Après nous avoir fait visiter l'Asie de l'Est avec Shadow Warrior, Flying Wild Hog nous plonge dans l’Ouest américain grâce à Evil West, édité par Focus. Dans la peau d'un chasseur de vampires armé jusqu'aux canines, le joueur va devoir éliminer des créatures démoniaques dans la foi et la bonne humeur. Si cela vous rappelle des licences existantes, ce n’est pas tout à fait anodin. Alors, à l’Ouest… rien de nouveau ?
Nous avons testé Evil West exclusivement sur PC avec un code review fourni par Focus. Nous avons terminé l’aventure en difficulté normale. À titre informatif, quatre niveaux de difficulté sont disponibles. Cela nous a pris une bonne dizaine d'heures pour voir les crédits de fin.
Des baffes chez les vampires
Depuis le début du XVIIIᵉ siècle, les États-Unis sont en proie aux forces du mal. Une organisation, connue sous le nom d’Institut Rentier, s’est formée pour protéger les gens ordinaires des menaces extraordinaires. Dans les bottes de Jesse Rentier, le joueur a pour mission de frapper, de fusiller, de faire exploser des hordes de monstres belliqueux pour que le pays de l’oncle Sam ne devienne pas celui du père Belzébuth. Le scénario d’Evil West, pensé pour fournir de l’action sans temps mort, s’intéresse à des vampires revanchards qu’il va falloir exterminer. Ne vous attendez pas à ressentir un peu d’empathie pour les personnages, ils sont tous des caricatures donnant un côté série B assumé à l’ensemble. En matière de gameplay, la création de Flying Wild Hog a puisé un peu de sang du corps de quelques mastodontes du genre allant de God of War à Devil May Cry, en passant par Darksiders. Il en prend les qualités comme les pires des défauts. Enjamber un obstacle rend parfois impossible tout retour en arrière, ce qui rend l’exploration – aussi basique soit-elle dans ce monde fait de couloirs – un rien frustrante.
Au sein de ce Beat’em up à la troisième personne, Jesse donne de grosses patates à mains nues, survole les obstacles grâce à son grappin, et fait la misère à ses opposants à l’aide de ses gants un peu spéciaux. Au fil des niveaux, ces ingénieux accessoires, greffés aux bras du héros, gagnent des caractéristiques pendant que Jesse récupère de nouveaux joujoux. Petit à petit, Rentier peut se soigner, électrocuter les adversaires déambulant dans une zone ou bien tirer un coup de fusil à pompe salvateur. Ces compétences sont illimitées mais utilisables seulement si les jauges correspondantes sont chargées. Il est donc primordial de les enclencher au moment le plus opportun sous peine de connaître une terrible sanction, car les ennemis sont nombreux dans Evil West. Rebuts, vampires, démons volants, loups-garous, parasites… il y en a pour tous les (dé)goûts. Bien sûr, chaque monstre a ses propres patterns plus ou moins compliqués à éviter lors des rencontres musclées.
Au corps à corps, il n’y a aucun lock dans Evil West. Il faut donc être attentif en combat pour ne pas encaisser un mauvais coup. Des flèches rouges et jaunes disposées autour du héros indiquent heureusement quels sont les adversaires proches qui pourraient avoir l’audace de tenter une attaque sournoise. En jeu, il est préférable de tourner la caméra pendant un combo pour vérifier qu’aucun vilain ne s’apprête à stopper notre élan, ce qui demande une certaine gymnastique. Quand la situation dégénère, le joueur a la possibilité d’enclencher une furie destructrice en triturant les deux sticks, à la condition bien sûr que cette dernière soit chargée au préalable. Le soft de Focus se déleste de la barre de stamina : l’aventurier enchaîne les esquives et les uppercuts telle une inépuisable machine de guerre. Cela a pour conséquence de rendre les affrontements assez accessibles : quand une bataille tourne en notre défaveur, il y a toujours la possibilité d’esquiver jusqu’à ce que tout danger soit écarté en attendant que la compétence de soin se recharge. Globalement, la courbe de difficulté du soft est plutôt bien gérée.
