L'opus viking de la célèbre licence d'Ubisoft s'offre un troisième DLC cette fois centré sur la mythologie nordique et le destin du Père de Toute Chose, Odin. Et qui dit grand personnage, dit grands projets. En effet, Ubisoft nous a présenté ce DLC comme le plus ambitieux d'Assassin's Creed Valhalla, avec une bonne dose de récits épiques et de nouveautés. Mais est-il vraiment digne de la grandeur d'Odin ?
Après avoir suivi ses aventures à Asgard en rêves, Eivor se replonge dans la peau d'Odin (Havi) pour un récit aussi épique que funeste. C'est sur les terres de Svartalfheim que nous suivons cette fois le Père de Toute Chose. C'est avec hâte qu'il s'y rend et pour une bonne raison : son fils Baldr a été enlevé par le géant du feu dévastateur, Surt. Il n'a alors qu'un seul but : le retrouver et le sauver quoi qu'il en compte. Oui mais voilà, les conséquences pourraient bien être désastreuses, surtout que les visions sur le Ragnarök approchant ne cessent de s'intensifier.
Odin aux commandes
La grande promesse de ce DLC est de ne nous faire incarner le plus grand des Dieux nordiques : Odin. Cependant, si vous vous êtes déjà intéressés à Valka lors de l'aventure principale, cette promesse a un goût de déjà vu. En effet, il suffisait de boire l'une de ses potions pour se retrouver dans la peau d'Havi (autre nom d'Odin) et explorer Asgard notamment. Sans surprise, c'est donc à nouveau sous cette forme que vous pourrez découvrir ce nouveau DLC. Si vous vous attendiez à incarner réellement le grand borgne barbu, vous serez probablement déçu. Mais cela ne veut pas dire que votre Havi fait pâle figure.
Le but de ce DLC est avant tout de vous mettre dans la peau d'un Dieu qui en impose. Et pour cela, il peut compter principalement sur son système de pouvoirs. Armé de son Arrache-Hugr, Odin peut en effet absorber le pouvoir des ennemis qu'il a abattu. Mais tout avantage a ses limites. Tous les ennemis ne disposent pas de cette force magique appelée le Hugr. De plus, Odin ne peut l'utiliser que pendant un temps limité. Pour déchaîner à nouveau sa magie, il doit faire le plein en tuant des ennemis ou en se servant des sources d'Hugr présentent un peu partout. Notez que si le principe des autels vous forçant à sacrifier un peu de votre vie en échange d'Hugr est ingénieux, celui des fleurs à "absorber" est plus fastidieux vous obligeant à courir parfois à la recherche de quatre ou cinq fleurs pour remplir votre jauge. Mais cela n'entache pas vraiment cet ajout important qui change la face du gameplay.
Bien pensé, ce nouveau système influe sur les combats, mais aussi les phases d'infiltration et d'exploration. Son emploi doit donc être réfléchi selon l'approche souhaitée et peut vous permettre d'accéder à des lieux jusqu'ici inatteignables. Téléportation, camouflage ou encore résurrection d'ennemis sont autant d'opportunités nouvelles qui vous seront octroyées grâce au Hugr. Et son utilisation vous invite parfois à vous creuser les méninges différemment.
Si on reste du côté des nouveautés, on note l'arrivée d'armes et d'armures inédites aux propriétés divines qui vous permettront d'accomplir de grandes choses, comme sauter de très haut sans subir des dégâts. Sans grande surprise, une nouvelle classe d'armes fait également son entrée : les Atgeir. Spécialisées dans le combat à distance, ces longues épées fonctionnent avec un système de combo. Si vous enchaînez habilement les attaques courtes et longues, vous débloquerez des finishers inédits. Outre l'aspect épique agréable, cela incite également les joueurs à user d'une certaine stratégie en combattant.
