Véritable arlésienne de la Switch, Bayonetta 3 débarque enfin sur la console hybride de Nintendo, plus de cinq ans après l'annonce du projet. Devenu au fil des ans une saga iconique du beat'em up, ce troisième épisode était attendu de pied ferme par les fans qui n'avaient pas revu leur sorcière bien-aimée depuis 2014. Alors, l'attente en valait-elle la chandelle ? Oh que oui !
Sommaire
- Un tournant dans l'histoire de Bayonetta
- Bayonetta, la reine du beat'em up
- Une volonté d'accessibilité pour le grand public
- Une aventure plus variée que jamais
- La fluidité au détriment des graphismes
Bayonetta 3 est enfin là. Après une annonce en 2017 et de longues années de silence radio complet, la sorcière préférée du jeu vidéo est de retour pour un troisième épisode exclusif à la Nintendo Switch qui se présentait comme plus explosif que jamais. C'est du moins ce que nous laissaient entendre les différents trailers diffusés après le retour du projet sur le devant de la scène médiatique à partir de septembre 2021. Alors qu'on a terminé le titre de notre côté, force est de constater que cette nouvelle aventure de Bayonetta est belle et bien plus ambitieuse et épique que jamais et qu'elle signe le retour en force de la sorcière préférée du jeu vidéo.
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Un tournant dans l'histoire de Bayonetta
Dans Bayonetta 3, on retrouve notre sorcière bien-aimée qui mène sa paisible vie à New York, en se servant d'Enzo comme larbin pour porter ses achats, comme d'habitude. Cependant, ce petit quotidien se voit tout à coup perturbé lorsque des créatures étranges appelées homonculus font leur apparition et ravagent New York, causant un tsunami. Évidemment, Bayonetta ne va pas les laisser faire et tente d'en venir à bout. Au même moment, une jeune femme du nom de Viola atterrit du ciel dans la voiture d'Enzo et demande à voir notre héroïne. Une fois la crise passée, cette dernière explique à Jeanne et Bayonetta qu'une entité appelée Singularity ravage le multivers et qu'il faut l'arrêter avant qu'elle ne devienne trop puissante. Pour le vaincre, Bayonetta et Viola décollent pour l'île de Thulé qui permet de rejoindre les différentes dimensions où se trouvent les engrenages du chaos, capables de venir à bout de leur ennemi. De son côté, Jeanne part à la recherche du Docteur Sigurd qui semble être le seul à savoir comment utiliser ses reliques d'après Viola.
Si le scénario de Bayonetta 3 peut paraître peu original au premier abord, cette excuse de multivers permet justement au titre de nous faire voyager et de nous présenter des situations étonnantes que l'on ne vous révélera pas pour ne pas vous gâcher la surprise. Au-delà de ça, le scénario de cet épisode est plus sérieux que ses aînés qui, il faut le reconnaître, avaient une intrigue assez légère. Ce coup-ci, les événements sont beaucoup plus graves et pour la première fois, on sent vraiment que notre sorcière préférée se trouve dans des situations délicates, ce qui apporte d'autant plus de poids à l'aventure. Malgré tout, on retrouve une mise en scène toujours aussi dynamique et stylée, tout particulièrement lors des cinématiques qui introduisent et concluent les combats de boss. Résultat des courses, le scénario de Bayonetta 3 est une franche réussite, notamment grâce à sa mise en scène épique, digne des plus grands animes et shonen nekketsu.
Cependant, si l'intrigue de Bayonetta 3 est plus sérieux que jamais, on peut tout de même noter que l'aventure est moins déjantée qu'auparavant. Dès les premiers épisodes, on avait l'habitude de voir la sorcière prendre toutes les menaces avec une légèreté et une pointe d'insolente puisqu'elle savait pertinemment que ses ennemis ne faisaient pas le poids face à elle. Cela se traduisait auparavant par une mise en scène assez loufoque que l'on ne retrouve pas forcément dans cet épisode plus sage. Certes, plusieurs gimmicks de la saga sont toujours de la partie, mais la sorcière semble moins taquine que ce qu'on a connu par le passé. Ce changement se comprend quand on voit le ton plus sérieux de cette aventure, mais certains pourront déplorer que le côté déjanté soit moins présent qu'auparavant.
La grande nouveauté de ce Bayonetta 3, c'est qu'on ne retrouve pas Hellena Taylor au doublage de Bayonetta alors qu'elle avait incarné la sorcière dans les deux premiers épisodes et Super Smash Bros. Ultimate. À la place, c'est Jennifer Hale, une autre comédienne réputée, qui reprend le rôle et que les joueurs connaissent bien pour avoir incarné Samus Aran dans les Metroid Prime, Naomi Hunter dans les Metal Gear Solid, mais surtout la Command Shepard dans Mass Effect et plus récemment Rivet dans Ratchet & Clank : Rift Apart. Malgré ce changement, on sent que Jennifer Hale fait tout pour respecter le travail de Hellena Taylor et la transition entre les deux est presque imperceptible, même si la sorcière est plus sage que dans les épisodes précédents.
