Vous êtes-vous jamais demandé combien il pouvait être difficile de survivre dans un monde de dark fantasy tel que celui de The Witcher ? Le jeu de stratégie Gord nous place justement dans cette situation peu enviable où la magie et les talents guerriers ne suffisent pas à assurer l’existence d’une communauté slave. Préparez-vous à découvrir un jeu de gestion vraiment impitoyable.
Sommaire
- Un univers de dark fantasy digne de The Witcher 3 ?
- Gord : de la réalité à la fiction
- Un jeu de survie, de gestion, d’aventure et bien plus
- Survivre, ce n’est pas seulement continuer d’exister
- Ces Horreurs qui exigent des sacrifices
- Une narration omniprésente
Un univers de dark fantasy digne de The Witcher 3 ?
Fondée en 2020 par Stan Just, dont le nom est associé à la production de The Witcher 3 : Wild Hunt, Covenant.dev est un studio de développement indépendant d’origine polonaise. Il n’est donc pas très étonnant de voir le premier jeu de cette jeune société afficher plusieurs points communs avec la saga du Sorceleur, à commencer par son univers.
Dans Gord, la mythologie slave inspire des environnements si glauques et torturés que chaque pas qui nous éloigne de notre campement nous donne l’impression de deviner la mort tapie en embuscade. Pas très étonnant lorsqu’on sait que des créatures sournoises, tout droit issues du bestiaire monstrueux propre au folklore local, grouillent dans les bois, les marais et les terres interdites qui cernent la petite communauté que l’on est chargé de faire prospérer. Alors comment survivre dans ces conditions extrêmes face aux loups et aux tribus rivales, quand les menaces faites de chair et d’os sont loin d’être le principal souci de la population de notre gord ? Mais qu’est-ce qu’un gord, justement ?
Gord : de la réalité à la fiction
Le titre du jeu ne vous évoque pas grand-chose ? C’est que vous n’avez sans doute jamais entendu parler des gords, ces villages fortifiés typiques du monde médiéval slave. Souvent construits autour de barrières naturelles pour rester le plus possible hors d’atteinte de l’ennemi, les gords étaient généralement entourés d’une grande palissade circulaire en bois. À l’intérieur, on y trouvait des maisons sommaires et d’autres structures nécessaires à la survie des populations. Ces gords étaient les seuls remparts protégeant les tribus slaves des dangers venus de l’extérieur, même si la présence de créatures monstrueuses connues sous le nom d’Horreurs trouve évidemment sa source dans les légendes, bien loin de la réalité historique.
Un jeu de survie, de gestion, d’aventure et bien plus
Si les développeurs reconnaissent volontiers que l’atmosphère générale de Gord est largement comparable à celle de la saga de dark fantasy The Witcher, les influences sont bien différentes pour ce qui est des mécaniques de jeu. Car, en combinant des éléments de gestion et de stratégie temps réel pour concocter une formule davantage orientée survie qu’exploration, Gord trouverait plutôt son inspiration dans des titres tels que Northgard, Darkest Dungeon ou Rimworld.
Le joueur y contrôle les membres de la Tribu de l’Aube, une minuscule communauté qui ne demande qu’à croître et à prospérer, mais dont la survie est menacée à chaque instant par la présence de monstres cauchemardesques. En clair, sortir des limites du gord c’est s’exposer à la mort, à la maladie et à bien d’autres périls qui compromettent constamment la survie de vos ouailles. Dans ces conditions, assister une naissance est un événement quasi miraculeux et réussir à conserver les mêmes individus sur plusieurs chapitres successifs de la campagne un véritable exploit. Bien que le titre propose un grand nombre de niveaux de difficulté progressifs, il se veut toujours exigeant et intraitable dans ses règles du jeu. Survivre en restant sain de corps et d’esprit est déjà si complexe pour les habitants de notre gord que les objectifs de mission annexes sont rarement notre priorité. Vous allez comprendre pourquoi.
Survivre, ce n’est pas seulement continuer d’exister
Manger, dormir et se reproduire, voilà qui pourrait suffire à voir une petite communauté se développer. Mais pas dans Gord. Ici, le corps et l’esprit sont deux éléments aussi primordiaux l’un que l’autre. Et dans un univers aussi cauchemardesque que celui-là, la folie guette chacun des individus et peut rapidement les conduire à fuir à tout jamais votre camp fortifié. Plus encore que les besoins en nourriture, la jauge de moral est donc l’indicateur le plus important à scruter dans Gord, et cela pour chacun des membres de la tribu. Et plus ils s’aventurent loin dans les terres interdites, plus ils assistent à des choses terrifiantes qui affectent directement leur santé mentale.
