Sorti tout droit des ténèbres, sans prévenir, Moonscars est un nouvel action-RPG exigeant qu’on pourrait qualifier de “Souls-like 2D”. Concrètement, les combats ne sont pas évidents, il va falloir redoubler de patience et de concentration pour progresser. C’est le jeune studio Black Mermaid, dont c’est de toute évidence le premier titre, qui est aux commandes. Alors, simple coup d’essai, ou coup de maître pour transposer ce genre si populaire en défilement horizontal ? Notre verdict.
Test réalisé sur PC. Moonscars est dispo sur toutes les consoles (même dans le Game Pass).
Si vous aimez les Souls-like (jeux qui reprennent les codes de Dark Souls, Elden Ring) sachez que c’est un genre qui se prête bien à la 2D. Eh oui, des noms comme Blasphemous et Salt and Sanctuary l’ont prouvé plus d’une fois ! Alors quand un certain Moonscars se présente, avec une direction artistique alléchante | des combats de prime abord tout à fait solides, la rédaction de JV tend l’oreille. Dans cet action-RPG exigeant, vous contrôlez “Irma”, guerrière d’argile qui aimerait bien percer le secret de sa propre existence. Bien sûr, des chemins tortueux et des monstres pas franchement fréquentables vous attendent. Il va falloir agiter plus d’une fois sa lame pour réussir.
Mme Irma dans la place, des idées originales
Moonscars est assez malin et original dans son approche du Souls-like 2D. D’abord, ici, il n’y a pas de barre d’endurance. Irma peut enchaîner à sa guise les attaques légères, chargées, ainsi que les dashs pour esquiver. Le véritable nerf de la guerre, c'est la “jauge d’ichor”, que l’on trouve au-dessus de celle dédiée à la santé. La barre en question, qui remonte à chaque fois que vous frappez un adversaire, permet de lancer des sorts et surtout de regagner peu à peu de la vie en appuyant sur une gâchette. Évidemment, pendant ce temps, Irma reste immobile, vulnérable au moindre assaut ennemi. Moonscars vous placera souvent devant le choix suivant : dépenser de l’ichor pour lancer un puissant pouvoir ou bien prendre de la distance et essayer de vous soigner.
Ce n’est pas la seule originalité proposée par l’équipe Black Mermaid. Avec Moonscars, chaque fois que vous enchaînez les combats victorieux sans mourir, le “menu de malveillance” apparaît, vous demandant de choisir parmi trois bonus ! Par exemple : plus de chances d’infliger un coup critique, des soins plus efficaces, ou encore des sorts moins coûteux en ichor. Un système que l’on retrouve généralement dans les rogue-lite, mais qui a ici toute sa place. Très concrètement, plus vous serez invaincu, plus vous aurez d’atouts pour le rester. Le menu de malveillance s’obtient rapidement et ses bonus sont cumulables, ce qui permet de nuancer un challenge parfois plutôt corsé. Une bonne idée. Seul bémol, les bonus en question ne sont pas très nombreux, revenant en boucle pendant toute l’aventure (comptez entre 8-10h). Il faut avouer que c’est un petit peu dommage.
Au-delà du menu de malveillance pour nuancer la difficulté, Moonscars mise également sur ce qu’il appelle la “faim lunaire”. En gros, dès que vous perdez la vie, les ennemis deviennent plus puissants - vous donnant au passage davantage de “pourdre d’os” pour acheter / améliorer des sorts et vous offrir de nouveaux pendentifs aux pouvoirs souvent utiles. Seul moyen de conjurer le sort, dépenser un “ganglion”, objet caché un peu partout dans les niveaux mais qu’il est aussi possible d’échanger contre des techniques et d’autres pendentifs. Ce sera donc à vous de voir.