Entre les pouvoirs et ce système de combo, Ubisoft délaisse un peu le côté bourrin d'Eivor pour nous proposer des combats plus corsés. Les pillages et les combats de boss vont vous donner plus de fil à retordre qu'à l'accoutumée. Lors de ces derniers, il est vivement conseillé d'esquiver un maximum et d'observer plutôt que de foncer tête baissée. Une difficulté plus élevée donc mais qui est plus que bienvenue. Les moins adroits pourront toujours compter sur le mode récit pour avancer sans encombres. Néanmoins, ils passeront à côté de l'un des points positifs de ce DLC, qui propose des combats au niveau de la grandeur d'Odin.
Pour accèder à l'Aube du Ragnarök, Ubisoft conseille aux joueurs une puissance minimum de 340. Toutefois, si ce n'est pas votre cas, vous pourrez bénéficier d'un boost temporaire vous permettant d'affronter les dangers de Svartalfheim. Et si d'aventure vous n'avez pas encore joué à Valhalla et que vous souhaitez commencer avec ce DLC, vous pourrez commencer une nouvelle partie directement à Svartalfheim avec un personnage pré-établi. Néanmoins, nous vous conseillons vivement de compléter avant cela les quêtes sur Asgard. Le récit de ce DLC en étant la suite logique, certaines références ou éléments y sont directement liés.
God of Valhalla
Les amateurs de mythologie nordique lorgnent avec envie sur ce nouveau DLC et ce n'est pas pour rien. Après nous avoir plongé dans le folklore irlandais et l'Histoire de la Francie, Ubisoft nous propose là un DLC centré sur la mythologie si chère aux vikings d'antan. Ainsi, il nous propose de découvrir l'un des neuf mondes d'Yggdrasil : Svartalfheim. C'est dans ce dernier qu'ont grandi les Svartalfar, ou les elfes noirs. Mais oubliez tout de suite l'image que vous avez des elfes. On ne parle pas ici d'archers aux longues oreilles, mais plutôt de nains. En effet, les fils d'Ivaldi, comme on les appelle, sont en vérité de petits êtres très habiles de leurs mains et, surtout, avec un caractère bien trempé. Qu'ils soient secondaires ou principaux, ces nains sont tous des personnages hauts en couleur qui jouent beaucoup sur l'ambiance du jeu.
Mais les nains ne sont pas les seules créatures à arpenter les terres de Svartalfheim. Si vous croiserez à nouveau la route des géants Jötnar, les Muspel font, eux, leur entrée avec Assassin's Creed Valhalla : L'Aube du Ragnarök. Issus du royaume du terrible Surt, Muspellheim, ils sont venus envahir le monde des Svartalfar. Oui cela fait beaucoup d'informations à digérer... Et pourtant ce ne sont que les bases d'un récit rempli de ramifications. Autant vous dire que pour comprendre quelque chose, il vaut mieux se renseigner en parallèle. Étrangement, ce DLC n'accompagne pas assez le joueur dans la découverte de ce nouvel univers.
On a ainsi parfois du mal à comprendre l'importance de figures telles que Surt (particulièrement imposant), Bladr, Frigg ou Ivaldi. Et pourtant, elles sont nombreuses et nous proposent un aperçu assez large du panthéon nordique. Il en va d'ailleurs de même pour le monde qui est particulièrement riche. On est amené à découvrir des biomes bien réalisés et variés, tout en restant cohérents. Entre les montagnes remplies de mines et la froideur de Vangrinn, on retrouve la lave invasive du Muspel. Notez que cette lave est mortelle pour Odin (sauf s'il utilise l'Hugr de Muspel). Un petit détail qui peut se révéler fort agaçant, notamment lors de certains combats.
Contrairement à l'histoire qui peut se révéler trop complexe à suivre, le monde est une véritable ode à la découverte. Des indices importants y sont d'ailleurs cachés, vous invitant à faire attention à ce qu'il se passe autour de vous. Et ça marche ! On a envie de s'aventurer au fil de ces paysages inhabituels portés par une bande-son épique prenante. Svartalfheim est un beau lieu à découvrir, à mi-chemin entre les côtes anglaises et la magie d'Asgard et Jotunheim.
