Passé maître dans l’art de la compilation, Capcom propose une sélection de ses meilleurs jeux de combat. Aux côtés de Street Fighter II ou du très méconnu Red Earth, l’intégralité de la série Darkstalkers s’offre une virée européenne pour la toute première fois. Suffisant pour craquer ?
Fidèle aux compilations de l’éditeur, Capcom Fighting Collection se focalise, comme son nom l’indique, sur la bonne vieille baston numérique. Hérité des salles d’arcade, l’éventail de jeux reprend les poncifs des deux épisodes Arcade Stadium, l'un déjà sorti, l'autre disponible le 22 juilllet prochain. Baignant dans une interface colorée, le joueur est ainsi convié à la (re)découverte en bonne et due forme de certaines des licences ayant fait le succès du mythique studio d’Osaka. Une invitation plutôt intéressante… à condition d’accrocher à la saga Darkstalkers.
Du combat et une petite incartade
Pour ce Fighting Collection, Capcom a misé sur une variété de titres à même de ravir les habitués comme les novices. En plus des cinq épisodes de la franchise Darkstalkers (Night Warriors, Vampire Savior 1 & 2, Vampire Hunter, Darkstalkers’ Revenge), l’éditeur a intégré le jeu de combat robotique Cyberbots, l’étonnant Red Earth (première fois sur console !) ainsi qu’une trilogie en hommage à l’éternel Street Fighter réunissant Hyper Street Fighter II : The Anniversary Edition, Super Gem Fighter et… Super Puzzle Fighter II Turbo ! Oui, vous ne rêvez pas, même si la collection s’intitule Fighting, à savoir les jeux de combat, Capcom a tout de même intégré le spin-off (épisode parallèle) de sa saga phare. De quoi tâter d’un bon jeu de réflexion entre deux combats !
C’est quoi Darkstalkers ?
Connu sous le nom Vampire au Japon, Darkstalkers explore un univers bien plus sombre que celui de Street Fighter. Sorti dans les salles d’arcade en 1994, ce jeu immerge les combattants dans un monde constitué de créatures fantastiques et d’environnements inspirés de l’horreur gothique. On y campe pêle-mêle une momie, une chasseuse de prime grimée en Chaperon Rouge, un fantôme de samouraï, un vampire, un loup-garou, un zombie, un succube, une femme-chat, un double de Frankenstein, etc.
À l’époque, Capcom voulait s’émanciper de son méga hit Street Fighter II (et ses variantes) et l’un des employés a lancé l'idée de créatures fantastiques et de monstres. Ce type de lore n’ayant pas été exploité par l’éditeur, tous ont acquiescé et c’est ainsi que cette licence a vu le jour. Les artistes ont alors imaginé de nombreuses créatures, beaucoup provenant de la mythologie japonaise. À mesure que le développement avançait, ils ont rééquilibré le casting en s’inspirant des mythologies occidentales et mis de côté de multiples concepts (homme invisible, homme-arbre, vieil homme en costume de salarié…).
Au total, Darkstalkers a fait l’objet de 4 fois plus de croquis et d’animations que Street Fighter II et cela se ressent dans les mouvements ultra-fluides de ses personnages. Côté gameplay, la licence s’appuie sur six boutons (trois pour les coups de poing, trois pour les coups de pied) et intègre des blocages aériens ainsi qu’une jauge de SUPER qui se vide si elle n’est pas utilisée lorsqu’elle est pleine. Faisant la part belle aux combinaisons (combos) et aux attaques visuellement spectaculaires, Darkstalkers a ensuite été optimisé pour apparaître dans 4 suites entre 1995 et 1997. Si vous ne connaissez pas la série, cette compilation a tout de la bonne pioche !
Des gemmes, des robots et des bouilles craquantes
Et parce qu’il n’y a pas que Darkstalkers dans la vie, les joueurs peuvent se rabattre sur Red Earth (War-Zard au Japon). Inspiré des jeux de rôle japonais, ce titre paru en 1996 est surprenant ! Dans un univers fantastique, des personnages aux pouvoirs magiques s’affrontent dans un jeu de combat évolutif où chaque victoire octroie des pièces sonnantes et trébuchantes. On peut alors les dépenser pour augmenter ses aptitudes (attaque, défense, obtention de nouveaux coups, etc.). S’il est totalement méconnu, c’est parce qu’il n’a jamais foulé le sol européen dans sa version originale en arcade. C’est un jeu étonnant et visuellement magnifique (à l’époque, il utilisait un système très puissant appelé le CPS3), mais qui ne dispose que de quatre personnages jouables (pour un total de 12 combattants, dont 8 boss). Pour beaucoup, ça sera une découverte, mais il ne faut pas en attendre des monts et des merveilles tant il est passé inaperçu.
