3 ans après un Need for Speed Heat décevant, Criterion Games lance un nouveau titre original pour la saga NFS. Baptisé Need For Speed Unbound, le jeu de course arcade est cette fois-ci exclusivement sur consoles de dernière génération et PC. De quoi relever le niveau et faire passer un cap à la saga ?
Après Miami, bienvenue à Chicago ! Tel est le nouveau cadre de Need for Speed Unbound, nouvel épisode d'une licence de jeu de course arcade mythique, lancée par Electronic Arts il y a 28 ans de cela. Plus de 20 titres plus tard, la saga s'illustre exclusivement sur PlayStation 5, Xbox Series et PC] avec l'objectif de faire oublier un Need For Speed Heat sans saveur.
Place au cel-shading et Lakeshore City
Après la côte ouest des Etats-Unis et Miami pour le dernier épisode, Need For Speed Unbound s'inspire de Chicago avec la création d'un tout nouvel open world nommé Lakeshore City. On y incarne un personnage au choix parmi une sélection avant de débuter la partie, entièrement personnalisable jusqu'au style vestimentaire avec un bon nombre de marques de fringues. Et le style de NFS Unbound est planté dès ces premières secondes de découvertes. Les personnages sont en cel-shading, un style de graphismes cartoon hommage à des titres comme Jet Set Radio et influencé par la culture street art. Lors des premières courses, on remarque alors que la fumée produite lors des dérapages du véhicule embrasse aussi ce style particulier, de quoi donner une identité sympathique au titre, sans pour autant choquer la rétine.
La ville est plutôt vivante comparée à celle du précédent opus original, avec une météo dynamique, des effets de lumière chatoyants, des passants certes impossible à écraser, mais bien là pour donner de la vie à Lakeshore City, le tout habillé par les musiques de compositeurs reconnus comme A$AP Rocky, présent en tant que personnage dans le jeu, et Français avec Brodinski ou SCH. Pour le reste, c'est du Need For Speed tout craché, avec un nombre de voitures assez important sous licences officielles, 143, avec les constructeurs les plus clinquants comme BMW, Ferrari, Porsche, Aston Martin ou Lamborghini. En revanche, on oubliera rapidement le scénario du mode solo, une histoire de trahison et de revanche entre les protagonistes à la sauce Fast & Furious. Les personnages principaux ou secondaires sont en effet soit clichés, soit insipides, et pour la plupart extrêmement énervants à parler tout le temps, même en course.
Un gameplay nitro fou, nitro sage
Mais l'important n'est pas dans les paroles, mais sur les routes de Lakeshore City. Et le studio Criterion a fait des efforts en ce sens. Les courses sont intenses et engagées, avec de nombreux effets visuels pétillants à l'écran et la conduite moins mollassonne que ce qu'on a pu voir dans les derniers jeux de la saga. Après une prise en main rapide propre aux jeux de courses arcade, il faudra bien gérer sa nitro lors des parties, avec une jauge bleu que l'on remplit tout au long de la course en réalisant des mouvements risqués (contresens, frôlements, sauts, dérapages), et une autre jauge jaune divisée en 3 niveaux de boosts provisoires à activer rapidement après avoir pris l'aspiration ou drifté. Le tout est d'ailleurs sublimé par la dernière génération de consoles, Unbound proposant 60FPS constant, le 4K et HDR sur chaque support.
Il faudra aussi composer avec la circulation urbaine, et la police ! C'est d'ailleurs le principal danger pour voir sa course ruinée, tellement l'apparition et les mouvements des IA en dehors des adversaires sont imprévisibles. Car oui, une dizaine de voitures de police peuvent débarquer en pleine action, et parfois même venir vont foncer dessus frontalement ou sur le côté. Les concurrents sont quant à eux plutôt propres dans leurs dépassements en difficulté normale, et jouent moins les auto-tamponneuses que dans Need For Speed Heat. Si l'on peut critiquer quelque peu le système de dérapage, parfois activé sans raison pour faire perdre du temps de manière frustrante, le gameplay de NFS Unbound est globalement satisfaisant pour de l'arcade.
