En 2013, The Stanley Parable marquait son temps avec une œuvre qui brisait intelligemment le quatrième mur. La voici de retour dans une version modernisée.
Un an après la sortie de Dear Esther, The Stanley Parable ajoute en 2013 sa pierre à l’édifice encore balbutiant du Walking Simulator. Stand-alone d’un ancien mod de Half-Life 2, la création de Davey Wreden et William Pugh devient une incarnation désormais culte de l’illusion du choix. D’une ingéniosité déroutante dans son level-design mais aussi d’une simplicité efficace, le titre est une Madeleine de Proust pour tout amoureux du genre narratif. Et son édition Ultra Deluxe n'entache en rien les doux souvenirs conservés par les premiers joueurs.
cadeau généreux
Y a-t-il un intérêt à se lancer dans l'édition Ultra Deluxe de The Stanley Parable quand on est déjà parfaitement familier avec l'œuvre originale ? Oui. Avant même l’introduction, il vous sera demandé si vous avez déjà parcouru le jeu de 2013, de sorte à ne pas vous imposer de séquences trop visitées. L’expérience est intacte, conserve son aura si particulière, mais se garnit de niveaux et d’embranchements inédits. Les nouveaux sont aussi très bien accueillis ; le contenu supplémentaire ne leur parviendra qu’une fois les couloirs de The Stanley Parable suffisamment explorés. Le jeu s’améliore également sur le plan visuel et implémente quelques ajouts d'accessibilité incluant la traduction du texte dans l'univers et des options pour daltonisme.
Le socle de l’histoire est de nouveau posé ; Stanley, employé numéro 427 d’une société anonyme s’applique dans une servitude implacable à enfoncer des touches sur un clavier. L’élève modèle répond muet aux ordres qui défilent sur son moniteur, jusqu’au jour où plus aucune consigne n’apparaît à l’écran. Lorsque Stanley tourne enfin le dos à son poste de travail, il découvre un open space déserté. Et puis la voix impeccable du comédien Kevan Brighting revient habiter les lieux de sa présence toujours aussi attractive.
Toujours brillant
Pourvu de son fidèle humour léché, le personnage omniscient et charismatique du narrateur raconte l'histoire de Stanley et vous guide vers les chemins qu’il dessine. Si vous avez déjà fait sa rencontre en 2013, il s’en souviendra encore. Et lorsqu'il vous somme d'emprunter la porte de droite tandis que la gauche est également accessible, l’allégorie du libre arbitre illusoire qui faisait de The Stanley Parable une expérience spectaculaire se rappelle à notre bon souvenir. Dans un environnement si minuscule traversé inlassablement, le jeu multiplie encore les prouesses de level design. Et puisqu’il sait s’adapter à son temps, il fait la satire de son époque, discute de l’évolution du paysage vidéoludique, enchaîne les clins d'œil. Reste encore des morales et des métaphores que l’on a bien du mal à déchiffrer dans certains embranchements. Mais c'est aussi ce qui fait le charme nébuleux du titre.
Certes, les habitués sont déjà coutumiers des ruses du narrateur. Les mécaniques sont désormais attendues, exploitées dans une décennie de productions incluant There Is No Game:WrongDimension comme digne héritier. Alors, les nouveaux auront peut-être bien du mal à considérer le jeu comme franchement singulier et pourront seulement s’imaginer à quel point il devait être unique en son temps. Mais l'aventure de Davey Wreden parvient encore à nous surprendre. Le narrateur agit comme une entité qui n’a jamais quitté les couloirs de The Stanley Parable ; ses lignes s’adaptent avec intelligence à vos faits et gestes, ses actions semblent vraiment régies par les vôtres. Et s’entame un duel toujours passionnant lors duquel joueur et narrateur essayent de dompter l'autre. Seuls quelques temps de chargement malheureux viennent tacher le périple. En tout, vous pourrez aussi bien explorer l'expérience en deux heures qu’en six heures. L’univers semble redoubler de secrets et invite volontiers à les percer. Relancez le jeu et vous aurez droit à quelques salutations personnalisées dans le menu. Il sait quand vous revenez lui rendre visite et vous en remercie presque.
Conclusion
Points forts
- Une version moderne qui vaut vraiment le retour
- Un level design toujours aussi ingénieux et encore surprenant
- Le narrateur, son charisme et ses remarques
- La rejouabilité bien maîtrisée
- Drôle
Points faibles
- Un jeu forcément moins unique qu'à l'époque
- Les temps de chargement
Note de la rédaction
Toujours ingénieux, drôle et captivant, The Stanley Parable : Ultra Deluxe vaut définitivement le coup de s'attarder une nouvelle fois dans l'expérience culte de 2013. Si les nouveaux joueurs auront bien du mal à considérer l'œuvre comme étant vraiment unique aujourd'hui, elle s'étoffe tout de même d'un level-design encore habile et surprenant. Et quel plaisir de retrouver l'humour implacable du narrateur.