Fruit de trois ans de gestation par le studio Saber Interactive, Dakar Desert Rally représente l’aboutissement d’une licence automobile qui se cherchait depuis de nombreuses années. Pour ce retour sur les chapeaux de roues, les développeurs ont mis le paquet et cette nouvelle itération est probablement l’une des plus belles surprises de la rentrée pour les amateurs de mécanique !
Carte gigantesque, plusieurs modes de jeu, des véhicules de différents types, une affiliation officielle à France Télévisions… l’ambition qui se cache derrière Dakar Desert Rally est palpable dès le tutorial ! À la manière d’un Forza Horizon 5, les protégés de Saber Interactive propulsent le joueur dans une folle virée désertique (mais non moins sublime avec ses oasis, ses contrées rocailleuses et son sable à perte de vue) où se côtoient pilotage de voiture, dérapages en moto et sauts vertigineux en quad. Dès les premières minutes, le ton est donné et on devine rapidement que le nouveau jeu de Saber Interactive en a sous le capot !
Un jeu de course moins hermétique
Sans être un mauvais bougre, Dakar 18 affichait trop peu de qualités pour s’imposer dans le domaine du rallye-raid. Même si la discipline est loin de faire la une de l’actualité du jeu vidéo, le titre alignait trop de tares, à la fois visuelles et ludiques, pour marquer les esprits. Conscient des lacunes de l’original, l’équipe de Saber Porto a entièrement revu sa copie en prenant le soin de l’adapter aux connaisseurs comme à un public novice. Après l’Amérique du Sud, la franchise pose ses valises en Arabie Saoudite sur plus de trente étapes officielles ! De quoi retrouver les sensations des éditions 2020, 2021 et 2022 de la discipline !
Dans sa mouture précédente, Dakar peinait à convaincre, la faute à des graphismes datés et un gameplay un peu poussif. Et surtout, il avait fait le choix d’être particulièrement élitiste, laissant sur le bas-côté de nombreux joueurs. Ce n’est pas le cas de Dakar Desert Rally. Pour cette édition, les développeurs ont intégré un mode Sport qui permet aux pilotes novices de se concentrer sur la route et les concurrents, sans avoir à se préoccuper du roadbook, le fameux système de navigation permettant de se repérer dans un environnement inconnu et de définir un itinéraire. En somme, disposer d’une véritable approche arcade et d’une navigation simplifiée ! Grâce à l’ajout de ce mode, les débutants peuvent s’éclater sur Dakar Desert Rally en profitant du fun des courses et de somptueux panoramas. Autos, motos, quads, camions, SSV… les sensations sont au rendez-vous et ce choix assumé de Saber ouvre la discipline au plus grand nombre.
Une expérience grisante pour les fans
Mais que les puristes se rassurent : Dakar Desert Rally propose un mode professionnel (ainsi qu’un mode simulation déblocable à partir du niveau 25) qui repose sur le même réalisme que Dakar 18. Pour faire court, on retrouve tout ce qui fait le charme du rallye-raid où la maîtrise du roadbook est indispensable pour se repérer et trouver les différents waypoints (points de passage). En donnant autant d’envergure géographique à leur jeu, les développeurs ont imaginé des décors d’une incroyable densité et il ne faut pas grand-chose pour se perdre ! Il est alors indispensable de repérer le kilométrage, la direction à prendre, les possibles obstacles et leur dangerosité, etc. En moto ou en quad, c’est encore pire car il n’y a aucun copilote pour vous avertir ! Inutile de vous dire qu’on ne devient pas un spécialiste du rallye-raid en quelques minutes. Il faut de l’entraînement, analyser les dangers indiqués dans le roadbook et s’adapter aux dires du copilote qui, parfois, vous induisent totalement en erreur ! « Tout droit sur les traces » alors qu’un virage se profile, c’est loin d’être évident à comprendre quand on débute !
Les développeurs ont travaillé les réactions des véhicules et les différents dénivelés comme jamais, si bien qu’il n’est pas rare d’être surpris par une orientation qui n’est pas bonne. Tout a été fait pour que l’on s’y croit et ce n’est pas exagéré de dire qu’il y a un peu de Forza Horizon dans ce Dakar Desert Rally, et même du Sega Rally nouvelle génération dans la déformation du terrain (même si cela n'a aucune incidence sur l'adhérence). Les trois ans de développement n’ont pas été de trop pour que l’expérience soit la plus grisante possible et c’est à force d’abnégation, mais aussi de concentration, que l’on grapille les points d’expérience, les DP (Dakar Points) et les premières places du podium. Cette expérience accumulée permet ainsi de booster son véhicule, de le réparer entre chaque étape et, surtout, d’agrandir son garage avec des bolides toujours plus rapides. Il est toutefois nécessaire de garder à l’esprit que Dakar Desert Rally, malgré le mode Sport, demeure un titre assez exigeant, tant dans la conduite (même si celle-ci est un peu plus souple qu’auparavant) que dans les collisions. Les crashs sont vraiment punitifs ! Autant dire qu’il faut adapter sa vitesse et jeter un œil constamment sur les éléments de navigation. Et mis bout à bout, tous les atouts de Dakar Desert Rally font que le jeu est vraiment prenant !
