Vingt-ans après la sortie du jeu original, Soul Hackers, sous-série de la franchise Shin Megami Tensei (SMT), s'offre un second épisode à la surprise générale. Entre temps, la saga SMT a gagné en visibilité en Occident grâce à la popularité de Persona 5. De quoi inspirer Soul Hackers 2 pour reproduire le succès de son aîné ?
Sommaire
- Un monde cyberpunk coloré en proie à l'apocalypse
- Un scénario convenu pour du Shin Megami Tensei
- Des combats efficaces pour un level design daté
Sorti en 1997 sur Saturn, on ne peut pas dire que Soul Hackers est le titre le plus célèbre de la franchise Shin Megami Tensei (SMT). À ce moment-là, en plus d'un lancement réservé au Japon, la saga n'était pas vraiment connue en dehors de l'archipel nippon. Alors forcément, il a fallu attendre seize ans pour que Soul Hackers remontre le bout de son nez avec un portage sur 3DS, cette fois disponible dans le monde entier. Malgré ça, c'est avec la sortie de Persona 4, mais surtout de Persona 5 que Shin Megami Tensei a fini par être reconnue en Occident comme l'une des sagas incontournables du J-RPG.
Et si vous ne connaissez pas cette franchise, on vous rappelle que les Shin Megami Tensei sont des jeux de rôle au tour par tour dans lequel on affronte des démons issus des folklores du monde entier que l'on peut recruter et fusionner dans le but de renforcer constamment son équipe. Face au succès de Persona 5 Royal, Atlus a décidé de sortir de plus en plus d'épisodes de sa licence phare dans le monde entier. Après Shin Megami Tensei III : Nocturne HD Remaster, on a eu droit à un nouvel opus numéroté avec Shin Megami Tensei V, exclusif à la Switch. Désormais, c'est donc au tour de Soul Hackers d'être mis sur le devant de la scène avec une suite directe, Soul Hackers 2, inspiré de Persona sur de nombreux aspects.
Un monde cyberpunk coloré en proie à l'apocalypse
Dans Soul Hackers 2, l'Humanité a atteint un niveau de technologie si avancée qu'elle a cessé d'évoluer. Dans l'ombre, une nouvelle forme de vie appelée Aion a été créée à partir de la mer de données abstraites et saturées d'informations qui constituent la société actuelle. En tant qu'entité qui dépasse l'entendement, Aion observe l'histoire de l'Humanité mais aussi son avenir qu'elle est capable de prédire. Alors que la fin du monde semble inévitable, ce collectif transcendant décide de créer deux êtres avec un corps physique, Ringo et Figue, pour qu'elles s'infiltrent parmi les humains et empêchent la catastrophe. Au cours de sa mission, Ringo, l'héroïne que l'on incarne, fait la rencontre d'Arrow, Milady et Saizo qui vont l'aider à récupérer les cinq Covenants qui une fois réunis permettent d'invoquer l'Être Suprème qui réalise n'importe quel voeu. Évidemment, si cela tombe entre de mauvaises mains, cela pourrait fin causer la destruction du monde, comme le souhaite la Société Fantôme qui souhaite bâtir une nouvelle société en réduisant l'actuelle en ruines.
Plus que son scénario, la grande force de Soul Hackers 2 réside surtout dans son univers et ses graphismes. On découvre un monde cyberpunk à l'esthétique anime et aux couleurs flashy dans un style néon qui confèrent une vraie identité au titre. Cela se ressent même jusqu'aux designs des personnages principaux qui brillent par leur originalité, mais aussi par les artworks des menus des commerçants qui sont très réussis et qui rappellent Persona 5. Il est donc assez agréable d'explorer les rues de ce Tokyo futuriste coloré qui profite en plus d'un style en cel-shading avec des effets encrés qui rendent particulièrement bien. Les démons iconiques de Shin Megami Tensei que l'on retrouve d'un jeu à l'autre bénéficient aussi de ce lifting graphique pour le plus grand plaisir des fans de la saga.
Si visuellement le titre tient la route grâce à sa direction artistique, on note tout de même que sa technique est assez simple, avec des textures et des environnements assez basiques quand on regarde dans le détail, qui sont camouflés par son côté très anime. Pour ce qui est de l'exploration, nous ne sommes pas dans un monde ouvert, mais on se déplace plutôt à l'aide d'une carte qui permet de se rendre à différents endroits de la ville qui prennent la forme de petites zones, comme dans les anciens de jeux de la série. Autre point de détail, le titre comporte beaucoup de petits chargements par-ci par-là sur sa version PS5 si vous laissez les astuces activées. Cependant, sachez que si vous les désactivez dans les options, ces derniers disparaissent. Un choix assez étrange donc.
Un scénario convenu pour du Shin Megami Tensei
Si vous êtes un fan de Shin Megami Tensei, ces thématiques de fin de monde pour en recréer une nouvelle société ont de quoi vous sembler assez familières et pour le coup, Soul Hackers 2 n'est pas particulièrement original en la matière. De quoi rappeler Shin Megami Tensei V qui était assez similaire sur cet aspect. Cependant, si le scénario n'est pas le plus grand point fort de l'univers de Soul Hackers 2, ce dernier peut tout de même compter sur ses personnages pour capter l'intérêt du joueur. Chaque membre de l'équipe possède un passé et des motivations intéressantes que l'on peut notamment découvrir dans la matrice d'âme, sorte de donjon qui permet de revivre leurs souvenirs et se rapprocher d'eux.