Et si vous êtes un peu curieux, vous pourrez tomber sur plusieurs points d'intérêt inédits. Si les Nains en Détresse proposent des micro-quêtes assez classiques, les Mémoires Mythiques parsemées un peu partout sur la carte font vraiment du bien. Elles permettent une parenthèse bienvenue offrant un peu de contexte sur les mythes fondateurs de la mythologie nordique. Néanmoins, elles ne sont qu'au nombre de six et se concentrent uniquement sur les faits d'armes des fils d'Ivaldir. On aurait aimé en découvrir un peu plus sur les mythes fondateurs de la mythologie nordique, pourtant centraux dans ce DLC qui se révèle parfois bancal sur le sujet.
Du grand nain-porte quoi
Le côté épique de ce récit est entaché par un scénario qui peut se révéler confus pour les néophytes. Notez d'ailleurs que vous ne découvrirez pas dans ce DLC le véritable mythe précédant le Ragnarök. Ajoutez à cela le manque d'envergure que prend cette épopée divine (en ne faisant pas incarner réellement Odin notamment ou en ne permettant pas de voir Asgard sous un nouveau jour) et vous n'êtes pas à l'abri d'un petit effet déceptif.
Un tord qu'aurait pu réparer l'autre petite nouveauté de ce DLC, l'arène valkyrie de Kara. À travers différents récits, elle promet de nous faire revivre les grands succès d'Odin en combattant des boss à la chaîne. Si l'idée peut sembler alléchante, le récit se résume malheureusement à quelques phrases, sans entrer en profondeur dans le mythe conté. Au final, il s'agit plus d'un moyen de vous lancer un petit défi et de tester différentes build. Si bien que, malgré les récompenses alléchantes, on perd vite l'envie d'aller plus loin. Et pourtant, cette arène fait partie des éléments à valider pour atteindre le 100%.
Comptez une petite quinzaine d'heures pour finir la trame narrative en ligne droite. Si c'est le 100% qui vous intéresse, vous pouvez rajouter 10 à 15 heures. On a donc là un DLC qui ne tire pas trop en longueur tout en étant deux fois plus conséquent que ses prédécesseurs.
Ce DLC a pourtant tout pour se détacher de cette durée de vie que certains qualifient d'artificielle. L'Aube du Ragnarök est une extension qui ne se s'alourdit pas avec diverses quêtes annexes et récompense vraiment les curieux. Outre les Mémoires Mythiques, les points d'intérêts sont souvent synonymes de richesses changeant réellement la donne. On sent un effort du côté d'Ubisoft qui ne s'égare pas inutilement malgré la grandeur de la carte. On aurait toutefois aimé qu'une telle attention soit également portée aux bugs qui continuent de gangrener l'expérience.
Points forts
- Svartalfheim, un nouveau monde divin
- Le système de pouvoirs, une nouveauté vraiment bien pensée
- Une belle immersion au cœur des grands mythes nordiques...
- Des combats de boss haletants
- Des personnages hauts en couleur et un grand méchant qui en impose
- Une exploration mieux récompensée
- Une durée de vie intéressante
Points faibles
- Les inlassables bugs
- L'arène de Kara : une bonne idée mais pas assez exploitée
- ...mais parfois confuse et incohérente
- Un manque d'envergure qui peut se révèler déceptif
L'Aube du Ragnarök esquisse une nouvelle ère pour Valhalla. Ce DLC apporte des nouveautés pertinentes et cohérentes qui changent réellement le gameplay. Ajoutez à cela un récit épique prenant, un nouveau monde envoûtant et une bonne dose de mythologie nordique et vous obtenez la meilleure extension qu'Eivor ait jamais connu. Ubisoft a eu du nez en misant sur la puissance d'Odin et des mythes nordiques. Néanmoins, on aurait juste aimé un peu plus d'envergure pour profiter d'une épopée mythologique digne du Valhalla.