En 2021, Sonic fêtait son trentième anniversaire et nombreux sont les fans à avoir été déçus par le manque d’évènements organisés par SEGA. Même si l’aura du hérisson n’est plus la même qu’à ses débuts, on parle tout de même de la mascotte de l’entreprise ! Pour combler la communauté, l’éditeur a répliqué avec Sonic Origins, une énième compilation regroupant les épisodes Mega Drive (console de SEGA du début des années 1990) et, fait rare pour être souligné, l’aventure exclusive du Mega CD (lecteur additionnel se greffant à la Mega Drive). Suffisant pour être conquis ?
N’y voyez pas aucun dédain de la part de votre serviteur, ces mots ne sont que le miroir du ressenti des fans de Sonic. Ces derniers s’attendaient à un festival pour son trentième anniversaire et les quelques annonces gravitant autour du célèbre hérisson n’ont pas convaincu grand monde. Aussi, nombreux étaient ceux à espérer que Sonic Origins soit la compilation ultime, malgré la présence de jeux vu et revus.
La crème des crèmes ?
Comme son nom l’indique, Sonic Origins s’intéresse aux débuts du hérisson et réunit toutes ses premières aventures. On retrouve donc Sonic the Hedgehog, Sonic the Hedgehog 2, Sonic 3 & Knuckles (réunissant Sonic 3 et Sonic & Knuckles) et Sonic CD. On profite ainsi de la montée en puissance de la mascotte et de jeux tout simplement excellents. Le premier Sonic pose les bases de la licence, avec l’univers de la Green Hill Zone, le Dr Robotnik ou les animaux à sauver. Viennent ensuite deux épisodes qui optimisent le gameplay de l’original et explore de nouveaux environnements en y intégrant des personnages inédits. Autant le dire de suite, avec Mario, on tient la crème de la crème des jeux de plate-forme des années 1990 pour qui aime la vitesse, le spectacle et l’exploration. Vous ne trouverez en revanche aucun épisode sorti sur les consoles portables et encore moins des aventures en 3D. Sonic Origins ne s’intéresse qu’à la genèse du petit hérisson. Un peu léger tout ça, quand on sait qu'il y a une ribambelle d'épisodes sympathiques parus à la même époque.
Des jeux revisités pour un max de plaisir ?
Forcément, avec une telle compilation, on est en droit de se demander si celle-ci tient la route sur la longueur. Après tout, il n’y a que 4 jeux et les Sonic, excepté Sonic CD et sa progression spatio-temporelle, ne sont pas réputés pour leur longévité. Dans ces conditions, que reste-t-il à cette compil' ? Eh bien, c’est simple, chaque jeu est découpé en deux modes : Classique et Anniversary. Le premier retranscrit entièrement le jeu d’origine avec les vies limitées et l’écran en résolution 4/3 (format carré). Le second, à l’inverse, octroie des vies infinies, prône l’affichage en 16/9 (format rectangulaire) et ajoute un item « étoile » qui permet, une fois dans les menus, de se rendre au Musée pour débloquer une flopée d’éléments à même de faire craquer n’importe quel fan nostalgique. Illustrations, vidéos, musiques, documents de développement, il y a de quoi faire ! Cette section est vraiment une réussite et pousse à terminer chacun des jeux en récupérant l’ensemble des émeraudes (pour avoir la vraie fin et un max d’étoiles).
En plus de tout cela, Sonic Origins propose un mode Aventure qui permet de revivre l’intégralité des 4 jeux en un seul et même périple ! Pour chacun des titres de la compilation, il y a aussi un mode Mission (avec des objectifs à accomplir comme le fait d’éliminer un certain nombre d’ennemis, etc.) et un mode Boss Rush qui consiste à vaincre chaque boss en un temps record. Le tout est assez traditionnel, mais ça fonctionne plutôt bien pour qui veut prolonger le plaisir. Par rapport à ses petits camarades, Sonic 3 & Knuckles dispose également d’une section Blue Spheres qui reprend, dans les grandes lignes, les niveaux bonus du jeu éponyme en y ajoutant deux nouvelles couleurs (les boules vertes ainsi que les boules violettes qui font office de téléporteurs). Avec l’équipe de Sonic Mania, SEGA a cherché à optimiser au maximum les contours de chaque jeu et on s’amuse à essayer chaque option présentes dans la compilation, comme le fait de changer de personnage (jouer avec Tails ou Knuckles au lieu de Sonic). Chaque titre a été refait avec les outils de Sonic Mania et on ne peut que saluer la fluidité de l’ensemble et la qualité des graphismes.
De la vraie nouveauté ?