L'une des premières inspirations de Persona 5 que l'on retrouve dans Soul Hackers 2, c'est justement la possibilité d'interagir avec ses partenaires pour devenir plus proches. Ainsi, certains choix de dialogues feront plaisir à l'un de vos coéquipiers, tandis que vous pouvez aller prendre un verre avec l'un d'entre eux dans le but de faire monter leur résonance d'âme. Plus cette jauge est élevée, plus vous pourrez explorer la matrice d'âme et débloquer des portes qui ne s'ouvrent qu'à condition d'être suffisamment proches de vos compagnons.
Des combats efficaces pour un level design daté
Au-delà de se promener dans les rues de ce Tokyo futuriste pour acheter des objets et équipements, le coeur de Soul Hackers 2 est avant tout d'explorer des donjons pour vaincre des groupes de démons et progresser dans l'histoire. Sur le plan des combats, le titre profite des mécaniques classiques de Shin Megami Tensei qui ont fait leurs preuves depuis toutes ces années. Ainsi, les affrontements se déroulent au tour par tour et chaque membre de votre équipe est capable d'utiliser les capacités du démon qui lui est attribué. Le but est alors de trouver le point faible de l'ennemi et de l'exploiter le plus possible pour créer une conjuration, un assaut groupé qui se déclenche à la fin du tour du joueur. Cet assaut gagne en puissance plus vous faites des attaques qui correspondent au point faible de votre adversaire.
En dehors des combats, on peut recruter des démons pour ensuite les équiper à l'un de vos personnages afin qu'il utilise ses compétences. Cependant, alors que dans la plupart des Shin Megami Tensei il fallait négocier avec eux en plein combat avant qu'ils vous rejoignent, désormais, ce sont vos propres démons qui vont les chercher dans les donjons et vous n'avez plus qu'à accepter de céder ou non à leurs caprices pour qu'ils vous rejoignent. Et pour devenir plus puissant, au lieu de faire monter de niveaux ses créatures, il est plus intéressant de les faire fusionner dans un cirque prévu à cet effet, fonctionnalité typique des SMT. Enfin, vous pouvez aussi améliorer dans des boutiques les COMP de vos personnages, sorte d'appareil qui leur permet d'utiliser les pouvoirs des démons. De manière générale, il faut toujours se promener en ville pour faire les magasins et acheter des équipements qui augmentent la défense de vos alliés ou récupérer des objets de soin. Pour terminer avec la personnalisation, nos héros peuvent également récupérer des compétences qui leur sont propres grâce à leur COMP, mais aussi en progressant dans leur matrice d'âme.
Soul Hackers 2 profite donc du solide système de combat de la série Shin Megami Tensei pour proposer des affrontements efficaces qui demandent de la stratégie. C'est d'autant plus vrai que Ringo, notre héroïne, a accès à des compétences très pratiques, comme le fait de pouvoir changer de démon en combat ou renforcer les conjurations, ce qui offre des options tactiques supplémentaires. Malheureusement, certains choix rendent l'expérience plus compliquée qu'elle ne l'était dans d'autres jeux de la franchise. Dans Persona 5 ou Shin Megami Tensei V, le fait de pouvoir négocier avec des démons permettait d'avoir de quoi fusionner pour créer la créature idéale pour vaincre un boss par exemple. Ici, puisqu'on ne peut pas recruter aussi facilement, on se retrouve parfois bloquer si on ne possède pas les bons démons. Fort heureusement, il est toujours possible de modifier la difficulté à tout moment pour contourner ce souci.
Au-delà de ça, le plus grand problème du titre est surtout la disposition de ses donjons qui ne sont qu'une succession de couloirs remplis d'ennemis qui peinent à être passionnants. On enchaîne donc les allées droites jusqu'à atteindre notre objectif, en croisant des tonnes d'ennemis sur le chemin et nos propres démons qui peuvent vous soigner ou rapporter des objets. De plus, l'exploration se fait dans des environnements souvent simples et banals qui tranchent avec la direction artistique colorée et flashy de Tokyo. De quoi rappeler Shin Megami Tensei III qui souffrait aussi du même problème, sauf que l'aspect vide de ses décors étaient en adéquation avec son ambiance post-apocalyptique et le sentiment de solitude procuré. On est donc assez loin des Palais de Persona 5 qui brillaient par leur originalité et leur identité visuelle et on se rapproche plutôt du Memento, le donjon généré aléatoirement qui sert à engrenger de l'expérience.
Conclusion
Points forts
- Une esthétique anime cyberpunk colorée de toute beauté
- L'efficacité du système de combat à la Shin Megami Tensei
- Des personnages sympathiques aux designs originaux
Points faibles
- Des donjons insipides qui ne sont qu'une succession de couloirs
- Une histoire déjà-vu pour les fans de la saga
- Techniquement assez simple
Note de la rédaction
Derrière ses néons colorés, Soul Hackers 2 reste un jeu de rôle "à l'ancienne" qui s'éloigne des titres plus récents de sa franchise comme Persona 5 Royal ou Shin Megami Tensei V. Au-delà de son esthétique anime cyberpunk, le jeu d'Atlus se repose sur un système de combat à la SMT toujours efficace et qui a fait ses preuves, mais aussi sur son sympathique casting de personnages qui se démarquent par leurs designs originaux. Malheureusement, l'expérience est desservie par une histoire finalement assez simple, quelques lacunes techniques, mais surtout par ses donjons beaucoup trop basiques et répétitifs qui peinent à stimuler le joueur. Un titre qui a de quoi plaire aux amateurs de jeu de rôle avertis donc.