Run and gun
Jesse Rentier n’a pas que sa force physique pour lui, il a aussi une jolie collection de pétoires allant du fusil de précision au lance-flammes. Assez puissants contrairement à ceux portés par un certain Dante, les guns ne servent pas qu’à ralentir les créatures. Des boss entiers sont destructibles à distance, si le cœur vous en dit. Lorsqu’un point lumineux s’affiche sur les ennemis, cela signifie qu’ils peuvent être gravement blessés si le joueur parvient à tirer précisément dedans. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple à faire quand les ennemis sont nombreux à l’écran bien que l’aim assist adoucisse le défi, mais la mécanique a au moins le mérite de récompenser le franc tireur. Dommage que les cowboys humains qui usent et abusent du tir trop précis à distance, se révèlent aussi peu amusants à descendre. À l’instar des autres “pouvoirs” du jeu, les balles reviennent elles aussi après un court laps de temps d’inutilisation. Il n’y a donc pas de touche de recharge.
Malgré la présence d’armes à feu (ainsi que d’une arbalète, d’explosifs ou encore d’un Railgun), le combat rapproché est largement encouragé dans Evil West. Cela est principalement dû aux fonctionnalités du Foudroyeur qui permettent de désarçonner un ennemi contré, de l’attirer vers soi ou au contraire de se téléporter près de lui afin de lui infliger une correction cinglante. Appuyer sur le stick droit exécute un coup de pied à même d’empêcher un adversaire de sortir son coup. Il est tellement efficace qu’enchaîner les coups-de-poing puis le coup de pied de manière répétée envoie au tapis à peu près tous les opposants. Dans les faits, il n’est pas forcément conseillé de n’utiliser que cette méthode tant les créatures sont nombreuses pendant les rixes. Ces dernières n’attendent pas leur tour pour frapper et ne subissent pas les dégâts des autres monstruosités. Il est donc préférable de tirer sur la TNT présente dans les arènes plutôt que sur les rebuts explosifs pour faire le ménage dans les niveaux. L’impact des coups est bien retranscrit : frapper retire la chair des opposants dans un bain de sang du plus bel effet. Enfin, les finish-moves octroient quelques points de santé une fois exécutés. Une ressource vitale pour espérer progresser tout au long des 16 chapitres qui composent l’aventure (et réussir les trois phases du boss final). Inutile de préciser qu’à la manière d’un Doom Eternal, cibler un mob de base pour se refaire une santé ou remplir sa jauge de furie est encouragé. Une fois le chapitre 10 atteint, les combats se suivent et se ressemblent : on électrocute les rebuts, on les termine afin de charger son super pouvoir, puis on déclenche sa furie contre le(s) boss présent(s) histoire d'éviter trop d'embrouilles.
Miroir, qui est la plus belle ?
Le monde du Far West n’est que rarement exposé dans le monde du jeu vidéo. Graphiquement, le titre façonné par Flying Wild Hog est plutôt agréable à l'œil. Bien sûr, techniquement, il n’arrive pas à la cheville du rutilant God of War Ragnarok, cela va sans dire. Malgré tout, les textures nombreuses, les animations bien décomposées et les effets de lumières réussis en font un AA de bonne facture. Quelques fonds grossiers gâchent certains panoramas. Détail qui a son importance : le sang, qui se déverse par hectolitres, est projeté sur le sol comme sur les murs. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les fans du genre, ça veut dire beaucoup. Oui, il y a des chargements qui coupent l’action de manière inopinée, et oui, il y a des séquences qui auraient mérité une meilleure finition, mais dans l’ensemble, Evil West est plaisant. Attention cependant, le diable ne se cache pas que dans les rues de Belmontville (coucou Castlevania), il est aussi dans les détails : il y a de nombreuses incohérences dans la construction des décors ainsi que pas mal de bugs visuels. La musique, discrète, tente d'accompagner l’action du mieux qu’elle le peut.
