Final Fantasy : lever de rideau

Contraction encore moins facile à écrire qu’à prononcer de « theater » et « rhythm », le dernier-né de la série des jeux Theatrhythm aurait surtout mérité de contenir le nom de Final Fantasy dans son titre. Car il s’agit avant tout du plus bel effort réalisé par Square Enix pour rendre hommage à plusieurs d’années d’histoire musicale ayant rythmé la saga, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Et même si d’autres grands RPG y étaient également déjà apparus (via des DLC ou l’épisode dédié entièrement à la saga Dragon Quest), c’est bien l’histoire musicale de Final Fantasy qui est encore à l’honneur dans Theatrhythm Final Bar Line sur PS4 et Nintendo Switch. Une nouvelle version enrichie de contenus encore plus nombreux que dans les précédents titres qui avaient fait la joie des possesseurs de 3DS. Il faut dire que Square Enix n’a pas chômé ces dernières années en lançant plusieurs épisodes dignes de figurer aussi dans cette version ultime de Theatrhythm. On y trouve notamment des morceaux tirés des albums de Final Fantasy VII : Remake et de Final Fantasy XV, mais aussi d’autres belles surprises auxquelles les joueurs mélomanes auront bien du mal à résister.

Une tracklist faramineuse

Jouer à Theatrhythm Final Bar Line c’est d’abord réapprendre à compter. Car, en l’espace de 35 ans, la série Final Fantasy a beau ne totaliser « que » 15 épisodes canoniques, ce sont en réalité 46 jeux différents qui lui sont rattachés dans cette compilation gargantuesque ! Pas étonnant, dans ces conditions, de voir sa tracklist s’envoler sur une orbite aussi déraisonnable que surréaliste en proposant pas moins de 385 musiques tout droit issues de la franchise et de ses spin-off. Ce nombre correspond d’ailleurs au seuil minimum de morceaux contenus dans l’édition de base de Theatrhythm Final Bar Line, les versions Digital Deluxe rajoutant déjà 27 musiques supplémentaires exclusives, tandis que 90 autres sont aussi annoncées en DLC.

On aurait bien envie de vous dire que tout ceci est abusé mais les mélomanes reconnaîtront que ces morceaux bonus sont juste indispensables pour tout inconditionnel de la série. Car parmi les 27 musiques évoquées dans le package Deluxe, une grande partie correspond aux chansons thème les plus appréciées de la saga : Eyes on me (FF8), Melodies of Life (FF9), Zero (FF Type-0), sans compter les arrangements par les Black Mages de The Skies Above (FFX) et Clash on the Big Bridge (FF5), ainsi que d’autres morceaux collector comme le somptueux Aerith’s Theme (FF7) « Collab Arrangement » ou la mélodie tragique de Zanarkand (FFX). Il semble cependant que les possesseurs de la version de base (physique ou numérique) pourront se procurer ces 27 musiques DX moyennant un téléchargement a posteriori, mais nous n'avons pas pu le vérifier.

Nier et les promesses des DLC

Concernant les DLC à venir, on sait que le titre intégrera un total de 90 pistes téléchargeables via des pass saisonniers qui feront la part belle à d’autres grands jeux de Square Enix. Theatrhythm Final Bar Line étant un titre qui risque, de toute façon, de nous occuper de très nombreux mois, on peut déjà prendre rendez-vous au printemps prochain pour découvrir l’ensemble des surprises d’ores et déjà programmées en DLC. Dans le lot, il y aura des packs dédiés à de véritables pépites du jeu de rôle japonais :

• Final Fantasy Legend
• Romancing SaGa
• Saga Frontier
• Live a Live
• Chrono Trigger
• Série des « Mana »
• The World ends with you
• Nier
• Nier Automata
• Octopath Traveler
• Xenogears

Toute l’histoire de la saga retracée en musique

Tout ceci cumulé, cela porte quand même le total de morceaux à 502 pistes, le producteur et le réalisateur ayant souligné avoir créé ce jeu comme si c’était le dernier, y incorporant absolument tout ce qu’ils pouvaient pour en faire l’apogée de Theatrhythm. Il faut dire que, rien que dans sa version de base, le jeu ne se contente pas de retracer en musique l’histoire des 16 épisodes canoniques. Il rend aussi hommage aux principaux spin-off en proposant des séries spéciales autour de la compilation Final Fantasy VII (Crisis Core, Last Order, Advent Children, FFVII Remake), pour les suites de Final Fantasy XIII (FFXIII-2, Lightning Returns), mais aussi pour Mystic Quest, Final Fantasy Tactics, Crystal Chronicles (et Crystal Bearers), Dissidia (et Dissidia 012[duodecim]), FF Type-0, Record Keeper, Mobius Final Fantasy, ou encore FF Fables : Chocobo's Dungeon. Le mode Quêtes propose même une branche spéciale pour les musiques tirées des jeux Theatrhythm (dont Curtain Call) et des spin-off directs de Final Fantasy comme The 4 Heroes of Light, World of Final Fantasy et Stranger of Paradise, histoire de ne vraiment rien oublier !

