Court platformer inspiré de quelques modèles du genre, Aspire : Ina's Tale nous charge de délivrer une jeune captive au look atypique d'une Tour faite de structures fantastiques.
Première production des Brésiliens de Wondernaut Studio, bannière fraîchement fondée en 2020, Aspire : Ina's Tale est l’un des héritiers de Gris (Nomada Studio). La nouvelle expérience est couvée par Untold Tales, société d’édition tout aussi jeune menée par quelques vétérans de Techland, amoureux d’aventures solos. Ina, prisonnière d’une Tour maudite, entame un périple mêlant plateformes, réflexion et contemplation.
Ina contre la Tour
Héroïne de notre aventure, Ina est coiffée d’une natte rousse qui pèse probablement le poids de son corps frêle. Une pierre précieuse orne le milieu de son front blanc et rappelle les motifs de sa robe bleue. Son look dénote et se révèle d’emblée fabuleux. Faisant fi d’une quelconque mise en contexte, elle se réveille d’un sommeil à n’en plus finir au beau milieu de débris pour constater qu’elle est toujours captive d’une Tour maudite. Bien décidée à rejoindre son foyer de “Kamiura” plutôt que rester cloîtrée ici, elle entame l'exploration des moindres recoins des lieux à la recherche d’une issue. Une traversée qui s’effectue de façon très linéaire, de gauche à droite. Pas très grave, tant la prison d’Ina est une étendue merveilleuse faite d'une séduisante architecture très anguleuse. Le périple est particulièrement contemplatif et diversifie son spectacle pour chacun des trois mondes explorés.
Les premières énigmes sont aisées ; Ina déplace son premier bloc de pierre pour atteindre une plateforme en hauteur, active son premier levier pour ouvrir une porte. À part la fuite, elle ne dispose d’aucun autre moyen de défense contre ses adversaires, de toute manière très peu nombreux. La demande est d’abord sommaire, mais devient bien plus stimulante lorsque la fugitive dévoile ses premiers atouts : elle manipule des orbes capables de quelques pouvoirs : la lumière, le mouvement, puis l’agrandissement. Trois dons qui se succèdent avant de devoir se conjuguer ; assez pour rythmer la progression d’Ina jusqu’à la liberté et pour offrir une certaine pincée de difficulté. Car si elle n’en avait pas l’air de prime abord, l’aventure requiert tout de même parfois une habile dose de réflexion sur des plateformes d’allure extrêmement classique. Peut-être parfois parce que les solutions à trouver manquent d’une bonne part d'intuitivité. Un faux pas tardif pouvant par ailleurs causer un retour en arrière assez conséquent. A quelques reprises bloqués par une manipulation sans issue, ou même un bug, il nous est arrivés de forcer une réapparition au dernier point de contrôle non sans une once de frustration. Enfin le périple n’occupera tristement en moyenne que deux heures et demi de votre temps, cette durée dépendant bien sûr de vos facultés à vous dépatouiller de certains obstacles.
Contemplation musicale
À l’image de ce que proposait Nomada Studio avec son touchant Gris, l’histoire d’Aspire : Ina’s Tale adopte une approche très métaphorique. On y découvre l’épanouissement d’une fille appelée “le Coeur”, lancée à la recherche de “l’Architecte”, créatrice de la Tour qui la retient prisonnière. Dévalant des structures en ruines, Ina croise à de rares occasions de gigantesques dépouilles de chevaliers mystiques. Elle fait aussi la rencontre de quelques alliés : le bouffon et le voleur, dont les souvenirs peuvent être restitués en retrouvant leurs collectibles associés ; un poétique encouragement à rejouer les niveaux. Sans emprunter de chemins trop nébuleux, les récits s’interprètent et se devinent de façon souvent évidente. Mais difficile de pénétrer pleinement l'univers d'Aspire qui, en si peu de temps, s’esquisse à peine.
Heureusement à chaque instant du périple d’Ina, il y a plus retentissant encore que sa narration, ses énigmes et ses panoramas. La musique du jeu est particulièrement fabuleuse et suit les exploits de l’héroïne avec une justesse déconcertante. Vingt-six pistes originales comblent cette courte aventure, s’accordant de belles nuances à l’introduction d’un nouveau monde. Mélodies orchestrales, instruments traditionnels de la culture asiatique, sons synthétisés : la contemplation est aussi visuelle qu’auditive. La réalisation est suffisamment généreuse pour franchement marquer. Ina n’est quant à elle pas vraiment doublée, mais nous partage à quelques occasions de beaux éclats de rire et des cris de lutte. Et vous serez heureux de savoir que ses dialogues sont traduits en français.
Conclusion
Points forts
- Une bande-son absolument captivante
- Une architecture très contemplative
- Le chara-design des quelques personnages
- Quelques puzzles habiles
Points faibles
- Une expérience bien courte (en moyenne 2h30)
- Des issues qui gagneraient à être parfois plus intuitives
- Quelques bugs, retours en arrière forcés
Note de la rédaction
Bien accroché à ses inspirations et à des schémas classiques en termes de narration et de game design, Aspire : Ina's Tale offre avant tout un très beau spectacle. Le jeu puise sa singularité dans une bande-son absolument magistrale et des architectures séduisantes. Il péche en revanche dans sa durée, son récit si bref et quelques niveaux pas toujours bien pensés.