Fast & Furious se la joue Monopoly dans la progression
Malgré les petits ajustements techniques et les nouveautés graphiques, Need For Speed ne s'est pas oublié dans la personnalisation. On peut toujours faire l'intégralité du soft avec une seule voiture, puisqu'il est possible de l'améliorer à l'extrême en changeant les pièces dans le garage. Les fans de tuning et de la saga ne seront pas dépaysés en ce sens que ce soit dans la bonification des performances ou les changements purement cosmétiques sur la voiture, de la plaque d'immatriculation aux vitres, en passant pas les jantes ou le capot. Et si vous n'avez pas le temps de changer la peinture ou d'ajouter quelques sticks, on peut toujours télécharger les plus belles créations de la communauté.
Mais cette personnalisation à un coût, et surtout, du temps. Acheter un nouveau bolide, améliorer son garage pour acquérir de meilleures pièces, obtenir des éléments de personnalisation... Tout cela est très onéreux, et assez frustrant puisque gagner de l'oseille en masse est au pire assez complexe, au mieux extrêmement lent. Après un prologue longuet dans le mode histoire où nous perdons à l'issue de celui-ci notre première voiture et ses améliorations, le titre fonctionne sous la forme d'un calendrier. Chaque journée dans le jeu correspond à une session avec un nombre limité de courses à réaliser et un nombre d'essais limité pour ces courses par session. En difficulté normale, si l'on n'est pas satisfait du résultat, on peut recommencer une course 4 fois maximum par session, un nombre qui ne se réinitialise qu'une fois retourné au garage ou dans une planque.
Là où le bât blesse, c'est que même au début du titre, la difficulté est assez mal équilibrée, entre les trois premiers concurrents souvent bien trop forts pour prétendre aux meilleurs gains sans une voiture améliorée. Ajoutez à cela des récompenses assez faméliques pour la plupart des courses, certaines nécessitant un coût d'inscription ! Étant donné que le nombre d'essais est limité, il est souvent possible de perdre de l'argent, d'autant qu'une arrestation par les policiers (parfois en chasse juste après la course selon votre jauge de réputation) vous fera perdre vos gains lors de la session. Fort heureusement, il est plus facile de semer ces derniers. En outre, dans l'autre mode Lakeshore en ligne cross-platform où l'on dispose de l'open world mais avec cette fois-ci un nouveau garage, les courses sont exclusivement avec des adversaires humains, mais peinent à se remplir et donc à se lancer. Toutes ces choses additionnées font qu'il faudra prendre son mal en patience pour acquérir les meilleures voitures et profiter pleinement d'un Need For Speed Unbound convaincant.
Points forts
- Prise en main rapide et agréable
- Effets visuels (nitro, drift) en cel shading réussis
- Techniquement impeccable
- Toujours plus profond dans la personnalisation
- Un multijoueur cross-plateform...
Points faibles
- ...mais un peu bancal dans la mise en place
- Progression terriblement lente
- Difficulté mal équilibrée
- Scénario et personnages inintéressants ou agaçants
Merci la nouvelle génération de consoles ! La saga NFS repart dans le bon sens, grâce notamment à une technique impeccable pour un jeu de course arcade (moteur Frosbite, 60 FPS constant, 4K, HDR...) et une prise en main toujours aussi abordable pour quiconque souhaite se prêter au jeu des courses clandestines. Need For Speed Unbound a pris un risque dans ses effets en cel-shading, et il est payant puisqu'il ajoute une vraie personnalité au titre sans perdre le sel de la licence. On retrouve le même effort dans les possibilités de personnalisations de son ou ses bolides, qu'ils soient visuels ou liés à la performance. En revanche, certains seront frustrés par une progression très lente via les sommes d'argent gagnées en courses, amputées par une difficulté mal équilibrée. Si l'on met ça de côté avec le scénario insipide du mode solo, Unbound réussit là où NFS Heat avait échoué, à savoir donner un peu de vie et de saveur à la découverte de l'open world nommé Lakeshore City.