Une statue d’argile parfois un petit peu bancale
Avec son propos sur l’argile, la jauge d’ichor et le menu de malveillance, Moonscars parvient à se forger une personnalité assez forte et solide. On peut en dire autant des visuels, dont le mariage d’assets 3D “scannés” en 2D et de pixel art rappelle un certain Dead Cells. En bien plus sombre et torturé, bien sûr. On regrette d’ailleurs que la direction artistique de chez Black Mermaid tarde un peu trop à se renouveler. Mais, mine de rien, il se passe quelque chose. Précisons que, pour parfaire son image d’outsider, Moonscars ne propose pas de système d’évolution de personnage classique. Pas possible d’améliorer les statistiques d’Irma (Force, Endurance, Vie) ! Dîtes-vous qu’ici, il n’y a pas de logique de niveaux, pour vous comme pour les ennemis. Ce qui peut créer un différentiel de force (en marge de la faim lunaire | des bonus de malveillance) ce sont surtout les sorts à débloquer sur l’arbre de compétence. Pour cela, vous devez conserver vos poudres d’os - équivalent des âmes de Dark Souls - jusqu’au prochain checkpoint. Poudre qui reste sur votre cadavre en cas d’échec et qui, en cas de seconde erreur, est susceptible de disparaître pour de bon.
Le truc avec Moonscars, c’est que de la poudre d’os, vous allez certainement en paumer un paquet. À la différence de Dark Souls, la ressource n’existe pas en tant qu’item à trouver et garder dans votre inventaire, ce qui peut compliquer l’amélioration de votre personnage. À quoi s’ajoute un level design façon metroidvania où l’accès aux raccourcis puis aux checkpoints est un peu plus rare que dans un environnement en 3D. On obtient ainsi une progression assez rigide qui peut donner lieu à pas mal de frustration, en particulier devant les boss - qui représentent un certaine étape de difficulté. Cela dépendra de votre patience et de votre niveau de jeu. Notez que, malgré tout, les zones cachent des améliorations permanentes d’ichor et de vie ainsi que de précieux objets.
Des bonnes sensations pour les combats
De notre côté, nous n’avons pas trouvé ce problème si dérangeant que cela. Ce pour une bonne raison : Moonscars délivre des combats avec de bonnes sensations ! De bout en bout, ce fut un plaisir de trancher des monstres, de les envoyer dans des piques, de sauter, plonger vers le bas pour encore plus de dégâts - et de style. Le choix imposé par la jauge d’ichor reste agréable (se soigner ou utiliser un sort) et c’est toujours gratifiant de réaliser une parade au bon moment pour ensuite profiter de sa réponse dévastatrice. Car oui, Moonscars est fun et viscéral, même si des phases de plateforme et des gestes adverses parfois un peu confus viennent gâcher ce tableau. On aurait aussi apprécié plus de capacités spéciales à l’arme blanche, dont l’animation, comme celle des sorts, est d’ailleurs particulièrement soignée. Qu’importe le challenge ou sa dimension un peu trop punitive, au final. Prendre en main Moonscars est toujours un délice et c’est bien là le principal.
Conclusion
Points forts
- Un gameplay vraiment réussi
- Un visuel macabre à souhait
- Les animations, les feedback
- Approche originale du genre
- Un gros goût de “reviens-y”
- Pas mal de sorts à débloquer
Points faibles
- Patterns parfois plutôt confus
- DA qui peine à se renouveler
- Au global, un peu trop punitif
Note de la rédaction
Même si l’on sent que la formule de Moonscars n’est pas à son plein potentiel, le studio Black Mermaid délivre ici un action-RPG solide et souvent assez ingénieux. Entre mélange des genres avec une touche de rogue-lite ; difficulté à deux vitesses ; bonnes sensations en combat et belle direction artistique, il y a réellement quelque chose qui se passe manette en main. Ce sont finalement deux-trois imprécisions, en termes d’équilibrage et de finition, qui tirent Moonscars vers le bas. Qu’importe, c’est toujours un plaisir de relancer une partie. Une bonne pioche pour fans de jeu d'action exigeant. C'est disponible dans le Game Pass !