SI les ajouts sont intéressants, il est tout de même nécessaire de rappeler que les jeux présentés profitent en réalité des optimisations des versions mobiles sorties en 2013. Il n’y a aucune version originale dans cette compilation ! Les joueurs peuvent ainsi découvrir des éléments qui n’étaient pas présents dans les moutures originales. Par exemple, dans Sonic the Hedgehog 2, il est possible d’accéder à la Hidden Palace Zone, un niveau qui a été autrefois abandonné. Il y a également tout un tas de petits ajustements, comme l’ajout du spin dash (quand Sonic se met en boule sur place et accélère soudainement) au Sonic premier du nom. L’effort est louable et la compilation est plutôt complète de ce point de vue. En revanche, il y a des oublis qui sont étranges. À l’exception de Sonic 3 & Knuckles, qui possédait de base des sauvegardes, il est impossible de sauvegarder à tout moment ! Même constat pour la fonction rembobinage (quand on perd, on peut revenir quelques secondes en arrière pour recommencer) qui est absente ! Enfin, n’espérez pas vous amuser avec des filtres graphiques ou différentes options d’affichage, il n’y en a quasiment pas ! Seule lot de consolation : la présence de différents cadres pour la résolution en 4/3. Mouais.
Quant aux musiques de Sonic 3 & Knuckles, qui sont nées, à l’origine, de la collaboration avec Michael Jackson, elles ont – pour certaines – disparu ! Les thèmes emblématiques des niveaux Carnival Night, Ice Cap et Launch Base ont été remplacés par des compositions d’un des musiciens historiques de SEGA : Jun Senoue. Si ces musiques ne sont pas inaudibles, loin de là, elles n’ont toutefois pas le charme des mélodies d’antan. Si l’on y ajoute des bugs sonores et visuels, tous ces éléments mis bout à bout nous font dire que Sonic Origins aurait peut-être mérité quelques semaines de développement supplémentaires.
Un habillage soigné
Ce constat est d’autant plus dommage que l’équipe de Sonic Mania a intégré des dessins animés inédits et une interface vraiment soignée. Les joueurs peuvent ainsi ouvrir une carte et se déplacer sur les différents ilots pour profiter de chaque jeu, mission ou du Musée. Les développeurs ont même ajouté une petite île animée en fond d’écran qu’il est possible de « visiter » en effectuant un zoom sur les différents personnages vaquant à leurs occupations. Bien sûr, pour certaines personnes, cela paraîtra totalement anecdotique, mais cela démontre le soin apporté à la compilation en matière d'enrobage. De là à ce qu’elle soit indispensable ? Sans doute pas…
Qu’on le veuille ou non, et bien que les jeux proposés soient excellents, SEGA proposait déjà ce type de compilation il y a vingt-cinq ans ! Par exemple, dans Sonic Jam sur Saturn (console de SEGA sortie en 1994), les joueurs pouvaient profiter de la plupart des jeux présentés ici (dans leur format original) et même d'une section entièrement libre en 3D où Sonic pouvait se balader et entrer dans des bâtiments pour regarder des vidéos ou illustrations, écouter de la musique ou encore retracer l’historique de la licence. Bien évidemment, Sonic Origins va plus loin en termes de contenu, mais le gap n’est pas si énorme en comparaison. À la rigueur, pour qu'il y ait plus d'impact, les développeurs auraient pu imaginer une version améliorée de cette section 3D de Sonic Jam. Par conséquent, on réservera Sonic Origins avant tout aux novices qui veulent découvrir les débuts de la franchise. Les autres retourneront sur leurs consoles et jeux d’origine. À noter que pour avoir l’intégralité du contenu, il faut se procurer la version Deluxe, un peu plus chère, qui ajoute le mode Miroir (les niveaux se font de droite à gauche et non de gauche à droite), quelques animations et musiques.
Conclusion
Points forts
- L'interface et l'habillage du jeu
- Des jeux excellents dans des versions optimisées
- Les dessins animés
- Les différents modes de jeu
- Un musée bien garni
Points faibles
- Les musiques absentes de Sonic 3
- Trop peu de jeux
- Des bugs d'affichage et de son
- 16/9ème pas du tout adapté au mode 2 joueurs
- Une addition un peu salée (encore plus en version Deluxe)
Note de la rédaction
Bien qu’il soit un bel hommage aux premières aventures du hérisson, Sonic Origins aurait mérité une meilleure finition. Dans l’ensemble, cette compilation est correcte, mais les options proposées ne suffisent pas à faire oublier certains manquements. En dépit d’un habillage vraiment réussi avec ses dessins animés et son interface colorée, le jeu de SEGA oscille constamment entre le bon et le moins bon. On passe un agréable moment, mais pour le trentième anniversaire de Sonic, on était en droit d’attendre plus de jeux et de surprises. Surtout à un tarif de quarante euros.