Cependant, au cours du week-end du 15 octobre, Hellena Taylor a posté une vidéo pour annoncer qu'elle avait refusé de jouer à nouveau Bayonetta dans ce troisième épisode. La raison invoquée serait qu'on lui ait proposé seulement 4000$, ce qui est très peu pour un rôle de cette envergure dans l'industrie si bien que l'actrice l'a prise pour une insulte. C'est alors que Jason Schreier, journaliste chez Bloomberg, publie un article concernant cette affaire et révèle qu'il s'agit du montant versé par sessions et qu'il devait y en avoir au minimum cinq. Suite à cette proposition, Hellena Taylor aurait refusé, demandant une somme à six chiffres, ce qui n'aurait pas été accepté par Nintendo et Platinum Games. À l'heure actuelle, on ne sait pas encore toute la vérité autour de cette affaire, mais il est évident qu'il va falloir attendre plusieurs mois avant d'en connaître le fin mot.
Bayonetta, la reine du beat'em up
Si on est heureux de voir que l'histoire de Bayonetta 3 est plus intéressante que celle de ses aînés, le coeur de l'expérience reste évidemment les combats et le gameplay, comme dans tout beat'em up qui se respecte. De ce côté-là, ce troisième épisode apporte de vraies nouveautés et des changements de taille qui bouleversent pas mal la façon d'aborder les affrontements. Mais bon, si vous découvrez Bayonetta avec ce titre, revenons aux bases. Depuis le premier opus, la sorcière se bat à l'aide de ses poings et ses jambes auxquels elle a accroché des pistolets. En combinant ces deux boutons, on produit des enchaînements qui se terminent souvent par un coup d'un démon puissant. Si avec ça on a déjà droit à un gameplay solide grâce à la fluidité de ses combos, le vrai charme de Bayonetta, c'est surtout l'envoûtement. Concrètement, il s'agit d'une mécanique qui permet de ralentir le temps autour de notre héroïne lorsqu'elle esquive une attaque au dernier moment. Pour complexifier cette jouabilité, on récupère au fil de l'aventure des armes qui ajoutent de la variété dans les combos.
Dans Bayonetta 3, si on retrouve la base du gameplay de la série avec des enchaînements toujours aussi agréables par leur fluidité et leur côté impressionnant, cet épisode apporte une nouveauté de taille, puisqu'on peut désormais invoquer à tout moment un démon pour qu'il se batte à notre place. Dans les opus précédents, Bayonetta ne faisait appel à ses démons que pour asséner des coups de grâce à ses adversaires, alors appelées Apothéose, qui prenaient la forme de QTE pour le joueur. Pour ce troisième opus, on peut donc faire intervenir à tout moment l'une de ses créatures avec pour contrainte que Bayonetta doit faire la danse de la soumission (oui, bon...) pour maîtriser son invocation, ce qui la rend vulnérable à tout assaut ennemi pendant qu'on contrôle le monstre directement. Vous l'aurez compris, cela rappelle évidemment le gameplay de V dans Devil May Cry 5 qui se sert de ses familiers de la même façon. Et, vous vous en doutez, ces créatures font d'énormes dégâts, ce qui les rend indispensables en combat pour venir à bout facilement des adversaires les plus coriaces. Cependant, on ne peut pas non plus en abuser puisque ces invocations puisent dans la jauge de magie qui se vide rapidement, même si de toute façon, cette dernière ne sert plus qu'à ça désormais. Là où cette mécanique est d'autant plus intéressante, c'est qu'au cours des combats, on peut alterner entre trois démons différents à la volée pour choisir la créature qui sied le mieux en fonction de la situation.
Si avec tout ça, le gameplay du titre est déjà bien solide, les équipes de Platinum Games ne se sont pas arrêtées là en proposant une grande générosité en termes d'armes et de démons. À un rythme très régulier tout au long de l'aventure, on débloque de nouvelles armes aux enchaînements et à la vitesse d'attaque qui leur sont propres pour plaire à tous les publics. Et comme d'habitude dans Bayonetta, on peut alterner d'un ensemble à l'autre à tout moment en combat. Cependant, précision importante, on ne peut plus équiper une arme aux mains et une autre aux pieds, c'est désormais une seule par ensemble. Une petite perte en termes de gameplay, mais qui est compensée par les nouvelles mécaniques, comme le grand nombre d'armes disponibles et les différents démons qu'il est possible d'invoquer. D'ailleurs, en plus de pouvoir les appeler, Bayonetta peut aussi fusionner avec ses créatures pour terminer un combo, mais également se déplacer plus rapidement, ce qui s'avère très pratique lors des phases d'exploration.
