Il était une fois, une petite souris téméraire qui s’appelait Quill. N’écoutant que sa détermination, elle réussit jadis à libérer son oncle, Argus, du joug de Sarrfog. Oui, certaines histoires finissent bien, et celle du jeune studio Polyarc en est un bel exemple. Avec le premier Moss sorti en 2018 sur PSVR et PC, le groupe situé à Seattle a remporté plus de 80 prix et nominations et a réussi à placer son rongeur parmi les meilleurs titres à parcourir en réalité virtuelle. Cette suite a pour ambition de frapper plus fort tout en respectant la formule exploration/action/puzzle de son aîné. Alors, est-ce que tout sourit une nouvelle fois à la petite boule de poils ?
Fidèle à son aîné
Cela faisait de longs mois que nous n’avions pas ressorti le PSVR de son carton. L’idée même de devoir lancer un tutoriel pour effectuer les nombreux branchements et s’enfermer dans le gros casque de Sony à l’ergonomie un peu dépassée n’avait rien de très enthousiasmante. Un défi que nous avons malgré tout relevé en chantonnant, puisque nous savions que nous allions découvrir la nouvelle épopée de Quill, exclusive au PSVR au moment où nous écrivons ces lignes. Moss Livre II est la suite directe de Moss. Les événements débutent quelques minutes après la défaite de Sarffog et le sauvetage de l'oncle Argus. Ici, Quill a pour mission de récupérer cinq reliques élémentaires afin d'anéantir les belliqueux Arcans. À l’instar du premier épisode, le joueur est aux commandes du duo Quill/Lecteur et doit unir leurs forces pour progresser dans les tableaux. Le rongeur se dirige à l’aide du stick gauche de la manette alors que certains éléments du décor sont manipulables grâce aux pouvoirs du “Lecteur”, un être mystique qui accompagne la souris dans sa quête. Immergé dans le monde merveilleux de Moss grâce au PSVR, le joueur tourne et penche la tête pour mieux appréhender son environnement. Il n’est pas rare en effet de découvrir un chemin caché dans les herbes hautes où il est recommandé d’amener Quill, ou de dénicher une corniche salvatrice dissimulée sur les murs de pierre. Il est souvent dit que Moss est un jeu d’exploration/action/puzzle. Il met surtout le sens de l’observation à rude épreuve.
Bien que le rongeur puisse sauter, donner des coups d’épée et s’agripper à des rebords, il ne pourrait pas aller bien loin sans les pouvoirs magiques du Lecteur. Le PSVR sur la tête et la manette dans les mains, l’utilisateur est le seul à avoir la capacité d’interagir avec la plupart des éléments de l’environnement. Il est par exemple capable de déplacer des blocs et ainsi créer des chemins, faire chuter des stalactites ou encore actionner des plateformes. Livre II oblige, Polyarc a apporté quelques pouvoirs supplémentaires à l’entité dans le but de générer plus d’actions entre le joueur et l’univers. Ainsi, une simple pression sur la gâchette du pad peut tisser des ponts organiques entre différentes plates-formes, ou encore faire pousser du lierre sur des murs. Plus tard dans l’aventure, le marteau octroie la possibilité de déclencher des coups quand le lecteur le décide, dévoilant de nouveaux rouages du gameplay. Tous ces éléments ont pour objectif d’apporter un peu de diversité aux puzzles rencontrés par la petite souris : plus le joueur progresse, plus il gagne de pouvoirs, plus les affrontements et les énigmes deviennent complexes.
Ceci étant dit, certaines situations déjà vécues dans le premier soft reviennent de temps à autre. Par exemple, le duo doit toujours trouver des moyens d’emmener des scarabées sur des interrupteurs, faire tourner des escaliers en colimaçon pour atteindre des endroits particuliers, et actionner des mécanismes mauves afin de progresser. Bien que nous n’aurions pas été contre plus d’éléments véritablement inédits, Moss Livre II apporte son lot de nouvelles idées dans sa besace, en particulier grâce effets apportés par les armes que sont le marteau et le Chakram. Les ennemis à mettre en boule puis à envoyer telles des balles de flipper contre ses congénères fait également partie de ces plaisirs simples que Moss procure.