Malheureusement, il y a plusieurs choses qui nous ont chagriné. La première, et c’est sans doute celle qui saute aux yeux immédiatement, c’est la présence de ralentissement intempestifs. Ces derniers se font d’ailleurs bien remarquer lors des orages et autres tempêtes, quand les particules illuminent l’écran. L’autre souci provient d’une intelligence artificielle qui souffre du syndrome « rail » et qui ne voit absolument pas votre véhicule. Si elle donne l’illusion d’être plutôt réactive et réaliste, il ne se passe pas une course – ou presque – sans qu’un concurrent fasse n’importe quoi, au point de tenter un aller-retour en plein virage ! Quand on arrive en face, et en sachant que le jeu est très punitif, il y a de quoi faire valdinguer la manette à travers la pièce. Enfin, le pilotage ne plaira pas à tout le monde, la faute à une direction parfois trop sensible, parfois trop lourde. Le constat est encore plus criant en moto et quad. Évidemment, avec du temps, on s’y fait, mais on ne peut s’empêcher de regretter des réactions parfois aléatoires de nos bolides.
C’est beau l’Arabie Saoudite
Dunes de sable à perte de vue, eau turquoise, montagnes majestueuses… l’Arabie Saoudite, reproduite à échelle 1:5 est un pays d’une grande diversité. C’est simple, Dakar Desert Rally est l’un des jeux de course les plus généreux en matière de piste. On parle de 430 000 kilomètres carrés, soit une surface plus grande que l’Allemagne, le Japon, le Paraguay ou encore la République Démocratique du Congo ! Évidemment, avec une telle carte, les décors paraissent immenses ! Et pour donner encore plus de majesté à leur rejeton, les développeurs de Saber ont intégré un cycle jour/nuit, mais aussi des changements météorologiques en temps réel. Par temps de pluie, par tempête de neige ou sous un soleil ardent, le jeu offre un visuel absolument superbe ! Quand on est plongé dans des rafales de vent en plein orage ou une tempête de sable, l’effet est saisissant ! Largement de quoi faire pour essayer les 150 véhicules du jeu, que ce soit en ligne ou en solo ! La musique, très cinématographique, est plutôt agréable également. En matière de réalisation visuelle et sonore, c'est une certitude : Saber a fait un travail de dingue !
Reste une question qui en chiffonnera plus d’un. En l’état, peut-on parler de monde ouvert ? Non, pour la simple et bonne raison que l’on passe d’étape en étape et qu’il n’existe aucun mode permettant de se déplacer en toute liberté sur la carte. Par ailleurs, les modes sont quand même très légers puisqu’il n’y a que la carrière et le mode libre en ligne. Mais attention, libre signifie tout simplement que vous pouvez personnaliser vos parties. Pour l’heure, et en attendant l’arrivée de possibles extensions, il faudra surtout se contenter du mode carrière et espérer que les joueurs soient nombreux en ligne. Quoi qu’il en soit, pour quiconque s’intéresse à la discipline et qui voulait un jeu digne de ce nom, Dakar Desert Rally est, de très loin, la meilleure pioche. Tout n’est pas parfait (IA, peu de modes de jeu, pas de multi local…), mais le fossé séparant ce jeu de Dakar 18 est béant. Et si vous le pouvez, frottez-vous au mode Simulation (limites de vitesse, navigation professionnelle…), ça vaut le détour !
Conclusion
Points forts
- Une carte aussi gigantesque que sublime
- Des décors variés (dunes de sable, plages, montagnes...)
- Excellentes sensations - y compris au volant
- Le meilleur jeu sous licence Dakar
- Le cycle jour/nuit, la météo évolutive
- De nombreuses vues (dont l'impressionnante vue hélico)
- Le mode Sport pour les novices
- Licence officielle (pilotes, véhicules, logos...)
Points faibles
- Ralentissements assez réguliers en mode Résolution
- Ce n'est pas un monde ouvert au sens "liberté totale"
- La moto peut être une vraie savonnette
- Pas assez de modes de jeu
- Une IA souvent à la ramasse
- Aucun mode multijoueur local
- Le copilote loin d'être tout le temps fiable
Note de la rédaction
Malgré un manque de contenu, un pilotage perfectible et des adversaires peu futés, Dakar Desert Rally vient dépoussiérer le genre automobile avec la manière. Prenant pour base les somptueux paysages d’Arabie Saoudite, le jeu de Saber Interactive affiche une réalisation remarquable et devrait ravir celles et ceux qui cherchent un jeu de course différent. Si les développeurs ont conservé l’exigence de Dakar 18 (avec copilote, boussole, roadbook, etc.), il est désormais possible de s’essayer au mode Sport et son approche arcade. Grâce à ces ajouts, Dakar Desert Rally s’ouvre à un plus large public sans se couper des puristes. Avec son impression de vitesse réussie, ses panoramas et effets somptueux et sa carte immense, il y a largement de quoi s'amuser en attendant de possibles extensions. Sans doute la surprise automobile de cet automne !