L’humanité est en péril depuis que les Spectres, des créatures effrayantes et féroces, ont traversé le Voile pour ravager le monde des vivants. Semant la terreur dans toute la région, ils s’emparent des âmes humaines et il va vous falloir bien plus qu’un blouson de cuir et des bottes de moto pour terrasser ces entités maléfiques d’outre-tombe. Action débridée, combats infernaux et panoramas spectaculaires, Soulstice tranche dans le vif !
Alors que l’équilibre des Royaumes Sacrés de Keidas ne tient qu’à un fil, les Chimères, guerrières nées de l’union de deux âmes, sont les seules à pouvoir sauver ce qu’il reste de l’humanité. C’est dans cette ambiance apocalyptique qu’interviennent Briar et Lute, deux sœurs réincarnées sous la forme d’une Chimère. Si la première est dotée d’une force surhumaine, la seconde a été sacrifiée afin de prendre l’apparence d’une entité capable de tous les prodiges. Même si elles ne font qu’un, c’est ensemble qu’elles vont arpenter les terres du royaume pour annihiler la menace et s’apercevoir… que l’Ordre, l’organisation qui régit les différentes Chimères, ne leur a pas tout dit. Développé par le studio milanais Reply Game Studios, Soulstice prend les contours d’un beat’em up (un jeu d’action où l’on progresse en résistant à des vagues d’ennemis) nerveux et qui a de sacrés atouts pour convaincre les fans des Bayonetta, Nier ou encore Devil May Cry.
Une exigeance bien réelle
Soulstice, s’il n’est pas aussi « hermétique » qu’un Dark Souls, reste un jeu exigeant. Très rapidement, on est amené à jongler entre les différents boutons et les touches latérales. Si le personnage principal, Briar, se contrôle avec le stick, le titre des développeurs italiens fait sans arrêt appel aux compétences mystiques de sa frangine. En plein combat, comme n’importe quel Nier ou Bayonetta, il faut contrôler l’avatar central, mais aussi déclencher les actions de l’esprit qui l’accompagne. Pour épauler sa sœurette, Lute peut contrer les attaques ennemies, lancer des sorts (de plus ou moins grande puissance) et surtout activer ses champs de force, évocation et bannissement. Ces derniers, de deux couleurs (bleue et rouge), permettent d’interagir avec des cristaux – pour en récupérer les éclats faisant office de monnaie – ou de mettre à mal la défense de certaines entités normalement invincibles. Plusieurs niveaux de difficulté sont disponibles, et c’est ce qui permet à Soulstice d’élargir son public, mais l’aventure demande une certaine dextérité pour pouvoir être menée de bout en bout. Comme dans n’importe quel soft du genre, les ennemis sont de plus en plus voraces et vicieux, et il est donc nécessaire de progresser en récupérer un maximum d’artefacts.
Combattre pour le score
Les cristaux bleus et rouges servent à améliorer les armes et compétences de Briar et de son hôte. Ce n’est qu’en explorant chaque zone de fond en comble et en participant aux défis (failles dimensionnelles répondant à des règles précises) que l’on s’assure un parcours moins douloureux. Si besoin, il est possible de refaire les stages visités pour booster son inventaire de cristaux. Le rythme est prononcé, les joutes nombreuses et on parvient peu à peu à intégrer le principe des champs de force, mais certains passages sont extrêmement punitifs et le choix des teintes n’aide parfois pas à disposer d’une action claire et limpide. Indéniablement inspiré par les classiques du genre, Soulstice est un hommage convaincant à l’approche assez hardcore. À la fin de chaque combat, le jeu affiche un score (de « fer » à « diamant ») et les pros de la manette seront ravis d’optimiser leur performance. Quand le score n’est pas très bon, on en vient naturellement à vouloir le recommencer pour faire mieux. Fort d’une durée de vie convaincante et d’une grande générosité, à la fois dans le gameplay et l’impression de gigantisme des environnements, Soulstice n’échappe, malheureusement pas, à des défauts qui seront rédhibitoires pour certaines personnes.
