C'est le moment d'exploser des viscères ! Ash Williams est de retour, mais cette fois-ci, ce n'est pas pour tronçonner des démons dans une nouvelle aventure cinématographique signée Sam Raimi, mais bel et bien dans une production vidéoludique. Mais est-ce que cet Evil Dead : The Game est à la hauteur des films originaux ?
"CECI EST UNE BAGUETTE MAGIQUE ! UNE REMINGTON À CANON DOUBLE"
"Tatre a mis trobeen ha zar Kanda ! Kandaаа ! Kaааndaаа !", un pauvre inconscient a encore lu les lignes maléfiques du Necronomicon, le livre des morts. Il n'en fallait pas plus pour faire ressurgir une horde de démons sur la planète Terre et le bon vieux Ash Williams qui avait pourtant décidé de prendre sa retraite après la conclusion de la série Ash vs. Evil Dead en 2018. Eh oui, pour le quarantième anniversaire de la saga cinématographique de Sam Raimi, tout ce beau monde s'est donné rendez-vous dans Evil Dead : The Game. Et tout comme de nombreux jeux qui rendent hommage aux licences horrifiques des années '80 – on pense ici à Friday the 13th, Predator : Hunting Grounds et, dans une moindre mesure, à Dead by Daylight –, Evil Dead : The Game opte pour le jeu multijoueur asymétrique. D'un côté, il invite les joueurs à rejoindre une équipe de quatre survivants, et de l'autre, d'incarner le démon de Kandar.
Commençons par les survivants qui disposent d'un gameplay plus ou moins similaire à ce que l'on peut retrouver dans un jeu d'action en vue à la troisième personne. Ici, l'objectif est simple : une fois le groupe balancé sur l'une des deux cartes du jeu, il doit remplir une série d'objectifs (trouver trois morceaux de la map, un parchemin et la dague de Kandar) afin d'anéantir une fois de plus le mal qui ronge le Necronomicon. Pour se faire, il faut bien évidemment travailler en équipe, puisqu'à l'image des héros de Friday the 13th ou de ceux de Dead By Daylight, ces derniers sont des proies faciles dès lors qu'ils se tiennent isolés du reste du groupe. Un héros solitaire est bien évidemment plus fragile et voit également sa jauge de peur augmenter plus vite, ce qui obscurcit l'écran du joueur, le rend plus détectable aux yeux du démon et surtout plus vulnérable (nous y reviendrons). Toutefois, contrairement aux deux productions susnommées, dans Evil Dead : The Game, un joueur solitaire bien armé peut tout de même se défendre, puisqu'il est possible de faire parler la poudre et de fracasser des crânes à coups de tatanes bien placées ; c'est d'ailleurs en ça que la production multijoueur de Saber Interactive se détache de la concurrence. Une fois les prémices de la partie exécutées – qui consiste à fouiller les différents baraquements pour faire le plein d'armes et de ressources –, le titre est un véritable jeu d'action qui fait la part belle aux affrontements. Toujours nerveux et dynamiques, les combats sont sans cesse rythmés par une pluie d'hémoglobine et des finish-moves qui décrochent la mâchoire. Autrement dit, les rixes entre survivants et mutants en mettent plein la vue surtout que l'on a le droit à un arsenal diversifié allant du simple pistolet au fusil à pompe, en passant par une arbalète et une multitude d'armes de corps-à-corps (pelle, batte de baseball, couperet, tronçonneuse…).