Et que les fans de la saga se rassurent, oui, Bayonetta 3 comporte une fois de plus une bande-son soignée qui rend les affrontements encore plus grisants. Cependant, si on loue les qualités du système de combat de cet opus depuis tout à l'heure, il n'est pas pour autant sans défauts. Plus que dans les précédents épisodes, il faut reconnaître que l'action est encore plus confuse et brouillonne qu'auparavant, notamment parce qu'on se bat désormais avec des créatures géantes, ce qui fait que la caméra a parfois du mal à suivre. C'est autant le cas dans les grandes arènes que dans les espaces plus étroits, dans lequel on ne peut toute façon pas invoquer de démons.
Une volonté d'accessibilité pour le grand public
Avec ce nouvel épisode, le gameplay de Bayonetta est donc plus riche que jamais. Cependant, avec l'introduction de l'invocation des démons, on note que l'aventure de ce troisième volet est encore plus facile que ce qu'on avait connu avec Bayonetta 2, déjà plus simple que le jeu original qui savait être franchement difficile dans ses derniers niveaux. De manière générale, on sent que les équipes de Platinum Games ont voulu rendre l'expérience plus accessible qu'auparavant. Cependant, que les fans de la première heure se rassurent, on retrouve des modes de difficulté plus élevées pour un challenge plus relevé qui saura leur convenir. Mais pour revenir à ces questions d'accessibilité, cela passe par différents éléments. On pense notamment aux invocations qui rendent les affrontements plus simples, mais aussi à la transformation en chauve-souris du second épisode qui permet de déclencher l'envoûtement même si on esquive au moment où se prend un coup.
Plus concrètement, on retrouve même des options d'accessibilité grâce à un objet qui propose de faire des combos variés en n'utilisant qu'une seule touche. Si on peut saluer cette volonté de rendre plus simple l'expérience à un public moins habitué au jeu d'action, on peut tout de même regretter que cet objet ne puisse être acheté que contre une grosse somme d'argent, alors que l'option aurait pu être disponible dès le début de l'aventure. Au-delà de ça, il est aussi amusant d'observer que cette ouverture au grand public se voit également dans une autre option assez étonnante. Ainsi, en activant le mode Ange Naïf, vous pourrez profiter de Bayonetta 3 de façon censurée, c'est-à-dire en voyant la sorcière beaucoup moins dénudée que dans l'expérience de base, puisqu'on vous rappelle, à chaque fois que notre héroïne invoque en démon, elle se retrouve en body. Car oui, si vous n'avez pas suivi, les cheveux de Bayonetta constituent sa tenue et ces derniers lui permettent aussi de contrôler ces créatures et d'attaquer. Une option à la limite du troll de la part des développeurs, mais qui témoigne de la volonté de rendre l'expérience plus accessible.
Une aventure plus variée que jamais
Si l'aventure de Bayonetta 3 est déjà plaisante par l'efficacité de son gameplay, cette dernière est d'autant plus agréable à parcourir qu'elle propose une expérience plus variée que jamais dans l'histoire de la saga. Ainsi, comme dit plus tôt, l'excuse du multiverse permet aux développeurs de nous faire traverser des décors aux ambiances très différentes pour donner une vraie sensation de voyage. Mais au-delà de la variété des environnements parcourus, la grande réussite de Bayonetta 3, c'est surtout d'offrir des niveaux beaucoup plus ouverts qu'auparavant pour pousser les joueurs à fouiller les environnements de fond en comble. Ainsi, les décors sont truffés de coffres, d'éléments à récupérer, à l'image des Larmes d'Umbra qui permettent d'accéder à des Vestiges phénoméniques, sorte de niveaux alternatifs qui proposent de faire des combats supplémentaires. Et puis, on retrouve aussi différentes activités annexes, comme les défis qui sont présents depuis le premier épisode, mais également des challenges qui prennent la forme de petites séquences de plateformes chronométrées.
D'ailleurs, en parlant des phases de plateforme, c'est là l'une des autres forces de ce Bayonetta 3. D'habitude, on reproche souvent au beat'em up d'être assez répétitif et de n'être qu'une succession d'arènes en couloirs. Bien conscients de cette remarque, les développeurs de Platinum Games ont fait en sorte que cette nouvelle aventure comporte un grand nombre de phases de jeu différentes pour surprendre le joueur. Phase de plateforme, rail shooter, mini-jeu de combat ou de rythme... On retrouve beaucoup de variété dans cet épisode, et cela se ressent même dans les personnages. Car oui, dans Bayonetta 3, on ne contrôle pas que Bayonetta, mais également Jeanne, l'éternelle amie de notre sorcière bien-aimée. Cette dernière a droit à des stages bien spécifiques puisqu'il s'agit de séquences en 2D qui propose aussi bien de l'infiltration, de l'action que des courses-poursuites.
