Sortie indé de cette fin d'année 2021, A Juggler's Tale nous embarque dans une courte fable portée par une marionnette dont la liberté ne tient qu'à un fil. Le jeu est-il une nouvelle pépite narrative à ne pas manquer ?
Première proposition de la jeune équipe allemande kaleidoscube, A Juggler's Tale est une courte expérience narrative portée par Abby, une petite marionnette qui cherche à se défaire des fils qui la retiennent pour enfin goûter à la liberté. Une aventure théâtrale à la saveur burtonesque qui puise son essence dans les contes de fées traditionnels.
Un marionnette en quête de liberté
Du matin au soir, la petite Abby est à la solde d’un propriétaire de cirque qui en fait une véritable bête de foire pour amuser son auditoire. La nuit, la jeune captive rêve de grandes échappées depuis une cage étroite, voisine de celle d’un ours domestiqué dont elle s’est liée d’amitié. Alors lorsqu’une issue se présente, elle la saisit sans hésiter pour enfin pouvoir gambader dehors à son aise. Mais le monde extérieur est hostile et maints dangers devront être bravés. D’autant que ses geôliers sont désormais à ses trousses pour la rapatrier. Hors champ, Jack, le marionnettiste de cette histoire, narre la quête de liberté d’Abby tout en la maintenant par des fils ; un paradoxe qui éveille forcément un intérêt scénaristique et nous fait douter de la fiabilité de notre conteur.
A Juggler's Tale tisse ici une petite épopée qui se montre charmante de bout en bout. Et si le visage dénué de traits de la poupée Abby nous confère un ressenti bien trop impersonnel vis-à-vis du personnage incarné, la voix du narrateur insuffle suffisamment de vie au récit. Et celle-ci surplombe des mélodies atmosphériques aux bons airs de fable rocambolesque. Force est tout de même de constater que le scénario repose sur des situations relativement génériques et que le dénouement se devine bien trop vite. D'autant que l’aventure se conclut à l'issue d'une poignée d’actes très brefs qui ne constituent que deux heures d'occupation tout au plus. L'ensemble profite fort heureusement d'un rythme assez stable qui n’épuise jamais vraiment.
A un fil d’une belle réussite
Entêtée à s’élancer à corps perdu vers une zone de sûreté, Abby progresse à travers quelques panoramas plutôt mignonnets en défilement horizontal, sublimés par une poignée de charmants couchers de soleil. Personnages comme éléments de décors semblent vouloir s'interposer à votre envie de vous échapper. Très souvent, l’enjeu est dès lors de réussir à dévier les obstacles causés par les fils qui vous retiennent. Se posent alors des puzzles environnementaux bien pensés et très cohérents sans forcément être coriaces. Le reste des défis se montre néanmoins bien plus sommaire et moins singulier. Il s’agit de sauter de rocher en rocher pour traverser une rivière, de passer silencieusement sous le nez de gardes, ou de déclencher des mécanismes en lançant des objets.
Les manipulations s’avèrent globalement très aisées à réaliser, la gâchette droite servant à interagir et lancer (sans grande portée possible), et le bouton A/X à sauter. Mais la maniabilité fait tache. Abby se montre plutôt mollassonne, voire assez inconfortable à manoeuvrer. Ainsi le parcours s’effectue avec un certain manque de fluidité et peut même s'avérer un poil agaçant. De quoi retirer le fun de certaines énigmes. Un défaut sans quoi l'expérience aurait pu se montrer spécialement agréable.
Conclusion
Points forts
- Un joli conte à suivre
- Une poignée de décors très jolis
- La voix du narrateur qui rythme le récit
Points faibles
- Un récit sans surprise et très bref (2h environ)
- Une maniabilité plutôt inconfortable
- Des puzzles sans originalité
Note de la rédaction
Sans faire preuve d'une grande singularité, A Juggler's Tale se démarque par une belle atmosphère, quelques décors joliment croqués et une poignée de puzzles bien pensés. Mais le manque de confort ressenti lors de la traversée fait défaut à une expérience un poil trop courte et générique pour vraiment marquer. Avec une meilleure maniabilité et quelques originalités supplémentaires, le jeu aurait pu signer une franche réussite. Dommage.