Des concessions techniques évidentes
Mêlant action et exploration, le jeu n’a pas la teneur d’un jeu de 2022 sur le plan technique. En dépit de panoramas vraiment réussis, on note un certain nombre d’écueils visuels. Certaines textures semblent sorties d’un autre temps, on a constamment à faire à des murs invisibles et le syndrome de couloir est très prononcé. Par ailleurs, des ralentissements inopportuns viennent entacher la progression et on a la désagréable impression d’évoluer dans un jeu sans doute trop ambitieux par moments. Mais ce qui pose le plus de problèmes, c’est la caméra. Rarement libre, souvent fixe, elle n’est pas toujours optimale et on en vient à affronter des hordes d’ennemis en tapant parfois dans le vide ! On ne parle même pas de la caméra en exploration où certains angles sont si mal pensées qu’on en vient à trouver, comme par miracle, des passages cachés. Sur ce point, le jeu manque de souplesse et la progression peine à être instinctive. On en vient à se coller un peu partout, la faute aux murs invisibles, pour trouver des artefacts qui nous auraient échappés.
Car oui, Soulstice fait partie de ces jeux où le personnage peut sauter très haut, mais il se retrouve incapable de passer au-dessus d’une petite barrière ou ce genre de choses. C’est un peu comme si le titre affichait des graphismes modernes, mais souffrait du syndrome « 32-bits », cette génération de consoles qui a accueilli les premiers jeux en 3D. Bien sûr, cela n’empêche de passer un bon moment quand on aime le genre, d’autant que la direction artistique, très Claymore ou Berserk (selon vos références), a fait l’objet d’un soin impressionnant (bien que certains éléments soient beaucoup trop copiés-collés d’un endroit à un autre). Pour en profiter pleinement, Soulstice propose trois types d’affichage : performances en 60 images par seconde, résolution pour l’affichage et équilibré pour un mix des deux. Personnellement, nous avons choisi cette dernière option pour avoir le meilleur des deux mondes.
Dans ces conditions, que retenir de l’expérience ? Soulstice est l’archétype de ces jeux attachants et réalisés avec amour, mais qui souffrent de problèmes techniques qui les empêchent d’atteindre le panthéon du genre qu’ils représentent. Au cours de la progression, l’aventure ne manque pas d’idées, à la fois dans les ennemis, dans les puzzles ou dans les compétences de l’arbre prévu à cet effet, mais il lui manque une meilleure assise technique et ludique pour se démarquer. Les angles de caméra sont parfois mal choisis et on en vient à lutter contre le jeu pour espérer avancer dans l’histoire – qui, elle aussi, met un temps fou à décoller. C’est dommage car les personnages en cel-shading (contours autour des personnages qui donnent un aspect de dessin animé) et les décors parfois sublimes montre que le jeu ne manquait pas d’ambition. Sans doute trop…
Conclusion
Points forts
- Des décors vraiment sompteux par endroits
- La direction artistique inspirée de Claymore
- Un gameplay nerveux et intéressant
- Le principe des deux champs de force
- Le système de notation pour les mordus de score
- Le doublage de Stefanie Joosten (Metal Gear Solid 5)
- La durée de vie (25 chapitres, de nombreux défis...)
Points faibles
- Une caméra fixe souvent mal positionnée
- Un scénario qui met un temps fou à décoller
- Manque de renouvellement visuel
- Beaucoup trop d'éléments copiés-collés d'une zone à une autre
- Combats souvent brouillons
Note de la rédaction
Avec Soulstice, les développeurs de Reply Game Studios ont probablement créé leur jeu le plus ambitieux. Beat’em up nerveux se déroulant dans un univers qui rappelle le manga Claymore, il joue sur la dualité des champs de force (évocation, bannissement) et sur un mélange d’exploration, de puzzles et d’action pour les amoureux du genre. Malheureusement, le manque de moyens se fait sentir sur la longueur et on peste très souvent contre une caméra mal réglée et des problèmes techniques évidents (ralentissements, copier-coller à outrance, textures d’un autre temps…). Sans parler de ce jongle permanent au niveau des touches latérales de la manette. Au final, Soulstice est un jeu loin d’être inintéressant, mais qui est à réserver aux fans du genre et aux amateurs de scoring.