surtout vers la fin de l’aventure, mais nous préférons ne pas gâcher les surprises.
Il a longtemps été reproché au gameplay des Sonic 2D d’être bancal, l’intérêt reposant sur une vitesse certes amusante visuellement mais n’apportant que peu d’intérêt pad en main. Le dernier bébé de SEGA souffre toujours de ce souci de design, mais il l’atténue de deux manières. La première, c’est que contrairement à d’autres titres de la franchise, il y a rarement des pics vicieux après une longue accélération, ou un trou placé au pire des endroits après un saut à effectuer : aller vite sans avoir les réflexes d’une libellule est rarement puni. La seconde, moins enthousiasmante, c’est que le soft mise moins sur les passages rapides qu’à l’accoutumée, ce qui est déroutant pour un Sonic.
De son côté, la physique est bonne mais l’inertie mène encore et toujours à quelques erreurs, alors que la lisibilité n’est pas au top quand des projectiles arrivent de toute part. Plus embêtant, nous retrouvons des séquences peu intéressantes à jouer, comme celle demandant de pousser des chariots, alors que les phases aquatiques avec réserves d’oxygène – présentes depuis les premiers épisodes de Sonic, il est vrai – ne sont pas les plus palpitantes à parcourir.
Comme dans d’autres volets avant lui, Sonic Superstars multiplie ses gameplay pour cacher du mieux qu’il peut les faiblesses de ses fondations qui prennent un peu la poussière. L’abus de bumpers et d'objets rebondissants n’est fun que sur le papier, car il n’y a rien de moins drôle que de perdre ses anneaux à cause d’un rebond défavorable et/ou du facteur chance. Des passages à bord de véhicules imprécis à cause d’une caméra trop anguleuse et rapide sont aussi au programme, ainsi que des phases de shoot passables et des séquences en gravité zéro un peu hors-sujet.
Si nous devions nous concentrer sur le verre à moitié plein, nous dirions que SEGA s’est visiblement creusé les méninges pour apporter un peu de variété à l’aventure. Dans leur grande générosité, les développeurs ont ajouté des modes/personnages annexes qui se débloquent sous certaines conditions. De quoi satisfaire les fans du hérisson pendant une petite dizaine d’heures au total pour tout boucler.
Un multijoueur qui sera vite oublié
Les jeux de plateformes jouables jusqu’à quatre en coopération, qu’ils s’appellent Mario ou Rayman, se heurtent souvent aux problèmes de lisibilité. Superstars ne déroge pas à la règle. La caméra a beaucoup de mal à cadrer l’action de la meilleure des façons. Il n’est pas rare qu’un héros sorte de l’écran, ce qui est problématique pour un jeu comme Sonic où les pièges sont partout. Sûrement conscient du problème, SEGA autorise de réapparaître à tout moment devant l’objectif de la caméra sans perdre d’anneaux. Un choix qui en dit long. En outre, la coopération à 4 se fait exclusivement en local.
En plus du mode histoire et du mode contre-la-montre, Superstars propose un mode intitutlé “Combat”. Si les deux premiers sont classiques dans un titre mettant en scène le hérisson bleu, le dernier s'apparente à un mode multi compétitif où différents niveaux s’enchaînent, chacun avec des règles particulières : attrapper le plus d’étoiles, infliger le plus de dégât, atteindre la fin du niveau en premier et survivre sur des plateformes sous une pluie de roquettes. Jouable en ligne comme en local, Combat n’a pas suffisamment de profondeur ni d’épreuves vraiment amusantes pour que nous ayons envie de le relancer après 15 minutes de jeu.
Conclusion
Points forts
- Plutôt joli graphiquement
- Quelques idées sympathiques
- Niveaux, ennemis et boss variés
- Les musiques entraînantes dans le plus pur style Sonic
- Jouable à 4 en local
Points faibles
- Absence d’idées fortes dans le gameplay
- Des niveaux inégaux
- Stages bonus peu inspirés et frustrants
- Très brouillon en multijoueur
- Le mode combat, anecdotique
- Quasiment aucune option d’accessibilité
Note de la rédaction
Pour fêter l’arrivée d’un nouveau Sonic en 2,5D, Superstars fait dans le cliché. En effet, cette production de SEGA réutilise de nombreuses idées issues d’anciens épisodes (3 & Knuckles, Generations, Mania, etc.) pour exploser le chrono, quitte à aspirer les qualités comme les défauts à la manière d’un Fang qui volerait tout ce qui lui passe sous la main. Sans idée forte dans son gameplay malgré des retouches bienvenues, Sonic Superstars ne brille ni avec l’ajout des pouvoirs des Chaos Emeralds, ni avec son multijoueur pourtant très mis en avant. Ce joli platformer reste tout simplement dans sa zone de confort, ce qui plaira sûrement aux fans emblématiques au risque de refroidir les autres.