Le meilleur du jeu de rythme

Mais revenons au jeu : le concept de Theatrhythm est de transposer les thèmes musicaux de la franchise dans un jeu de rythme intuitif, accessible et surtout addictif. Simple en apparence, le soft se révèle redoutable dans ses niveaux de difficulté les plus élevés, cette version en proposant pas moins de 4 différents. Le joueur y contrôle un groupe de 4 protagonistes (parmi les 104 héros et antagonistes à débloquer sur l’ensemble de la partie) qui doivent survivre aux voyages musicaux en frappant les monstres au gré de nos performances. En clair, plus on appuie en rythme et avec précision sur les déclencheurs indiqués à l’écran, plus notre équipe inflige de dégâts et évite d’en recevoir. L’objectif n’est donc pas seulement de réussir à boucler les morceaux sans que nos héros ne tombent à court de points de vie, il est aussi de viser le score le plus élevé possible en utilisant tous les éléments mis à notre disposition.

Au fil des gains d’expérience obtenus, les personnages montent de niveau et acquièrent de nouvelles aptitudes qu’il faut sélectionner judicieusement en fonction de ce que l’on cherche à faire. S’il s’agit simplement de terminer les morceaux, on privilégiera une équipe équilibrée avec des soigneurs (Aerith, Ignis) et des défenseurs (Seifer, Snow). Si l’on vise un score important, on inclura des attaquants (Cloud, Noctis) et des mages (Terra, Ultimécia) pour terrasser un maximum d’ennemis. Si l’on cherche à débloquer des bonus (coffres au trésor, cartes, pierres d’invocation), on n’oubliera pas d’intégrer aussi des chasseurs comme Yuffie, Djidane ou Rikku. Il existe même une classe de soutien (Mog, Linoa) pour gérer les altérations d’état et des invocateurs (Grenat, Eiko) afin d‘optimiser les effets des pierres d’invocation. Car cet épisode propose une quantité indénombrable de pierres permettant d’invoquer Bahamut et consorts, avec des effets très variables. Sachant que ces pierres s’obtiennent de manière complètement aléatoire, on ne s’étonnera pas d’obtenir plusieurs fois la même chimère mais avec des effets bonus complètement différents (dégâts réduits, multiplicateur d’XP, taux d’obtention des cartes accru, etc).

En parlant des cartes, justement, celles-ci ne sont pas qu’une récompense purement visuelle destinée aux joueurs les plus nostalgiques. Elles accroissent les caractéristiques des personnages auxquelles elles sont rattachées, ou renforcent les invocations à mesure qu’on les cumule. Tout est fait pour servir le gameplay sur le très long terme. Par exemple, même une fois atteint le niveau 99, les personnages peuvent continuer à progresser suivant des niveaux « étoile ». Il est même possible de leur attribuer des objets spéciaux pour renforcer directement leurs statistiques ou des parchemins de compétence pour étoffer leur éventail de techniques. D’autres items plus communs sont utilisables en fonction de ce que l’on veut privilégier (potions, bonus d’XP, queue de phénix…), la plupart des défis ne pouvant pas être accomplis sans préparatifs préalables sur les niveaux de difficulté les plus élevés.

Un challenge de longue haleine

Theatrhythm Final Bar Line multiplie les options d’accessibilité pour permettre à tout le monde de s’amuser mais aussi aux joueurs les plus aguerris de trouver un défi à leur mesure. Les quatre modes de difficulté sont vraiment adaptés à tous les niveaux, on trouve même une option de jeu dite « simple » à un seul bouton, que nous vous déconseillons bien évidemment. D’ailleurs, ne vous laissez pas induire en erreur par le tuto : s’il est possible d’utiliser tous les boutons de la manette, le seul maniement réellement adapté au titre est de combiner les gâchettes avec les deux sticks. Car le jeu ne se prive pas pour faire intervenir des déclencheurs de toutes sortes, y compris sur des doubles lignes mobiles ou avec des flèches dans tous les sens, ce qui renouvelle constamment les défis. La manière dont les concepteurs sont parvenus à proposer des styles d’épreuves si variables d’un morceau à l’autre pour s’adapter du mieux possible à la musique jouée est vraiment remarquable.