Même si l'aspect coopération est surtout mis en avant par le partage de ressources et l'entraide entre joueurs quand un héros est à terre, Evil Dead : The Game propose plusieurs personnages jouables. Ces derniers proviennent des différents films de la saga et même de la série : les joueurs peuvent incarner les multiples versions d'Ash Williams, mais aussi Annie Knowbury, Lord Arthur, Pablo Simon Bolivar et bien d'autres, qui tous possèdent leurs propres caractéristiques. Cheryl Williams, la sœur de Ash, joue le rôle du soutien et redonne de la vie à tout le groupe, Amanda Fisher peut faire feu sans utiliser ses munitions et la version Ash de Ash vs. Evil Dead étourdit tous les ennemis alentour. Tous ces pouvoirs peuvent d'ailleurs être améliorés en fin de partie par le biais d'un arbre de compétence unique à chaque héros. Vous l'avez compris, si vous jouez avec des amis, il y a de quoi constituer une équipe robuste.
Toutefois, bien que spectaculaire, ce parti-pris "action" manque un brin d'ajustement et d'équilibrage. Il donne aux survivants l'impression de contrôler des héros surpuissants, de ne pas être à la merci du démon, ce qui va à l'encontre même du genre qui souhaite instaurer une ambiance horrifique et anxiogène. Cette sensation est en plus amplifiée quand on joue avec des amis. Contre une équipe soudée, le démon n'a presque aucune chance de gagner.
"IL Y A QUELQU'UN DANS MON CELLIER"
Diablement opposé niveau gameplay, jouer le démon de Kandar résulte la majeure partie du temps à contrôler une caméra embarquée qui flottent dans les airs ; une idée plus que bienvenue qui fait directement écho aux différents longs-métrages de la saga puisque le démon, une présence maléfique qui possède tout est n'importe quoi, est avant tout représenté dans les films par une vue subjective tournoyante. Lorsque vous contrôlez cette caméra, l'objectif est d'effrayer les différents survivants qui se promènent dans les bois en ouvrant ici et là des portails qui laissent passer squelettes, zombies et autres difformités. Les joueurs les plus astucieux pourront même laisser les héros vaquer à leurs occupations pour préparer le terrain, là où ces derniers sont susceptibles de passer, en installant des sbires et des pièges. Il est par exemple possible de mettre des mini-Ash dans des caisses de ravitaillement, ce qui fera plaisir aux fans du troisième film, ou même de donner vie à certains arbres qui n'hésiteront à pas frapper de leurs branches la tête des héros.
Evil Dead : The Game est avant tout une production multijoueur qui prend tout son sens lorsque cinq joueurs se retrouvent dans une seule et même partie, toutefois, pour satisfaire tous les profils de joueur, le titre de Saber Interactive propose aussi une composante Solo. Il y a notamment cinq missions qui retracent les différentes aventures d'Ash Williams et qui permettent de débloquer de nouveaux héros, mais aussi une option pour jouer le mode principal uniquement avec l'I.A..
Toutes ces manipulations permettent d'augmenter la force du démon et, par la même occasion, d'instaurer la peur dans les yeux des membres de l'équipe adverse. C'est là que tout devient intéressant, puisqu'une fois qu'un personnage est effrayé, il est possible de le posséder pendant un temps pour le remonter contre ses amis. D'ailleurs, en tant que démon, il est possible de posséder les survivants donc, mais aussi un arbre, une voiture et les nombreux monstres qui pullulent la carte. Il est même possible d'incarner des Seigneurs de Guerre, des monstres surpuissants, pour mettre à mal les dernières forces de l'ennemi. Malheureusement, lorsque l'on joue un squelette ou un mort-vivant, les combats sont un peu brouillons ; le joueur aura parfois l'impression de taper dans le vide, la faute à une absence de finish-moves lorsque l'on incarne l'antagoniste. Toutefois, malgré ces petits égarements, c'est en le contrôlant que le jeu prend tout son sens puisqu'il est vraiment satisfaisant de ruiner la partie des gentils en les surprenant avec des plans machiavéliques.