Là où Bayonetta 3 apporte de la nouveauté, c'est aussi en introduisant un personnage jouable inédit, à savoir Viola, dans des niveaux de beat'em up classiques. Comme on a pu le voir dans les trailers, cette apprentie sorcière se bat avec son katana, des fléchettes à lancer et peut faire appel à son démon Chouchou qui lui sert de familier. Si Viola se contrôle elle aussi avec deux boutons d'attaques, un projectile et qu'elle possède une esquive, son gameplay est en réalité très différent de celui de Bayonetta. Pour déclencher l'envoûtement, l'apprentie sorcière n'évite pas les attaques, elle garde avec son sabre, ce qui demande d'avoir un timing beaucoup plus serré que ce qu'on a l'habitude de faire dans la série. Et lorsqu'elle fait appel à Chouchou, Viola peut toujours se battre, mais à mains nues, ce qui est bien moins efficace. Pour toutes ces raisons, Viola n'a pas une jouabilité plus facile que Bayonetta comme on pouvait se l'imaginer. Au contraire, sa prise en main peut même s'avérer plus difficile à cause du timing serré de sa parade. Une approche différente de Nero dans Devil May Cry 4, donc.
La fluidité au détriment des graphismes
Nintendo Switch oblige, la question des graphismes et de la technique est un élément sur lequel on pouvait s'interroger avant la sortie du jeu. Sur ce plan-là, Bayonetta 3 réussit à proposer une fréquence à 60 images par secondes pendant ses phases de gameplay, ce qui est déjà vraiment appréciable sur ce support. Grâce à ça, les combats paraissent encore plus fluides, ce qui est un élément crucial pour un jeu d'action de ce type. En revanche, ce n'est pas le cas pour toutes les cinématiques qui sont parfois en pré-rendu et avec un framerate moins élevé. Malgré tout, on peut vraiment saluer le fait que les développeurs de Platinum Games aient réussi à faire en sorte que l'action reste fluide tout au long de l'aventure, même si on a droit à de rares occasions à des chutes de framerate.
Là où le bât blesse plus, c'est au niveau des graphismes. Visuellement, on sent que les développeurs ont souhaité privilégier la fluidité au détriment des graphismes qui manquent par moment de finesse. Ainsi, on a le sentiment que la résolution d'écran n'est pas toujours au top de ce que la Switch peut faire, tandis qu'on veut discerner sur l'écran de l'aliasing, ce fameux effet escalier que l'on voit autour des objets et des personnages. De plus, si certains environnements sont assez inspirés, d'autres semblent assez basiques au niveau des éléments qui constituent le décor, comme la séquence à Shibuya que l'on avait vu dès les premiers trailers du jeu.
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Conclusion
Points forts
- Un gameplay toujours aussi fluide et jouissif
- Les invocations de démons changent la donne
- Beaucoup de nouvelles armes et des démons inédits
- Plusieurs phases de jeu différentes, notamment avec Viola et Jeanne
- Des niveaux variés et plus ouverts qui poussent à l'exploration
- Un scénario plus ambitieux qu'à l'accoutumée
- Une mise en scène épique
- Du 60 images par seconde sur Nintendo Switch !
- Une bande-son fantastique
Points faibles
- Une fluidité au détriment de la finesse des graphismes
- Des combats parfois brouillons
- Une aventure plus sérieuse et moins déjantée que d'habitude
Note de la rédaction
Bayonetta 3 marque définitivement le retour en grâce de la sorcière de Platinum Games. Avec cette nouvelle aventure, Bayonetta prouve une fois de plus qu'elle est la reine du beat'em up en proposant des combats toujours aussi grisants et spectaculaires qui sont ici sublimés grâce à de nombreuses armes inédites et à la mécanique d'invocation de démons qui bouleverse la façon de se battre. En plus d'être un superbe beat'em up, le titre n'en oublie pas de proposer une certaine variété, aussi bien dans ses niveaux plus ouverts que dans ses phases jeux, notamment en nous faisant jouer d'autres personnages comme Viola et Jeanne. Et puis, l'aventure est d'autant plus agréable à parcourir qu'elle profite d'une fréquence d'images élevée en combat, d'une mise en scène épique, mais aussi d'un scénario plus grave qui délivre un dénouement grandiose. Évidemment, cet épisode n'en est pas pour autant parfait, avec ses affrontements parfois brouillons, ses graphismes loin d'être irréprochables ou son côté plus sage qu'à l'accoutumée, mais il n'en reste pas moins une nouvelle aventure mémorable qui valait clairement le coup d'attendre aussi longtemps.