L’une des nouveautés de cet opus réside d’ailleurs dans l’apparition de quêtes optionnelles qu’il faut valider en respectant certaines consignes pour obtenir des récompenses spéciales. Un bon moyen de nous faire revenir sur des morceaux déjà terminés en tentant, par exemple, d’aller assez loin pour vaincre un boss en exploitant ses faiblesses élémentaires. Autant dire qu’il faut alors ajuster au mieux son équipe pour intégrer les éléments les plus adaptés au défi demandé, à condition que les personnages en question aient débloqué les bonnes capacités. De quoi relancer encore plus l’intérêt du jeu sur la durée avant de viser le mode de difficulté Suprême ou de défier d’autres joueurs en multi ! Certaines pistes sont même parfois sujettes à des effets particuliers (vitesse très accrue ou très ralentie) pour pimenter encore plus les parties.

Du multijoueur en ligne et en local

Déjà passionnant en solo, Theatrhythm Final Bar Line prend toute sa dimension en multijoueur. Les défis en ligne opposent de 2 à 4 joueurs dans des combats intenses où tous les coups sont permis. Le système d’explosions qui se déclenchent au gré de nos performances permet d’infliger des malus plus ou moins handicapants qui transforment les parties en apocalypse ! Faux déclencheurs, triple gros Chocobos qui masquent l’écran et autres joyeusetés délirantes favorisent les retournements de situation pour des matchs de pure folie. Il reste bien sûr possible de désactiver les explosions si l’on veut défier ses adversaires dans des combats à la loyale, mais l’option a vraiment quelque chose d’unique. Si ces versus ne sont pas proposés en local, l’option « Duo » permet en contrepartie de jouer à deux sur un même écran de manière coopérative, chacun ayant sa propre zone à gérer pour tenter de terminer ensemble le morceau. C’est moins fun mais ça reste très intéressant en termes de convivialité, d’autant qu’on peut même se partager la manette si besoin.

Des regrets ?

Vous le savez si vous aviez déjà succombé à la magie des précédents Theatrhythm, cette série est réellement incontournable pour tous ceux qui apprécient les musiques de Final Fantasy. Compte tenu de la tracklist exceptionnelle de cet épisode, de son efficacité en multijoueur et de ses nouveautés dans le mode Quêtes, que peut-on lui reprocher ? Outre la problématique des 27 pistes réservées à l’édition Digitale Deluxe qui a déjà été évoquée plus haut, il y aura toujours des musiques qui manqueront à l’appel, l’exhaustivité n’étant évidemment pas possible. Surtout, on peut regretter qu’il ne soit toujours pas possible de profiter de certains morceaux dans leur intégralité. Des défis non abrégés sur des thèmes de boss comme Dancing Mad auraient été un vrai plus. À l’inverse, d’autres thèmes comme Apocalypsis Noctis de Final Fantasy XV bénéficient presque d’un traitement de faveur avec un montage de près de 5 minutes combinant les cinématiques du jeu.

Car n’oublions pas que les Theatrhythm incluent également des défis dits « Event » qui sont justement composés de scènes cinématiques (ou d’un montage rendant hommage au jeu) tout en s’appuyant sur un gameplay à part. Dans cet épisode justement, les lignes défilent vers le bas de l’écran (comme dans un Guitar Hero) avec un léger effet de profondeur, ce qui complète habilement les autres types de défis proposés (Field et Battle). Chaque série du mode Quête permet ainsi de déverrouiller une séquence assez grandiose à retrouver dans le menu de sélection des niveaux musicaux. Que demander d’autre, sinon peut-être une formule de coop en ligne et du versus en local (seul l’inverse est autorisé), des extraits d’albums plus originaux (style Final Fantasy Pray Vocal Collections) ou issus des concerts symphoniques ? Et des chimères un peu plus nombreuses et diversifiées ? Mais, rassurez-vous, il y a de toute façon déjà largement de quoi s’occuper avec cet épisode d’exception, surtout qu’un mode « post-crédits » bien ficelé renforce encore la rejouabilité du titre sur le très long terme...

Conclusion