"GROOVY"
Même si les deux propositions de gameplay sont vraiment solides, le jeu donne rapidement l'impression de tourner en rond. Toutes les parties se ressemblent et sont construites sur le même schéma : les survivants doivent remplir toujours les mêmes objectifs pour fermer le Necronomicon, et ce, dans le même ordre, pendant que le démon rôde dans les parages. Pour apporter un peu de diversité, les objectifs sont tout de même placés de manière aléatoire sur la map, mais ça ne suffit malheureusement pas. Cette lassitude est renforcée par un système de progression très lent et par le fait qu'il y a seulement deux cartes à explorer. Heureusement, que ce soit sur old-gen ou sur next-gen, ces dernières sont très jolies visuellement. Elles sont sublimées par différentes ambiances lumineuses, toutes réussies, que l'on redécouvre en fonction des conditions météo. Même si la plupart du temps, les environnements sont plongés dans l'obscurité, il est également possible de jouer sur des terrains de jeu enneigés, de parcourir l'asphalte et les divers chemins boueux sous la pluie ou encore d'être chassé par le démon à l'aube. Notons également que les cartes sont suffisamment grandes pour apporter leurs lots d'idées et d'environnements. Les joueurs pourront se promener dans le chalet iconique d'Ash Williams, mais aussi dans une casse, une usine, un cimetière d'avions, un manoir, une grotte, etc. Une bonne chose, vu que la saga cinématographique Evil Dead n'est pas vraiment connue pour faire voyager.
Si le lancement d'Evil Dead : The Game est moins catastrophique que celui de Friday the 13th,, notez tout de même que ce n'est pas complètement la joie. Possédés par les démons, les serveurs semblent n'en faire qu'à leur tête et sont régulièrement indisponibles (ce qui empêche les joueurs de rejoindre une partie). Heureusement, quand tout fonctionne, le matchmaking est super efficace et trouve généralement des parties en moins de 30 secondes.
Pour finir, attardons-nous sur le fan service, puisque si Evil Dead : The Game est perfectionniste dans un domaine, c'est bien dans celui-là. En plus de réunir l'intégralité des personnages de la saga, le jeu de Saber Interactive rassemble également le casting original. Dans la peau d'Ash Williams, on retrouve Bruce Campbell, l'acteur qui a incarné le héros de la licence à l'écran pendant près de 40 ans. De leur côté, Betsy Baker reprend le rôle de Linda, Ellen Sandweiss joue à nouveau Cheryl Williams et Hal Delrich retourne dans la peau de Scotty. Mieux, l'ensemble des acteurs de la série Ash vs. Evil Dead sont aussi de la partie, rien que ça. Pour couronner le tout, le titre ne cesse de multiplier les clins d'œil en proposant aux joueurs de redécouvrir des lieux cultes des films ainsi que des phrases iconiques, et reprend même la grammaire visuelle de la franchise. Comme nous l'avons dit plus tôt, on retrouve cette fameuse caméra embarquée lorsque l'on incarne le démon, mais également les mini-Ash, la main vivante ou encore ce fameux brouillard qui semble être possédé. Vous l'avez compris, avec Evil Dead : The Game, les fans seront aux anges.
Points forts
- Des affrontements dynamiques…
- Des finish-moves qui ont de la gueule
- Des personnages issus de toute la saga Evil Dead (films + série)
- Deux gameplay bien différents
- Agréable à l'œil sur old-gen et next-gen
- Des modes pour les joueurs solitaires
- Un bel hommage à l'univers de Sam Raimi
Points faibles
- … Mais brouillons, surtout lorsque l'on incarne le démon
- Deux cartes seulement
- Un démon peu effrayant et des héros trop résistants
- Des serveurs un peu capricieux
Note de la rédaction
Magnifique hommage à la saga qui l'inspire, Evil Dead : The Game est un jeu multijoueur asymétrique qui surprend par son dynamisme de tous les instants et son action frénétique très bien mise en scène. Malheureusement, le soft tourne vite en rond. Malgré la multitude de personnages jouables et les deux gameplay proposés (survivant ou démon), le jeu de Saber Interactive n'arrive pas à diversifier ses approches. Une production qui cible avant tout les fans du genre et des créations cinématographiques de Sam Raimi.