Si vous voulez les garder sains de corps et d’esprit, il faudra donc faire plus que les rassurer à la lumière des torches en leur construisant des hydromelleries où ils pourront se désaltérer pour oublier leurs soucis. N’attendez pas qu’une unité soit en panique en plein cœur de la forêt pour réagir car il serait trop tard. D’autant qu’un marqueur de foi est également pris en compte et qu’il vaut mieux ne pas négliger les lieux de culte pour éviter de froisser les divinités locales. Ces points de foi vous serviront aussi à lancer des incantations par l’intermédiaire d’une sorcière pour faire tourner en votre faveur les situations les moins bien engagées.
Ces Horreurs qui exigent des sacrifices
L’angoisse, la démence et bien d’autres statuts inhabituels dans un jeu de gestion font ainsi toute la particularité de ce titre où les choses peuvent basculer en un instant. Au fil des chapitres de la campagne, on apprend à redéfinir l’ordre des priorités et ne pas uniquement penser à collecter des ressources précieuses si leur emplacement risque de mettre en danger nos unités. La partie gestion est d’ailleurs si prenante qu’elle nous laisse finalement peu de temps pour explorer librement, alors que c’est justement là que le jeu exploite le mieux ses influences issues des légendes slaves.
Il y a en effet bien pire que de tomber sur un cadavre en putréfaction ou de violer par mégarde le totem d’une ruine interdite. On peut aussi croiser une Horreur… une créature monstrueuse gigantesque qu’il vaut mieux ne pas froisser, quitte à répondre favorablement à ses plus cruelles demandes. Rapporter des ressources précieuses ou sacrifier un enfant pour satisfaire les appétits des Horreurs ambulantes, voilà le genre de choses que Gord nous impose au fil de sa campagne.
Une narration omniprésente
Uniquement jouable en solo, le titre met logiquement l’accent sur sa narration avec de nombreuses cinématiques qui ponctuent la progression au fil des différents chapitres de l’histoire. Cela suffit à maintenir une atmosphère pesante et torturée tout au long du jeu, même si le caractère très scripté de ces missions nous empêche d’évoluer de manière vraiment libre. Si c’est cela qui vous intéresse, vous pourrez toujours vous tourner vers les scénarios personnalisés qui permettent vraiment de paramétrer tous les aspects du jeu pour calibrer les objectifs selon les aspects qui vous intéressent le plus. On peut même sélectionner l’Horreur qui errera sur la carte et choisir la saison à laquelle débutera la mission en générant une infinité de nouveaux scénarios procéduraux.
Même si l’on peut estimer à environ une quinzaine d’heures la durée de la campagne de Gord, celle-ci dépend très largement du nombre de quêtes facultatives que vous prendrez le temps d’accomplir en cours de route. Car, là encore, il faudra garder un œil attentif à tout ce qui passe autour du camp, quitte à faire quelques détours dangereux pour mener à bien des objectifs secondaires. L’occasion aussi d’explorer un peu mieux les alentours pour faire de nouvelles rencontres, parfois bonnes, souvent mauvaises, mais dont l’impact sur le jeu sera déterminant. Les choix sont nombreux au cours des parties et comportent fatalement un risque, mais c’est aussi cela qui fait le sel de l’aventure.
Conclusion
Points forts
- Un monde de dark fantasy aux inspirations slaves terrifiantes
- L’aspect gestion en totale cohésion avec les éléments de survie
- La perméabilité des changements de métiers via les bâtiments spécialisés
- La narration omniprésente durant toute la campagne
- Devoir surveiller autant le mental que le physique des habitants
- Les sacrifices exigés par les Horreurs ambulantes
- Des événements secondaires qui surviennent sans arrêt
- Nos choix ont un impact direct sur le déroulement de la partie
- Un mode pour personnaliser entièrement ses missions
Points faibles
- Empêcher les villageois de sombrer dans la folie peut devenir usant
- La gestion prédomine nettement, au détriment de l’exploration
- Des contrôles parfois laborieux sur consoles, malgré la pause active
- Une proposition uniquement solo
Note de la rédaction
Avec ses contrôles bien plus adaptés au PC qu’aux consoles, Gord n’est pas sans défauts sur le plan de l’ergonomie et de la lisibilité, mais il se rattrape largement par son ambiance torturée à souhait. La survie dans un monde de dark fantasy peuplé de cauchemars est une longue succession d’épreuves et de choix cruciaux, surtout quand la folie guette nos unités à chaque nouvelle incursion dans les ténèbres. Dommage que les enjeux stratégiques imposent une vigilance permanente côté gestion car cela se fait un peu au détriment de l’exploration et de l’aventure.