Le PSVR sur la tête, des étoiles dans les yeux
Lorsqu’une partie de Moss Livre II est lancée, ce qui saute (littéralement) aux yeux est la profondeur de champ que gagne cet épisode. Les décors sont souvent gigantesques, composés avec soin, renforçant cette impression que Quill est décidément bien petite pour affronter les dangers qui l’attendent. À plusieurs reprises durant l’épopée, nous avons perdu de longues minutes à admirer l’environnement pour le plaisir de se sentir immergés à l'intérieur du monde. Et que dire des sublimes musiques composées par Jason Graves ? Elles couvrent une nouvelle fois extrêmement bien l’action et manquent de nous arracher quelques larmes lors de certaines séquences. Pas la peine de tergiverser, Polyarc a tout mis en œuvre pour livrer un conte interactif comme nul autre : la direction artistique est de premier ordre, les graphismes sont jolis, les animations sont nombreuses, les boss sont impressionnants, ce qui est raconté est beau. Peut-être aurions-nous préféré un peu plus de diversité dans les niveaux visités. Celles et ceux qui ont fait le premier jeu auront sûrement l’impression de revoir un peu trop régulièrement les mêmes ambiances lors des divers allers-retours. Grâce à la bonne stratégie d’accessibilité employée par le studio, les joueurs qui n’ont pas terminé la première aventure arriveront à comprendre aisément comment l’univers fonctionne, sans heurt ni frustration.
En optant pour une vue à la troisième personne où l’utilisateur regarde les tableaux, “posé” dans l’environnement, le soft de Polyarc apporte un grand confort visuel. Les personnes qui sont habituellement sujettes à la cinétose devraient pouvoir parcourir Moss Livre II le sourire aux lèvres. Attention cependant, si vous décidez de jouer assis, prévoyez un généreux espace vide devant vous puisqu’il est parfois nécessaire d’avancer son pad vers l’arrière-plan pour entrer en interaction avec des objets. De manière générale, la maniabilité aurait mérité quelques ajustements. Il n’est pas rare de rater un saut parce que la petite souris ne se raccroche pas à un rebord, tandis que le système d’inventaire mis en place rend quasiment impossible le changement d’arme à la volée. En outre, certains pouvoirs ne sont pas des plus pratiques dans leur exécution, comme celui permettant à Quill d’effectuer un dash dévastateur, indispensable pour atteindre certaines zones. Pour le réussir, il est demandé de charger l’épée avec carré, puis d’approcher le curseur du Lecteur, toucher l’épée en appuyant sur une des gâchettes, et enfin appuyer de nouveau sur carré pour déclencher le mouvement. Une fois sur cinq, le dash se termine dans le trou, étant donné qu’il n’est pas possible de jauger la puissance de l’élan. Fort heureusement, les soucis que nous mentionnons ne gâchent pas une épopée qui sait s’appuyer sur les forces de son grand frère pour livrer de nouveau une magnifique aventure. Quand bien même cette dernière ne brillerait pas par une originalité débridée maintenant que l’effet de surprise initial est passé.
Conclusion
Points forts
- Un gameplay toujours aussi bien pensé pour le PSVR
- Une direction artistique de premier ordre
- De superbes musiques
- Des puzzles et des niveaux bien conçus
- Des affrontements de boss réussis
- De la variété dans les situations
- VF sympathique
Points faibles
- De la redite dans les situations, ennemis, énigmes
- Une maniabilité qui aurait pu être améliorée
- Assez court, et rejouabilité limitée malgré les collectibles
Note de la rédaction
Une fois l’aventure terminée après huit heures de jeu, la petite Quill laisse une grande trace dans notre esprit. En intégrant de nouvelles armes ainsi que des manières inédites d’interagir aussi bien avec le décor qu’avec les ennemis, Moss Livre II gagne en profondeur. Bien que certains environnements, puzzles et adversaires fassent dans la redite, l'œuvre de Polyarc est un enchantement. L’effet de surprise a disparu, certes, mais l’intelligence du design est toujours là. Vivement le Livre III !