Shoot, shoot, don’t talk
Vous l’aurez compris, Evil West mise sur la simplicité de ses mécaniques pour parler la même langue que les amoureux hardcore de jeux d’action. Au niveau de sa structure, le soft édité par Focus embrasse le classique en revenant aux bases du Beat’em up 3D. Le joueur enchaîne des chemins balisés jusqu’à atteindre des arènes où des monstres apparaissent. Une fois que ces derniers sont renvoyés en enfer, un chemin précédemment bloqué devient praticable et donne accès à un nouveau couloir. Le level-design, d’une simplicité désarmante, n’est là que pour faire s’enchaîner des arènes remplies des monstres. Aucun labyrinthe ne vient ralentir les pas de Rentier, pas même plusieurs allers-retours ou une quête secondaire. Seuls de rares puzzles osent parler un tant soit peu à la matière grise du joueur. Evil West se veut défoulant, bourrin et divertissant avant tout. Et c’est tant mieux ! Malheureusement, le level-design est également bourré de faux appels (échelles qui ne s’escaladent pas, fossés de quelques centimètres qui ne s’enjambent pas, etc.).
Il est à noter que de rares séquences au gameplay spécifique sont de la partie, comme celles se déroulant dans des chariots de mine où le héros doit tirer sur tout ce qui se trouve sur sa route. Pourquoi pas, après tout ? De temps à autre, un boss (mini ou véritable) montre le bout de ses pustules. Ces gardiens, diablement réussis, sont souvent imposants et livrent exactement ce que l’on attend d’eux, à savoir du défi, des attaques nombreuses, et de bonnes frayeurs lorsqu'il ne reste plus qu’un quart de santé à retirer. Comme à l'accoutumée, les développeurs n’hésitent pas dans les derniers chapitres à mettre deux ou trois boss en même temps histoire de provoquer un pic de difficulté. Les plus perspicaces qui iront jusqu’aux crédits débloqueront un new game + conservant la progression du personnage tout en apportant un défi plus corsé. La bonne nouvelle, c'est que les développeurs ont eu l'idée d’inclure des checkpoints lors des batailles contre les gardiens les plus résistants à la fin de l'aventure.
Aucune “RPGisation” à outrance ne vient brouiller les sensations pures que délivrent Evil West. Bien sûr, il y a bien des achats à effectuer pour améliorer son matériel ainsi que des compétences à améliorer, mais tout est extrêmement simple à effectuer. La montée en puissance se fait à la volée en passant via des menus clairs, nets et précis. Étrangement, aucun compteur de combo ni d’appréciation live ne viennent féliciter le chasseur qui aurait usé de sa dextérité pour ne laisser aucun répit à ses agresseurs. Contrairement à un Devil May Cry, c’est l’efficacité qui est récompensée plutôt que le style. Un choix curieux par rapport aux combats très dynamiques rythmant la progression. Définitivement, le jeu de Flying Wild Hog est une ode au Beat’em up 3D très arcade dans l’âme, ce qui est son principal atout.
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Conclusion
Points forts
- Un Beat’em up 3D qui va à l’essentiel
- Le bestiaire est réussi
- Des combats intenses qui bougent bien
- Pas désagréable graphiquement
- Jouable en coop
Points faibles
- L’exploration quasiment inexistante
- Un level-design vraiment simpliste
- Des limites vite perceptibles
- En combat, le style n’est étrangement pas récompensé
- Ambiance sonore passable
- Les affrontements se suivent et se ressemblent
Note de la rédaction
Avec Evil West, Flying Wild Hog plante ses gros crocs dans les colosses (actuels comme anciens) du Beat’em up 3D et crée un amalgame détonnant. Certes, la créature engendrée ne brille pas par la fraîcheur de sa chair, mais elle saura satisfaire les besoins primaires de celles et ceux souhaitant frapper avant de se poser des questions. Agréable à jouer sans exceller dans un quelconque domaine, la création de Focus est un retour décomplexé aux origines de jeu d’action 3D, sans éléments de RPG à outrance ni univers ouverts diluant son contenu. Ce God of Far West à la sauce AA évite de se casser les dents sur des promesses qu’il aurait été incapable de tenir. Une assez bonne surprise.