Cyberbots, quant à lui, prend le contre-pied de tous ses confrères. Ici, ce sont les écrous, l’huile et les mécanismes qui parlent ! Place aux robots et à six pilotes prêts à tout pour en découdre ! S’il apporte une touche originale à cette compilation, il faut reconnaître que le titre est assez rigide, malgré un gameplay intéressant. C’est indiscutablement l’un des choix qui risque de diviser. Mais les sceptiques pourront se rattraper avec quelques grands classiques comme l’édition anniversaire de Street Fighter II, mais aussi et surtout Super Gem Fighter et Super Puzzle Fighter II Turbo. Quel bonheur de retrouver les personnages de Street en look SD (Super Deformed, en mode enfant), à la fois dans un jeu de combat complément survolté et un jeu de réflexion palpitant ! Assurément les deux titres les plus adaptés pour une soirée en famille !
Les ajouts de la compilation
Bien évidemment, Capcom Fighting Collection n’est pas seulement la réunion d’anciens titres. Pour agrémenter ce retour de quelques bonus, les développeurs ont intégré quelques fonctionnalités inédites par rapport aux originaux. 2022 oblige, il est ainsi possible de profiter, pour chacun des jeux présentés, d’un mode en ligne accompagné de son rollback netcode. Derrière ce terme technique se cache un procédé qui optimise le temps de réaction entre les joueurs s’affrontant en ligne. Concrètement, le temps de latence est réduit et les combats sont ainsi plus loyaux. Matchs classés, pour débutants ou personnalisés, tout y est ! Il est aussi possible de regarder une partie en tant que spectateur. Lors du test, il y avait encore peu de monde pour en profiter pleinement, mais les quelques parties effectuées en ligne se sont montrées très stables. Nous n'hésiterons pas à mettre à jour le test si nous remarquons une anomalie.
Compilation rétro oblige, Capcom n’a pas oublié les filtres d’affichage permettant de retranscrire les sensations de l’époque. En parallèle, les joueurs peuvent profiter de sauvegardes rapides, modifier leurs contrôles (avec l’option « un bouton » pour déclencher les coups spéciaux très facilement) et paramétrer la difficulté. Enfin, et c’est souvent ce que l’on reproche à certains titres qui oublient ces bonus, un mode Museum (Musée) accueille plus de 500 pièces historiques. Dessins, concepts provisoires, éléments inédits n’apparaissant pas dans les jeux, documents de design… les joueurs peuvent replonger dans les coulisses de fabrication ! Et si votre truc, c’est plutôt la musique, vous serez ravis d’apprendre la présence de plus de 400 morceaux, aussi bien rétro que remixés !
Avec tout ça, que retenir de ce Capcom Fighting Collection ? Qu’il s’agit d’une compilation plutôt intéressante, mais qui pose un énorme dilemme si vous n’accrochez pas à l’univers de Darkstalkers. Il ne vous restera en effet que cinq titres, dont Cyberbots, qui est probablement le jeu le moins intéressant (avec Red Earth et ses quatre personnages jouables). Tout dépendra donc de votre ressenti à l’égard de la dizaine de jeux proposés car on ne peut que saluer le contenu du musée, la stabilité apparente du jeu en ligne ou les différentes options de personnalisation. Dommage toutefois qu'il n'y ait pas de crossplay (jeu en ligne possible entre les différentes plate-formes) !
Conclusion
Points forts
- Un musée avec plein de documents et musiques
- La totalité des jeux Darkstalkers en Europe
- De nombreuses options (jeu en ligne, contrôles personnalisables...)
- L'ajout du jeu de réflexion estampillé Street Fighter
- Super Gem Fighter, un délice !
- Interface réussie
Points faibles
- Des choix discutables (Cyberbots, Red Earth)
- Pas de crossplay (jeu en ligne multi-plateformes)
- Trop de Darkstalkers pour une compilation...
- ... de seulement 10 jeux !
Note de la rédaction
Dans l’ensemble, Capcom Fighting Collection est une compilation correcte. Avec ses différents bonus, ses options et ses modes inédits, il apparaît comme un compagnon idéal pour les amoureux des jeux de combat en 2D. En revanche, certains choix (Cyberbots, Red Earth) peuvent interpeller et la saga Darkstalkers représente la moitié des titres disponibles ! Un pari audacieux qui ne plaira pas à tout le monde, mais il faut reconnaître que la trilogie Street Fighter, avec l’édition anniversaire, le Super Gem Fighter et le Puzzle Fighter II Turbo, valent le détour. En fonction de l’attachement que vous portez aux dix jeux de cette compilation, celle-ci aura un intérêt plus ou moins prononcé.